LE Dossier du
Quadrimestre et sans lien avec
ce sujet, deux Invités des plus Exceptionnels ..... |
Anne et Christian Fitte
|
Christian
FITTE
|
Chers Fidèles ou occasionnels
des Regards du Pilat. Ce mois-ci c'est de nouveau un sujet, un Dossier
en l'occurrence, des plus exceptionnels qui vous est proposé. La
Soie est ici traitée de manière rigoureuse et
interactive, au travers d'initiatives plurielles, en liens constants
avec des réalités du terrain pélussinois.
Christian Fitte est un grand Ami du Pilat ; une cheville
ouvrière de Visages de notre Pilat depuis près d'une
dizaine d'années. Il assure techniquement, dans une pudique
discrétion, en presque solo, la
réalisation de l'illustre revue annuelle Dan l'Tan de
l'association, depuis de nombreuses années. Toujours au service
du collectif, c'est pourtant bien avec son épouse, Anne,
aujourd'hui décédée, qu'ils se sont lancés
dans l'Aventure sur les traces des Chemins de Soie en notre territoire
privilégié. Qu'ils soient ici, autant l'un que l'autre
remerciés, déjà symboliquement en cette lecture
que vous avez maintenant à disposition. Bonne route chers
internautes.
Thierry Rollat
|
QUATRE
SIÈCLES DE TRAVAIL DE LA SOIE DANS LE PÉLUSSINOIS,
CINQ ANS DE TRAVAIL DE MEMOIRE |
I -
Regards du Pilat : Votre première adhésion
à La Diana. Noël
Gardon : Vous
me demandez comment s’est concrétisée ma
première adhésion à La Diana.
Je
connais le nom de la Diana depuis bien
longtemps. Quand j’ai passé mon certificat d’études, les
lauréats avaient droit
à une attestation gratuite sur papier ordinaire, mais, moyennant
une légère
contribution, ils pouvaient avoir un diplôme illustré. Mes
parents m’offrirent
celui-ci. Parmi
les illustrations figure la salle de la
Diana à Montbrison. Mon père m’expliqua que
c’était le siège d’une association
qui avait rassemblé beaucoup de livres d’histoire et de
nombreuses archives
concernant le département et les familles de la région. Tout
jeune je me suis intéressé à l’histoire.
Un jour je voulais écrire l’histoire de ma famille, je demandais
à ma mère un
cahier. Evidemment après une demie page j’avais
épuisé mes connaissances à ce
sujet. Je n’avais pas dix ans. C’était de l’atavisme ; mon
trisaïeul, né en
1798 qui fut employé à la mairie de Saint-Etienne, a
laissé des notes
généalogiques. Mon père s’en est servi pour faire
des tableaux de cousinage. Plus
tard j’entrepris mes propres recherches.
j’allais aux A.D. de la Loire. Le siège était alors
à la préfecture, mais,
faute de place, la plupart des documents étaient stockés
dans les sous-sols
d’un hôtel de l’avenue de la Libération. La liaison
n’était qu’épisodique il
fallait une demande émanant soit de la hiérarchie, soit
d’une personne
notablement connue. Ce n’était pas mon cas, et les
employés étaient incapables
de me dire quand je pourrai avoir accès au document
demandé. J’allais voir
ailleurs. J’allais
alors à la mairie de Saint-Etienne.
Les archives municipales étaient stockées dans une
espèce de soupente au dessus
des bureaux de l’Etat-Civil. L’étage ayant été
coupé en deux en hauteur, mais
la soupente n’était pas très haute. Je consultais les
registres paroissiaux qui
ne m’apprirent pas grand chose, puisqu’ils avaient déjà
été parcouru par mon
ancêtre. Pendant
les vacances j’allais donc à Montbrison
et poussais la porte de La Diana. Je fut reçu par une demoiselle
qui me parut
vieille, mais qui l’était beaucoup moins que moi aujourd’hui.
Elle m’initia aux
arcanes du fonctionnement de la bibliothèque et des archives. A
l’époque, à
part la photographie, moyen compliqué onéreux et dont je
n’étais pas équipé, il
n’y avait pas de moyens de reproduction rapide. Il fallait copier
à la main.
