LE VIEUX SECRET


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Par Michel Barbot



JUIN 2020 1ère Partie



Un souterrain pour les Jours d’Épreuves ●

Première partie

 

L’abbé J. Chavannes en 1871 dans son livre Notice sur la commune de Trèves, écrit :

« Au nord de la commune, dans le domaine de M. Bret, maire, existe un souterrain long de 1 kilom. dans lequel on prétend que l’on cachait les objets précieux dans les jours de troubles. »

Il est certain que l’abbé Chavannes ne se montre guère loquace sur le sujet. Bien que cela puisse paraître anodin, il convient de noter que le mot kilomètre est écrit en abrégé. L’idée que cette distance d'un kilomètre doive être elle-même abrégée, n’est peut-être pas à rejeter et nous reviendrons sur ce point dans la seconde partie de cet article. Il se peut aussi que l’abbé joue ici sur les mots ou plus justement sur les syllabes. Ce sera le thème de la première partie.

 

Trèves, l'église et la cure : tout l'univers de l'abbé Chavannes

(carte postale ancienne)

 

En partant de Bret, nom du premier maire de Trèves et propriétaire du domaine où se trouve le souterrain, l’abbé Chavannes entraîne le lecteur vers ce « kilom. » qu’il conviendrait peut-être de lire comme un kil-om ainsi que nous allons le voir… Il nous faut auparavant voir ce qu'écrit l'abbé à propos de la signification même du nom de la commune. 

Dans le chapitre III Origine de Trèves, l’abbé Chavannes s’appuie pour l’origine étymologique sur les informations avancées par « Le savant Ducange, dans son Glossaire [qui] nous dit que ce nom signifie, église succursale, ecclesia succursalis» Et l’abbé de commenter : « Or, Trèves a été anciennement succursale. » J. Chavannes sait que cette étymologie n’est pas la véritable mais elle cadre, selon lui, parfaitement avec le passé de cette récente commune ; aussi insiste-t-il dans cette direction en citant la totalité des propos de Du Cange qui renvoyait lui-même à Dom Lobineau : « Treb… Trève, ecclesia succursalis […] ». La véritable étymologie de Trèves est autre et l’abbé le reconnaît aisément : « Il est vrai que cette expression était usitée spécialement dans l’Armorique ». Il n'y a en effet qu'en Bretagne que le toponyme Trève désigne une succursale, et pourtant l'abbé ne peut résister à l’appel des sirènes : « il en résulterait qu’elle est celtique. ». Il la trouve d’ailleurs « assez curieuse pour être relatée, puisqu’elle a le mérite de convenir fort bien à Trèves. »

S’ensuivent d’ailleurs dans le texte, pas moins de quatre paragraphes dans lesquels l’abbé, démontre, en s’appuyant sur les pouillés, le caractère trévial, au sens breton du terme, de l’Ecclesia de Trevies. Enfin, au paragraphe suivant, il consent à évoquer la véritable étymologie sur laquelle nous reviendrons plus loin.

 

Intérieur de l'église de Trèves (carte postale ancienne)

 

Restons pour le moment sur la trêve bretonne que l’abbé apprécie particulièrement et voyons ce que nous enseigne l’O.M.I. Yves Guillerm au sujet de cette trève bretonne dans son livre Bretagne, chapelles et pardons – origine et signification (Graphic Union 1986) : « Une TREVE, c’est un territoire dépendant juridiquement d’un autre territoire. Ainsi, le diocèse de Saint-Malo avait des trêves, c’est-à-dire des enclaves dans d’autres diocèses. […] Plusieurs dénominations sont données en Bretagne aux trêves… Le nom primitif est sans doute le LOC : Lochrist, Locmaria. Le mot TRE, contraction de DREV ou DREO, revient constamment dans les noms de lieux comme nous l’avons déjà signalé. C’est le mot TREVE en breton. »

Non la commune de Trèves n’est pas une enclave bretonne perdue dans le lointain diocèse de Lyon. C’eut été trop fantastique ! Mais il y aurait peut-être chez l’abbé Chavannes, la volonté d’orienter néanmoins le lointain passé de Trèves, précisément vers la Bretagne et surtout vers ses moines Scotti venus d’Écosse et d’Irlande ? Hasard des noms, le souterrain qui semble avoir été le principal secret de Trèves, est localisé dans « le domaine de M. Bret ». Le nom du tout premier édile de Trèves, pourrait avoir servi d’appui à l’abbé Chavannes dans la phrase allusive au souterrain, pour en orienter le futur lecteur vers une lecture plus secrète…

Le nom de famille BRET est diversement interprété. Il peut indiquer une origine bretonne ou bien encore évoquer un bègue, voir un baragouineur, parlant comme un breton... Autre étymologie : famille venue du Dauphiné, dont le nom signifiait « piège à oiseaux » en vieux français et était le surnom d’un oiseleur.

Bien que M. Bret devait avoir plus sûrement des origines dauphinoises que bretonnes, ces trois étymologies reconnues du nom deviennent pouvons-nous le penser, très intéressantes pour l’abbé Chavannes. Retenons tout d’abord le sens « baragouineur » du mot. Une fausse étymologie toujours ressassée apparaît avec les mots bretons « bara - pain » et « gwin - vin ». Au lendemain de la guerre de 1870, les parlers de France se rencontraient… Les Bretons bretonnants ne connaissant pas le français demandaient, lors des repas, « bara gwin - du pain et du vin ». Derrière cette prétendue étymologie de belle contenance, ce cache en fait une véritable ironie. Bien qu’il dut assurément se trouver des Bretons prononçant dans quelques cantines ces deux mots, cette expression n’est en rien étymologique du verbe baragouiner.

Le terme est en fait plus ancien, ainsi que nous le découvrons sur le site http://www.leslyriades.fr/spip.php?article605 :

« […] en 1580, Montaigne l’utilise dans Les Essais (Livre II), non sans dérision, évoquant un ‘’livre basty d’un espagnol baragouiné en terminaisons latines’’. Et même avant lui Rabelais faisait affirmer à Pantagruel au chapitre 9 de l’œuvre éponyme ‘’Mon amy, ie n’entens poinct ce barragouin’’. Remontons enfin le cours de l’Histoire de la langue de quelques siècles pour trouver la forme attestée de ‘’barragouyn’’ chez Du Cange en 1391 (‘’Beaux seigneurs, je ne suis point Barragouyn : mais aussi bon chrestian’’) alors synonyme de ‘’sauvage’’, ‘’grossier’’ ou ‘’barbare’’. »

Ces propos sont d’autant plus intéressants que nous y trouvons ceux avancés par Du Cange au sujet du Barragouyn. Dans son Glossaire, nous pouvons comprendre que ce mot pouvait s’appliquer à quelque hérétique, un mauvais chrétien, point qui sera évoqué dans la seconde partie de cette étude. Non, bien sûr, l’abbé Chavannes n’évoque pas le souterrain du domaine de M. Barragouyn… mais les significations connues du nom Bret, permettent une telle lecture. Le premier maire de Trèves n’eut peut-être pas apprécié une telle lecture de son patronyme, sauf si bien sûr il en connaissait les origines proposées et les implications qu’elles pouvaient avoir à Trèves même si elles n’expliquaient en rien sa propre ascendance. 

