LES REGARDS DU PILAT
DOSSIER SPÉCIAL
"Hors Série - Mai 2007"
"TINTIN
DANS LE PILAT"
"Du trésor de Rackham
le Rouge au tableau de Saint-Sabin"
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Recherches inédites
réalisées par deux grands amis
Michel Barbot et Patrick Berlier
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"TINTIN DANS
LE PILAT"
"Du trésor de Rackham
le Rouge au tableau de Saint-Sabin"
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Hergé,
allias Georges Rémi, le dessinateur belge créateur de Tintin,
a malicieusement placé dans son œuvre des jalons sibyllins qu’il faut
savoir retrouver. Ainsi derrière ces bandes dessinées à
priori destinées à la jeunesse se cachent de multiples messages,
parfois de simple clins d’œil, parfois des calembours usant d’un dialecte
bruxellois, parfois des propos d’ordre astrologique, mythologique, voire
ésotérique. Plusieurs auteurs déjà ont relevé
ces particularités (voir bibliographie). Je citerai en particulier
Bertrand Portevin qui le premier a noté les liens entre l’œuvre d’Hergé
et la Société Angélique, ce cénacle secret d’érudits
né à Lyon au XVIe siècle. J’étais
donc très à l’aise, en quelque sorte couvert par l’antériorité
d’un autre auteur, pour consacrer un chapitre du tome II de mon livre « La
Société Angélique » (voir en rubrique librairie)
à ce thème. Si le créateur de Tintin est venu à
Lyon sur les traces de ladite société, on peut raisonnablement
penser qu’en suivant ses adeptes du XVIe siècle, dont Jean
du Choul, Rabelais ou Philibert Delorme, il est venu aussi dans le Pilat
et plus précisément jusqu’à la chapelle Saint-Sabin.
C’est tout au moins ce que laissent fortement imaginer certains détails
de l’album « Le trésor de Rackham le Rouge »,
qui fait suite au « Secret de la Licorne ».
Malheureusement,
il n’est pas possible, pour des problèmes de copyright, de reprendre
ici les illustrations d’Hergé. Je ne peux que renvoyer les internautes
curieux vers les albums cités, en donnant lorsque c’est nécessaire
les références précises des vignettes où chacun
pourra vérifier mes dires. J’emploie pour cela la méthode de
notation classique. Chaque page se compose de quatre bandes horizontales
ou « strips », elles-mêmes composées d’un
certain nombre de vignettes. Les bandes sont identifiées selon leur
position de haut en bas par une lettre de A à D, et les vignettes
sont numérotées selon leur ordre de gauche à droite.
Ainsi « C2 » signifie : troisième bande,
deuxième vignette.
SUR
LA PISTE DU TRÉSOR
Il n’est sans
doute pas inutile de résumer l’histoire. Tintin découvre sur
un marché aux puces une maquette d’un navire ancien, la Licorne. Il
décide de l’acheter pour l’offrir à son ami le capitaine Haddock.
Mais la maquette est très convoitée, par un collectionneur
d’abord, et surtout par deux antiquaires véreux et redoutables, les
frères Loiseau. C’est que la maquette a un secret : elle existe
en fait en trois exemplaires, et chacun contient un parchemin. Les trois parchemins
réunis révéleront l’emplacement d’un trésor,
celui du pirate Rackham le Rouge, tué en 1698 par le chevalier François
de Hadoque, un ancêtre du capitaine, fidèle sujet du roi Louis
XIV, capitaine du vaisseau la Licorne. C’est un trésor fabuleux, provenant
de l’attaque d’un vaisseau espagnol, « de quoi payer dix fois
la rançon d’un roi ». Le chevalier a réussi
à faire sauter la Licorne, dont les pirates s’étaient
rendus maîtres. Il a légué son secret à ses trois
fils, sous la forme d’une énigme en trois parties contenues dans chacune
des trois maquettes de la Licorne, qu’il a fait réaliser pour chacun
des « trois frères unys ». Mais les trois
enfants du chevalier n’ont sans doute pas suivi la volonté de leur
père, et les trois maquettes ont gardé leur secret. Le capitaine
ne conserve guère de son ancêtre que son journal de bord, dans
lequel il a consigné son histoire, et un tableau, son portrait avec
en arrière-plan le vaisseau la Licorne. Après de nombreuses
péripéties, qui prennent fin au château de Moulinsart,
propriété des frères Loiseau, Tintin et le capitaine
réussissent à retrouver les trois parchemins et à percer
leur secret : en les superposant et en les regardant par transparence,
apparaissent les coordonnées d’une île des CaraÏbes près
de laquelle gît encore l’épave de la Licorne, et où sans
doute les attend le trésor.