C’était long, et pour emprunter ouvrages ou documents il fallait
faire partie
de la Société, c’est ainsi que je demandais mon
adhésion; Les étudiants ne
payaient que demi tarif. Je fus admis définitivement lors de
l’assemblée
générale de juin 1953. Les
archives étaient à peu près classées,(sauf
quelques unes), mais n’avaient pas de répertoires. Comme je
trouvais des
renseignements qui m’intéressaient, mais qui me renvoyaient
à d’autres
archives, je me fis un petit répertoire. De fil en aiguille j’ai
ainsi
répertorié plusieurs dizaines de milliers d’actes. A
la retraite, je devins un des habitués des
samedis après-midi ou quelques mordus de l’histoire locale
discutaient et se
renseignaient les uns les autres. Je finis par bien connaître la
bibliothèque
et les archives, et lorsque Jean Bruel, le secrétaire, mourut,
on me demanda de
le remplacer, ce que j’ai accepté considérant que l’on me
faisait là un grand
honneur. Je suis resté secrétaire pendant cinq ans puis
ai laissé la place à un
plus jeune mieux au fait que moi des moyens audiovisuels alors en plein
développement. A la demande du président je continuais
à m’occuper de la
rédaction du bulletin que j’abandonnais aussi cinq ans plus
tard. Je n’étais
plus que membre du conseil d’Administration, dont je
démissionnais aussi
laissant la place à de plus jeunes. Je
ne suis donc plus qu’un membre lambda,
peut-être le vice-doyen de la société non pas en
âge, mais en ancienneté. (J’ai
accompli 63 ans de présence en juin dernier). Mon
travail à la Diana et surtout mes
répertoires m’ont valu d’être nommé membre
d’honneur de l’Association
généalogique de la Loire, dès sa création,
et d’être fait chevalier des Arts et
des Lettres, décoration dont je suis très fier, d’autant
qu’à l’école j’étais
pratiquement nul en français en général et en
orthographe en particulier, ce
qui ne s’est d’ailleurs guère amélioré. II
- Regards du Pilat : Quand est apparu le premier comte de
Forez
? Noël
Gardon : A
priori je devrais répondre je n’en sais rien
puisque les documents écrits font entièrement
défaut, néanmoins en langage
local comte se dit Cuens, ou Coens, cela semble indiquer une origine
Burgonde.
Cependant l’appellation de Comitatus forensis n’apparaît qu’au
milieu du Xe
siècle. Le nom de Cuens se serait
donc
appliquer d’abord aux comtes de Lyon. J’avoue que pour moi la question
reste
assez obscure. A
la Diana deux communications relativement
récentes, l’une de M. Ganivet en 2002-2003 et l’autre de Me
Pouzols-Napoléon
ont essayé d’apporter quelques éclaircissements sur le
début et les origines
des premiers comtes de Forez, mais cela ne m’est pas apparu d’une
limpidité
absolue. A
parler très rigoureusement le Forez n’a été
régulièrement défini comme territoire
indépendant que par le traité de 1173,
donc le premier comte de Forez stricto sensu est donc : Le comte Guy
III. Mais
il y eut auparavant des comtes de Forez, dans le sens de pays en dehors
de
Lyon. En effet si Guillaume II est dit comte du Lyonnais, son fils
Artaud Ier
fut le premier comte de Forez puisque Le roi de France Lothaire
céda Lyon à
Conrad roi de Bourgogne en 955 à l’occasion du mariage de ce
dernier avec sa
fille Mathilde de France. Quand
au premier comte de Lyon il s’appelait
Armentaire, il était en place vers 530, en principe à
l’époque la fonction
n’était pas encore héréditaire. Le dernier comte
de Lyon non héréditaire est
Gérard de Roussillon qui était aussi comte de Paris et
comte de Vienne. Son
histoire a donné lieu à beaucoup de légendes dont
il est difficile de démêler
le vrai de l’imaginaire. Mais ce
personnage a certainement joué un rôle important dans
notre région. III
- Regards du Pilat : Origines étymologiques qui ne
prennent pas leur origine dans le latin. Noël
Gardon : Il
s’agit là d’une vaste question, et il
faudrait plusieurs dizaines de pages pour le traiter. Dire que le
français
viens du latin est une invention qui a prit corps au XVIe sicle,
souvenons nous
de Joachim du Bellay et sa “défense et illustration de la langue
française”.. On
dit que notre alphabet vient du latin,
rappelons que l’empereur Claude, qui fut élevé à
Lyon, parlait tellement mal le
latin qu’il fallut ajouter des lettres à l’alphabet latin pour
écrire sa
prononciation, L’alphabet latin
viendrait de l’alphabet grec, mais les lettres ne sont pas dans le
même ordre,
l’un va d’Alpha à Oméga, l’autre de A à Z, ce qui
n’est pas la même chose. Remarquons
que la 17ème lettre de notre
alphabet est la lettre “Q”, que nous appelons “Qu” parce que dans la
composition de nos mots elle est toujours suivie de la voyelle “U”.
