REGARDS DU PILAT
Juillet 2004 : " Sur des Traces Celtiques et Mégalithiques "
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   Le choix de ce dossier tient au fait que cette longue période dite "mégalithique" est néanmoins fort mal connue. La Civilisation Celte s'étendit sur l'Europe occidentale du Xème au IIIème siècle avant J.-C environ, mais auparavant une autre civilisation occupait ce même territoire. On fait souvent un amalgame entre "celtique" et "mégalithique", alors que ce dernier terme englobe une période commencé plusieurs millénaires auparavant. Les gaulois comptaient parmi les celtes qui occupaient la Gaule, territoire englobant approximativement la France et la Belgique actuelle. La dénomination de "gaulois" fut attribuée par les romains, envahisseurs puissants qui mirent fin par leur occupation prolongée à l'autonomie et à l'existence gauloise. L' empire romain, après avoir colonisé la Gaule, convertit totalement ses habitants à leur Civilisation évoluée. De cette illustre période gallo-romaine, restent  des constructions et des monuments antiques en bon état de conservation. La ville de Vienne(38) toute proche du Pilat, conserve une multitude de ces réalisations. De l'époque précédente, dite mégalithique, il reste en Pilat de précieux monuments en pierres brutes : les mégalithes. Ces traces indélébiles, ont pris au cours des deux millénaires passés, une importance considérable, notamment en France, quelque peu contrariante pour la religion chrétienne. On retrouve de nombreux sites "christianisés", par une croix taillée dans la roche, comme pour éloigner ou anéantir les anciens esprits des sites mégalithiques. C'est une manière de s'approprier un territoire, autrefois symbole de la vénération portée à des dieux païens. Les mégalithes traduisent diverses significations pour lesquelles les spécialistes ne sont pas forcément toujours d'accord. Les sacrifices, la fécondité, les soins et évidemment les Dieux sont retranscrits au travers de ces mystérieux signes creusés dans le rocher (autels, menhirs, cuvettes..etc). La nature comptait énormément pour les croyances de ces vieux ancêtres, à priori plutôt primitifs. Le ciel, les étoiles, la montagne, le vent, la pluie, le tonnerre et autres phénomènes atmosphériques, tous étaient craints ou vénérés, au moins du temps des gaulois. Le soleil semble être le symbole le plus important pour eux, l'élément divin suprême. Il faut préciser, que n'ayant pas de calendriers pour leur rappeler que l'année comptait trois cent soixante cinq jours, ils célébraient pourtant des cultes annuels, certains en lien aux solstices, autant d'hiver que d'été, par conséquent au soleil.
    Le Pilat ne manque pas de mégalithes. La forêt et la montagne ont été les meilleurs gardiens pour ces empreintes, vieilles de milliers d'années. Effectivement,  partout où s'est étendu l'habitat, d'abord des groupes de maisons, puis des villages et des villes, ceci sur plusieurs siècles, toute trace mégalithique a aujourd'hui disparu ! 
Un bassin, creusé peut - être avec des pierres de silex. A droite, La feuille blanche 21X29.7 donne l'échelle.
    En ces époques, les étangs et les forêts couvraient nos plaines actuelles. Le Pilat a, lui ,conservé intégralement son décor depuis la période gauloise. Cette merveille d'authenticité fait de notre montagne un espace rare pour apprécier quantité de mégalithes variés et secrets. Chaque année, une poignée de passionnés  en découvre de nouveaux, enfouis sous les terres, les feuilles ou les mousses. Affirmer ici, qu'un tel était voué à telle ou telle utilisation, relèverait plus de la magie. La réalité, plus mystérieuse qu'elle n' y parait à première vue, nécessite des études sérieuses, contradictoires et poussées. Des sites "célèbres", font parfois oublier qu'un  grand nombre d'anonymes pullulent littéralement dans notre belle montagne. Il reste tant de choses à comprendre ! C'est pourquoi, de la même manière que l'on a traité le site de Pierre Juton, on développera progressivement mois après mois différents sites plus ou moins connus du grand public. Le Menhir du Flat mérite déjà le détour.

