LE VIEUX SECRET


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Par Michel Barbot



OCTOBRE 2020 2ème Partie



Un souterrain pour les Jours d’Épreuves ●

Deuxième partie

 

C’est en 1850, un an après sa rencontre avec l’abbé Chavannes que Théodore Ogier dans La France par canton, évoque pour la première fois, au travers de l’écrit, le souterrain de Trèves long de 1 kilom. L’abbé Chavannes y revient, mais cette fois-ci, sous son unique signature, dans son carnet daté de 1862 et publié trois années plus tard :

 

Extrait du livret de l'abbé Chavannes

Merci à Nathalie Rollat pour la photo extraite du livre en possession de Christian Rollat

 

Thierry Rollat fait mention dans l’un de ses mails, d’un « livret primitif de 1862 où l'on peut observer des correctifs, des aménagements, des petites modifs ça et là. »

L’abbé Chavannes, retranscrit par Ogier, évoque le souterrain : « dans lequel on prétend que l’on y cachait les personnes et les objets précieux dans les jours d’épreuves. » 

Curieusement ces « personnes » disparaissent dans le livret daté de 1862. L’abbé c’est-il trompé ? Ou bien a-t-il été trop précis sur ce point ? L’abbé se concentre à présent, uniquement  sur « les objets précieux dans les jours d’épreuves », cachés dans cette même galerie souterraine.

Bien qu’il gardera pour la version de 1871, l’expression « objets précieux » commune aux trois versions, il remplacera « jours d’épreuves » par « jours de troubles », expression semble-t-il moins parlante.

L’un des sens donnés au mot trouble, s’applique aux troubles religieux. Le dictionnaire Godefroy évoque les « Grans troublacions » :

 

Extrait du dictionnaire Godefroy

 

L’idée de « grands troubles » dans ce coin du Pilat, entre deux mouvements religieux (tel ceux mentionné entre Juifs et Pharisiens)… entre deux communautés chrétiennes, n’est pas à rejeter. Les troubles de nature religieuse ont souvent précédé les troubles de nature belliqueuse.

Derrière ces troubles, possiblement d’ordre religieux, nous retrouvons l’une des lectures données au mot Bret, voir Bragouin (barragouyn) tel qu’il apparaît dans le Glossaire de Du Cange (livre de chevet de l’abbé Chavannes) en 1391 : « (‘’Beaux seigneurs, je ne suis point Barragouyn : mais aussi bon chrestian’’) alors synonyme de ‘’sauvage’’, ‘’grossier’’ ou ‘’barbare’’. »

Au sujet du mot « personnes » j’avais pu évoquer, dans un ancien article au sujet des paroles de l’abbé Chavannes, le mot d’ancien français « personnage » ou « personnaige » qui désignait « une dignité, ou un bénéfice ecclésiastique ». Pour le mot « épreuve » j’avais évoqué les « épreuves littéraires » avec les spécificités qu’elles peuvent présenter mais le mot comportait et comporte toujours, deux acceptations qu’il conviendrait peut-être de retenir pour l’énigme du « Vieux Secret ».

Le mot « espreuve », forme ancienne du mot « épreuve », est un terme propre au domaine de la sculpture : statue, masque, etc…  Le Larousse Dictionnaire du moyen français, donne pour exemple la phrase suivante : « Tirer les espreuves, retirer les moulages (du four). »

Une autre utilisation du mot épreuves ou espreuves, un temps proche de la première, apparaît dans la numismatique :  

« (Finance) Monnaie de collection frappée sur un flan qui a subi un polissage poussé au moyen de matrices dont les parties les plus hautes sont polies. »

Voici ce que l’on découvre sur le site « monnaie de Paris » au sujet des épreuves monétaires (anglais proof) :

Belle épreuve (BE)

La qualité "Belle Épreuve" est la plus haute qualité numismatique devant les qualités "Brillant Universel" (BU) et "courante". Une pièce belle épreuve est une pièce obtenue au moyen de coins et de flans spécialement préparés et de conditions de frappe particulières, de sorte que les motifs de gravure ressortent avec une grande netteté et que la surface est sans défaut. Les fonds de la gravure sont extrêmement brillants, les reliefs sont matés.

Brillant Universel (BU)

Finition spéciale appliquée à certaines monnaies de collection. Elles sont frappées avec un outillage neuf et présentent un aspect brillant et parfait, sans aucune trace de dégradation du fait qu'elles n'ont jamais été mises en circulation. 

https://www.monnaiedeparis.fr/fr/l-institution/glossaire

Laissons provisoirement cette double notion de l’épreuve sculpturale et monétaire, pour en venir aux nombres 1000 et 990… possiblement liés à la longueur du souterrain.

En 2004, Thierry Rollat dans son livre Le vieux secret, sous-titré Une enquête au cœur du Pilat…, indique au lecteur qu’il existe en fait deux versions sur la longueur du souterrain : il y a tout d’abord la version du kilom. (soit 1000 m) de l’abbé Chavannes, puis celle avancée par  « Celui qui ne veut pas en dire plus. » - dixit Thierry Rollat, de 990 m.

Il se trouve que dans mon article consacré au Dorlay de Noël Gardon je tentais d’expliquer la symbolique du nombre 1000, les coudées séparant les traversées du Dorlay effectuées par le « prophète »… Il s’agit à l’origine, d’un texte biblique tiré du Livre d’Ezéchiel devenu étrangement… texte pilatois sous la plume de Noël Gardon.

Ce nombre 1000 dans la Kabbale hébraïque s’applique tout à la fois à un cycle temporel (lui-même lié à une distance), ainsi qu’à un nombre précis de générations : soit les 1000 générations bibliques. La Kabbale (le Sepher ha-Zohar ou Livre de la Splendeur), enseigne que dans les temps anciens, plusieurs types de créatures vivantes ont été créés et détruites sur Terre. Dieu, ainsi qu’indiqué dans le Livre de Baruch, ne les a pas retenus. Les humains, suivant cette tradition ont été créés 974 générations avant Adam. Ces pré-humains ou préadamites étaient imparfaits, aussi avec Adam (l’homme réalisé), le monde ainsi renouvelé pouvait prétendre à recevoir la Torah ou Loi. Telle est la promesse, l’Alliance des mille générations que Dieu fit à Abraham ainsi qu’indiqué dans le Psaume 105 au verset 8. Mais la Loi fut donnée à l’homme de la millième génération : Moïse, au sommet du Mont Sinaï.