Sans cette
lettre complémentaire on devrait
l’appeler “Que(ue)”. Or elle est la représentation
schématisée du cul d’un
animal, cheval par exemple, avec la queue au milieu. Voici donc une
lettre qui
porte le nom de ce qu’elle représente. La
lettre “i” avec son point est aussi la
représentation schématisée d’un homme debout. Elle
n’est pas sans rappeler le
pictogramme présentant un petit bonhomme qui attend, au passage
piétonnier que
le feu l’autorise à traverser. Or “I”, en anglais veut dire
“moi”. En français
nous remplaçons quelquefois ce “I” par un “J”,
les dictionnaires anciens ne font pas de
différence, or “J” est “Je”, ce
qui veut dire “moi”; La
lettre “B” est aussi la schématisation d’une
femme enceinte vue de profil, seins généreux et ventre
proéminent, or d’après
Curt de Gébebin ou Fabre d’Olivet le son “Bé” indique généralement la
paternité,
nous devrions dire la maternité. On
peut multiplier les exemples, mais cela
permet de conclure que comme pour les hiéroglyphes
égyptiens ou les caractères
chinois, nos lettres ont, à l’origine, été des
dessins qui représentaient ce
dont on voulait parler; Mais comme on ne peut dessiner que des choses
matérielles, ces dessins ont aussi prit la signification de
certaines choses
abstraites, comme aujourd’hui on voit beaucoup de cœurs dessinés
précédés d’un
‘J’ apostrophe pour dire j’aime. Le coeur matériel prenant la
signification de
l’idée “Amour”. Plus
tard, dans les mots venus d’ailleurs, les
lettres ont été utilisées uniquement pour le son
qu’elles représentaient. Or en
toponymie les noms ont souvent une origine ancienne, et il faut bien
souvent
décomposer le nom dans les sons qui le composent
pour connaître sa signification. Ne
nous y trompons pas beaucoup de mots de
notre langue française ne résultent pas d’une
évolution compliquée, ils sont
souvent restés tels qu’à leur naissance. Prenons un
exemple que je cite
souvent. Le mot Tortue, officiellement vient, moyennant quelques
influences
secondaires du mot latin Tartaruca. De même pour eux le mot
Tourte viendrait du
latin Torquere à travers son avatar Torta. Il n’est pas besoin
d’avoir fait
d’importantes études pour voir que Tourte et Tortue sont deux
mots voisins,
composés de deux fois le sont “te” séparés par le
son “ère” Or ces deux mots
voisins auraient des origine différentes. Mais une tortue
apparaît comme
composée d’une partie inférieure dure la carapace
inférieure, et d’une partie
supérieure également dure, la carapace supérieure,
et entre les deux une partie
molle, la chair de l’animal. De même la tourte apparaît
comme composée, d’une
partie inférieure dure la croûte inférieur qu’on
appelait autrefois la croûte
du petit Jésus parce qu’elle évoque la forme d’un
berceau, et d’une partie
supérieure dure, la croûte supérieure dite de Saint
Joseph parce qu’elle
recouvre tout, et entre les deux une partie molle : la mie. Voici donc
deux
choses très différentes, mais qui ont une apparence
semblable, et qui porte des
noms semblables. Il parait évident que ces noms ont
été donnés directement
parce qu’ils décrivent ce que l’on voit et qu’ils ne sont pas
dérivés de mots
latin différents. En confirmation je citerai le mot “tourteau”,
qui d’après les
linguistes est le nom usuel d’une espèce de crabe comestible :
le cancer
paguros. Or le crabe apparaît lui aussi comme composé de
deux parties dures
séparées par une partie molle. Si tourteau vient d’un nom
usuel il en est de
même de Tourte et de Tourteau. Donc
pour trouver l’étymologie véritable d’un
nom de lieu il faut connaître l’endroit et voir ce que signifie
chacune de ses
syllabes. IV
- Regards du Pilat : Quel est l’origine du mot Forez. ? Noël
Gardon : Vous
savez comme moi qu’officiellement ce nom
vient de Feurs, ancienne ville gallo-romaine faisant figure de capitale
des
Ségusiaves. Cependant une première question se pose. Dans
notre région les noms
de territoire dérivés du nom de leur ville principale se
terminent par “ais” :
Lyon donne Lyonnais, Roanne- Roannais, Beaujeu -Beaujolais, Viviers
-Vivarais
etc. Or Forez bien que se prononçant de la même
façon se termine par “ez”, comme
“Jarez” d’ailleurs, nous avons aussi Velay dont la terminaison est
différente.
Or ni Jarez ni Velay ne viennent du nom d’une ville, n’en est-il pas de
même
pour Forez ? Deuxième
remarque Feurs fut un temps le marché
gallo-romain des Ségusiaves. Marché, c’est en latin Foro,
Forum, Forus, c’est
cette dernière forme qui a donné Feurs. Or Forez ne vient
pas de Forus, mais de
Foris. Q’ailleurs en parler local on ne désigne pas les
habitants du Forez sous
le nom de Foréziens, mais de Forisiens. Alors qu’en est-il ? Autrefois
les Segusiaves occupaient un
territoire correspondant, grosso-modo, à celui occupé
aujourd’hui par les
départements du Rhône et de la Loire. Ce peuple gaulois
avait sa propre
administration avec sa capitale Mediolanum. Après
la conquête des Gaules par Jules
César, le Romains créèrent, pour
l’administration des régions conquises, une ville nouvelle: Lyon
implantée en
territoire Ségusiave. Cette ville capitale des Gaules fut
dotée de droits
exorbitants du régime habituel, ce fut une ville inserta et
excepta comme dit
Sénèque. Mais les Romains laissèrent les
Ségusiaves s’occuper de leurs affaires
ils se contentèrent de faire du commerce et de se faire payer
l’impôt. Après
la grande dépopulation de nos régions, au
milieu du 3ème siècle de notre ère, Lyon perdit
son rang de capitale des Gaules
pour devenir simple capitale de province. L’administration
indigène vint
s’établir ouvertement à Lyon. Lorsque l’empereur
Constantin se convertit au
christianisme, pour gouverner son
empire, il s’appuya sur l’Eglise chrétienne, qui avait sa propre
organisation, Il y eut donc à Lyon
deux
autorités, L’Impériale qui se confondait avec l’Eglise et
représentée par son
chef l’Archevêque, et l’autorité locale incarnée
par son chef que par commodité
nous appellerons le comte. Mais Lyon avait gardé ou reconquit un
grand nombre
de ses privilèges, aussi quand le comte prenait une
décision il devait
préciser que celle-ci concernait les habitants de Lyon comme les
autres, d’où
cette expression “Comes Lugdunensium et Forensium”, qui ne veut pas
dire Comte
de Lyon et de Feurs, cette ville ne représentait alors rien,
elle était à peine
la capitale d’un petit pagus, comme il y en avait tant d’autres dans le
comté.