Nous pouvons nous représenter l’abbé de Trèves dans la tranquillité de son presbytère, reportant  sur le papier (un premier jet appelé à finir dans le feu de la cheminée) les propos de Du Cange susceptibles de nourrir ses propres réflexions relatives au souterrain trévien. Des réflexions qu’il lui faudra, le moment venu, concentrer à l’extrême afin de dire sans dire. Un mot, un seul, une abréviation même, lui permettrait de concentrer ses propos ô combien importants. Et ce mot, pourrait-être le « kilom. » ! On peut d’ailleurs s’interroger sur cette abréviation. L’habituel km est ici remplacé par un kilom.

Cette abréviation a fait surgir de la mémoire de notre ami Patrick Berlier une anecdote non dénuée d’humour et remontant à l’époque où il usait ses guêtres sur les bancs de l’école : 

« Ensuite ce « kilom » de l'abbé Chavannes me rappelle qu'un jour, alors que j'étais encore à l'école primaire (ce devait être en CM2) un élève avait écrit ‘’kilog’’, et l'instituteur avait fait remarquer à toute la classe que l'on doit choisir entre ‘’kilogramme’’ et l'abréviation ‘’kg’’, mais en aucun cas on ne peut écrire ‘’kilog’’ qui serait un mélange des deux. Cela serait pareil pour ‘’kilom’’, et l'abbé Chavannes aurait eu droit aux remontrances de mon instituteur ! Il n'empêche que si cet élève avait écrit ‘’kilog’’ c'est qu'il l'avait vu écrit ainsi, et je me souviens que ce mot était utilisé en effet dans certains commerces sur les pancartes de prix. »

L’abbé Chavannes, à l’instar des commerçants, jugea plus opportun de notifier ainsi son abréviation. L’abréviation longue, deviendrait ainsi plus compréhensible aux lecteurs susceptibles de pouvoir en comprendre la subtilité. 

Si Du Cange évoque dans son Glossaire la trève bretonne, si parlante pour la paroisse de l’abbé Chavannes et le Barragouyn, il évoque aussi, le mot Kil :

« KIL, Cella, Monasterium, Hibernis. Beda Hist. Eccl. l. 5. cap. 9 :

« Cui erat composito vocabulo a cella et columba, vocatus est Kolum-Killus. Vide Spelman. »

L’exemple donné par Du Cange se traduit ainsi en français : « Il est un mot composé de la Cellule (ou de l’Église) et de Columba, appelé Kolum-Kill (la Colombe de l’Église). Voir Spelman. »

 

Page de titre du Glossaire de Du Cange

 

Le mot Kil, latinisé en Killus, ainsi qu’indiqué dans le Glossaire nous vient d’Hibernis, c’est-à-dire de l’Irlande le pays d’origine des Moines Scotti, les moines blancs de l’Église Celtique qui essaimèrent d’abord en Écosse et au Pays de Galles, puis sur le continent, principalement en Bretagne. Saint Colomban l’Irlandais (ne pas confondre avec saint Colomba ou Kolum-Kill lui-même Irlandais) né vers 540 à Nobber dans le royaume de Meath, fut le grand fondateur du monastère celte de Luxeuil qui eut un rayonnement européen conséquent.

Le mot irlandais Kil(l) possède en fait, deux significations remontant l’une et l’autre au gaélique irlandais. Il y a le mot choill, prononcé « coill / koill » signifiant « bois » et  le mot chill, prononcé « cill / kill » (mot féminin) signifiant « église ». Les Kills étant très nombreux en Irlande, il n’est pas toujours aisé de déterminer s’il s’agit d’un bois ou d’une église. Ils peuvent d’ailleurs, dans certains cas correspondre à l’un et à l’autre.

Lorsque l’abbé Chavannes écrivit que le souterrain de Trèves est long de 1 kilom., il se peut qu’il pensa son abréviation en s’appuyant sur le mot Kil tel qu’il apparaît dans le Glossaire de Du Cange, ainsi qu’il le fit pour la Trève bretonne. 

Voici que soudain, le lieu où se trouve le souterrain de Trèves, nous apparaît comme un Kil bien que les moines Irlandais qui évangélisèrent le Continent, n’aient pas eu mission de consteller de Kil(l)s, ainsi qu’ils le firent en Irlande, les lieux continentaux qu’ils occupèrent.

Ce Kil initial de l’abréviation « kilom » interroge soudain le lecteur du livre de l’abbé Chavannes. Si les trois premières lettres évoquent bien un Kil(l) de type irlandais, que pourraient bien évoquer les deux dernières lettres ? Du Cange dans son Glossaire n’évoque aucunement ces deux lettres. Il existe bien en vieux-français un mot Om, forme ancienne du mot « Homme ». En y réfléchissant bien, si l’on écrivait le « kilom. » de l’abbé Chavannes, dans son intégralité, on y retrouverait d’une certaine façon cet « Homme » avec l’ètre final. Mais cet « ètre » ou « être » peut aussi phonétiquement évoquer le Hêtre, l’arbre que l’on nomme aussi le Fay, nom d’une noble famille qui a donné son nom au Fay à Trèves où commence (où finit...) l’énigmatique souterrain.

Les Orientaux connaissent le mantra OM ou AUM qu’une tradition affirme être le nom d’un saint homme ayant vécu il y a des milliers d’années. Le monde occidental de religion chrétienne ne connaît pas ce mantra bien que René Guénon affirmait qu’on pouvait le retrouver dans le monogramme marial AVM (AVE MARIA) qui aurait été primitivement symbole du Christ.

Il existe en toponymie française un « Om- » ou « Aum- » dont la signification est « Orme » (Eric Val, Les noms de villes et de villages, Belin Éditions). L’orme « arbre de justice » est évoqué par l’abbé Chavannes dans son livre. Il est évoqué aussi par Du Cange dans sa forme latine. 

Mais il n’existe pas en France de Kil. Notre Kilom ou Kil~Om serait-il à chercher hors de la France, précisément en Irlande, le Pays des Kils ? Bien entendu le toponyme français Om ne peut exister sous cette forme en Irlande. Une première recherche me permit de découvrir en Irlande la petite cité de Kill.