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    Les Celtes étaient avant tout des guerriers, qui chassaient aussi bien leur gibier pour le manger, que leurs ennemis pour les exterminer. Le sacrifice proprement dit, prend une place dans la prière, qui elle, représente beaucoup pour ces combattants non avares de sauvageries. Des Druides, ont "gouverné" le Pilat. Religieux, avant d'être des savants, ils prenaient les décisions, aussi cruelles soient-elles à l'encontre des victimes désignées. Les ennemis, les esclaves avaient la priorité pour participer comme offrandes aux séances sacrificielles, très respectées. Ces dernières, dans l'esprit des instigateurs, servaient tantôt à calmer la nature, tantôt à la remercier. S'il manquait de "victimes", des volontaires, mais parfois les propres enfants des "bourreaux" ou leurs femmes, devenaient les nouveaux sacrifiés. Les celtes croyaient à la réincarnation, puisqu'ils pensaient avoir plusieurs vies. Aussi mourir avait valeur d'étape, voir d'honneur, la mort ne leur faisait pas plus peur que ça  ! La barbarie sanguinaire de nos prédécesseurs ne doit totalement masquer la réelle science de ceux-ci. Pierre Juton, nous rappelle l'intelligence de ces concepteurs primitifs. Ce n'est pas un hasard, si des chênes, sont souvent présents sur les sites mégalithiques du Pilat et d'ailleurs. Arbre noble par excellence, il conserve tout le côté magique de ces lieux puissamment secrets et mystiques. Un lien profond existe entre cet arbre et les gaulois. Le gui cueilli par les druides nous vient en premier à l'esprit. Mais d 'autres raisons demeures latentes. Elles "conditionnaient" l'attache des celtes au bois de chênes.



Dolmen, important monument mégalithique, certains servaient comme autel pour les sacrifices.

    Les celtes respectaient leurs morts en les enterrant. Les menhirs, semblent avoir été conçus pour annoncer un espace funéraire. Les cabanes ou leurs restes, seraient également à vocation post mortelle. En y pénétrant, pour y "séjourner", l'espace d'une nuit, on pouvait entrer en contact avec les défunts, ensevelis à proximité. Souvent un tumulus se trouve proche de ces petites huttes empierrées. La profondeur du trou comprenait plusieurs mètres, pour ensuite être recouverte par des centaines de pierres, petites et moyennes. Il est probable que ce soit seulement des "personnalités", des chefs par exemple, qui reposaient sous des tumulus. Ce rituel était une manière de rendre un dernier hommage à un personnage. Les défunts ordinaires devaient occuper eux des sépultures simplifiées, recouvertes seulement de terre. Ces "coutumes" ont probablement été différentes selon les époques et les régions. Les gaulois vivaient en villages-tribus. Ils possédaient un esprit de survie et de solidarité qui dictait l'organisation de la vie autour d'un groupe et d'une hiérarchie, un chef pour le courage, des druides pour le savoir et les croyances. Avec réserve, il paraîtrait que les habitants du Pilat en époque gauloise auraient été des Allobroges.
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   Comment appréhender un site mégalithique ou seulement présumé : on pourrait répondre avec prudence ! Des pierres "travaillées", depuis des centaines ou des milliers d'années, par l'homme ou plus simplement par la nature, ne sont pas toujours facile à différencier. L'expérience, aussi modeste soit-elle, incite à observer, comparer, échanger, voir et revoir un site concerné, son environnement, tout ceci pour éviter de tronquer le diagnostic. Bien sûr, on se doit de parler au conditionnel dans ce genre de réflexion. D'un site à un autre, d'une région à une autre, d'un reportage télé à un bouquin branché, on arrive progressivement à s'adapter à l'héritage laissé par les gaulois. La radiesthésie pour les initiés, devient une "science" complémentaire au travail de recherche. Apparemment, nos lointains ancêtres, ne creusaient absolument pas au hasard leurs cupules ou cuvettes. Des courants dits "sacrés", ou des passages d'eau, se retrouveraient régulièrement en profondeur sous ces réalisations millénaires. Le Pilat, recense plusieurs sites très "chargés", lorsque l'on approche un pendule des roches désignées. Cette parenthèse se veut informative, elle ne conditionne nullement à se "convertir" à la radiesthésie, en revanche que l'on y croie ou non, de curieux et sérieux personnages la pratiquent avec intérêt sur des sites mégalithiques. Ils retrouvent notamment ce qu'ils appellent des portes. Elles sont toujours au nombre de trois et pas seulement dans les enceintes mégalithiques. Invisibles, elles se franchissent une à une : nous sommes en plein ésotérisme ! Tous les indices que l'on recueille sur le terrain inspirent des appréciations estimatives, nous n'avons aucune certitude. Les cupules sont même pour certains, des réalisations de bergers oisifs. De même qu'un site réellement mégalithique peut très bien avoir subi des modifications dans des époques beaucoup plus récentes.... 
    Nous allons retrouver à présent un véritable passionné de l'époque celtique, chercheur amateur, qui met à jour chaque année de nouveaux sites mégalithiques, à travers notre cher Pilat, il s'agit de Mr Michel L'Hortolat.
    Jeune retraité de la poste, Michel vit dans le Pilat depuis une quarantaine d'années. Originaire du département de l'Ardèche, cet ancien facteur a épousé une pélussinoise de souche. Passionné d'histoire, il oeuvre depuis de nombreuses années au sein de la société culturelle et historique "Visages de notre Pilat", dont il est devenu le vice-président. Cette association organise depuis 25 ans des causeries, édite une revue annuelle, Dan l'tan, qui informe le lecteur sur le passé local. Des vieux livres sont réédités et distribués auprès de l'association et également de la librairie Pilat Loisirs à Pélussin. Ces bénévoles contribuent à la sauvegarde de la mémoire ! Michel est un spécialiste de l'époque celtique. Régulièrement, il sillonne le Pilat pour inventorier les sites mégalithiques connus, auquel il ajoute ses nouvelles découvertes. La patience est la base de sa réussite. Bon marcheur, il peut parcourir des dizaines de kilomètres et ne rien trouver. Il aime  préciser que lorsqu'il met à jour des mégalithes, le bonheur ressenti va bien au delà d'une simple récompense en rapport aux efforts de sa ténacité. Il sort de l'oubli, une partie d'un lointain passé, presque un autre monde aux portes de notre société moderne ! Nous l'avons rencontré, voici donc cet entretien, réalisé auprès d'un homme chaleureux, calme et posé. 
R.D.PILAT : Passionné de mégalithes, sont-ils vos seuls centres d'intérêt?
M.L'HORTOLAT : Non, je m'intéresse à beaucoup de périodes historiques, ne serait-ce déjà que par l'intermédiaire de Visages de Notre Pilat où nous traitons toutes les époques. 
R.D.PILAT : Votre attrait pour les mégalithes a t-il été influencé par des spécialistes ?