Tintin et le capitaine Haddock montent une expédition. Il faut noter que la bande dessinée diptyque paraît au cours des années 1942 – 1943. La Belgique est occupée. Les déplacements y sont contrôlés. Monter une expédition maritime pour traverser l’Atlantique est une pure utopie. L’histoire se déroule donc dans une sorte d’univers parallèle où la guerre n’existe pas. À bord du chalutier le Sirius, aidés par le professeur Tournesol et les Dupond-Dupont, Tintin et Haddock partent à la pêche au trésor. Ils se rendent sur les coordonnées : n’importe quel atlas un peu détaillé permet de voir que le point est situé dans la Mer des Caraïbes, au nord de Saint-Domingue (d’où est partie la Licorne), tout près des Îles Caïcos. Nos héros n’y voient rien d’autre que la mer couleur d’émeraude, avant de réaliser leur erreur : « Capitaine, nous sommes des ânes ! », s’exclame Tintin. Il fallait bien sûr compter les degrés de longitude en fonction du méridien de Paris, en usage à l’époque. Rebroussant chemin, ils découvrent l’île, toujours au large de Saint-Domingue mais plus à l’est. Puis ils trouvent l’épave, ils en rapportent divers souvenirs, mais pas le trésor, hélas, qui demeure introuvable…
Grâce aux indications fournies par le texte, on sait que l’île est découverte le soir du 20 juin, et nos héros y débarquent au matin du 21 juin. À ces dates, le soleil, quittant le signe des Gémeaux, entre dans le signe du Cancer. Précisément, les Gémeaux de l’histoire, les Dupond-Dupont, se font pincer par un crabe (le Cancer) en débarquant sur l’île ! Quant à Tintin et Haddock, oui ce sont vraiment des ânes, puisque deux des étoiles de la constellation du Cancer se nomment Asellus borealis et Asellus australis, soit « le petit âne du nord » et « le petit âne du sud ». La recherche du trésor est abandonnée le 15 juillet, jour du lever héliaque du Petit Chien. Le Sirius rentre à son port d’attache le 23 juillet. Toute l’aventure est donc placée sous le signe du Cancer. Dans le ciel, sous l’espace attribué à ce signe zodiacal se superposent les constellations du Petit Chien (Milou…), de la Licorne et du Grand Chien, dont l’étoile principale est Sirius. Quand on vous dit que l’œuvre d’Hergé est à double lecture !
Mais
l’aventure n’est pas terminée. Grâce à des parchemins
patiemment reconstitués par le professeur Tournesol, on apprend que
le chevalier de Hadoque avait reçu de Louis XIV, en remerciement,
le château de Moulinsart. Or, suite à l’arrestation des frères
Loiseau, ce château est à vendre. Le capitaine rachète
la demeure de son ancêtre. En visitant ses caves, Tintin et Haddock
aperçoivent dans une niche, à moitié masquée
par un grand tableau retourné, appuyé contre un mur, le haut
d’une statue d’un personnage âgé et barbu, tenant une croix dans
la main gauche. Son auréole légendée (Sanctus Johannes)
permet de l’identifier comme saint Jean, et le livre qu’il tient dans l’autre
main comme l’Évangéliste. « Nous sommes sûrement
dans une ancienne chapelle », remarque Tintin, qui soudain
a une illumination : « et resplendira la croix de l’Aigle »,
disaient les parchemins donnant la clé du trésor. L’aigle,
réalise Tintin, c’est justement l’emblème de saint Jean l’Évangéliste.
La statue est dégagée de ce tableau (aussi haut que Tintin)
qui la dissimule en partie, et apparaît alors aux pieds du saint, outre
un aigle aux ailes déployées, un globe terrestre quadrillé
par les lignes des longitudes et des latitudes. L’île où nos
héros sont allés à la pêche au trésor y
est portée, c’est en fait un bouton commandant l’éjection d’une
calotte. Le globe est creux, il contient le trésor de Rackham le Rouge,
que le chevalier de Hadoque avait tout simplement rapporté chez lui…
Tout est bien qui finit bien !