La paroisse de Kill se trouve dans le Comté de Kildare, près de la frontière du comté avec Dublin. Son nom est dérivé du gaélique An Chill qui signifie « l'Église ». Kill primitivement Cill Corbáin, était le lieu de sépulture des neuf rois Ui Faeláin (qui deviendront plus tard les O'Byrnes). Cerball mac Muirecáin, le dernier de ces rois basés à Naas (Nás na Ríogh) fut enterré à Kill en 909.

La paroisse de Kill fut unie à Lyon (aujourd’hui Lyons) en 1693. Lyons Hill, la Colline de Lyons sise à l'intérieur de la ville, fut le site d'inauguration de l'un des trois segments de la dynastie Uí Dúnlainge qui a fait tourner la royauté de Leinster entre 750 et 1050. Pendant cette période, 10 rois Uí Dúnchada de Leinster ont établi leur base à Lyon. Cette dynastie jouait un rôle ecclésiastique important au sein des trois segments ou triumvirat. Abbés de l'abbaye de Kildare, ils furent simultanément abbés et rois de Leinster. Cet abbatiat fut depuis l’année 798 le monopole réel puis virtuel du sept Dúnchada. 

Un sept au singulier est un mot anglais (anciennement sect) utilisé en Irlande et en Écosse. Il désigne la division d'une famille, en particulier la division d'un clan.

Lyons, Siège royal des rois du Leinster, apparaît sous la forme anglicisée de Lewan (Calendar of State Papers ad 1217). Voici les formes que nous trouvons ensuite : Leuan (ib 1223, 1224, 1225, 1228, 1230 et 1260) et de Lyon (?) (Ib 1272) ; Lyon, (impôt ecclésiastique 1322); Liones, (Calendrier de Carew MSS, 1535 et 1537) ; Castlelions sur la carte de Petty. La ressemblance de Lewan, Leuan avec leo latin, leonis aurait permis le changement en Lyon.

https://ardclough.wordpress.com/about/ardclough-history/documentary-sources/battle-of-glenn-mama-by-joseph-lloyd-1914/

Les historiens reconnaissent dans Lyon ou Lyons, l’ancienne Liamhain, le dún de Liamhain, Siège royal des 10 rois Uí Dúnchada. Le nom gaélique irlandais Liamhain signifie « Orme ». Bien entendu, lorsque j’ai découvert la signification du nom de ce townland (https://fr.wikipedia.org/wiki/Townland), j’ai immédiatement pensé au final « Om » de l’abréviation « kilom. » de l’abbé Chavannes. La signification était la même.

Sachant que Liamhain s’est ensuite transformée de façon quelque peu énigmatique en Leuan (Lewan) et donc en Lyon, il devenait tentant de relier cette cité à notre cité de Lyon dans le Rhône. Sachant que cette cité de l’antique Irlande, la cité de l’Orme (Siège royal), voisinait celle de Kill (lieu de sépultures royales), primitivement Cill Corbáin, il me sembla que mon hypothèse suivant laquelle le « kilom. » de l’abbé Chavannes pouvait désigner un Kil(l) et un Orme, devait avoir une certaine réalité.

Il devenait à présent rationnel de penser qu’une possible ligne Lyon / Lyons, ligne franco-irlandaise ou irlando-française… avait été tracée au temps même des rois du Leinster.

 

Paysage de Lyons Hill

(image Google street view)

 

J’informais mon ami Patrick Berlier de mon hypothèse qui l’intrigua particulièrement. C’est ainsi que je reçus le 14 janvier dernier le premier jet de son travail qui m’intrigua tout particulièrement. Patrick me disait : 

« Pour ma part j'ai utilisé un logiciel en ligne, à savoir Visorando, qui n'est cependant pas aussi pointu que Google Earth. Mais cela permet de bien dégrossir le sujet [...]. Le problème est de déterminer les sommets à partir desquels il convient de tracer la ligne. J'ai choisi celui de la colline de Lyons Hill en Irlande, et l'équivalent lyonnais à savoir le sommet de la colline de Fourvière à Lyon. Pour chacun des deux sommets la carte donne un point précis. Un détail à noter en annexe : pour la France Visorando utilise les fonds de carte IGN, mais pour le Royaume-Uni c'est Open Streetmap randonnée monde, qui est moins claire et moins précise. Ainsi si le sommet de Fourvière est noté avec l'altitude 299 m sur la carte IGN, l'altitude de Lyons Hill n'est pas portée avec précision, tout au plus sait-on que c'est un peu plus de 190 m, valeur de la courbe de niveau immédiatement inférieure. Il y aurait en conséquence environ 100 m d'écart entre les deux extrémités de la ligne. Voici ce que cela donne dans le détail.

« Ligne de Lyons Hill (sommet de la colline) à Lyon (sommet de la colline de Fourvière) : la ligne quitte rapidement l'Irlande sans passer par quoi que ce soit de notable. De même, la courte traversée du Pays de Galles et de l'Angleterre ne passe par rien de particulier, hormis peut-être la ville de Dorchester. Où cela commence à devenir intéressant, c'est que la ligne pénètre en France par la commune de Lion-sur-Mer, à l'ouest de Ouistreham. Points remarquables notés ensuite : l'abbaye Notre-Dame du Bois à Saint-Evroult (Orne, ouest de l'Aigle) – dolmens de Baignon (Eure-et-Loir, sud de Bonneval) – lieu-dit La Ville-de-Lyon (Nièvre, sud de Fleury-sur-Loire) – église de Lucenay-lès-Aix (Nièvre) – église de la Chapelle-aux-Chasses (Allier) – et enfin Lyon.

« Si l'on considère que Lucenay-lès-Aix doit vraisemblablement son nom au latin lux, on retrouve l'une des étymologies de Lyon : lux dunum, la colline des lumières. En conséquence cela fait 5 Lyon ou dérivés sur cette ligne, ce qui me paraît beaucoup pour évoquer le hasard. »

 

Ligne Lyons - Lyon

 

J’informais notre ami Éric Charpentier très intéressé par cette ligne, des découvertes assurément d’importance faites par Patrick. Éric en date du 29 janvier se montra quelque peu réservé : « À première vue, cet alignement de ‘’Lyon’’ est très excitant ! mais en y regardant de plus près la précision n'y est pas. La ligne passe assez loin de Lion sur Mer ainsi que de La ville de Lyon à Fleury. »

Les propos d’Éric n’étaient guère engageants ! Je contactais une fois encore Patrick, l’informant des propos de notre ami. Voici ce que me répondit Patrick en date du 30 janvier :

« Je comprends les réserves d'Éric, qui a dû vérifier la ligne avec une très grande précision. Ce n'était pas mon cas dans ma première approche avec un logiciel de randonnée. Il faudrait aussi, dans l'absolu, tenir compte de la rotondité de la terre, sur de telles distances. Cela dit, je confirme ce que je t'annonçais la première fois. Pour moi la ligne passe bien par Lion-sur-Mer, certes pas par le centre de la commune, ni par son église, mais plutôt par sa plage, laquelle fut d'ailleurs rebaptisée Sword Beach lors du débarquement. En fait ce sont les noms des localités, portés sur la carte, que traverse la ligne, et c'est ce qui avait attiré mon attention au premier abord. C'est ainsi que la ligne croise par le milieu le nom Lion de Lion-sur-Mer.

