L'ÉNIGME
DE TRÈVES
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A
l’aube de la fondation. Trèves,
un domaine chartreux oublié … |
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Trèves occupe forcément une
place de choix
dans l’Histoire des Chartreux dans le Pilat. Nous serions en
présence des seuls
Domaines à avoir traversé les 512 années
cartusiennes en lien au monastère de
Sainte-Croix. Nous retrouvons en effet ces Domaines dans l’inventaire
traditionnel
des ventes aux enchères, survenues suite à la
Révolution française. Antoine
Vachez nous renseigne tout d’abord sur le premier d’entre eux : «… Le Mouillon – Domaine situé à
Trèves, à
l’est du village, près de la route d’Echalas, qui devait
provenir de la
donation faite aux Chartreux, par Béatrix de la Tour, dans la
Charte de
fondation de 1281 … ». Puis, il est question d’une
seconde possession sensiblement
plus importante : « …Trèves ou
Domaine du Gier – Les Chartreux possédaient à
Trèves, au-dessus de la gare du
chemin de fer, dite de Trèves-Burel, un vignoble avec un
bâtiment
d’exploitation, où les Pères séjournaient
quelquefois, car il y existait, dans
l’aile orientale, à l’extrémité d’une petite
terrasse, une chapelle voûtée,
aujourd’hui ruinée. Il est fait mention de cette terre dans la
reconnaissance
de fief de 1676. Au-dessus de la porte d’entrée de la cour est
sculpté le
blason de la Chartreuse de Sainte-Croix, avec la date de 1742.
C’était, sans
doute, encore là, une partie des biens que Béatrix de la
Tour donna aux
Chartreux, par l’acte de fondation du 24 février 1281, et qui
provenaient des
acquisitions faites d’Arthaud de Lavieu. » |
A lire ces premières conclusions, nous serions donc amenés à croire que les deux Domaines triviens concédés par Béatrix de la Tour aux Chartreux lors de la fondation de 1281 provenaient d’une acquisition faite par elle auprès du Seigneur Arthaud de Lavieu. A priori, nous ne trouverions rien à redire sur le fait que la Châtelaine de Châteauneuf ait souhaité accompagner la fondation de la Chartreuse d’une donation de biens situés à Trèves et que, pour ce faire, elle ait été tenue d’en réaliser l’acquisition au préalable. Mais le problème se pose rapidement lorsque nous lisons chez Jean-Antoine de la Tour Varan que les acquisitions faites par Béatrix auprès d’Arthaud de Lavieu remontent à l’année 1266 : «Le premier seigneur de Roche-la-Molière que nous trouvons est Arthaud de Lavieu, chevalier. Il vendit, en 1266, à Béatrix de la Tour, dame de Roussillon et d'Annonay, fondatrice de la chartreuse de Sainte-Croix près de Châteauneuf, avec le consentement de ses deux fils, la terre de Trèves en Jarez. De sa femme qui nous est inconnue, il eut : 1° Gaudemar qui a continué la postérité ; 2° Beraud de Lavieu, clerc. » |
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La
date d’acquisition des Domaines sur Trèves venant d’être
circonscrite à 1276/1277,
il s’avère maintenant nécessaire et dans
l’intérêt de la suite de notre étude,
d’examiner de plus près les ventes aux enchères relatives
à ces deux Domaines
triviens. « … Le lendemain, 30 mars
1791, on procéda à la vente du domaine du Gier,
situé à Trèves, au-dessus de la
gare du chemin de fer, dite de Trèves-Burel. Ce domaine,
d’après le bref de
vente, consistait : 1er, en plusieurs corps de
bâtiments, tant
à l’usage du domaine que des maîtres, une chapelle, une
cour et un jardin, le
tout d’une surface d’une bicherée (12 ares, 93 centiares), et
estimé à la somme
de
Une
synthèse rapide tendrait à conclure qu’entre 1281 et
1791, deux Domaines sur
Trèves seulement, furent la propriété des
Pères Chartreux, et ce durant toute
leur présence dans le Pilat ? On peut même
immédiatement ajouter
qu’effectivement l’Histoire a franchi le pas ou plus simplement
légitimé cet
état de fait comme authentiquement fiable et donc ici recevable.