par conséquent “Forensium” ne veut pas dire de Feurs, mais ce
qui est hors de
Lyon , le “forain” comme on dirait aujourd’hui. Toutes proportions
gardées,
Lugdunensium et forensium à la même signification que
lorsque l’on dit que le
pape s’adresse Urbi et Orbi, c’est à dire pour la ville Rome et
ce qi es au
dehors de Rome, le reste du monde. Il
y avait donc à Lyon un gouvernement pour la
ville et un gouvernement pour le forain. Il existe encore aujourd’hui
en
France, dans la Lozère deux communes qui ont le même
chef-lieu et portent les
noms de Malzieu-ville et Malzieu-forain. C’est
donc le mot Foris qui a donné le nom de
Forez. Cette étymologie a
d’ailleurs été longtemps celle défendue par
Auguste Bernard, il ne l’a
abandonnée, semble-t-il, que pour éviter des
polémiques avec les érudits de
Feurs qui défendaient âprement l’étymologie
proposée par La Mure ce qui donnait
de l’importance à leur ville. Jusqu’au
milieu du XIe siècle le pouvoir temporel influençait
beaucoup la nomination des
évêques mais avec la réforme grégorienne
cela changea, il y eut alors des
conflits entre les deux autorités. Plusieurs traités
furent signés et plus ou
moins bien observés Et si
après le
traité de 1173 séparant définitivement le Forez de
Lyon les comtes de Forez ont
prit pour capitale Montbrison et non Feurs, c'est bien que Feurs ne
représentaient
rien pour eux. d’ailleurs ils n’y possédaient rien et il a bien
longtemps que
Montbrisonn était le siège de “l’archiprêtré
forensis” qui à l’évidence ne
pouvait pas être l’archiprêtré de Feurs. V -
Regards du Pilat : Origine du nom de Pilat Noël
Gardon : Comme
vous le dite le débat sur l’origine du nom
de Pilat n’a jamais été vraiment tranché. Je
connais de nom 3 pilats. Le notre,
un en Suisse et la dune dans les Landes. Théoriquement
je devrais traduire Pilat par le
pic étalé, ce qui est contradictoire, d’où
l’ambiguité du nom. Cette
traduction peut néanmoins s’appliquer à
la dune de Pilat. je ne connais pas le mont Pilat Suisse et ne peut
rien en
dire. Chez
nous il n’y a pas vraiment de Mont Pilat
il y a le massif du Mont Pilat. On peut donc expliquer ce nom par la
présence de
plusieurs sommets sur une large étendue. Dans
le Pilat il n’y a que le “Pic des trois
dents, qui est vraiment un pic, les autres sommets sont des crêts
c’est-à dire
des pics émoussés. Comme il y a trois pics
assemblés c’est peut-être ce sommet,
que l’on voit nettement à partir de la région lyonnaise,
qui est à l’origine du
nom de Pilat : les pics lez (les uns des autres). Je
pense néanmoins en rester à l’explication
plusieurs sommets sur une grande superficie. VI
- Regards du Pilat : Que ce passait-il à Prarouet ? Noël
Gardon : Je
ne connais pas suffisamment le site, et les
bâtiments de Prarouet pour émettre une opinion valable. Je
ne pense pas que
Prarouet, veuille vraiment dire le “pré du roi”. Si
c’était le cas, ce ne
pourrait être qu’un nom relativement récent, et comme il
existait déjà au XIIIe
siècle je n’y crois guère. C’était
il est vrai un fief des Roussillon,
mais au même titre que Rochetaillée, et d’autres lieux
dans la région. Ce
devait-être quelque poste avancé de la défense du
Forez; L’étude du passé de ce
fief serait certainement intéressante, mais j’avoue n’avoir
aucun élément à ce
sujet. Pour
en revenir à une éventuelle étymologie, si
on peut admettre “Pra”, comme désignant un pré. La
seconde syllabe me semble
avoir la même origine que “la Roa” à Saint-Genest-Lerpt et
au Chambon-Feugerolles.