 

Passage de la ligne sur Lion-sur-Mer

 

« Même chose pour la Ville de Lyon : il est vrai que le hameau proprement dit est un peu au NE par rapport à son nom porté sur la carte, donc effectivement seul ce nom est sous la ligne, pas le hameau lui-même.

 

Passage de la ligne sur la Ville-de-Lyon

 

« Je dirais que tout dépend de l'échelle à laquelle on se place pour tirer des conclusions. C'est clair qu'au 25000e le résultat est moins bluffant qu'au 100000e ou au 200000e. C'est un peu comme si on observait les choses à des altitudes différentes, à plusieurs km ce n'est pas la même chose qu'à quelques centaines de m. »

Il va de soi que les conclusions que j’en tire ne sont que positives. Une telle ligne mériterait d’être commentée car elle apparaît véritablement porteuse d’un message ; un message royal, assurément léonin et lumineux. Le passage de la ligne à proximité de Fleury-sur-Loire apparaît assurément d’importance, comme il apparaît également d’importance à l’Ouest de l’Aigle… soit le mystérieux Triangle des Domfront sur lesquels nous avons pu, Patrick et moi, travailler par le passé.

 

Lyons Estate ou l’énigme cinématographique

Patrick concluait son travail du 14 janvier dernier par une découverte des plus intéressantes. Il nota sur la carte, dans la périphérie de Lyons Hill, un bien curieux Lyons Estate qu’il associa de suite à un souvenir cinématographique… :

« Ce nom de Lyons Estate (Domaine de Lyon) qui voisine Lyons Hill, maison de campagne de 1797 dit Wikipédia, il me semble qu'il apparaissait dans les différents films de la série de films Retour vers le futur. Si je me souviens bien, Lyons Estate était le nom du domaine dans lequel le héros résidait dans son présent de 1985. Il n'était qu'un projet immobilier lors de son voyage temporel en 1955, et le domaine était devenu un lieu plutôt mal famé lors de son voyage en 2015. »

Mais oui, bien sûr, Patrick se souvient très bien ! Effectivement Marty McFly, le héros de cette célèbre série cinématographique, résidait à Lyons Estate, quartier périphérique de Hill Valley, une cité qu’il serait difficile de localiser sur une carte !

 
 

Marty McFly de retour du Far West

 

Immuable symbole, la Porte des Lions permettant l’accès à Lyons Estate. Marty le voyageur du temps, au gré des époques, passe immanquablement cette porte qui, telle le Monolithe Noir du film 2001 Odyssée de l’Espace, traverse le temps.

Cette Porte des Lions n’est pas sans évoquer The gates of Lyons, la porte d’entrée du Cliff at Lyons (Celbrige, Irlande) sur Lyons Road.

https://i.pinimg.com/originals/3a/4f/03/3a4f0324f6b33280fa605ceb05b16613.jpg

Le mensuel d’investigations LYON CAPITALE a publié le 20 octobre 2015, l’article « Pourquoi Lyon est dans la trilogie Retour vers le futur ? ».

https://www.lyoncapitale.fr/technologies/pourquoi-lyon-est-dans-la-trilogie-retour-vers-le-futur/

Le premier paragraphe débute avec force : « Vous ne l’aviez peut-être jamais remarqué, mais Marty McFly, le héros de la trilogie Retour vers le futur, est lyonnais. Il habite “Lyon Estates” dans la ville de Hill Valley, pour être plus précis. Pourquoi ce “Lyon” est-il dans les films Retour vers le futur… »

Il est certain que trente ans après ses débuts, la trilogie n’avait pas encore livré tous ses secrets. Les a-t-elle levés cinq ans plus tard ? La réponse est loin d’être affirmative. Toujours est-il, l’article en évoque un des plus importants assurément, pour le moins dans le cadre de cette présente étude :

« Parmi eux, le lotissement de Marty McFly, qui porte le nom de “Lyon Estates”, situé au 9303 Lyon Drive (“rue de Lyon”). Quelques indices ont néanmoins été donnés sur ce “Lyon” fictif. »

L’article présente deux pistes sérieuses. L’une se réfère à la famille Lyon dont le plus célèbre représentant serait Nathaniel Lyon, général et héros de l’Union durant la guerre de Sécession. Connu pour avoir commandé l’arsenal de Saint Louis, il a laissé son empreinte sur la ville.

« Les Lyon ont un ancêtre commun, sir Roger de Leonne ou Roger de Lyon, un Anglais né en France au XIe siècle. Selon les généalogistes, ce nom viendrait des rois de Léon, royaume à cheval entre le nord du Portugal et l’Espagne fondé en 910 (donc sans lien direct avec Lugdunum/Lyon si ce n’est que les Romains ont occupé les deux territoires). »

L’autre hypothèse présentée dans cet article avance que « Bob Gale, scénariste et producteur de Retour vers le futur, s’est inspiré du quartier de Delmar Loop à Saint Louis (Missouri) pour créer Lyon Estates. » Ce quartier est décoré par deux statues : un lion et un tigre. Information d’importance, la ville de Saint Louis est jumelée avec notre ville française de Lyon depuis 1975. La lecture de l’article permet d’affiner quelque peu les liens entre le « Lyon Estates » du film et la cité française de Lyon. Mais nous pouvons assurément affirmer que le « Lyon Estates » du film s’appuie, au moins pour son nom, sur le Lyons Estates d’Irlande. Mieux le Lyon Estates du film semble bien lié à la fois à la cité de Lyons (ancienne Lyon) d’Irlande et la cité française de Lyon. Le Lyon Estates du film valide, de belle façon, semble-t-il la ligne Lyons / Lyon. 

L’auteur de l’article conclut : « Que ce soit pour l’une ou l’autre raison, l’histoire retiendra que Marty McFly était domicilié rue de Lyon… et c’est tout ce qui compte pour notre esprit chauvin ! »

 

Un voyage Trèves ↔ Kill au galop

 

La DeLorean de Retour vers le futur
et « la luminosité du flux capacitor »

https://www.laboiteverte.fr/la-delorean-de-retour-vers-le-futur-vue-du-ciel/

 

Non le « flux capacitor » (le « capaciteur de flux » ou « condensateur de flux ») de la DeLorean permettant aux héros du film Retour vers le futur de voyager dans le temps, n’a pas été inspiré par le blason de la commune de Trèves.