Le Psaume 90 attribué par le verset 1 à Moïse, fut associé par les Kabbalistes Juifs au Psaume 105 attribué quant à lui au roi David. Lorsque Moïse rédige ce Psaume, il ne sait pas qu’il est l’homme de la millième génération mais il clame : « Oui, mille ans à tes yeux sont comme le jour d’hier qui passe, une garde dans la nuit. »  Traduction André Chouraqui Éditons du Rocher – Verset 4.

Les hommes passent « pareils à l’herbe fauchée », telles sont les paroles de Moïse et pourtant Dieu s’intéresse à l’homme. Au verset 12, Moïse interpelle Dieu : « Initie-nous à bien compter nos jours : nous ferons venir le cœur de sagesse. »

A. Chouraqui commente ainsi ce verset :

« Le temps n’a d’hommes parce que l’homme n’a pas de temps. Si nous savions compter nos jours et, par suite, bien utiliser notre temps, notre cœur serait rempli de sagesse.

« le cœur de sagesse : Le messie. »

Cette expression « cœur de sagesse », en hébreu « Lebab H’okmah », prend un certain relief dans l’énigme du souterrain de Trèves.

Le Psaume 105 complémentaire est ainsi titré par A. Chouraqui : « LE CŒUR DES CHERCHEURS ».

Les mille générations ont été diversement interprétées par les Rabbins. Si certains acceptaient l’idée des 974 antérieures à Adam, d’autres ont préféré et préfèrent encore y voir 974 âmes qui auraient dû s’incarner sur Terre avant Adam mais que Dieu réserva pour une autre époque, précisément celle de Moïse. Ces âmes incarnées seraient responsables de la fonte du veau d’or dans le camp d’Israël, au moment même où Moïse recevait sur le Sinaï, la Torah.

Le propos de cette étude n’est aucunement de trancher ces deux hypothèses que nous ne faisons d’ailleurs que survoler, mais de tenter une conciliation entre les 1000 m (le kilom.) et les 990 m dévolus au souterrain de Trèves en nous appuyant sur le mystère des 1000 générations.

Les 974 générations dans l’interprétation préadamite n’ayant pu évoluer ainsi qu’il aurait fallu, n’étaient plus en mesure de recevoir 26 générations plus tard, la Loi promise.

Aux préadamites succédèrent les Adamites ou Fils d’Adam, les hommes réalisés. Adam apparaît comme la première des 26 générations manquantes pour la réception de la Loi par l’homme.

Pour achever cette période de 1000 générations, et ainsi accéder au don de la Torah, il manquait aux 974 générations, un nombre de 26 générations.

Si l’on applique au souterrain de Trèves long de 1 kilom. ou 1000 m, la symbolique des 1000 générations, il convient nécessairement de s’interroger sur les 990 m avancés par  « Celui qui ne veut pas en dire plus. » en s’appuyant sur la 990e génération.

Voici la liste des 26 générations adamiques humainement viables : « Adam, Set, Énoch, Kénan Mahalalël, Yarad, Hénoch, Mathusalem, Lamekh, Noé, Sem, Arpakhchad, Chélah, Ever, Péleg, Reou 990, Seroug 991, Nahor 992, Térah 993, Abraham 994, Isaac 995, Jacob 996, Lévi 997, Kehat 998, Amram 999, Moïse 1000 »

La 990e génération correspond à Reou, Rehou, ou Reu, de prononciation « Ré » (Ragau dans les évangiles : généalogie de Jésus), ce personnage qui serait né 161 ans après que Noé soit sorti de son Arche, forme un trio bien particulier avec son fils Seroug et le fils de ce dernier Nahor I, grand-père d’Abraham. Trio auquel il convient d’ajouter Térah ou Tarah, père d’Abraham.

Nous découvrons dans les Chroniques Universelles d’Israël et des Nations que le patriarche postdiluvien Rehou – la 990e génération – apparaît comme « la 16ième génération des dépositaires de la chaîne de la Transmission depuis Adam. » http://ns2.sodyna.com/histoire.php?id=3396#3396

Cette chaîne de la Transmission ou de la Tradition, dite en hébreu Chalchélète ha-Kabalah, détenue par les Fils d’Adam, reste jusqu’à Réhou, propriété des monothéistes. Réhou, ainsi que l’indique la signification admise de son nom est l’Ami de Dieu. Il appartiendra à Abraham de redevenir l’Ami de Dieu... Les successeurs de Réhou, Seroug son fils, Nahor sont petit-fils et Térah son arrière-petit-fils (le père d’Abraham), bien que dépositaires de la Chalchélète ha-Kabalah, se tourneront vers le polythéisme.

Dans le Livre des Jubilés, il est dit que Reu (Réhou) appela son fils Seroh. Les descendants de Noé « commencèrent à se faire la guerre l’un contre l’autre […] et tous [commencèrent] à faire le mal et à acquérir des armes et apprendre à leurs fils à faire la guerre – et ils commencèrent à capturer des villes et vendre des esclaves mâles et femelles. »

« Et ils firent pour eux des images moulues et ils vénérèrent chaque idole d’image moulue qu’ils s’étaient faite et ils commencèrent à faire des images gravées et simulacres impur, et les souffles malins les assistaient et [les] égaraient à commettre la transgression et l’impureté.