L’autel et
le tableau, avant restauration
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Détails
du tableau : le piédestal, l’aigle, la statue brisée
Photo (avant restauration) et interprétation
au trait
La partie basse du tableau (après
restauration) :
remarquer les différences de carrelages
Le tableau de Saint-Sabin, tout comme l’aventure de Tintin, évoque
fortement le ciel : le bélier
et l’aigle sont des constellations,
Jupiter est une planète. L’aventure de Tintin est placée sous
le signe du Cancer, dont l’étoile alpha est Acubens, un nom qui veut
dire « l’homme couché ». N’est-ce pas un homme
couché que dessine la statue de Jupiter jetée à terre ?
« Et resplendira la croix de l’Aigle » :
cette phrase, et la majuscule au mot Aigle, laisse imaginer que c’est de
la constellation du même nom que l’on parle, laquelle forme une croix
en effet. Son étoile alpha est Altaïr, ce qui veut dire « l’aigle
en vol », le symbole de Zeus/Jupiter.
Maintenant, allons au-delà des simples apparences. Je dois remercier ici Michel Barbot qui, dans une étude consacrée au tableau de Saint-Sabin, a mis en évidence un certain nombre de curiosités. Il n’est pas possible de reprendre ici en intégralité cette étude très fouillée, j’en résume les points essentiels en espérant ne pas trahir la pensée de notre ami, féru de kabbale et de symbolisme.
LE BAIN DE LA PURIFICATION
Les
restes disloqués de Jupiter, posés sur le sol plat, évoquent
l’image de deux nageurs aux styles différents. Le corps semble exécuter
un mouvement de crawl, nage certes moderne mais qui n’a fait que perfectionner
une méthode déjà ancienne. Le second baigneur, dont
ne semblent émerger de l’eau que la tête et les mains, paraît
nager la brasse. On dirait qu’il a terminé sa course ou sa danse aquatique,
il arbore le sourire du vainqueur.
Dans
la langue hébraïque, la main et la tête se disent Yad et
Rosh. Ces deux mots sont à l’origine de deux lettres : le Yod
et le Resh. L’alternance main – tête – main forme une véritable
équation kabbalistique. Les lettres Yod – Resh – Yod ainsi évoquées
écrivent le mot Yêri, « tir », dont la
racine est Yéra, « tirer, jeter (à terre, à
la mer) », mais aussi « indiquer, instruire, jeter
les fondements, ériger ». Ainsi la chute de la statue de
Jupiter peut s’interpréter de bien des façons assurément
complémentaires les unes des autres. Chaque lettre hébraïque
ayant une valeur numérique, l’équation Yod – Resh – Yod (10
+ 200 + 10) génère le nombre 220. Par une gymnastique intellectuelle
chère aux kabbalistes, on peut ainsi associer Yêri à
Brih’éi (verrouillage) et à Tihour (purification), tous deux
de valeur 220. Ce « tir » qui est aussi un « verrouillage »
et une « purification » rappelle le chapitre 2, verset
7, du Livre de Jonas : « Jusqu’aux extrémités
des montagnes, je suis descendu, la terre me verrouillait pour toujours.
Mais, de la fosse, tu as fait remonter ma vie, Yhwh, mon Dieu ».
Pour les kabbalistes, Jonas « tiré » par Dieu
remonte un à un tous les éléments sur lesquels repose
la terre selon les enseignements du Talmud : la tempête, le vent,
les montagnes, les eaux, les colonnes qui la soutiennent. Nos « nageurs »
du tableau évoquent tout cela, à la fois par l’équation
kabbalistique Yod – Resh - Yod et par les eaux dans lesquelles ils semblent
immergés. Ils en sont à la quatrième phase de la remontée :
baignant dans les eaux purificatrices, sur lesquelles sont posées
les colonnes.
TROIS FRÈRES UNYS ET TROIS SAINTS JEAN
Derrière l’image de saint Sabin brisant la statue de Jupiter,
se cache en fait l’image des deux saints nommés Jean, le Baptiste
et l’Évangéliste, voire d’un troisième Jean… Ainsi il
va être encore plus aisé qu’on ne l’aurait pensé de passer
de la statue de saint Jean de Moulinsart au tableau de saint Sabin. D’autant
que la statue représente un vieillard barbu, ce qui
n’est guère courant. On représente généralement
saint Jean en jeune homme imberbe et parfois efféminé, on sait
d’ailleurs ce que cette habitude a entraîné comme interprétations !