 

Blason de Trèves : De Sinople à un Pairle d’Or

http://regardsdupilat.free.fr/meridien.html (année 2008)

 

Mais visuellement ce flux lumineux n’est pas sans nous le rappeler. Il nous invite, bien que de façon totalement fortuite, à nous en retourner vers Trèves. Aussi récent soit-il, ce blason est important. Le pairle évoque en première lecture, le nom latin de Trèves : Trivium les « trois voies ». Cette figure héraldique a pour étymologie, le latin pergula qui désignait notamment un bois fourché dont on se servait autrefois pour suspendre les lampes, les habits sacrés dans les sacristies ou la vigne. Le bois utilisé pour les piquets de vigne était l’orme, arbre attribué à Bacchus, d’où sa présence dans les rites bachiques. L’orme apparaît comme le page de la vigne dans le Câd Goddeu ou Combat des Arbres, long poème du barde Taliesin.

 

Vue aérienne de Trèves – l'ancienne voie romaine montant de la vallée du Gier coupe les lacets de la route actuelle (carte postale années 50)

 

En langage blasonné, le pairle évoque la perle. La lecture blasonnée des armoiries de Trèves sera : « Si noble est la perle (qui) dort ». Nous retrouvons en filigrane la symbolique du conte de Charles Perrault : « La Belle au Bois Dormant »...

L’orme, en vieux français Olme, latin Ulmus et dérivé du gaulois Lemos, est apparenté au gaélique irlandais leamhán. Cet arbre à fait l’objet d’un très intéressant article de Stéphane GOUPIL sur le Net : Dans les pas de l'orme – Petit essai sur les mythologies de la marche. L’auteur évoque les différents jeux de mots ou calembours entourant les formes médiévales du nom de l’orme. Ces formes tournent autour de l’homme mais aussi du pas, on peut y ajouter l’or pur qui se disait « Orme » : « Chez Rabelais, et bien d’autres écrivains, le choix d’un mot n’est pas le fruit du hasard. Le romancier utilise toutes les possibilités d’équivoque du mot, comme nous allons le manifester avec l’orme. » 

Ce qui est vrai chez Rabelais, l’est aussi chez le Rabbi médiéval Rashi de Troyes qui écrivait dans ses commentaires le nom français de l’orme en caractères hébraïques.

S. Goupil écrit : « Orma, en italien ‘’trace’’ , ‘’ marque ’’, ‘’ marche des pas’’. Dante – référence : La divine Comédie – désigne la façon dont il va poursuivre son trajet vers l’Enfer, au Purgatoire et au Paradis : il suivra tout simplement les traces de pas de son guide, empreintes de pieds qu’il désigne par ‘’orma’’, ou au pluriel ‘’orme’’. »

Il note entre l’orma et l’orme, « un échange sémantique par homophonie et  symbolique : le premier terme (orma comme trace, vestige, pas, signe) joue le rôle d’une signalétique et d’une géographie symboliques que le second terme joue dans le texte rabelaisien et dans le réel (orme comme arbre frontalier, signal géographique, et arbre de Virgile) – on peut rappeler le célèbre épisode de l’abattage de l’arbre de Gisors (aux confins de la Normandie). »

Cet auteur a pu remarquer le jalonnement effectué par le mot Orma, « un trajet à travers les Marches de France […] la Marche Limousine, nom que l’on retrouve dans les Marches Séparantes d’Anjou, de Bretagne et de Poitou, et de toutes zones aux rivages d’un pays. […] elles bornent la reconnaissance d’une géographie mythique. »

La lecture du texte de S. Goupil nous donne à comprendre que le visionnaire et philologue Guillaume Postel, « cabaliste chrétien de la Renaissance, était hantée par la fonction messianique des lieux et des noms. Il aborde, de ce fait, les mythes frontaliers, et se rend compte que les traces de l’orme dans l’œuvre rabelaisienne endossent une fonction identique de délimitation territoriale, horizontale, puis verticale ; enfin il juxtapose sa déambulation terrestre, mentale et culturelle, en projetant ses regards au cœur de la France où un orme géant, au milieu de la Marche, indique, à qui veut bien le remarquer, la porte du monde des Enfers. »

Guillaume Postel dans le cadre d’une France messianique, dans un contexte prophétique et alchimique, affirme un « trajet de l’Orme » ; trajet qui révélerait une « Normandie […] terre finale de l’extrême Occident. »

Ce que j’écris au sujet des visions de Guillaume Postel, visions s’appuyant notamment sur les écrits de Rabelais, je l’écris en m’appuyant uniquement sur les intéressantes analyses de Stéphane Goupil car je ne connais aucunement le texte du cabaliste chrétien dont il aurait néanmoins été intéressant de connaître le contenu pour en découvrir les éléments pouvant éventuellement se rapporter à cet axe Lyon / Lyons, un axe assurément lié à l’Orme.

Il apparaît ainsi que l’indique S. Goupil que, « au premier chapitre de Gargantua, les vignerons découvrent la Généalogie Pantagruélique, ‘’non en parchemin, non en cere, mais en escorce d’ulmeau.’’ » 

Et l’auteur de l’article de s’interroger ainsi : « Pourquoi donc cette insistance de la matière ‘’ormique’’, c’est-à-dire ‘’ulmique’’ (ulmus, en latin) de son parchemin, qui débite des origines de sa chronique ? » La réponse formulée par l’auteur, apparaît dans l’homonymie médiévale de l’orme et de l’homme. Le kilom. de l’abbé Chavannes apparaît comme le mot idéal pour formulée cette homonymie. L’Om désignait à la fois l’orme dans la toponymie et l’homme dans l’ancien français. N’oublions pas cet « ètre » (« être » humain ou « hêtre » végétal qui ferme le mot Kilomètre lorsqu’il est écrit dans sa totalité.

S. Goupil poursuit : « l’ ‘’écorce d’ulmeau’’ évoque la généalogie des hommes ‘’ulmiques’’, hommes tenaces, échappant aux noyades, sauvés des eaux diluviennes. Nous savons que les géants bibliques, fruit d’une bâtardise entre les ‘’fils des Élohim’’ et les femmes terrestres, ne doivent leur subsistance, raconte la tradition orale, qu’à un des leurs qui chevauchait l’arche de Noé. Or l’orme est le bois le plus résistant et le plus étanche pour toutes les parties du bateau touchant l’eau, utilisé pour les outils des tonneaux, les charpentes, les joints de roues, vis de pressoir, arbres de roues de moulins, conduites d’eau. La matière du manuscrit généalogique atteste de ce prodige narré en filigrane de l’histoire biblique.’’