Nous pensons
pourtant que la vérité est en réalité
beaucoup moins perceptible. Revenons
d’abord sur un passé encore plus ancien. On a noté que
dès la fondation de la
Chartreuse, Trèves est mentionnée parmi les donations de
Béatrix de la Tour du
Pin. La charte scellée à Taluyers le 24 février
1281 n’a jamais précisé de
quels territoires il s’agissait. On est seulement certains que notre
généreuse Châtelaine
possédait ces biens pour avoir loisir à les remettre
à leur arrivée au nouveau
monastère à des vénérables Fils de
Saint-Bruno.
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Le versant nord, se positionne sous la forme d’un coteau
plus ou
moins prolongé sur toute son étendue, s’étalant
sur un peu plus d’un kilomètre
et comprend les trois Domaines que nous retenons sans l’ombre d’un
doute
maintenant : le Mouillon, le Fay et le Domaine du Gier. Le premier
indice administratif
pointu qui tendrait à éveiller des soupçons plus
que légitimes, provient de la
carte de Cassini qui mentionne comme toponyme à l’emplacement du
hameau du Fay,
en s’étendant sur la gauche, donc du côté des
Pères et jusqu’à l’englober : « …
Les Chartreux ou le Fay … ». Ce
premier élément capital sera validé par un second
le confirmant. Mais
avant de l’aborder, nous nous proposons d’apporter quelques
éléments de
compréhension complémentaires sur le Fay. La très
vieille bâtisse du Fay,
relativement bien rénovée
Dom Bruno Fuzeau aura indiscutablement marqué Sainte-Croix. Il y est resté 21 années consécutives, jusqu’à son décès survenu en l’an 1766. Il est aussi l’un des deux seuls Prieurs du monastère dont on a retrouvé la croix funéraire. Il fut Profès à |
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A partir de quand, la grande et
puissante famille de Fay a-t-elle officiellement commencé
à choyer Sainte-Croix
? Après la mort de Gabriel de Fay survenue en 1661, nous voyons
sa veuve et
ensuite son héritier, son neveu Claude de l’Estang, poursuivre
à la fois la
lignée de la baronnie jusqu’au tout début du 18ème
et aussi garder un
œil bienveillant sur la Chartreuse, et de surcroît, en des
périodes ou les
travaux d’embellissements et les agrandissements allaient bon train.
Dès 1551,
cette baronnie comprenait trois fiefs, Malleval, Virieu
(Pélussin) et Chavanay.
On se retrouve à cette date sous le règne de Jean de Fay,
puis viendra celui de
François, respectivement grand-père et père de
Gabriel. S’il y a réellement un
lien à prendre en
compte, ce qui reste plausible, entre l’origine étymologique du
Domaine du Fay
de Trèves et le nom de cette même famille, nous venons en
réalité de mentionner
la date clef qui fixe la limite réaliste de l’apparition la plus
ancienne du
nom du Fay à Trèves en cette provenance : 1551.
Cependant, soyons prudents,
Jean de Fay était un cadet et ce nom fut importé sur ces
seigneuries (Malleval,
Virieu, Chavanay) formant la baronnie, à l’occasion de son
mariage. Jean de Fay
épouse Louise de Varey en 1551, la fille d’Antoine de Varey
originaire
d’Azergues. Ce dernier tenait lui-même ses importantes
seigneuries seulement
depuis 1517. Elles lui avaient été vendues par Charles de
Bourbon, Comte de
Forez et d’abord Duc de Bourbon.
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Auguste Le Sourd, n'a apparemment
pas cerné
que le Fay n'avait pas été acquis comme le Domaine du
Gier, mais il l’a
mentionné en ayant à disposition des actes, d'achats
probablement. Il
l'assimilera pourtant aux superficies du Domaine du Gier, ce qui n'est
pas très
logique. Toutefois, il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre en
ces
époques sombres et déboussolées. De plus, la
confusion semble commencer à
s’expliquer puisqu’il est renseigné « …
Du premier de ces domaines, nous savons seulement qu'il était en
1790 imposé
pour
Les Pères avaient intérêt
à
parler d’un seul Domaine pour les deux
groupes de bâtisses presque éloignés d’un
kilomètre, que constituaient le
Domaine du Gier et le Fay, couvrant ainsi une grande partie du versant
nord.
Cet ensemble pouvait alors ne compter que pour un ; la notion
numérique étant
très stricte en ce qui concerne les propriétés
possédées, par chaque monastère
chartreux. Le Domaine du Mouillon restait indépendant,
situé plutôt sur le
plateau.
Rappelons pour
information les écrits de l’abbé Chavannes dans sa
version corrigée de 1871« … Au nord de la
commune, dans le domaine
de M.Bret, maire, existe un souterrain long de |
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![]() Auguste
LE SOURD
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