Le saint Jean de Moulinsart n’est pas sans offrir quelque air de famille
avec le saint Sabin du tableau. Jupiter écartelé en
deux baigneurs, au pied du piédestal orné de têtes de
béliers, représente, dans une analyse chrétienne, les
deux Jean. Chacun d’entre eux est évoqué par ses attributs :
le bélier et la tête coupée pour le Baptiste, le livre
et l’aigle pour l’Évangéliste. La Tradition évoque trois
Églises : l’Église exotérique de Pierre, l’Église
ésotérique de Jean, et l’Église alchimique de Jacques.
Ce Jean serait en fait un troisième personnage, semblable à
la troisième face invisible de Janus. Jean, Jonas, Janus : la
structure consonantique reste la même ! Ce troisième saint
Jean apparaît au Moyen-Âge sous les traits du mystérieux
Prêtre Jean, souverain d’un pays invisible. Saint Sabin apparaît
dans le tableau, au niveau de la symbolique, comme le troisième Jean.
La toile représenterait ainsi le courant johannique véhiculant
la tendance gnostique de l’Église et sa connaissance cachée.
Sur la colonne marquée d’un bélier, Jean/Sabin a posé
le livre de la doctrine secrète.
LA DANSE DE L’ILLUMINATION
Suivant
la Légende Dorée, il apparaît que l’apôtre Jean,
l’Évangéliste, a pour symbole l’aigle mais aussi la perdrix.
En hébreu perdrix se dit qoré, c’est-à-dire « celle
qui crie ». Comment ne pas penser ici à Jean-Baptiste criant
dans le désert ? L’autre nom hébreu de la perdrix est
‘hogla, mot apparenté à ‘hog, « cercle »,
‘hagor, « ceinture », et ‘hagag, « tourner
en cercle, danser, célébrer ». Dans la Grèce
antique, la perdrix était consacrée à Aphrodite, et
lors des danses de printemps les danseurs imitaient la danse de la perdrix
mâle simulant une claudication, rappelant celle d’Héphaïstos,
l’époux d’Aphrodite. Dupont et Dupond, pincés
au pied par un crabe, débarquent sur l’île au trésor
en claudiquant (page 26, A1)… comme des danseurs imitant la perdrix !
Jadis les pèlerins accédaient à Saint-Sabin par un chemin
traversant le Bois de la Corée : oublions la lointaine Corée
pour nous souvenir plutôt que perdrix se dit en hébreu… qoré !
La
chapelle Saint-Sabin, telle qu’elle apparaissait
aux pèlerins depuis le vieux chemin du Bois de la Corée
En 1555 le lyonnais Jean du Choul visita le Pilat et en laissa une description en latin. Ce juriste était le fils du magistrat et humaniste Guillaume du Choul, l’un des piliers des cercles érudits de la Renaissance lyonnaise, qui devaient donner naissance à la Société Angélique. On trouve dans le livre de Jean du Choul une curieuse évocation de Saint-Sabin, lieu qu’il qualifie d’oracle. L’auteur dit qu’il ne lui appartient pas de se faire l’écho de bruits incertains, puis il croit devoir ajouter cette phrase étonnante : « Je n’ignore pas que si l’on tourne sur soi-même, on croit voir les montagnes peu à peu se pencher, ridées en leur cime, puis taillées en pointe ou imbriquées les unes dans les autres comme des tuiles creuses ». Faut-il en conclure qu’ici se déroulaient des rituels consistant à tourner sur soi-même jusqu’à avoir des visions prophétiques ? Rituels en rapport avec ces valeurs de la perdrix hébraïque ou grecque, attribut des deux, ou des trois, saints Jean ? Au Moyen-Âge, certains évêques effectuaient dans leur cathédrale, en quelques occasions bien précises, des danses rituelles. Dans certaines de ces danses ils tourbillonnaient ainsi que le faisaient les Juifs dans le Temple de Salomon. Dans la cathédrale de Chartres les danses pouvaient se faire sur le labyrinthe, lequel était, selon une tradition oiselée rapportée par Robert Graffin, « le jeu de Jean que jouent les gens ». Mais très vite le clergé ignora et interdit même de telles frivolités. En 1656 des chaises furent placées sur le labyrinthe mettant fin ainsi aux cheminements, aux jeux et aux danses. La chapelle Saint-Sabin possédait un sens de circulation particulier, officiellement pour faciliter l’écoulement du flot des pèlerins. C’est ce qu’Henri Vincenot nomme un « petit labyrinthe ». Sur le tableau, on remarque le geste ample de saint Sabin. Son aube violette semble voleter au-dessus de sa chaussure, ce qui n’est pas sans suggérer un mouvement. Avec un peu d’imagination, on pourrait croire qu’il vient d’effectuer une giration rappelant une danse rituelle.