Nous retrouvons ici les thèmes évoqués par Claude Gaignebet, spécialiste de l’œuvre de François Rabelais.

La symbolique des « hommes ‘’ulmiques’’ » évoquée par S. Goupil se voit, me semble-t-il, confirmée par cet autre extrait de l’œuvre de Rabelais, tiré du Tiers-Livre (Chapitre LI – Pourquoy est dicte Pantagruelion, & des admirables vertus d'icelle :

« le dernier eut nom Ulmeau et feut grand chirurgien en son Ulpian. »

Le nom Ulpian est présent dans le 3e vers du fameux quatrain VIII-66 de Nostradamus où est évoquée la fameuse « escriture D.M. ». Voici pour rappel ce fameux quatrain

« Quand l’escriture D.M. trouvee,

Et cave antique à lampe descouverte,

Loy, Roy, & Prince Ulpian esprouvee,

Pavillon Royne & Duc sous la couverte »

Ulpian au-delà de la famille romaine du même nom ou de la cité de Vulpian ou Volpano, a été compris par Patrick Ferté (Arsène Lupin Supérieur Inconnu – Guy Trédaniel Éditeur) comme l’anagramme d’A. LUPIN le célèbre gentleman-cambrioleur créé par Arsène Lupin. Ceci impliquerait que le romancier populaire se serait appuyé sur cet Ulpian tel qu’il apparaît dans le quatrain de Nostradamus pour nommer son héros et pour le prénommer ainsi.

Rabelais connaissait bien Nostradamus mais leur utilisation du nom Ulpian diffère peut-être quelque peu. P. Ferté rappelle que pour J.-P. Monteils : « QUAND LES INITIALES D.M. SERONT TROUVÉES, elles permettront de remettre à jour l’antique tombeau du prince ULPIAN qui possède les éléments de la loi et de la légitimité. Il est caché sous les emblèmes du roi et duc. »

Si pour Nostradamus, Ulpian apparaît principalement comme une personne (prince… Grand Monarque), pour Rabelais, il apparaît semble-t-il comme un lieu, l’officine d’Ulmeau grand chirurgien. Ulmeau et Ulpian, partagent cet « Ul assurément énigmatique. Peut-être faut-il ici utiliser le « passage entre les langues ». Le premier « Ul » ouvre un mot français mais il se peut que pour le second mot, Rabelais ait pensé à une lecture hébraïque, une langue qu’il utilise régulièrement dans ses écrits.

Le mot UL prononcé OUL apparaît bien en hébreu biblique. Il désigne un noble, un homme riche, un grand mais il peut désigner aussi un vestibule, un portique, une voûte, une galerie (une couverte…), forme courte de l’Oulam, le Vestibule du Temple. PIAN pourrait être dans cette hypothèse : PI : la « Bouche », l’ « Entrée », PIAN : la « Petite Entrée ». OULPIAN se lirait ainsi, comme « Le Portique de la Petite Entrée ».

Particularité du mot Oul ou Oulam, il a pour racine le mot ‘Alam, « Muet ». Si l’on associe ce mutisme à la bouche, nous découvrons ici une des particularités des Anaqim ou Rephaïm, les mots de gorges et le mutisme que Claude Gaignebet relève au travers des mythes de Gargantua et de Pantagruel (Gordon et Gargantua – postface du livre de Pierre Gordon, Le Géant Gargantua aux Éditions Arma Artis).

Les hommes « ulmiques » enfants d’Ulmeau, l’Orme, correspondraient aux Géants bibliques nés suivant le Livre de la Genèse (6-4), le Livre d’Énoch ou le Livre des Géants, de l’union des Fils de Dieu avec les Filles de l’Adam. Dans ce verset de la Genèse, ils sont nommés Nephilim (Nephilim). La fin du verset est ainsi traduite par André Chouraqui : « Ce sont les héros de la pérennité, les hommes du Nom. » Fabre d’Olivet traduisait ainsi ce même passage : « c'étaient ces illustres Ghiboréens, ces héros, ces hyperboréens fameux, dont les noms ont été célèbres dans la profondeur des temps. » 

Le Rabbi médiéval Champenois Rashi dans son commentaire des Nombres 13-33, où sont évoqués une nouvelle fois les Nephilim, écrit :

« Les Nefilim – Les ‘Anaqim, parmi les enfants de Cham‘hazaï (voir Nidda 61a) et de ‘Azael (voir Yoma 67b), qui « sont tombés » (naflou) du ciel à l’époque de la génération d’Enoch (Targoum Yonathan sur Beréchith 6, 4). »

Les Nephilim dits aussi ‘Anaquim (les Porteurs de Colliers… thème important chez Rabelais) ou Fils d’Anaq, sont tombés ou descendus (Nfl) du ciel.

Dès le verset 2 du chapitre 6 de la Genèse, Rashi commente : « Les fils d’Élohim étaient des êtres célestes accomplissant une mission divine. » Ces êtres « tombés du ciel », auraient outrepassés leur mission, en s’accouplant avec les filles de l’Adam. Suivant le Zohar III-160b (grand livre de la tradition hébraïque), les géants nés de ces unions, avaient trois noms : Nefilim, Anaqim et Refaïm (Rephaïm). La Bible fait mention des Fils de Rapha. Le nom de cet être « tombé du ciel » signifie « Guérisseur », « Médecin ». Les géants nés d’un croisement peu favorable pour leur existence, se trouvèrent dans l’obligation de trouver quelques remèdes susceptibles de leur permettre de vivre normalement, d’où ce troisième nom qui leur fut donné.

Claude Gaignebet dans l’étude précitée, écrit : « nous ne saurions que grappiller en cette mystique gallique après Guillaume Postel et François Secret. » Nous aimerions pouvoir en faire autant mais il nous est impossible de le faire… Pour C. Gaingnebet, le S A C (dont il serait trop long d’exposer la symbolique), ne serait-ce que par le son de ce mot d’origine hébraïque (et ses liens avec le nom Anaq, « gorge », « collier ») « n’est pas indigne, nous semble-t-il, du babélien de Joyce ou des traités védiques sur la mystique du Om. »

Encore une fois, au travers du kilom. ou Kil~Om de l’abbé Chavannes, il nous semble retrouver une route, celle des lointains ‘’hommes’’ « ulmiques », enfants d’Ulmeau, l’Orme. Nous découvrons dans l'article Nephilim (volume 3 The International Standard Bible Encyclopedia) que le nom de Nephilim (vestige inexplicable d’une langue antique, maintenant oubliée, suivant l’article) donné aux anges missionnés sur la terre, le plus souvent interprété comme issu du verbe Napal, « tomber », est aussi interprété comme issus du verbe Niphal (de Pala), « être extraordinaire ». De ce verbe Niphal ou Pala dérive le nom hébreu de l’éléphant : Pil / Pila, nom qui a également été avancé quant à l’origine du nom du Mont Pila…

Guillaume Postel dont le travail prophétique fut mis en lumière par François Secret, s’entourait de ses disciples Normands. Le plus important fut Guy le Fèvre de la Boderie, un FEVRE-FABER, le Charpentier. Stéphane Goupil dans l’article précité indique au sujet du disciple préféré : « Ce dernier a par ailleurs également donné à la Normandie un nom araméen, Nourman-Iah, « feu du vaisseau de Dieu ». 