« Et le prince Mastema s’appliquait à faire tout cela et il envoyait d’autres souffles, ceux qui avaient été mis sous sa main, pour faire toute action d’erreur et de péché et tout acte de transgression, pour corrompre et détruire et verser le sang sur la terre. »

Les traditions indiquent que Seroug aurait découvert l'art de forger l'or et l'argent. En son temps, les hommes ont érigé de nombreuses idoles, dans lesquelles les démons sont entrés et ont fait de grands signes par eux.

Suivant ces traditions, Seroug avait un atelier dans la cité d’Ur (en hébreu Our-Kasdim : le Feu des Kasdim ou Magiciens) dans lequel il fabriquait lui-même des statues mais aussi des pièces de monnaies. Il aurait été le premier monnayeur de la Terre. Il enseigna à son fils Nahor toutes les connaissances des Chaldéens, ainsi que l’art de sculpter ces statues que l’on disait animées par un souffle mystérieux. Tharé, fils de Nahor, général du roi Nemrod, se passionnait pour la sculpture et fabriquait des idoles. Dans sa boutique, il vendait ses propres sculptures ainsi que celles des artistes de la cour. (Marc-Alain Ouaknin et Dory Rotnemer Abraham ! Abraham !Éditions du Rocher.

La Génération de Séroug vécut en ces Jours d’Épreuves.

L’épreuve, apparaît associée dans la Bible et principalement dans le Livre de la Genèse, à la Chalchélette, la chaîne ou chaînette, dont le nom hébreu s’appuie sur le nombre 3.

Le souterrain de Trèves (dont le nom s’appuie aussi sur le nombre 3), aurait suivant « Celui qui ne veut pas en dire plus. » : 990 m de long. Ce nombre dans contexte hébraïque évoqué plus haut, s’appuie sur le nombre 1000, longueur en mètres du souterrain, si l’on se réfère à l’abbé Chavannes. Bien que Séroug apparaisse dans cette symbolique numérique, plutôt lié au nombre 991, il quitte la voie du monothéisme suivie par son père Réhou, du vivant même de ce dernier et participe ainsi également à la symbolique du nombre 990… les 990 m du souterrain. Si le souterrain faisait un, deux ou trois mètres supplémentaires, la symbolique n’en subsisterait pas moins.

Se pourrait-il qu’une corrélation puisse exister entre les Jours d’Épreuves (ou de Troubles) de Séroug et les Jours d’Épreuves (ou de Troubles) mentionnés par l’abbé Chavannes ? Cette relation n’apparaît, pouvons-nous le penser, qu’à titre d’exemple. Nous ne serions que dans la parabole. J’entends parabole, ici, dans le sens qu’elle a dans les évangiles. Jésus s’appuie sur des événements passés pour mieux expliquer des événements présents ou à venir.

Des événements propres au Pilat pourraient avoir eu quelques similitudes avec ceux qui se seraient déroulés, suivant la tradition biblique quelques 2100 ans avant J.-C. en Mésopotamie. 

Le Livre des Jubilés indique que Réhou nomma tout d’abord son fils Seroh. Nous retrouvons le mot hébreu Serah qui signifie en tant que verbe « délier » et en tant que nom commun « chaînette », soit un synonyme de Chalchélette.

Après que Seroh, d’abord monothéiste fût devenu polythéiste, son nom fut de tradition, transformé en Seroug ou Saroug « parce que chacun déviait pour faire tout acte de péché et de transgression. »

 

Serug : Guillaume Roville (1518 ?-1589) — Promptuarii Iconum Insigniorum

 

S’il est exact que le nom de Seroug ait pour racine le verbe Sarag « entrelacer – tresser – nouer – former comme des chaînes » et donc au figuré « dévier », il apparaît que les Maîtres du Rabbinisme ont retenu plus précisément le nom commun dérivé de ce verbe pour expliquer le nouveau nom du fils du Réhou. Un Seroug désigne tout d’abord un « cep » de vigne. Il convient d’ailleurs de noter que le mot cep en français a eu aussi le sens de chaîne. Mais il convient pour l’origine du nom du patriarche postdiluvien Séroug, de se reporter au Dictionnaire Hébreu-Français de Sander et Trenel qui, s’appuyant sur les Midrashim (traditions), donne un sens encore plus précis pour ce nom :  

 

Serug dans le dictionnaire Sander - Trenel

 

Une première recherche sur le Net me permis de découvrir que le mot provin nom masculin (latin propago, -inis) désigne un sarment ou cep de vigne couché en terre pour en obtenir une nouvelle souche.

L’idée d’un cep de vigne couché en terre, en ce qui concerne Seroug, prend un tournant bien étrange… ! Nous retrouvons curieusement ici la vigne nantaise templière évoquée dans mon article Michel de NOSTREDAME ou l’invitation au voyage en terre Vestalique. http://regardsdupilat.free.fr/Nostradamusb.html

En prolongeant ma recherche sur le Net, je découvre :

PROVIN :

AGRIC. Sarment de vigne ou rameau d'arbre que l'on couche en terre afin de lui faire prendre racine et que l'on sépare ensuite de la branche mère. Synon. marcotte.

 [Pour obtenir un nouveau cep] on maintient le provin couché sur le sol dans la fosse qui a été creusée à l'aide d'un crochet de provignage (Brunet, Matér. vitic.,1909, p. 92).

Cette spécificité viticole relative à Séroug doit-elle être rapprochée de l’énigme du souterrain de Trèves ? L’affirmer pourrait être une erreur, mais il paraît intéressant et sans doute primordial, dans l’hypothèse où la longueur du souterrain serait bien liée à celle avancée par « Celui qui ne veut pas en dire plus », de concentrer notre attention sur l’atelier monétaire que Séroug possédait dans la cité d’Our, du vivant même de son père Réou. Séroug, premier monnayeur et sculpteur d’idoles, apparaît de tradition rabbinique, comme le premier polythéiste après le Déluge, face à son père Réou, dernier monothéiste de cette période.

Si nous transposons cette hypothèse de la 990e génération (jours d’épreuves monétaires) à Trèves, nous pouvons nous interroger sur un possible dualisme religieux, nom pas monothéiste / polythéiste mais chrétiens bien inféodés à Rome face à des chrétiens soupçonnés dans un premier temps, puis accusés ensuite d’éréthisme, (et) voire même de chrétiens face à des monothéistes de religion juive ?

