REPORTAGE REGARDS DU PILAT
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MAI 2008

UN BIEN CURIEUX VITRAIL À VÉRANNE



Par Michel BARBOT et Patrick BERLIER



L’église de Véranne


Patrick Berlier :

            La charmante localité de Véranne occupe une position privilégiée dans le Pilat, sur un replat ensoleillé bien en contrebas des sommets de Saint-Sabin, de l’Œillon et du Pic des Trois Dents qui limitent son territoire, protégé du vent du nord par la croupe des Bessières. Le village domine la large vallée du pays de Maclas, couverte de vergers, en offrant une vue sur les premières montagnes de l’Ardèche. L’ambiance y est presque méridionale. Autant dire que le site fut occupé très tôt. La paroisse fut mentionnée dès 970. En 1055 elle appartenait à parts égales aux deux grandes abbayes de Vienne, Saint-Pierre et Saint-André-le-Bas. L’abbé de Saint-Pierre interdit formellement à ses successeurs de revendre cette part de leur abbaye, sous peine d’être condamné aux pires tourments de l’enfer infligés par le Diable en personne. Pour le temporel, le village relevait de la baronnie de Malleval, puis de Maclas à partir du XVIIe siècle. L’église dédiée primitivement à saint Maurice fut plusieurs fois remaniée au cours des siècles, avant d’être totalement reprise au XIXe siècle et consacrée à la Vierge Marie et à saint Laurent. C’est de cette époque que datent les vitraux, dus au talent des Mauvernay, dynastie de peintres verriers renommés installés à Saint-Galmier : Alexandre le père et Louis le fils. Ce dernier étant particulièrement célèbre pour ses bleus extrêmement lumineux. On retrouve les productions de l’atelier Mauvernay dans de très nombreuses églises du Pilat, du Forez, du Lyonnais, et même plus loin encore.



Le vitrail du mariage de la Vierge


       Les vitraux latéraux dans la nef racontent la vie de la Vierge : sa présentation au Temple, son mariage, la mort de Joseph, etc. Celui de mariage, qui date de 1877, se remarque par la présence de plusieurs éléments rappelant la religion judaïque, en particulier le chandelier à sept branches, la Ménorah, détail peu courant dans une église catholique. Devant lui, le Grand Prêtre procède à l’union de Marie et Joseph, qui échangent un anneau. Mauvernay a poussé le souci du détail jusqu’à représenter le Grand Prêtre avec ses attributs traditionnels : la coiffe avec sa lame ou diadème d’or gravé, le vêtement d’apparat de dessus, brodé d’or, le manteau de dessous bordé de clochettes, le pectoral composé de douze pierres précieuses. Concernant le manteau de Joseph, il a ajouté en bas une bordure représentant des grappes de raisin et des feuilles de vigne, « clin d’œil » rappelant que Saint-Joseph est aussi le nom d’un vin réputé, produit dans la région qui plus est.


Deux détails du vitrail :


- L’échange de l’anneau devant la Ménorah


- Les clochettes en bas de l’éphod,
la frise aux raisins du manteau de saint Joseph,
et la signature Mauvernay


          La tenue du Grand Prêtre, telle qu’elle est décrite dans la Bible avec précision, obéit à des règles dictées par Yahvé lui-même à Moïse, et énumérées par le Livre de l’Exode (aux chapitres 28 et 39). L’éphod ou manteau de dessus doit être tissé de fils d’or et de lin fin retors, pourpre et cramoisi. Le manteau de dessous doit être bordé en bas de clochettes d’or et de grenades, de manière à ce que Yahvé entende le tintement lorsque le Grand Prêtre vient dans le lieu saint. La coiffe est un turban pourvu sur le devant d’une lame ou diadème d’or gravé de ces mots (en hébreu) : « consacré à Yahvé ». Enfin le pectoral est un tissé d’or et de lin, serti de quatre rangées de trois pierres précieuses : sardoine, topaze, émeraude – escarboucle, saphir, diamant – opale, agate, améthyste – chrysolite, onyx, jaspe. Les pierres sont gravées aux noms des douze tribus d’Israël. Des chaînettes d’or permettent d’accrocher le pectoral à la ceinture et aux épaulettes de l’éphod.

