LA BALADE DES REGARDS DU PILAT

Août 2007 / Huitième ÉTAPE

De la Chaux de l'Egallet
Au col de la Croix de Montvieux,
En passant par le Grand Hôtel du Mont Pilat


Par PATRICK BERLIER
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    Le Crêt de l’Œillon n’est pas la plus haute montagne du Pilat, mais c’est sûrement la plus connue, en raison de la silhouette familière de son réémetteur de télévision qui voisine la croix érigée en 1867, à 1364 m d’altitude. Les frontières de quatre communes se rejoignent sur ce sommet : Pélussin, Roisey, Véranne et Doizieu.

    Au nord de l’Œillon, la forêt reprend ses droits sauf sur quelques croupes dépouillées que l’on nomme « chaux ». Le préceltique « calmis », plateau escarpé et dénudé, a subi dans nos régions l’attraction du latin « calx », chaux, pour adopter cette orthographe peu classique.


Enfilade des crêts vus de l’Oeillon
– au premier plan, à l’orée de la forêt, le Rocher de la Chèvre
– au second plan, la clairière de la Chaux d’Egallet
où s’élève le Grand Hôtel (masqué par les sapins)
– au fond, la Chaux de Toureyre.

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    C’est sur la Chaux d’Égallet (1260 m) que fut construit à la fin du XIXe siècle le « Grand Hôtel du Mont Pilat », destiné à rivaliser avec le célèbre établissement du Righi, en Suisse. Le bâtiment de trois étages comprenait une aile adossée à un corps plus élevé, de section carrée, qui se terminait par un toit pointu abritant une chapelle sous ses combles. Plus tard une seconde aile, aussi grande mais plus simple et sans ornementation, fut construite symétriquement à la première. L’une des excursions favorites des clients de l’hôtel était le Rocher de la Chèvre, une énorme pierre située entre l’Œillon et la Chaux d’Égallet. Ils aimaient jouer les alpinistes pour s’y faire photographier, parés de leurs plus belles toilettes. La forêt a rejoint ce rocher qui est aujourd’hui au milieu des bois.

    La première guerre mondiale sonna le glas du luxueux établissement. Après une éphémère résurrection dans les années vingt, l’hôtel disparut une nuit de 1931 dans un incendie dont l’origine reste un mystère. Pendant des décennies il ne resta que le souvenir de cet « hôtel brûlé », et de vagues ruines où le promeneur avait parfois la chance de trouver quelques débris de la vaisselle précieuse. Puis on jugea dangereux cet énorme amas de pierres et en 1999 des bulldozers vinrent niveler le site. Seul un panneau d’information, qui n’est d’ailleurs pas installé à l’emplacement de l’hôtel, tente de perpétuer le souvenir de cet établissement. Subsiste encore, à l’écart, la source qui alimentait l’hôtel en eau fraîche. Son accès est jalousement tenu discret par les amateurs, c’est l’une des dernières cressonnières sauvages du Pilat…


Le Grand Hôtel dans sa version primitive avec une seule aile.


Le Grand Hôtel avec ses deux ailes, dans les années vingt.


Le Rocher de la Chèvre et les élégants clients du Grand Hôtel.


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    À la Chaux de Toureyre le niveau de « l’échine du serpent » remonte jusqu’à l’altitude de 1292 m. Ce sommet présente la particularité, vu du côté de la vallée du Gier, de paraître par un singulier effet d’optique la plus haute montagne du Pilat. Le vieux chemin qui suit toujours la ligne de crête dégringole ensuite jusqu’à 946 m, niveau du Collet de Doizieu. Là il se subdivise en deux chemins, chacun par un côté de la montagne. Celui de gauche permet d’accéder, au prix d’un léger crochet à gauche à partir du carrefour sur le replat, à la « Roche Beurlant », qui offre un panorama superbe sur la haute vallée du Dorlay. Cette roche doit son nom au souvenir des petits bergers qui interpellaient en criant leurs copains sur la montagne en face (crier = beurler, en patois).

    Voici le Col de la Croix de Montvieux (811 m). Ce fut un des plus importants points de passage dans le Pilat, emprunté par plusieurs voies antiques, dont une qui assurait la liaison entre les vallées du Gier et du Rhône, par Saint-Paul-en-Jarez et Pélussin. Une infirmerie y était installée. Dans le nom Montvieux, « vieux » est un dérivé de « violet », un mot qui en ancien français désignait un chemin. À proximité, le hameau du Chatelard aurait été la propriété de « religieux » dont on ne sait rien, puisque ce fait est seulement rapporté par des traditions populaires.

    D’autres traditions assurent qu’il y aurait eu un dolmen dans les environs, peut-être les anciens avaient-ils ainsi qualifié la singulière « pierre branlante » qui se trouvait au bord du chemin, en direction du Collet de Doizieu. Mais cette roche n’existe plus. De la même manière ont été gommés du paysage de nombreux vestiges d’un passé fort lointain comme la Roche aux Serpents, peut-être la sœur jumelle de celle de Chaubouret... Disparues également, les nombreuses cases et autres cabanes en pierres sèches où les ramasseurs de champignons avaient parfois la surprise de trouver des poteries, outils, haches, et autres souvenirs de la préhistoire ou de l’époque celtique. Cette présence humaine d’une certaine importance se poursuivait de l’autre coté du col, tout au long de la voie antique qui traverse aujourd’hui le Bois de They, en descendant vers la vallée du Dorlay.

    Le vieux chemin des crêtes s’étire sur le flanc du Crêt de Montivert (954 m), pour accéder au Crêt de Quatregrains (875 m), et de là au Château de Bélize (873 m), sous le Crêt de Baronnette (890 m). D’énormes rochers émergent du Crêt de Quatregrains, l’un semble creusé d’une sorte de fauteuil, accompagné de quelques cupules, un autre fut aménagé en abri sous roche, clos d’une petite murette. Le Château de Bélize est une vaste enceinte elliptique de pierres sèches. Ces sites ont fait l’objet de nombreuses descriptions, il paraît inutile d’y revenir.

En Décembre 2007

La Dernière Balade, la Dernière Étape, Avant une Nouvelle Rubrique :

LE MONT MONNET, VERS LE SOLEIL LEVANT

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