LES
REGARDS DU PILAT PRÉSENTENT
LES
EAUX DU PILAT
MAI
2007
L'AFFAIRE
DU TERNAY
par Patrick BERLIER
Le village de
Saint-Julien-Molin-Molette doit en partie son nom aux nombreux moulins
qui
s’étaient établis sur le Ternay. Sa situation
géographique ressemble un peu à
un X posé à la rencontre de plusieurs vallées. Le
Ternay forme une vallée
transversale, du nord-ouest au sud-est, qui rejoint le bassin de la
Deume près
d’Annonay. Une autre vallée, au sud-ouest, est empruntée
par le Trancon,
descendant du Col du Banchet pour se jeter dans le Ternay. Enfin
à peu de
distance au nord prend naissance le Ruisseau des Pontins, qui vire
brusquement
vers le nord-est et coule en direction de Limonne, hameau au sud de
Maclas, où
il reçoit le Fayon pour former le Limony, rivière qui se
jette dans le Rhône au
niveau du village du même nom.
Mais à Saint-Julien on dit qu’il
n’en fut pas toujours ainsi. Une légende prétend en effet
que jadis le Ternay
coulait vers le nord-est après Saint-Julien, pour aller se jeter
dans le Rhône.
Cela signifie que le Ternay aurait emprunté l’actuelle
vallée des Pontins et du
Limony. Puis à la suite d’un cataclysme il aurait changé
de cours pour suivre
le tracé qu’on lui connaît aujourd’hui. Cette histoire est
loin d’être prouvée,
cependant elle a suffi à justifier le droit d’utiliser les eaux
du Ternay pour
arroser les terres situées sur son ancien tracé
supposé ! Un examen de la
carte montre qu’il ne faudrait effectivement qu’un minime
« coup de
pouce » pour détourner le cours du Ternay et
l’envoyer rejoindre le
Ruisseau des Pontins.
À la fin du XVIIIe
siècle, une nouvelle affaire de « vol
d’eau » fut à l’origine d’un
procès retentissant. Un petit notable local, Monsieur de la
Condamine, fut
attaqué par les usagers du bassin d’Annonay, qui lui
reprochaient de détourner
à son profit les eaux du Ternay. La protestation qui
reçut l’appui du prince
Rohan Soubise, seigneur d’Annonay, fut adressée en 1784 aux
États du Vivarais.
Il fallut attendre 1813 pour que l’affaire soit tranchée par les
tribunaux.
Monsieur de la Condamine, soutenu par les usagers du bassin du Limony,
fit
valoir qu’il s’agissait d’un droit ancestral et obtint une
réglementation de la
prise d’eau. Il fit aménager un canal pourvu d’une vanne,
pouvant diriger les
eaux du Ternay soit vers le Limony soit vers son cours naturel. C’est
sans
doute pour réguler le cours de la rivière et constituer
une importante réserve
d’eau que la ville d’Annonay fit construire peu après le barrage
du Ternay.
EN SEPTEMBRE PROCHAIN :
LA LOIRE TRAVERSEE PAR LE RHONE
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