Page 61 de l’album « Le secret de la Licorne », Tintin comprend enfin le sens des parchemins, clé du trésor. « C’est de la lumière que viendra la lumière », car il faut regarder les trois parchemins en transparence. Des nombres donnent la position d’une île, que nos héros découvriront. Mais comme le remarque P.-L. Augereau, ces « nombres-île » renvoient en réalité au véritable « nombril » que forme l’île-bouton sur le globe terrestre, dans les caves du château de Moulinsart, aux pieds de la statue de saint Jean. À chaque occasion, la soudaine compréhension de l’énigme, l’illumination, amène Tintin à esquisser quelques pas de… danse. Une danse de joie exécutée page 62 (A2) du « Secret de la Licorne », et pages 50 (C2) et 60 (C3) de l’album suivant, « le trésor de Rackham le Rouge ».
SUR LE MÉRIDIEN
DE RACKHAM LE ROUGE ET DES COMTES DU FOREZ
Tintin réalise que les coordonnées données
par le chevalier de Hadoque se réfèrent au méridien
de Paris, pas à celui de Greenwich : il leur faut donc repartir
d’environ 2° 20’ vers l’est pour trouver l’île. Ces 2° 20’
n’évoqueraient-ils pas aussi le nombre 220 généré
par l’équation Yod – Resh – Yod, elle-même suggérée
par l’alternance main – tête – main du tableau ? Cet écart,
si on le reportait vers l’est à partir du méridien de Paris,
correspondrait au méridien 4° 40’ (Greenwich) qui traverse le
Pilat… Le trésor équivaut à dix fois la rançon
d’un roi. Pour ne pas être accusé de cracher dans la soupe et
d’en reprendre une louche, je laisserai à d’autres le soin de conclure,
sur ce point-là, en signalant qu’il est encore question de méridien.
Le roi Louis XIV désignait le chevalier de Hadoque par l’expression « notre cher et aimé François ». Pour Serge Tisseron, ces mots ne peuvent que signaler un fils bâtard et non reconnu. C’est un clin d’œil d’Hergé, dont le père était le fils illégitime du roi des Belges Léopold II. Ce roi amateur de gaudriole et d’amours ancillaires ne trouvait pas grâce aux yeux du créateur de Tintin, qui eût sans doute préféré descendre de Lycaon, le roi mythique de l’Arcadie, devenu la constellation du Loup. Mais n’est-ce pas son fils bâtard, un animal mi-chien « mi-loup », qui est devenu le fidèle compagnon de Tintin ? Et ne serait-ce pas en suivant une certaine « piste du loup » qu’Hergé serait venu dans le Pilat forézien ? Car voici un autre clin d’œil révélateur : le blason qui orne la porte d’entrée du château de Moulinsart, et que l’on peut voir nettement dans l’album « Les sept boules de cristal », représente un dauphin surmonté d’une couronne, autant de symboles d’une filiation royale. Mais le dauphin est aussi — et surtout ! — l’emblème héraldique du Forez, un nom qui s’écrivait jadis Forest. Et Moulinsart n’est-il pas, selon Tintin (« Le secret de la Licorne », page 48, D2), « une véritable forêt » ?
Le Forez dont les comtes, avant de se mettre sous la protection
de la couronne royale française, se faisaient sacrer en secret, aux
alentours de l’an mille, au sommet du Crêt de la Perdrix, le point
culminant du Pilat…
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BIBLIOGRAPHIE
Bertrand Portevin, « Le monde inconnu d’Hergé » et « Le démon inconnu d’Hergé », Dervy, 2001 et 2004. Dans ce second livre, lire en particulier le chapitre intitulé « Hergé à Rennes-le-Château » !
Pierre Louis Augereau, « Hergé au pays des Tarots », Cheminements 1999.
Daniel Justens et Alain Préaux, « Tintin, ketje (gamin) de Bruxelles », Casterman 2004.
Serge Tisseron, « Tintin et le secret d’Hergé », Hors Collection / Presses de la Cité 1993.
Benoît Peeters, « Le monde d’Hergé », Casterman 1990.
Robert Graffin, « Chartres 3, sis et 7 et gal 13 or », éditions Robert Graffin.
Henri Vincenot, « Les étoiles de Compostelle », Denoël 1982.
Michel Barbot, « Le tableau de Saint-Sabin ou les trois frères unys », non publié.
« Constellations - atlas illustré », Gründ.
Cédérom « Autoroute »,
Microsoft.
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