Nous avons évoqué plus haut, les Atesui possiblement positionnés dans le Pilat. Le quadrilatère mis en relief par Pierre-Bernard Teyssier, puis confirmé par Éric Charpentier, semble nous témoigner que le secteur de Trèves ne leur était pas étranger. La syllabe At initiant le nom de cette tribu gauloise, se retrouve dans la cité gallo-romaine de Ratiat, actuelle Rezé, face à Nantes. Non les Atesui ne sont pour rien dans le nom de cette cité gauloise, mais le contenu symbolique véhiculé par la syllabe « At » apparaît assurément dans sa plénitude.

L’origine du nom de la cité de Ratiat (la Ratiaton des Grecs et la Ratiatum des Romains) est diversement interprétée. Pour les uns, elle tirerait son nom d’un toponyme phénicien ou hébraïque d’où découle le nom du Pays de Rais ou Retz où se trouve la cité. 

Pour les autres, il y a d'abord le radical gaulois RATIS : ‘’Fougère’’ que l'on rapproche du vieil-irlandais ‘’raith’’ de même signification. Pour ma part, bien que je ne sois pas  un spécialiste dans le domaine, je pense plutôt à un autre RATIS gaulois attesté en France dans quelques toponymes et dont la signification est ’’Forteresse’’. Ce mot est évoqué par Françoise Le Roux et Chrisitan-J. Guyonwarc'h dans le Glossaire de leur livre Les Druides. Il se retrouve en Irlande sous la forme Rath, notamment dans l'exemple suivant : "Rath Brese", la "Forteresse de Bres".

Outre la signification de ‘’fougère’’ – des cités portent effectivement ce nom – il existe aussi une autre étymologie peut-être plus intéressante. Le port de Ratiat tirerait son nom du mot Rates (latin Ratis, Rataria), ‘’barque (embarcation) à fond plat’’.

Cette étymologie que l'on peut associer à la forteresse (ce n'est pas incompatible) rappelle le lien avancé par Pierre-Bernard Teyssier  entre les Atesui et les Nautes. Les Nautes Ligériens dont on connaît l’importance, étaient associés aux Nautes Rhodaniens et Saôniens.

La commune de Rezé, l’ancien Ratiat, fut au Moyen Âge, un fief très important de l’Ordre du Temple. Rezé, commune rurale tournée vers la culture de la vigne, va soudainement changer d’aspect aux XIIe et XIIIe siècle. L’historien Rezéen Michel Kervarec (revue L’Ami de Rezé) a relevé pour cette période, pas moins de six réseaux défensifs.

Les Templiers occupèrent dans un premier temps, suivant l’historien Rezéen, le Tembloy sis près de la Petite-Villeneuve domaine relevant de l’abbaye cistercienne de Villeneuve :

« Dans ce dernier toponyme, il faut probablement comprendre le temple-blois, c’est-à-dire à l’abandon. Il s’agit d’une maison relevant du Temple puis de ses successeurs. Je suppose qu’il y eu transfert d’autorité templière de ce lieu vers l’autre maison, voisine de la chapelle de la Blanche et dite du Temple. »

 

Carte ancienne – La Place Blanche

 

Le Temple-Blois ou Temple à l’abandon, peut aussi s’entendre comme le Temple du Loup, en s’appuyant notamment sur l’étymologie retenue du nom de la cité de Blois, reconnu comme une déformation du Blaez ou Blez celtique : le Loup.

L’érudit Rezéen Daniel Auduc s’inspira pour son roman Le Deuxième Monde (Éditions du Petit Véhicule) de la présence énigmatique des Templiers dans les îles de Rezé. Il fit paraître chez le même éditeur, le livre Trentemoult et les îles. Dans la partie du livre titrée Des Templiers à Trentemoult, il écrit au sujet des Templiers Rezéens : « Ils possédaient une maison sur les hauteurs de Rezé, et la chapelle Notre-Dame de Blanche leur est attribuée. Ils s’étaient également installés au nord de Trentemoult d’où ils assuraient la police de la navigation, mais aussi la défense du port de Nantes. Leur maison, située près de l’actuelle rue Lechaud, était accompagnée d’une chapelle et surtout d’une tour. »

Revenons au site très important et assurément ancien de la chapelle de la Blanche. La chapelle primitive fut à l’origine un temple romain, voir pré romain. Les historiens Rezéens évoquent le Trivium de la Blanche. Ce nom ne s’appliquait aucunement à l’église mais bien à ce triangle où se dressait l’église. M. Kervarec évoque un fanum gallo-romain.

Monsieur D. Peneau, s’appuyant sur un article de l’historien et archéologue Georges Durville (bulletin de la Société Archéologique de Nantes en 1915) revient sur le Trivium (3 voies menant au bourg de Rezé, au bourg de Bouguenais et au « Clos de Saint-Martin »), dans son article LA CHAPELLE DE NOTRE-DAME  DE LA BLANCHE A REZÉ (N°13 du bulletin de l’association L’Ami de Rezé). La Blanche fut autrefois consacrée à une divinité honorée dans les carrefours : « c’était DIANE : l’ARTEMIS des Grecs, appelé aussi Phébé, Hécate, Séléné ou la Lune : on la nommait aussi TRIVIA la déesse des Carrefours et spécialement des trivium. Ne serait-ce pas elle que N.D. la Blanche aurait remplacée dans la vénération des Rezéens ? » L’auteur, s’appuyant sur les actes ou titres de la chapelle, rappelle ensuite : « Ce nom de ‘’La Blanche’’ semble avoir été moins un qualificatif de la Ste Vierge que de l’endroit ».