J’y verrais donc un dérivé de “Roye” “Royat”, et , quitte
à contrarier d’autres
hypothèses, je ne verrais dans “Prarouet” que le “pré
avec une source”. Mais
mon opinion est-elle valable ? Je ne connais pas assez l’endroit, mais
si il y
a, ou si il y a eut, une source
abondante il n’y a pas de doute. VII
- Regards du Pilat : Le crêt de l’Airelier. Noël
Gardon : Nous
ne connaissons officiellement pas grand
chose sur les druides en Gaule, à part ce qu’en a dit Jules
César. Une des
rares informations qu’il donne est que les druides exerçaient
leur culte à ciel
ouvert, ils n’avaient pas de temple, cette affirmation est sans doute
à nuancer
un peu, mais là n’est pas la question. La
deuxième information est qu’ils se
réunissaient au moins une fois par an. De
ces deux informations il résulte que leurs
réunions se faisaient en plein air, et au temps de César
ces réunions se
faisaient, dit-on dans la forêt des Carnutes. Or
ces réunions contrariaient Rome, dans la
mesure où s’y maintenait un esprit d’indépendance,
d’où la création, à Lyon, du
Temple d’Auguste et de Rome, construit pour faire venir les
prêtres dans Lyon
et mieux contrôler ces assemblées. Or ce temple
était en plein air, et chaque
peuple gaulois y avait son autel. Il
était naturel pour moi de penser que ce
temple d’Auguste, si opposé aux temples des dieux romains,
était directement
inspiré de ce que pouvait-être le lieu de rassemblement
des druides. Or Autel
se dit Ara., où l’on retrouve le
radicale “Ar” qui dans la langue gauloise a la signification de pays. Dans
le massif du Pilat il devait donc, pour
moi, y avoir un endroit qui rappelait ce rassemblement d’autels, chacun
correspondant à un peuple. Comme Airellier, n’est pas un
arbrisseau d’une
caractéristique suffisante pour désigner avec
précision un endroit, ce nom ne
pouvait-être que la déformation en un mot
compréhensible dans le langage récent
d’une appellation ancienne dont on avait perdu la signification. Airellier s’approchant suffisamment de de Ara -(lier), comme on dit encore “lez”
pour dire qu’une chose est près d’une autre “Ara lez” m’a paru
convenir a
l’appellation d’un lieu où il y aurait eu plusieurs autels
assemblés. VIII
- Regards du Pilat : Auriez-vous de gros correctifs à
faire à
votre ouvrage sur le Pilat. Noël
Gardon : J’ai
beaucoup réfléchi à cet ouvrage pendant
mon “exil” en région parisienne, et je l’ai fait paraître
dès que les moyens de
publication à très petit nombre d’exemplaires ont
été accessibles à des prix
abordables. Cette
longue réflexion fait que je n’ai pas
grand chose à y changer. Il y a
cependant quelques points que j’aurai aimé approfondir,je n’ai
pas les
connaissances suffisantes en langues proche-orientales en
général et en Araméen
en particulier. Je suis donc un peu frustrer de ce côté.
Quand à apprendre
l’araméen, j’avoue qu’à mon âge je n’en ai
guère envie, alors tant pis. Je
pense que dans mon livre il y a suffisamment
d’indications pour qu’un jour, si Dieu le veux, un autre écrive
la suite. IX - Regards du Pilat : A propos du
livre d’Eric Charpentier. Noël
Gardon : Je suis admiratif du travail extrêmement
consciencieux, et exceptionnel d’Eric Charpentier. Il apporte un
éclairage
nouveau et très très intéressant sur la
géométrie mégalithique très
méconnue,
et parfois même diffamée. J’admire le temps passé
à mesurer, tracer, comparer
et ensuite pour vérifier contrôler c’est
considérable. Les
déductions d’Eric Charpentier sont
étonnantes, mais la réalisation de ces ensembles
mégalithiques ne peuvent avoir
été faits que par des techniciens qui connaissaient
particulièrement
l’astronomie. Nos
ancêtres adoraient le soleil c’est
indéniable, nos ostensoirs en sont la réminiscence, y
avait-il une interférence
de la Lune ? ce n’est pas impossible, d’anciennes pierres
utilisées dans
certaines églises ont parfois ces deux représentations
côte à côte. Cela peut
intervenir dans les emplacements retenus pour les mégalithes.
Notons que la
Vierge est souvent associée à la représentation de
la lune. (Petite remarque
l’emplacement de la madone du Champ du Peu n’est pas le fait du hasard,
elle
est à l’emplacement de la pierre qui a donné son nom
à l’endroit) Son
étude confirme l’ancienneté du site de
Sainte-Croix et son intérêt, mais il faudrait d’autres
passionnés qui
s’occuperaient aussi à fonds d’autres sites semblables dans
notre pays. Je
pense en particulier à Saint-Benoît-sur-Loire ou
Vézelay. Malheureusement il
risque bien de ne pas avoir d’émules rapidement. En France il y
a une Histoire
officielle et malheur à celui qui ne reste pas dans le cadre
tracé, au mieux il
sera ignoré, et plus généralement
considéré comme un énergumène farfelu et
pourtant “l’histoire officielle n’est qu’une suite de mensonges sur
lesquelles
on est d’accord” disait, paraît-il, Napoléon. Et quand une
réalité dérange elle
est niée j’ai à l’instant deux faits en mémoire. Le
premier est le site de Glozel. Je l’ai
visité il y a quelques années et j’avais discuté
assez longuement avec M.
Fradin. Au cours de la conversation je lui ai demandé où
il en était avec les
savants officiels, et il me répondit : « il y a quelques
temps j’ai eu la
visite de M. Henri Delporte, (à l’époque celui-ci
était conservateur au musée
des antiquités nationales à saint-Germain-en-Laye), En
arrivant il était très
monté contre Glozel il a tout visité avec beaucoup
d’attention et en partant il
m’a dit : cela ne peut pas être vrai cela remettrait trop de
choses en question
». Or je connaissais Henri Delporte et à
quelques temps de là je lui posais la question pour savoir si
c’était bien ce
qu’il avait dit. Il me répondit :«
Ah !