            Les précisions fournies par la Bible ont permis aux peintres de se faire une bonne idée de l’aspect que devait offrir le Grand Prêtre dans cette tenue sacrée. Alexandre Mauvernay, qui fut très influencé par les plus grands classiques de la peinture de chevalet, ami personnel d’Ingres, n’eut qu’à puiser aux sources pour trouver les modèles de ses vitraux. Concernant le vitrail du mariage de Joseph et Marie, on peut cerner aisément quels tableaux lui ont donné l’inspiration. Le mariage de la Vierge de Raphaël, peintre qu’il admirait tout particulièrement, en fait partie, de même que les œuvres qui en sont inspirées, celles du Pérugin, du Caravage, et de leurs élèves. Il en est une plus particulière, il s’agit du Mariage de la Vierge de Guido Reni, dit le Guide (1575 – 1642), un élève du Caravage. C’est une œuvre peinte vers 1600, représentant en plan serré Joseph donnant l’anneau à Marie, sous la bénédiction du Grand Prêtre, juché sur une petite estrade. À l’arrière-plan, un personnage qui n’est autre que le Caravage porte haut le chandelier à sept branches. Deux autres personnages de second plan représentent Guido Reni lui-même et un autre élève du maître. Dans le vitrail de Véranne on retrouve la même composition, et le même geste de Joseph tendant la bague. Seul le fond sombre, presque noir, du tableau, destiné à faire ressortir le clair-obscur des personnages éclairés par une vive lumière extérieure au cadre, a été remplacé dans le vitrail par une tenture, certes foncée mais plus claire cependant que le fond du tableau, et cela pour d’évidentes raisons de luminosité.



« Mariage de la Vierge » par Guido Reni

Dans le tableau de Guido Reni, la coiffe du Grand Prêtre s’orne d’une lame dorée sur laquelle on peut déchiffrer, dans une écriture empruntant ses lettres à l’alphabet hébraïque, des signes ressemblant aux lettres M AM S. Le A et le second M ont un jambage commun. Il faut comprendre : Michael Angelo Merisi Schola, soit École de Michel-Ange Mérisi (véritable nom du Caravage). Le vitrail de Véranne laisse apparaître ce même type d’écriture, mélange de lettres hébraïques et latines, sur la couronne du Grand Prêtre, que l’on peut éventuellement déchiffrer A M Z Z S, soit, sous toutes réserves, Atelier Malvernas 77 Schola – École de l’atelier Mauvernay 1877 (le Z latin rappelle le Zaïn hébraïque qui a valeur 7). L’atelier des célèbres peintres verriers était en effet fréquenté en permanence par une trentaine d’élèves. Mais nous verrons que d’autres interprétations peuvent se concevoir. Mauvernay a représenté plusieurs fois le Grand Prêtre en habits sacerdotaux. On peut citer un vitrail de l’église Notre-Dame de Grâce à Sérignan (Hérault) illustrant la scène biblique de Judith apportant au Grand Prêtre la tête d’Holopherne. à Véranne, le Grand Prêtre apparaît aussi par le vitrail de la présentation au Temple. On remarque que le pectoral, représenté chaque fois, est un peu différent pour le vitrail du mariage de la Vierge.


Comparaison entre les lames d’or :

 
- à gauche celle du tableau de Guido Reni - à droite celle du vitrail de Véranne

Un Grand Prêtre de la religion judaïque en habits rituels, la Ménorah, le pectoral, une inscription en simili-hébreu… C’était un sujet en or pour notre ami Michel Barbot, grand spécialiste de la Bible, de la kabbale hébraïque et de la culture juive. En lui envoyant les photos du vitrail, j’étais persuadé que cela allait le passionner. Je n’ai pas été déçu par ses conclusions ! Je lui cède donc la plume, ou plutôt le clavier, pour la suite de ce reportage. Sa théorie conserve encore quelques zones d’ombre : les Mauvernay étaient-ils capables de maîtriser la langue hébraïque ? Leurs autres vitraux du mariage de la Vierge, répartis à travers la France, sont-ils identiques ou différents de celui de Véranne quant aux détails du pectoral ? Mais l’idée est séduisante et a au moins le mérite de nous laisser imaginer que la Ménorah, que l’on cherche un peu partout — y compris à Rennes-le-Château ! — puisse être cachée dans le Pilat…