Monsieur S. Briand dans l’article, LES CHAPELLES DE REZÉ, (N°25 de L’Ami de Rezé) s’interroge à son tour sur « la destination primitive de cette petite construction ? » : « Il devait être un édicule (petit temple) servant à abriter une divinité romaine, sous le nom de Trivia, la déesse des carrefours, peut-être ‘’les Dieux Lares’’ qui étaient en grand honneur chez les Romains. Cet édicule à l’origine de la chapelle a dû être affecté au culte chrétien vers le VIe siècle. »

Le village de la Blanche avec sa chapelle ne pouvait qu’intéresser les Templiers ou Blancs Manteaux. Le Temple de la Blanche, maison principale des Templiers Rezéens n’était pas le lieu le plus mystérieux de ces chevaliers. Les Templiers, bien que ne possédant pas la totalité des trois îles ligériennes de Rezé, les occupaient et ce, de façon assurément très énigmatique.

Il y avait l’île de Trentemoult (la légende évoque les Trente Chevaliers – M. Kervarec privilégie les Trente Tertres…), l’île des Chevaliers (les Chevaliers du Temple) et l’île d’Ortiouze (la légende popularisé par Victor Mangin au XIXe siècle fait d’Ortiouze, Northiouze, la « Maison du Nord » mais M. Kervarec y reconnaît plus justement le vieux mot Our ou Hort, galerie de bois en surplomb prenant appui sur les mâchicoulis, soit la Tour des Templiers).

Le Pays Nantais semble très spécial dans les Mystères Templiers. Nous avons le Triangle de Saint-Clair dont le centre, ainsi que l’a démontré Patrick Berlier, est matérialisé  dans la commune de Bouvron, à proximité d’une commanderie templière d’où partait (ou arrivait), ainsi que l’a démontré Hervé Tremblay, historien de la commune, un véritable réseau routier jalonné jusqu’à (ou depuis) Nantes, par des relais initiés par les Chevaliers de l’Ordre du Temple et par les Chevaliers de l’Ordre des Hospitaliers de Saint Jean.

Mais le Pays Nantais c’est aussi l’énigmatique Étoile de Nantes sur laquelle, Patrick Berlier, Éric Charpentier et moi, avons pu travailler. Le centre de cette étoile géographique templière fut matérialisé dans la commune de Château-Thébaud au lieu-même où se dressait une commanderie templière dite La Templerie. (Voir sur le sujet mon article L’ÉTOILE DE NANTES - revue HISTOIRE & PATRIMOINE n° 96).

Cette énigme templière à laquelle s’intéressa durant la Seconde Guerre Mondiale, la Thulé, concerne l’Arche de l’Alliance. Cette Étoile de Nantes dans la symbolique templière apparaît étroitement associée au Ghimel étincelant, autre lieu géographique (un Gimel étincelant…).

Le Rezéen Jean-Claude Caron a mis en ligne son livre Le trésor de Trentemoult et autres histoires (Éditions virtuelles de la Tortue…)

http://www.jccaron.com/images/stories/tresor_v4.pdf

L’auteur évoque le bon de dépôt créé par les Templiers… Pour cet auteur : « la piraterie financière était née. »

Ainsi que l’indique l’auteur :

« Peut de temps après, ils font venir à Haute Ile (dont ils étaient propriétaires), des familles de réfugiés Ibero-juifs. Or ces derniers bénéficient non seulement du droit de se livrer aux activités financière (car non-chrétiens), mais sont aussi passés maîtres dans l’art des métaux et exercent le métier de monnayeurs a l’Hôtel de la Monnaie à Nantes. Ils obtiennent rapidement le privilège de produire des chefs-d’œuvre d’orfèvrerie, mais aussi celui de frapper les pièces, et parfois des ‘’accidents’’ arrivaient : la production était plus importante que la commande, ils devaient donc trouver le moyen d’utiliser eux-mêmes les surplus d’argent. »

L’auteur rappelle ensuite que les Templiers avaient la garde des lieux saints. « Certains affirment qu’ils avaient également trouvé l’Arche d’alliance (l’Arche perdue) qui aurait contenu les tables de la Loi (Dix Commandements) et le Saint-Graal… L’ordre s’enrichit, acheta de nombreuses terres, dont Basse et Haute Ile, et atteint une puissance telle que les autres prirent peur : le roi Philippe le Bel les fit arrêter le vendredi 13 octobre 1307, le pape dissout l’ordre en 1312, les accusant d’hérésie. La question qui occupe tous les chercheurs depuis est : où est caché leur fabuleux trésor ? Et s’il était ici ? »

La réponse pourrait-être aussi, pensons-nous : « Et s’il était passé par là ? »

Xavier Leroy dans son livre Vie quotidienne des marins nantais au XIXème évoque cette hypothèse des orfèvres ibéro-juifs avancée, dit-il, par certains mais non confirmée par les documents. Des documents qui n’évoquent guère non plus la présence des Templiers à Rezé et pourtant ils étaient bien là.

Les patronymes de familles de monnayeurs de la Haute Ile, ainsi que le rapporte l’auteur « pourraient être d’origine ibérique : Ollive viendrait de Ouvares = orfève, Dejoie viendrait de De Joyas = bijoux et Ertaud viendrait de Artezano = artisan ! »

L’auteur reconnaît : « Cette hypothèse est toutefois troublante à la lumière de certaines constatations. L’importance commerciale de la Place de Nantes nécessitait la mise en œuvre de techniques financières et monétaires évoluées, ce qui était le rôle traditionnel de la communauté juive active à Nantes depuis les temps les plus reculés et dont la présence est attestée de nos jours par la rue de la Juiverie en cœur du centre historique de Nantes juste derrière l’Hôtel de la Monnaie. On sait également que de tous temps les relations de Nantes avec la péninsule ibérique ont été étroites. Nantes était une cité commerciale et cosmopolite ainsi qu’un point de passage pour les pèlerins se rendant à St Jacques de Compostelle. »

L’auteur poursuit ainsi cette hypothèse déjà validée par d’autres chercheurs : « Or en 1260 Jean le Roux, Duc de Bretagne expulse les juifs de son duché. Comme par hasard c’est à cette date que les Templiers s’installent à Rezé dans l’Île des Chevaliers d’où elle aurait tiré son nom. Avec un peu d’imagination on peut imaginer que les habiles Templiers auraient installé à Rezé sous leur protection des familles ibéro-juives chassées du centre de Nantes qu’ils auraient ‘’converties’’ pour la forme tout en christianisant leur patronyme. »

Ainsi que l’indique cet auteur, cette hypothèse doit beaucoup à la thèse de l’historien Vincent Bugeaud (Doctorant, CRHIA Université de Nantes). Cette thèse, mise en ligne sur le Net, fut titrée Quand les bargers se font monnayeurs : une ‘’aristocratie’’chez les pêcheurs de l’estuaire de la Loire au XVIIIe siècle. Cette thèse sera publiée dans les Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest Anjou. Maine. Poitou-Charente. Touraine 112-4 | 2005 Varia.