Glozel, c’est bien possible, les jours pairs je suis pour, les jours
impairs je
suis contre. » Le
deuxième est à propos de fouilles de
sauvetage. Lorsque fut construite l’autoroute de Saint-Etienne à
Clermont-Ferrand un site archéologique fut mis au jour au
"Marais”
commune de Cleppé. Des fouilles de sauvetages furent entreprises
sous la
direction de Myriam Philibert. Le compte rendu de ces fouilles a
été publié
conjointement par La DRAC et La Diana. Page
95 de ce rapport on peut lire : « Toute la
partie inférieure, comme
toute la partie supérieure est stérile. L’occupation
humaine se situe dans la
zone moyenne du remplissage. En outre, aucune sédimentation ne
sépare
l’installation néolithique de celle du Bronze final, bien que
près d’un
millénaire se déroule entre les deux occupations du site.
Elles ont remanié
l’aspect de la terrasse par l’apport de galets et le creusement de
fosses
entamant la terrasse inférieure. Après le Bronze final,
le site est abandonné,
des dépôts sédimentaires ont lieu. Leur sommet est
un horizon unique de 0,30 m;
retourné par les labours.» J’ai
demandé à Myriam Philibert comment
expliqué cette absence de sédimentation pendant
l’intervalle entre le
néolithique et le Bronze final. Elle m’a répondu que ce
n’était pas à elle de
l’expliquer, qu’elle ne devait que dire ce qu’elle avait trouvé.
J’ai donc posé
la question à un archéologue patenté qui m’a
répondu : « C’est que les fouilles
ont été mal faites.» Cela
m’a rappelé les commentaires à propos de
fouilles faites au XIXe siècle par des amateurs qui publiaient
leurs
découvertes à l’occasion des réunions de
l’Association Française pour
l’avancement des sciences, et qui n’étaient pas toujours
d’accord avec les
conclusions des Cartaillac ou Mortillet et autres, à
l’époque, magisters en la
matière, qui disaient qu’il ne fallait pas tenir compte de ces
données soit parce
que les fouilles avaient été mal faites, soit parce que
des concurrents avaient
farcis leur champ de fouilles avec des éléments
étrangers. Alors
mon opinion à propos du travail
exceptionnel d’Eric Charpentier, c’est que la reconnaissance de la
communauté
scientifique ne viendra pas des magisters français actuels, mais
qu’il faut
traduire son travail en Anglais et en Allemand et le transmettre aux
personnes
compétentes dans ces pays. X - Regards du Pilat : La chapelle des
fous, d'où provient ce nom ? Noël
Gardon : On peut donner deux origines à cette appellation. La
première est celle que je suggère dans mon livre sur le
Pilat. Il
y a dans cette chapelle deux statues l’une
représente saint Etienne et l’autre saint Laurent. Saint Etienne
est représenté
avec un pierre sur la tête qui symbolise sa lapidation, et il a un air tout à fait béat. Un
peu
“bayayet”, c’est à dire illuminé comme les Innocents de
village qui passaient
autrefois pour être un peu fou. Saint Etienne ici serait le
patron de ces
Innocents, de ces fous, d’où le surnom donné à la
chapelle. Cette
explication est simple et ne comporte pas
de risques pour celui qui la défend. Deuxième
explication : Bien
que la Chartreuse de Sainte-Croix soit
appelée Sainte-Croix-en Jarez, on est à l’extrême
limite du Jarez, et même un
peu au delà. Cette région et
donc Jurieu
où s’élève la chapelle des fous est une
région frontière, un “finis” comme on
disait autrefois. De ce vieux mot qui a donné : Finistère
par exemple, voire :
confins et vers la Bourgogne : Finage. La
chapelle a été désignée sous l’appellation
:
chapelle “del finis”. De “del finis” on est passé naturellement
à : Dauphin que
sans changer la prononciation on peut écrire ou comprendre :
d’Auffin. Or au
jeu d’échec “l’Auffin”, est le fou. “Je
n’avoye pion, ne chevalier, Auffin, ne rocq, qui puissent ma querelle
Si bien
aider ... ( Ch. d’Orléans, Ballade) Or
les pions ont gardé leur nom, le “chevalier”
est devenu le “cavalier”, le “rocq” est la “tour”, “Auffin est donc le
fou. La
chapelle “del finis” est donc devenue la
chapelle des fous. A
tout hasard je rappelle que Saint Ennemond et
son frère, enfants de Sigonius, comte de Lyon, étaient
appelés Delphinius. |