C’est donner beaucoup d’importance et d’honneur à la Normandie, ce « feu du vaisseau de Dieu » se réfère au feu de la Merkaba (racine RKB : aller à cheval ou à char), le Char céleste du Livre d’Ézéchiel.

N’oublions pas, néanmoins que la Normandie est traversée par la ligne léonine : Lyons / Lyon dont les extrémités supportent deux lieux clefs : la paroisse irlandaise de Kill et la paroisse française de Trèves, la « trève-église de l’abbé Chavannes ».

 

Kill et Trèves, positions par rapport à Lyon

Données cartographiques Google 2020

 

Bien que les distances Lyons Hill / Kill et Lyon / Trèves ne soient en rien identiques, il y a assurément un dénominateur commun entre ces couples géographiques ainsi créés. Le nom primitif de Kill fut Cill Corbáin : l’Église de (du) Corbáin. Le second terme aurait pu être celui d’un saint Irlandais. Il existe bien un saint Corban de Cluana, mort vers 732 et fondateur de l'église de Kilcorban dans la ville de Ballycorban, paroisse de Ballinakill, comté de Galway. Sa fête était le 19 juillet. Mais il faut chercher ailleurs la signification de ce mot Corbáin que l’on retrouve comme prénom ou nom de famille.

Deux étymologies sont présentées. Il y a le Corban ou Korban hébraïque et araméen. Il s’agit d’une offrande rituelle apportée par le peuple aux prêtres dans le Temple. Elle était déposée au Trésor. L’autre étymologie, peut-être complémentaire de la précédente, remonte au gaélique irlandais Corb « Char ». Il s’agit d’un nom royal. Des rois Irlandais ont porté le nom de : « Serviteur de Char » ou « Fils du Char ». Cette notion de Char Royal, nous rappelle certains chars royaux retrouvés dans les tumili funéraires royaux.

L’abbé Chavannes dans son « kilom. » semble avoir synthétisé ce que Sthépane Goupil, inspiré par l’œuvre prophétique de Guillaume Postel, nomme « Le trajet de l’orme »… trajet hanté par les « hommes ‘’ulmiques ».

Cet Orme qui est aussi Om- en toponymie française et consonne avec le vieux mot français Om, l’Homme, apparaît dans plusieurs traductions bibliques et qui comme la traduction du mot « Thidar » ou « Thidhar » ainsi que nous le découvrons dans Isaïe 41-19, passage se prolongeant avec le verset 20 :

« Je mettrai dans le désert le cèdre, l'acacia, Le myrte et l'olivier; Je mettrai dans les lieux stériles le cyprès, l'orme et le buis, tous ensemble ;  Afin qu'ils voient, qu'ils sachent, Qu'ils observent et considèrent Que la main de l'Eternel a fait ces choses, Que le Saint d'Israël en est l'auteur. »

Cet arbre, ainsi que les deux autres auxquels il est associé, sont appelés, suivant Isaïe 60-13, à « orner le lieu de mon sanctuaire, Et je glorifierai la place où reposent mes pieds. » 

La séquence de ces trois arbres (Brosh, Tidhar et Ta’hassur) telle qu’elle apparaît dans Isaïe 41-19, a donné lieu à la création de trois Moshavim (colonies, villages – coopérative agricole) en 1953 par des juifs Marocains, dans le Néguev au Sud d’Israël. Ces trois moshavim géographiquement proches sont connus sous le nom de Moshavei Yahdav (littéralement ‘’Ensemble Moshavim’’). https://en.wikipedia.org/wiki/Tidhar

Si Tidhar se traduit généralement par « Orme », il l’est aussi par « Platane » ou « Pin » mais il apparaît bien probable qu’au temps biblique il désignait un orme. C’est cette traduction que présente le Grand Rabbinat de France et c’est aussi la traduction première avancée par le célèbre Dictionnaire Hébreu-Français de Sander et Trenel (Slatkine Reprints Genève).

Le mot Tidhar devient très intéressant de par sa racine reconnue dans le mot Dahar dont la signification est « galop » ! A-t-on vu beaucoup d’orme au galop ? Dans les combats antiques des arbres, telle que nous en présentent les traditions celtiques, l’orme apparaît précisément comme un combattant mais le galop spécifique de l’orme est surtout lié au galop des chevaux sur les chemins balisés par cet arbre. Le mot Dahar n’apparaît dans la Bible  que dans une occurrence :

« On entend le bruit du fouet, Le bruit des roues, Le galop (dahar) des chevaux, Le roulement des chars. » Nahum 3-2

Ce verset devient très intéressant, on y retrouve le thème du char (hébreu Merkava), thème royal suivant la tradition juive propre à ce verset. Les mots bibliques de ce verset ont un sens bien particuliers. Le bruit du fouet, puis des roues, évoqué ici est Kol, soit la « Voix ». Le roulement du char est évoqué par le mot Raqad signifiant « Sauter », « Danser ».

Le Rabbin philosophe, grammairien et exgégète provençal Joseph ibn Caspi  (1279 – 1340) indiquait pour ce verset :

« ‘’Et un cheval au galop’’ – le cheval qui tirait la voiture sautait et sautait et la voiture dansait… » Il ajoutait :

« Simple voix – c’est-à-dire : Maintenant, il y aura une voix continue, parce que l’héroïne des royaumes passera. 

« Fouet - c'est-à-dire qu'il va maintenant entendre un murmure, car il sera renforcé par la royauté. »

La Ligne Lyons – Lyon mise en relief par Patrick Berlier se veut à la fois Ligne des Lions et Ligne des Ormes. Cette ligne, ainsi que l’indique Patrick, couvre une longueur de 1170 Km. Ce nombre devient intéressant par le  nombre 24 de ses diviseurs : 1, 2, 3, 5, 6, 9, 10, 13, 15, 18, 26, 30, 39, 45, 65, 78, 90, 117, 130, 195, 234, 390, 585, 1170.

 

Un souterrain pour les Jours d’Épreuves ● ou l’énigme triviennne du nombre 24

Lorsque l’abbé Chavannes annonce sans coup férir : « Il est permis de croire à l’antiquité de Trèves, puisque plusieurs familles encore existantes font remonter leur origine à 928. », il interroge assurément le lecteur. Il y a de quoi rester circonspect !