V. Bourgeaud démontre que les familles résidant dans les quartiers trentemousiens de Haute et de Basse Ile, conciliaient « la barge et la balancier ». Ces familles vivant au XVIIIe siècle sont les descendants de celles installées, semble-t-il, par les Templiers dans les îles de Rezé, les noms sont les mêmes. Elles avaient « deux statuts devant le Roi : celui du matelot et celui du monnayeur. »

Bien que l’on ne puisse affirmer pleinement la venue des ibéro-juifs monnayeurs dans les îles de Rezé, sous tutelle templière, l’hypothèse est aujourd’hui admise par plusieurs chercheurs. Se pourrait-il, au miroir de la « 990e génération » qu’un tel dispositif organisé par les Templiers ait pu se mettre en place à Trèves ?

Les noms christianisés ou pas, supposés des ibéro-juifs présents dans les îles de Rezé, se retrouvent-ils, tout ou partie, au fil des siècles à Trèves ? A-t-on battu monnaie dans le souterrain de Trèves ? La présence templière n’est pas attestée par les archives mais l’énigmatique fronton du Fay semble attester leur discrète présence. L’ombre même de ces chevaliers se prolongerait encore  au XVIIIe siècle (1757). 

 

Le fronton du Fay

 

La croix pattée inclinée et gravée dans un cercle répond au cœur dans lequel nous pouvons reconnaître une référence au « cœur de sagesse : le Messie », expression présente dans le Psaume 90 dont l’auteur serait Moïse.

Souvenons-nous que le traducteur et commentateur des Psaumes, André Chouraqui n’hésitait pas à titrer le Psaume 105 de David, complémentaire du Psaume 90 : « LE CŒUR DES CHERCHEURS ».

Les îles de Rezé, ont aujourd’hui perdu leur aspect insulaire. Il est un lieu où cet ancien territoire îlien peut être admiré dans son ensemble, il s’agit de la Butte Sainte-Anne, point culminant de Nantes surplombant la Loire.

 

Carte ancienne – Vue de Trentemoult depuis la Butte Sainte-Anne

 

La Butte Sainte-Anne, lieu de pèlerinage est dominée par la statue de sainte Anne qui aurait beaucoup à dire au sommet de l’escalier dit des Cent Pas. Elle montre à sa fille la Vierge Marie, la Loire et l’au-delà du fleuve, Trentemoult.

Sur cette butte se trouvaient par le passé des moines, les Petits Capucins. Jules Verne dans son premier roman, hélas inachevé, Un prêtre en 1839, donne une grande importance à cet ancien couvent de moines déchaussés. Le jeune romancier de 19 ans, bouleverse totalement la géographie nantaise. L’Erdre, affluent de la Loire, n’a plus sa place dans la géographie reconsidérée. La paroisse Saint-Nicolas des Templiers s’y confond avec celle de Sainte-Croix et sa rue de la Juiverie. Le lecteur ne sait plus si l’action dans laquelle il se projette, se déroule encore dans l’une ou dans l’autre paroisse. La paroisse de Sainte-Croix nantaise semble soudain lointaine… l’Erdre n’est plus là pour la valider pleinement dans la géographie nantaise. Elle ne l’est d’ailleurs plus aujourd’hui, vu que son cours a été détourné avant la Seconde Guerre Mondiale et le bras de Loire comblé.

 

 

Confluence de l’Erdre et de la Loire en 1890 – paroisse Saint-Nicolas à gauche (vue de son clocher), paroisse Sainte-Croix à droite

Detroit Publishing Co., under license from Photoglob Zürich – Domaine public

 

Le jeune Jules Verne va même jusqu’à affirmer dans la cité de Nantes une importante paroisse Saint-Michel, pourtant inexistante à l’époque.

Au XIXe siècle J.-J. Le Cadre dans l’article La Pierre Nantaise et l’Hermitage (revue Le Lycée Armoricain – 1825) nous décrit ainsi le paysage visible « Des jardins des Petits-Capucins, jardins encore existans, et comme d’un bastion avancé qui domine, au midi, les maisons qu’on a récemment adossées à la terrasse intermédiaire, l’œil plonge sur l’île des Chevaliers et de Trentemoux. Retraite, jadis d‘une compagnie de braves guerriers, qui y laissa son nom de trente moult chevaliers, par un grand nombre de pêcheurs qui y habitent de père en fils, depuis plusieurs siècles. Ils approvisionnent  en poissons une partie de la ville et des faubourgs, et ils sont une pépinière d’excellens marins pour la marine marchande et celle du Roi. »

L’auteur de cet article évoque ensuite un jeu des plus curieux, auquel s’adonnaient les Petits-Capucins :

« A une croisée de l’étage supérieur du couvent de l’Hermitage, on éprouvait, dit-on, une singulière illusion d’optique. Le dos tourné à la ville, et la regardant, par-dessus le gouffre, en passant la tête entre les jambes, on y voyait tous les objets à la renverse : les bâtiments avec les toits, les tuyaux des cheminées et les clochers la pointe en bas, le sol dans le haut, en forme de voûte, et le ciel comme une mer dans le plan inférieur. »

