Le menhir du flat

Ce superbe monument mégalithique s'exibe fièrement dans le hameau de Colombier près de la commune de Saint-Julien-Molin-Molette (42). Il demeure un vrai symbôle, lorsque l'on évoque le passé millénaire du Pilat, plus particulièrement les mégalithes. Chacun pourra ou s'est déjà fait son opinion concernant ce monument. D'abord, on est en droit de se demander comment est arrivée en ces lieux

cette gigantesque pierre de granit, dressée à la verticale sur plus de trois mètres de haut. Est - ce réellement l'oeuvre de l'homme ou plutôt celui de la nature ? Sincèrement, nous penchons pour la seconde possibilité. Notre opinion affinée retient l'apparence naturelle, à savoir qu'elle n'a pas forcement bougé de place pour devenir un très gros mégalithe. L'imposant ensemble rocheux qui se trouve à quelques dizaines de mètres, derrière le menhir, lorsque l'on arrive par la voie traditionnelle, renforce notre opinion. Ces rochers, tenus jadis en bloc, qui tendent à s'éclater, sont à leur place initiale.
Il semble illogique de pouvoir affirmer que ce célèbre menhir local est été transporté là par une titanesque organisation humaine. L'homme sur la planète a bien sûr montré à maintes époques qu'il était capable de fabuleuses prouesses techniques en matière de transports d'éléments faramineux. Les pyramides d'Egypte ou des réalisations Incas nous interpellent encore aujourd'hui sur les moyens mis en oeuvre par les concepteurs de ces merveilles. Ici, il semblerait

que l'homme ait choisi ce site pour des prédispositions naturelles, pouvant agréablement s'adapter à des croyances probablement stellaires. Evidemment, on s'aperçoit que le site est "travaillé", qu'il a dû beaucoup servir. L'important tumulus laisse supposer, soit une utilisation prolongée dans le temps, soit un événement funéraire majeur et massif, concrétisé sur les lieux.
Pointé vers le ciel, ce monument inspire de part sa hauteur, une certaine grandeur ; l'extrémité du menhir est comme pointée vers l'univers. D'ailleurs, une cupule sommitale prend place sur le monument. On ressent une sorte de respect, à l'égard des hommes qui se rendaient en ces lieux. La conviction profonde qu'ils portaient à leurs croyances ne fait ici pas de doute. D'ailleurs, au vu de la configuration, il n'est pas sûr du tout que le site était habité. On peut retenir l'éventualité, que des initiés se retrouvaient ici pour de "grandes réunions spirituelles" en lien peut- être avec le ciel. Il n'est pas impossible non plus que des sacrifices furent perpétrés ici, toujours au service de vénérables rites. On retiendra pour synthèse, l'image d'un lieu sacré, haut et grand, sans doute en rapport avec la mort ou le sacrifice . Ces hommes ne pouvaient visuellement ignorer que l'endroit est proche du crêt de la perdrix, le point culminant du Pilat, par conséquent le plus élevé dans un rayon de plusieurs dizaines de kilomètres. Faut- il y voir pour autant un rapport avec le choix du site ? Et toutes les pierres amassées sur l' énorme tumulus, n'ont- elles pas faussé certaines interprétations ? Ne sont- elles pas le résultat d'un rassemblement progressivement réalisé par les paysans propriétaires des terrains avoisinants cultivant là au fil des siècles ? N'y a t - il pas aussi des restes de cabanes alentours ajoutées maintenant au tumulus ; auquel cas, elles témoigneraient d'une plus ou moins quantitative occupation du site ? C'est peut- être un peu tout à la fois, bien des mystères demeurent et que penser encore des soit disant visages sur une face du menhir : vraiment un site à voir.

Thierry Rollat