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Un Coin Sympa
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Patrick Berlier |
Avril
2012 |
UNE FLÂNERIE AUTOUR DE SAINT-ROMAIN-LES-ATHEUX
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UNE
FLÂNERIE DANS LE FINISTèRE
DU PILAT
La commune
de Saint-Romain-les-Atheux est située à l’extrême
ouest du territoire du Parc
Naturel Régional du Pilat. Une particularité qui lui a
valu le surnom de
« Finistère du Pilat », par allusion au
département du Finistère
situé à l’extrémité ouest du territoire
français. C’est un village sans
histoire, une « commune-dortoir » pour les
grandes cités
industrieuses de la vallée de l’Ondaine, un « poumon
vert » aussi,
offrant le calme de la campagne à deux pas de la ville. Le
village est situé
sur l’épine dorsale séparant deux vallées
encaissées, à l’ouest la Valchérie
(déformation de vacherie), frontalière avec la
Haute-Loire, le Cotatay à l’est.
Toutes deux sont des affluents de l’Ondaine, vers qui elles se dirigent. ![]() |
UN
VILLAGE SANS HISTOIRE, MAIS PAS SANS CHARME Le nom de la commune est formé du nom de la paroisse, Saint-Romain, et du nom d’un hameau proche, Les Atheux. Ce dernier toponyme semble devoir son origine aux atheux, athées ou athois, sortes de cabanes en bois amovibles, que les bergers déplaçaient avec leurs troupeaux et qui leur servaient d’abris pour la nuit. La région a toujours été vouée à l’élevage, principalement. On accède à Saint-Romain soit par la vallée de l’Ondaine et le Chambon-Feugerolles, soit par le plateau de Saint-Genest-Malifaux. La D. 22 va d’une localité à l’autre. D’un côté comme de l’autre, on remarque d’abord la silhouette élancée de son clocher, surplombant un bâtiment massif. Le style est propre à l’époque de sa construction, fonctionnel et solide avant tout.
L’église
actuelle date de la fin du XIXe siècle. Elle a remplacé
un édifice plus ancien
du XVe siècle, dont il ne reste presque plus rien.
Lui-même avait succédé semble-t-il
à une église citée en 1225. Les vitraux de Lorin,
maître verrier, également de
la fin du XIXe siècle, représentent des scènes de
la vie des saints, dont saint
François Régis, très honoré dans cette
région proche du Velay. On mesure aussi la
foi des habitants par le grand nombre de croix, certaines anciennes,
sur le
territoire de la commune. En particulier le calvaire situé
à l’entrée du
village, composé de trois croix élancées en
granit, qui vient d’être restauré.
De
nombreuses forêts entourent Saint-Romain. Elles sont bien connues
des amateurs
de champignons ou de myrtilles. La plus importante est le Bois Ternay,
frontalier avec la commune de Saint-Genest-Malifaux. Il est
redouté des
randonneurs, car de multiples sentiers s’y entrelacent, pas toujours en
conformité avec la carte d’ailleurs, et il est donc facile de
s’y perdre !
A l’orée du bois est le hameau de Fontfrède, nom qui
signifie « source
fraîche ». À peu de distance, mais à
l’intérieur du bois, s’élève un
modeste oratoire abritant une petite statue de la Vierge. Il remplace
une
chapelle aujourd’hui disparue, dont l’histoire mérite
d’être contée. |
SCOUT
TOUJOURS… Dans le secteur du hameau de Fontfrède existait un terrain, en lisière du Bois Ternay, semi boisé semi pâturage, qui servait de rassemblement pour les scouts. Ils recevaient sur cet emplacement la formation pour devenir scouts et pratiquaient les exercices liés au scoutisme. Ils en avaient probablement obtenu la jouissance de la part du propriétaire. Les sections de Saint-Etienne et de l’Ondaine (à l’époque presque toutes les paroisses de ville possédaient une section de scouts) s’y retrouvaient fréquemment pour leurs rassemblements, leurs jeux et leurs activités. Les scouts étant une organisation d’obédience catholique, ils ont décidé, un jour, de construire sur ce site une chapelle dédiée à la Vierge. C’était peut être par commodité car, à l’époque, l’assistance à la messe le dimanche était une obligation religieuse et les rassemblements de scouts s’effectuaient, en principe, le week-end. Ils trouvaient toujours dans leurs paroisses respectives un prêtre ou un aumônier disponible pour célébrer la messe dominicale, la chapelle était pourvue d’un autel et pouvait satisfaire à cette obligation. Très
vite, le sanctuaire de
Fontfrède a été connu sur tout le plateau et est
devenu, ainsi, un lieu de
pèlerinage très fréquenté par les habitants
des villages du canton et aussi par les
familles des scouts. La
promenade était agréable à travers le bois Ternay
et les visiteurs étaient nombreux.