Ce jeu étrange des Petits-Capucins de l’Hermitage n’est pas sans rappeler, par son résultat, cette curieuse danse assez semblable à la danse des Derviches tourneurs, mais effectuée au sommet du Crêt de Saint-Sabin dans le Pilat, sujet que nous trouvons évoqué dans l’article TINTIN DANS LE PILAT – Du trésor de Rackham le Rouge au tableau de Saint-Sabin (article coécrit par Patrick Berlier et moi-même). Voici ce que nous écrivions :

« En 1555 le lyonnais Jean du Choul visita le Pilat et en laissa une description en latin. Ce juriste était le fils du magistrat et humaniste Guillaume du Choul, l’un des piliers des cercles érudits de la Renaissance lyonnaise, qui devaient donner naissance à la Société Angélique. On trouve dans le livre de Jean du Choul une curieuse évocation de Saint-Sabin, lieu qu’il qualifie d’oracle. L’auteur dit qu’il ne lui appartient pas de se faire l’écho de bruits incertains, puis il croit devoir ajouter cette phrase étonnante : ‘’Je n’ignore pas que si l’on tourne sur soi-même, on croit voir les montagnes peu à peu se pencher, ridées en leur cime, puis taillées en pointe ou imbriquées les unes dans les autres comme des tuiles creuses’’. Faut-il en conclure qu’ici se déroulaient des rituels consistant à tourner sur soi-même jusqu’à avoir des visions prophétiques ? » 

 

La vue depuis Saint-Sabin

 

Le paysage mystérieux aperçu au travers de l’énigmatique fenêtre du couvent des Petits-Capucins, l’était peut-être plus encore, mais pas uniquement, de par la particularité d’une peinture bien précise figurée sur la vitre ou vitrail et représentant quelque particularités visibles ou pas dans le paysage médiéval des Templiers ?

Cette croisée offrait aux moines une vue sur la Fosse de Nantes avec tous ses navires, ainsi que sur ses îles et sur les quartiers au-delà du fleuve. Les vieux auteurs ont régulièrement évoqué depuis la Renaissance, voir même avant, la perspective de Nantes, par comparaison avec la fameuse perspective de Constantinople, dont la position passait pour la plus avantageuse de l’univers, qualité dont se targuait pareillement Venise la Sérénissime.

Le roi Louis XIV fut reçu au couvent  en 1661. Une collation agrémentée  des bons vins de la Butte, lui fut servie. Sa Majesté fut-elle invitée par les moines à découvrir l’étrange paysage au travers de cette énigmatique croisée ?

Toujours est-il, en 1688, suite à un Édit visant à détruire « tous les couvens, bâtis depuis 1660, qui n’auraient point obtenu de lettres patentes... », les Petits-Capucins contraints de quitter l’Hermitage, portèrent requête au roi. Cette requête fut présentée par Colbert : « Louis XIV demanda au ministre si l’Hermitage, dont on lui parlait, était ce rocher où on lui avait servi de si bons raisins, et dont la vue était si belle. Sur la réponse que c’était précisément le même endroit : Hé bien, dit le Roi, qu’on me présente demain, ce placet dans mon conseil, je m’approprierai ce rocher, et je veux qu’on accorde aux Capucins qui y demeurent tout ce qu’ils demandent. »

Les moines furent solennellement reconduits. Pour J.-J. Le Cadre, la vue si belle que le roi se souvenait d’avoir eu le plaisir de contempler, correspondait à la fameuse perspective… « l’œil plonge sur l’île des Chevaliers et de Trentemoux… »

Un mystérieux vitrail, bien que récent, peut être observé dans l’église Saint-Anne au sommet de la Butte.

 

Vitrail de l'église Sainte-Anne

Merci à Jean-Luc Hervy de l’ABSA (Association de la Butte Sainte-Anne) pour l’autorisation donnée de l’utilisation de la photo

Vitrail Société Renoncé-Petit (2007)

 

Sainte Anne enseigne sa fille, la Vierge Marie. Observons le sol de la salle d’étude en penchant notre tête vers la droite ou vers la gauche et nous découvrons une suite de gironné de gueules rappelant la croix de gueules de l’Ordre du Temple.

Mais le plus mystérieux n’apparaît pas dans la salle de lecture sensée se trouver sur la Butte Sainte-Anne mais bien à l’extérieur où nous découvrons logiquement la Loire et sur la rive opposée Trentemoult.

 

Détail du vitrail : la barque et ses passagers

 

Mystérieuse barque dans laquelle se sont embarquées de bien mystérieux personnages… Toute aussi mystérieuses les demeures visibles sur la rive opposée, avec visage énigmatique… N’oublions pas ces arbres qui émergent derrière ces demeures et dont la forme semble évoquer des tours… 

 

Détail du vitrail : les collines de la rive opposée

 

Le paysage de vertes collines ne ressemble aucunement au paysage guère plus élevé que le fleuve Loire qui le longe du site de Trentemoult, tel qu’on le découvre sur la carte postale figurée plus haut. Tout aussi étrange ce village visible au sommet de la colline dont les arbres ou rochers, affectent des formes bien curieuses.

Ces collines ne sont pas rezéennes. Nous aimerions qu’elles soient semblables à celles de Trèves mais c’eut été beaucoup demander ! Quoi que... il y a quand même un air de famille avec le village de l'abbé Chavannes, comparez avec cette carte postale ancienne :

 

Trèves – vue générale

 

Le souterrain de Trèves : labyrinthe circulaire ?

Page 27 du livre Notice sur la commune de Trèves (1871), l’abbé J. Chavannes a glissé une bien curieuse phrase : « Le chrétien seul a le souverain secret de l'infini. » 

L'abbé Chavannes est bien bon, mais il n’est pas sûr que « le chrétien seul » fut-il de Trèves, fut apte a connaître le souverain secret de l'infini.