Aujourd'hui en retraite, Gérard Mathern exerçait actif la noble et fort respectable profession de Docteur à Saint-Chamond dans la Vallée. Il nous comble d'être notre second invité. Nous ne lui donnons pas forcément un rôle facile en apparence en lui donnant de passer en même temps que Noël Gardon. Pourtant ce choix reste bien volontaire en raison du grand personnage qu'il incarne lui aussi. En réalité peut-être qu'une autre étiquette mériterait également de lui être attribuée, celle de paysan, de par sa définition première, celui qui aime le pays. Nous allons apprendre à mieux connaître un fidèle du Haut Pilat et ce depuis sa naissance. Il a appris à lire studieusement le passé des sommets pilatois, celui-ci recèle une Histoire riche et bien trop mal connue. En découvrant cet entretien franc et précis, beaucoup d'entre vous prendrez conscience que là-haut il n'y a pas que la neige qui s'impose, comme on le dit symboliquement, dix mois sur douze. Gérard Mathern est l'enfant de ce territoire qui culmine à plus de 1100 mètres d'altitude avec le point Haut, le Crêt de la Perdrix à 1434 mètres, point dominant du département de la Loire. Alors en route, vous allez prendre un sérieux bol d'air et faire plus avant connaissance avec un authentique héritage laissé par des générations et des générations successives. |
Gérard
Mathern : Je
vais en vacances au Bessat depuis ma tendre enfance,
comme ma mère et mon grand-père maternel. J’ai, au
Bessat, les meilleurs
souvenirs de ma jeunesse. Nous étions une bande de 40 jeunes
à inventer tous
les jeux possibles et, aujourd’hui encore, nous aimons nous rappeler
ces bons
moments. J’y ai fait construire une maison dès que me moyens me
l’ont permis et
j’y passe mes étés et les beaux jours. En un mot, c’est
mon pays. Regards du
Pilat : Vous vous
êtes mieux fait connaître si l’on peut dire à
partir des années 1990-1991, en publiant deux remarquables
articles consacrés
au Château du Toile dans la revue des Amis du Vieux
Saint-Chamond, Le Jarez
d’hier et d’aujourd’hui. Concernant l’origine toponymique de ce lieu
vous
penchez pour un dérivé du mot tilleul. Que pensez-vous de
la réflexion de Noël
Gardon qui en amateur confirmé de la langue gauloise disparue
semble y voir de
son côté une évolution du gaulois tor qui signifie
fort ? Gérard Mathern : Le mot
Bessat dérive du gaulois Bouleau (Dufour et bien d'autres
sources). Il me semble logique de croire les mêmes sources qui
évoquent le Tilleul, mais je ne me battrai pas là-dessus.
Regards du
Pilat : Indéniablement
ce site ancestral recela une notion
première de fortification, une sorte de place forte visant
à surveiller et
contrôler les routes. Perché sur un monticule rocheux
significatif, il n’en
demeure pas moins que ce poste militaire se trouvait au creux d’un pan
de
montagne incliné. Vous envisagez qu’Hugues de Pagan, Seigneur
d’Argental et de
Mahun puisse être l’initiateur de cette réalisation. Quels
sont les éléments
qui poussent sérieusement cette hypothèse et à
quelles dates nous retrouvons
nous ? Gérard Mathern : Il s'agit
d'une déduction simple des sources. Lors du mariage entre
Jacques de Jarez et Béatrix de Pagan en 1292, on évoque
le Toile, encore allodial, c'est à dire n'ayant pas encore fait
l'objet d'aveu. D'autre part, lors du partage entre le Lyonnais et le
Forez en 1173, on retrouve dans l'acte un détail précis
des châteaux présents, mais pas un mot sur le Toile. J'en
déduis donc qu'il a été construit dans
l'intervalle, et le propriétaire, lors de sa première
mention était Pagan.
Peut-être, mais rien ne le prouve, existait-il quelque chose auparavant, mais s'il faut des éléments et la littérature (bien modeste au XIIè siècle) est vierge à ce sujet. Regards du
Pilat : Apparemment
le Toile, en tant que Château cette fois,
aurait définitivement disparu en toute fin du 16ème
siècle.
Aujourd’hui il ne subsiste absolument aucune pierre à
l’emplacement où jadis il
s’imposait ; tout à côté on devine par contre
facilement les restes d’une
vieille ferme qui fut probablement construite alors avec les ruines du
Toile.
Un incendie, volontaire ou involontaire, survenu sur la fin des guerres
de
religion, lié ou non lié, peut-être la cause de la
fin précipitée de ce qui
était une référence médiévale du
Pilat. Avec le recul et une certaine
expérience, avez-vous un avis précis visant à
expliquer la disparition du
Toile ? Gérard Mathern : Je
pense que sa présence ne se justifiait plus, en
particulier par la modification des voies de communications et les
enjeux de
l’époque. Le site était austère, loin de tout, et
il n’intéressait plus ses
possesseurs (vente, puis rachat puis revente etc …). Il a
vraisemblablement
brulé à deux reprises comme l’attestent des coupes de
terrain faites en
catimini il y a au moins 40 ans avec ma bande de copains. Mais pas
d’élément
décisif. Un jour, en montrant une tuile ou une brique (je n’ose
pas parler de
tegulae), à un archéologue, il s’est écrié
« ne touchez pas à ce
site ! ». Regards du
Pilat :
Les sarrasins ou maures, ont occupé le Pilat et
principalement le Haut Pilat de l’an 725 à l’an 765. Jean Combe
nous raconte
utilement cette triste réalité où régna une
terreur indéfinissable. Plus tard
André Douzet développera plus avant les massacres
perpétués par ces derniers et
précisément sur la petite ville d’alors de Saint-Etienne.