Un
évènement imprévu est venu perturber
et interrompre cette aventure. Le terrain sur
lequel évoluaient les scouts, et où
était construite la chapelle, a
été vendu. Les scouts ont été
obligés de renoncer à leurs rassemblements sur ce
lieu. Le nouveau propriétaire n’a pas souhaité conserver
le sanctuaire et a
demandé aux scouts de démonter la chapelle. La chapelle a
donc été démontée
pour libérer le terrain et la statue de Ainsi, Fontfrède a été privé de son lieu de pèlerinage, ce qui a profondément chagriné les habitants de ce hameau habitués à voir des pèlerins visiter le site. Mais ils ont réagi solidairement pour relever le défi. Les habitants de ce hameau n’étaient pas tous agriculteurs. Parmi eux, Mr Grange exerçait la profession de maçon et a proposé de construire un petit édifice maçonné pour abriter un oratoire plus discret et moins volumineux que la chapelle. Ils se sont mis à la recherche d’un emplacement adéquat pour y construire l’oratoire en restant, bien entendu, dans le périmètre de Fontfrède et facilement accessible aux visiteurs. Leur recherche a été fructueuse puisque le propriétaire de la parcelle où est implanté actuellement l’oratoire leur a donné l’autorisation de construire l’édifice. Ils ont réuni toutes les bonnes volontés et les compétences pour réaliser un petit oratoire composé d’une niche, destiné à recevoir la statue de la Vierge, sur un socle bâti. Une charpente bois qui supporte les tuiles recouvre l’ensemble. Des bouquets de fleurs sont régulièrement déposés sur le socle, certainement apportés par des visiteurs qui déposent aussi, parfois, des lumignons à l’occasion des fêtes mariales. Il est toujours très visité et toujours bien entretenu par les familles de Fontfrède qui se font un devoir et un honneur d’en assurer l’entretien et la pérennité. La statue de la Vierge n’est pas celle de la chapelle des scouts, puisque exilée à Clavas. Deux ecclésiastiques, qui résidaient partiellement à Fontfrède en ont trouvé une, dans une paroisse, pour être installée dans la niche. Ainsi, le pèlerinage à N.D. de Fontfrède a pu se maintenir et poursuivre son cheminement. (Tous
nos remerciements à M. Jean
Bonnefoy, qui a bien voulu partager ses souvenirs et nous raconter
cette
histoire). |
RENCONTRE
DU TROISIèME
TYPE Toujours près de ce hameau de Fontfrède il se produisit un jour de 1954 un évènement singulier qui a fortement marqué l’imagination des habitants. Tôt le matin du 11 octobre, Monsieur Baptiste Jourdy faisait comme chaque jour, au volant de son camion, la tournée des fermes pour récolter du lait et l’emmener à Saint-Étienne. Venant de Jonzieux et se dirigeant sur Saint-Romain par la D. 22, il arrivait au niveau de Fontfrède lorsque ses phares s’éteignirent et son moteur cala. Pensant qu’un fil de la batterie s’était débranché, il s’apprêtait à descendre de sa cabine pour aller soulever le capot et réparer, lorsqu’il vit passer au-dessus de son véhicule, à basse altitude, une boule resplendissante dans un panache de lumières rouges et bleues. Le phénomène disparut en direction du Guizay, montagne dominant la ville de Saint-Étienne. Le temps de se remettre de ses émotions, et le moteur tournait à nouveau, les phares s’étaient rallumés tout seuls. M. Jourdy fut l’objet de moqueries à Jonzieux, on alla jusqu’à le surnommer « le Martien » ; il faut dire que c’était la grande époque des « soucoupes volantes ». Pourtant à Saint-Étienne, des marchands forains qui déballaient leurs marchandises, au marché de gros de Chavanelle (disparu aujourd’hui) aperçurent eux aussi le phénomène, au-dessus du Guizay. Trente ans après les faits, M. Jourdy était encore très marqué par son aventure, et très choqué de ne pas avoir été pris au sérieux : « Qu’on me coupe la tête, là, sur cette table, si ce que je dis je ne l’ai pas vu ! » s’exclamait-il à l’heure de l’apéro, dans le bistrot de Jonzieux, lorsqu’on lui faisait raconter son histoire.
Il ne pouvait
pas savoir que ladite histoire allait traverser les océans et
servir de source
d’inspiration à Steven Spielberg pour son célèbre
film « Rencontres du
Troisième Type. » |
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