M.L'HORTOLAT : Difficile d'être précis et clair. Je citerai sûrement, notre compagnon, Claude  Bonnard aujourd'hui décédé, avec qui j'avais grand plaisir à faire des excursions, précisément à la recherche, redécouverte ou énième visite de sites mégalithiques. Il s'était énormément investi dans ce domaine, comme d'ailleurs dans beaucoup d'autres. Mais l'influence, c'est surtout sa propre expérience qui se peaufine au gré du temps et de multiples rencontres, presque toutes aussi enrichissantes les unes que les autres.

R.D.PILAT : A votre tour, initiez-vous de nouvelles personnes ?

M.L'HORTOLAT : Modestement, j'en accompagne assez souvent.

R.D.PILAT : Considérez-vous que les mégalithes du Pilat sont suffisamment connus ?

M.L'HORTOLAT :  Certainement pas. Mais il est important et malheureusement nécessaire, que ce public d'initiés soit vigilant et respectueux des lieux. On ne s'approprie pas un morceau de roche travaillée il y a plusieurs milliers d'années, comme l'on ramène un souvenir commercial, d'une visite de musée par exemple.

R.D.PILAT : Le pendule est-il indispensable dans la recherche et l'appréciation d'un site mégalithique ?

M.L'HORTOLAT :  Bien sûr que non. Il peut simplement s'avérer complémentaire.

R.D.PILAT : Le Pilat est-il votre seul territoire de recherche en matière de mégalithes ?

M.L'HORTOLAT : Non. Il m'arrive également de me rendre dans divers autres lieux. Je peux vous citer ces dernières années, les Baux-de-Provence ou le Puy de Dôme.

R.D.PILAT : Travaillez-vous plutôt seul ou en équipe ?

M.L'HORTOLAT : Dans la majeure partie du temps, en équipe.

R.D.PILAT : Retranscrivez-vous par écrit, vos diverses excursions ?

M.L'HORTOLAT : Oui. Je prends régulièrement des notes, que je consulte le cas échéant, lorsque j'ai besoin, de me remémorer des détails par exemple.

R.D.PILAT : Apparemment la vie professionnelle n'a pas l'air de vous manquer ?

M.L'HORTOLAT : Pas vraiment non. Je suis même pratiquement encore plus occupé qu'auparavant.

R.D.PILAT : Michel, nous vous remercions du temps que vous nous avez gentiment consacré. Nos voeux de réussite vous accompagnent dans vos futures recherches.

M.L'HORTOLAT : C'est moi qui vous remercie. J'en profite pour passer un message à tous les  admirateurs du Pilat en leur précisant ou leur rappelant, que la société culturelle "Visages de notre Pilat", organise tous les deux mois une causerie sur un sujet précis et varié et également que nous venons de sortir <un nouveau livre> sur "le patrimoine du Canton de Pélussin" .Vous pouvez nous écrire pour plus de renseignements à 'adresse suivante : Visages de notre Pilat, Mairie de Pélussin, 42410 Pélussin  ou consulter notre site Internet sur "Info Pilat.Net". Alors à bientôt, peut-être.

En novembre prochain notre reportage s'intitulera :
"l'Eglise à la Révolution"

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