En cette année (ce, depuis l’année 917 et jusqu’à l’année 942), le roi Faelan mac Muiredach du Leinster résidait à Lyons Hill, la cité royale de l’Orme. L’histoire du roi Faelan ou Faolan (gaélique irlandais Faol, « Loup ») ne semble pas véritablement connue. Mais il se peut néanmoins que sous sa royauté, des contacts aient eu lieu entre le Leinster et le Pilat. Ces contacts auraient pu être des contacts essentiellement royaux… royaux irlandais et royaux pilatois… !?

Nous trouvons dans le Pilat une Route des Loups, cette route passe par Lupé qui fut peut-être vers les VIe et VIIe siècles une petite principauté mérovingienne. Dans le livre Les Trésors du Pilat, Patrick Berlier s’interroge sur cette mystérieuse principauté et sur les personnages possiblement passés en ces lieux. Honorius, évêque de Cantia en Angleterre, envoya auprès d’Ennemond évêque de Lyon, deux jeunes Anglais de noble famille, Wilfrid et Benoît Biscop. Ce dernier poursuivit sa route jusqu’à Rome, puis au retour, fut reçu moine dans l’abbaye de Saint-Honorat des îles Lérins, au large Toulon.

Wilfrid poursuit pareillement son pèlerinage puis s’en revint auprès d’Ennemond dont il devint trois ans durant, le disciple.

Ainsi que l’écrit Patrick Berlier : « Ce nom de Wilfrid est intrigant, car il apparaît également dans le récit de la vie du roi Dagobert II. Âgé de sept ans, l’enfant royal déshérité, fut confié à Didon, évêque de Poitiers, qui l’abandonna à son sort en Irlande. […] Mais pendant ce temps Dagobert II était accueilli par un Anglais, saint Wilfrid, lequel avait reconnu à certains signes son ascendance Mérovingienne. Il l’emmena en Angleterre, où il resta pendant quinze ans. Wilfrid ne cessa de s’activer pour faciliter le retour du roi en France. » Patrick s’interroge : « Comme l’Église ne connaît qu’un seul saint Wilfrid, on peut se demander  si le saint Wilfrid sauveur du roi perdu, et le Wilfrid compagnon de saint Ennemond, ne seraient pas un seul et même personnage ? »

En partant de l’hypothèse, suivant laquelle Wilfrid serait venu informer l’évêque Ennemond du sauvetage de Dagobert II, Patrick Berlier avance que le saint évêque de Lyon aurait pu informer Valdebert de Lupé de la survie du roi légitime. « Valdebert n’avait plus qu’à préparer dans l’ombre, depuis son château de Lupé, le prochain retour sue le trône du roi Dagobert. »

Dagobert II fut instruit dès l’année 656 (l’année 651 a été également avancée) dans l’abbaye irlandaise de Slane ainsi que le rapporte une ancienne tradition courante  au XVIIIe siècle, consignée à l’époque par l’antiquaire Irlandais Mervyn Archdall. Le roi perdu est présenté comme l’un des conseillers à Tara du Haut Roi d’Irlande.

 

Slane et Lyons Hill

 

Non le VIIe siècle n’est en rien le Xe siècle du roi du Leinster, Faelan mac Muiredach et des premières familles de Trèves, mais il se peut qu’il y ait quelque lien à établir entre ces deux époques. Patrick Berlier dans le livre précité, après avoir rédigé son chapitre consacré à la petite principauté mérovingienne de Lupé, en rédige un autre qu’il titre Le Trésor des Rois du Pilat. Et c’est possiblement vers cette royauté qu’il nous faut nous orienter.

La principauté de Lupé existe à l’époque même de la royauté du Pilat. Pouvons-nous parler de Royaume du Pilat ? La principauté mérovingienne de Lupé, apparaîtrait enclavée, en partie, dans le Royaume du Pilat ?

Ce royaume est celui des Roussillon, famille des plus nobles, que l’abbé Chavannes présente comme les plus anciens habitants de la région… bien que les Roussillon dont il évoque la présence ne soient pas peut-être pas ceux de la première famille.

Lorsque l'abbé Chavannes évoque dans son livre les mystères étymologiques du mot Trèves, il n'oublie pas d'évoquer la jonction des quatre communes.... le nom de ces quatre communes semble arbitraire. L’abbé pourrait orienter le lecteur vers une autre jonction, celle des quatre royaumes dont la symbolique se retrouve dans les traditions celtique et hébraïque... avec le royaume du centre : la jonction, le 5e royaume, le royaume du Haut Roi. La symbolique des 4 royaumes donnant naissance au 5e est un sujet souvent évoqué au fil de mes articles notamment pour le royaume du Pilat.

Éric Charpentier informé de cette hypothèse, me répondit :

« Je t’adresse en complément de mon précédent mail ce document que nous a transmis Pierre-Bernard Teyssier suite à sa conférence de la semaine dernière. Il s’agit d’un carré qui pourrait délimiter le territoire des Atesui … Les gardiens … Borné sur 3 angles par un toponyme en « ath » et le 4ème angle à Trèves. 4 angles…. 4 royaumes et le cinquième au centre … »

 

Probable localisation des Atesui

Document de Pierre-Bernard Teyssier

Merci à Pierre-Bernard pour l’autorisation accordée d’utiliser le document

 

Pierre-Bernard insiste sur le fait que ce document reste le fruit d’une hypothèse. C’est bien ainsi qu’il convient de concevoir le document mais ce document mérite assurément attention, ainsi que le fit Éric Charpentier dans un mail qu’il titra « (V)Atesui...Nantes...et nautes ». Il ne m’appartient pas de révéler les propos de ce mail, ils s’adressent en priorité à Pierre-Bernard pour qui les Nautes ont assurément une importance certaine dans cette énigme. Je me contenterai dans mon évocation du mail d’Éric, de citer cet extrait assurément d’importance pour cette étude : 

« St Jacques d'Atticieux selon une orientation presque Nord/Sud (elle indique la direction qui remonte vers Trèves). Les distances sont approximativement 22 km. Les diagonales du carré se rencontrent sensiblement sur Paraqueue au sud de St-Chamond et Izieux, site intéressant avec sa colline ‘’rabotée’’ qui pourrait être le témoin d'un ancien oppidum. »

Le nombre 22 est assurément un nombre clé : les 22 chapitres de l’Apocalypse de Jean, les 22 lettres de l’alphabet hébraïque, etc… La tradition hébraïque ne semble en rien étrangère à l’énigme du souterrain de Trèves ainsi que nous allons le découvrir dans la deuxième partie de cette étude.

À suivre...





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