Le paragraphe terminé par cette phrase est d'ailleurs bien énigmatique. Et son ultime phrase permet à notre abbé de conclure provisoirement : « Il est permis de croire à l'antiquité de Trèves, puisque plusieurs familles encore existantes font remonter leur origine à 928. »

Notre abbé aime bien les familles résident à Trèves, mais il faut reconnaître qu'il n'est pas tendre non plus avec elles, mais elles brillent, dit-il dans l'art de l'agriculture. Ou il se moque d'eux, ce qui ne semble pas être le cas, ou il y a chez lui un autre niveau de lecture. L'Art de l'Agriculture est aussi un terme utilisé par les Hermétistes.

L’abbé Chavannes déplore la perte d’un livre assurément inestimable pour l’Histoire de la paroisse de Trèves. Ce livre avait nom ARTICULA. Les significations de ce mot latin sont variées. L’une d’elle en fait un diminutif du mot ARS. L’ARTICULA, petite science ou art, contenait peut-être quelques réponses auxquelles nous n’aurons plus accès. 

Revenons au livre de l’abbé Chavannes, si l'on tourne cette page 27, et bien nous découvrons en cette 28e page, le fameux souterrain... et peut-être ainsi, le secret de l'infini. Cette expression désigne dans la religion juive le mystère de l'essence divine, correspondant à l'AÏN SOF, l'Essence Infinie  d’un Dieu Unique et Créateur, placé au sommet de l’Arbre des Sephirot.

 

L’Arbre des Sephirot

 

Cet arbre est égalent représenté par un labyrinthe circulaire, une roue :

 

Labyrinthe circulaire de l'arbre des Sephirot

 

Le labyrinthe de Chartres avec ses 6 fleurs au centre, ses 3 voiles et ses 4 mondes comme les Sephirot de l’Arbre de Vie, est à ce titre considéré par plusieurs chercheurs comme une représentation de cet arbre.

 

Le labyrinthe de Chartres

 

Dans le livre de l’abbé Chavannes, page 32 nous apprenons que Trèves fut d'abord érigée en succursale puis en commune, par les mérites de : « sa population, sa belle conduite pendant nos troubles révolutionnaires, son esprit d'union et de sacrifice ».

Nous y retrouvons le mot « troubles », associé au mot « révolutionnaires ». Il n’est pas douteux que notre abbé évoque la Révolution française (1789-1799), mais il se peut, ici encore, que notre abbé, utilise un second niveau de lecture. On parle de la révolution des planètes, elliptique ou circulaire...  Il n’y a sans doute, pas lieu d’évoquer pour le souterrain, la révolution des planètes, mais peut-être plus sûrement la révolution au sens étymologique même du nom.

En un mot, le souterrain « des jours de troubles » ne serait-il pas circulaire et labyrinthique, plutôt que longitudinal ? Les anciens auteurs évoquaient pour les labyrinthes des cathédrales, une distance égale à 1000 pas. À chacun la longueur de son pas ! Mais ces 1000 pas ne sont pas sans évoquer les 1000 m (ou 1 kilom.) du souterrain suivant l’abbé Chavannes.

 

Trèves – entrée du village

(carte postale ancienne)

 

La phrase tirée de la page 32, apparaît comme le second paragraphe du chapitre IV titré Nature du sol, ses productions. Les dites « productions » sont liées au sous-sol et ce durant les « troubles révolutionnaires ».

A-t-on vu dans la paroisse de Trèves, des juifs placés sous la protection des Templiers pratiquer dans le souterrain l’art du monnayage ?

J’ai pu écrire dans un précédent article au sujet du fronton du Fay :

« L'épée ouvre le H... la fenêtre. Comment ne pas penser ici, à la nouvelle de Maurice Leblanc : Herlock Sholmes arrive trop tard dans laquelle Arsène Lupin décrypte cette énigmatique inscription « La hache tournoie dans l'air qui frémit, mais l'aile s'ouvre et l'on va jusqu'à Dieu ». Lupin parvient ainsi à ouvrir la porte secrète du souterrain menant à la chapelle : « ... et l'on va jusqu'à Dieu » !

Le romancier Michel Bussi dans son livre CODE LUPIN, affirma que Maurice Leblanc (Arsène Lupin) avait découvert en Normandie, un réseau de faux-monnayeurs. L’œuvre de Leblanc va assurément bien au-delà de cela…

Dans le n° 422 de la revue ATLANTIS paraissait un article titré Du Chariot d’Arthur aux Châteaux Cathares. L’auteur, une certain R+C+ revisitait l’œuvre de Maurice Leblanc. Il notait l’importance du nombre 24 dans le roman La comtesse de Cagliostro.

Ce nombre, ainsi que nous avons pu le voir plus haut, évoque le nombre des diviseurs du nombre 1170 correspondant aux 1170 km de la Ligne Lyons – Lyon mise en relief par Patrick Berlier. Cette ligne traverse, il n’est peut-être pas inutile de le noter, la Normandie.

La Ligne Lyons – Lyon forte de ses 1170 km, nous apparaît subitement comme la Route de l’Or, de l’Or pur. Un or de 24 carats qui a un titrage de 99.99 % en or. Ce qui signifie que 24 parties sur 24 parties est de l'or pur. Il n'y a aucune pureté d'or supérieure à 24 carats. Les juifs étaient passés maîtres de Paz, l’or pur. Cet or était l’image de Dieu, ainsi que le démontre ce prénom juif : Èlipaz : Dieu est l'or pur :

« La hache tournoie dans l'air qui frémit, mais l'aile s'ouvre et l'on va jusqu'à Dieu… » 

Tel est le « cœur de la sagesse » en hébreu « Lebab H’okmah », le Messie. H’okmah, la Sagesse, est, il convient de le rappeler, l’un des fruits ou Sephirot de l’Arbre de Vie.  Ce « cœur de la sagesse » prend un certain relief dans l’énigme du souterrain de Trèves. Ainsi que le révèle le fronton du Fay, il faut viser le CŒUR !

Puissions-nous dans un proche avenir, lorsque cela sera la hache se révélera, viser ce CŒUR !

 





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