Au Bessat, votre
commune de prédilection, il se trouve toujours de nos jours la
minuscule grotte
dite de la Sarrazinière. Etablissez-vous un rapprochement
porté alors par la
mémoire collective avec cette présence sarrasine au haut
Moyen-Age et si oui
que pouvait être alors ce repère de la dite grotte
Sarrazinière si bien entendu
vous avez un avis sur ce point-là ? Gérard Mathern : Sur
ce point, il faut être un peu romantique. La
Sarrazinière aurait été une mine (?), mais le mot
Sarrazin doit être
ici raccroché à la tradition ancienne qui nommait par ce
vocable les petits
gnomes de la forêt et les esprits de toutes sortes. Regards du Pilat : En restant encore
un peu sur des horreurs manifestes,
consommées également sur la commune du Bessat, il
semblerait qu’aux temps des
guerres de religion, une ou plusieurs batailles se soient
déroulées quelque
part sur ce territoire. Le puissant chef catholique, Christophe de
Saint-Chamond en restant peut-être bien le symbole historique. Ne
pouvant pas
ignorer cet épisode des plus crédible, pouvez-vous nous
narrer quelques
commentaires directement tirés de votre réflexion
construite au fil de ces
dernières décennies ? Gérard Mathern : Là
encore, pas de fait avéré. Il y a certainement eu
quelque chose et Christophe de St Chamond n’était pas un tendre
(voir la mise à
sac d’Annonay et les massacres qu’il y commit). Il passa au Bessat pour
s’y
rendre bien entendu. L’escarmouche au « Pas du
Bessat » a
certainement eu lieu, mais on ne sait pas où et combien d’hommes
elle opposa.
Les écrits sont des plus contradictoires, des
« Thermopyles foréziennes »
à
la négation même de son existence. Encore une fois, pas de
preuves sur la
localisation même de la bataille, on parle d’un
« défilé » ??? Le
lieu dit « le Mort » à l’entrée du
village
atteste probablement de sépultures, mais la Croix des fosses
nullement. En
effet, un vieux paysan m’a raconté qu’elle se situait
primitivement sur la
commune de Thélis-la-Combe et ramenée sur le Bessat au
XIXe siècle. C’est là
que deux gardes forestiers furent égorgés et ensevelis
par des personnes venues
voler du bois comme c’était la coutume autrefois.
Regards du
Pilat : Au
Bessat, il perdure un curieux patronyme visant à
qualifier un hameau : les Palais. Est-ce que pour vous, il existe
une et
une seule explication pouvant être retenue et qui expliquerait
alors l’origine
du nom de ce lieu ? Gérard Mathern : Le
Palais n’a rien à voir avec la « bataille du
Bessat » car les attestations que l’on en a sont
antérieures aux guerres de religion. Là
encore, il faut chercher ailleurs l’étymologie de ce nom. Regards du
Pilat :
L’emblématique Jasserie, où a dormi une nuit le suisse
Jean-Jacques Rousseau, demeure un fleuron traditionnel du Pilat. Un
restaurant
régale entre autres les touristes depuis plus d’un
siècle. Jean Du Choul en
1555 semble indiquer la source du Giers qui prend corps ici même
comme tombeau
naturel de Ponce Pilate dont l’ombre a longtemps hanté
le Pilat. Pour vous
quelle a été la plus ancienne utilisation de ce site de
la Jasserie ? Gérard Mathern : Rousseau
a dit pis que pendre de son voyage au Pilat et
de sa nuit à la Jasserie. En fait, on parle depuis bien
longtemps de la
« ferme de Pilat ». Ce terme, sans doute
importé des Monts du Forez
où elles sont nombreuses, est apparu récemment, et
probablement à la fin du
XIXe siècle comme l’atteste le livre d’or que j’ai
photocopié de 1900 à 1908. Regards du
Pilat : En
2016 nous avons pu constater votre présence à plusieurs
des manifestations organisées par l’association Visages de notre
Pilat et
consacrées à la fabuleuse Chartreuse de
Sainte-Croix-en-Jarez. Des milliers de
pilatois s’intéressent de plus ou moins près à ce
monument cartusien d’un autre
temps. Pour votre part qu’est-ce qui vous attire plus
particulièrement en cette
direction médiévale ? Gérard Mathern : Un
livre laissé par mon grand-père, Le Vachez que
j’avais en édition originale, prêté et non rendu
(à qui ?). Depuis je l’ai
de nouveau acheté en reprint à votre association. Et
puis, je suis né à
Rive-de-Gier. Depuis mon adolescence j’ai lu ce livre. Et puis au
Bessat, il y
a tant de traces (le Bois des Pères, la scie des Chartreux,
Praroué …). Regards
du Pilat : Enfin pour
terminer cet entretien et en restant avec vous
à Sainte-Croix, quel regard portez-vous sur les recherches
complètement
novatrices d’Eric Charpentier visant à faire découvrir
avec arguments rigoureux
et au plus grand nombre, un passé vieux de plus de 4000 ans ici
même ? Gérard Mathern : C’est
la seule conférence que j’ai raté ! Mais je
compte bien acquérir son livre rapidement. Je ne puis donc me
prononcer sur ses
hypothèses. Monsieur
Gérard Mathern nous vous remercions de toute la
peine que vous avez prise à répondre aimablement à
nos questions. Mais
ce fut un plaisir. Mon article sur le Toile doit
ressortir cette année dans le bulletin de la
Société d’Histoire de St Genest
Malifaux, revu, complété et enrichi de l’histoire des
Pagan et des Tournon
et Retourtour, passionnants. |
Pour celles et ceux d'entre vous,
chers Internautes, qui auront lu d'un trait cette trilogie,
composée du Dossier de Christian Fitte et des deux
entretiens-interviews, ils savent donc maintenant qu'ici a bien
été cumulé l'Utile et l'Agréable, la
Qualité et une certaine
Quantité. Sachez l'apprécier. Vive le Pilat !
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