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Michel Barbot :

            Un message apparaît, me semble-t-il, dans le pectoral. La rangée verticale centrale comporte une particularité ne figurant pas dans le vitrail illustrant la Présentation de la Vierge au Temple. Ces quatre pierres sont insérées dans un enchâssement de forme losangée ou maclée. Le village de Véranne était rattaché à la baronnie de Maclas. Bien que l’étymologie en soit différente, la phonétique de Maclas évoque le terme hermétique de la macle : ma clé…

            Sur chacune des douze pierres du pectoral était gravé le nom de l’un des douze fils de Jacob, pères des douze tribus d’Israël, plus une lettre ou groupe de lettres (le tout en hébreu évidemment, nous le restituons ici par son équivalence dans notre langue, pour plus de facilité). Ces lettres supplémentaires lues rangée par rangée (de droite à gauche comme il se doit en hébreu) donnent la généalogie d’Abraham.

1ère rangée : A   B   RaHam = Abraham.

2e rangée : Y   Ts   H’a = Isaac, fils d’Abraham.

3e rangée (sur deux pierres seulement) : YÂQ Q   oV = Jacob, fils d’Isaac.

3e rangée, dernière pierre : SHéBéTi.

Et 4e rangée (sur deux pierres seulement) : YSHouR   OUN =

Shébéti Yéshouroun, « les tribus d’Israël »,
nom poétique du peuple d’Israël, descendant de Jacob, dans la Bible.




Schéma du pectoral et de ses pierres gravées. Les couleurs ne sont restituées qu’à titre indicatif


        La logique voudrait que le verrier Mauvernay, et/ou le concepteur du vitrail, ait souhaité faire passer un message en mettant ainsi en relief la rangée verticale centrale du pectoral. En suivant cette logique, passons au décryptage.



LES ANCIENS DE SAINT-SABIN OU LA LUMIÈRE DU SOLEIL

            Il convient dans un premier temps de noter, dans cette colonne ou rangée verticale centrale, la présence de trois lettres Shin (lettre ressemblant à un W, l’équivalent de notre S, dans les noms Shiméon et Issakar). Shin en tant que mot signifie « dent ». Trois Shin… autrement dit… TROIS DENTS ! Comment ne pas penser ici au Pic des Trois Dents qui se trouve précisément sur la commune de Véranne. Un Aïn (vocalisant le son E, dans le nom Shiméon) — qui en tant que mot signifie « œil » — apparaît également dans cette colonne et semble rappeler le Crêt de l’Œillon…

            Ensuite nous utilisons les initiales des quatre fils de Jacob figurant sur cette colonne, en les associant aux lettres figurant après chacun de ces quatre noms. Ainsi, pour la première case nous prenons le Shin qui est l’initiale de Shiméon, et le B qui est la lettre Beth. Et ainsi de suite : le Yod initiale d’Issakar, le Ts qui est un Tsadé - le Noun initiale de Neftali, le oV qui est une autre manière d’écrire le Beth, selon sa prononciation - le Yod initiale de Joseph, le OUN qui est formé d’un Vav et d’un Noun. Nous obtenons donc la suite de lettres hébraïques suivantes :


Shin – Beth – Yod – Tsadé – Noun – Beth – Yod – Vav – Noun



Les trois premières lettres donnent le mot Sabeï qui peut se traduire : « anciens » (avec le sens « hommes âgés »). Ce mot apparaît dans le Livre d’Esdras rédigé en araméen, au chapitre 5. C’est un évènement historique qui est relaté par ce livre : en 520 av. J.-C., alors que l’on commence à reconstruire le Temple de Jérusalem, les travaux menacent d’être interrompus par l’autorité perse, représentée par un gouverneur nommé Tatnaï, pacha de la région de Transeuphratène, nom qui peut se transcrire « au-delà du fleuve Euphrate » (en deçà pour les Juifs) ou « au passage du fleuve ». Tatnaï interroge les sabeï ou anciens au sujet de la reconstruction du Temple de Jérusalem : « Qui vous a donc donné l’autorisation de bâtir cette maison et d’achever ce rempart ?L’œil de leur Elohîm [Dieu]est sur les anciens des Iehoudim [Juifs] ». - versets 4 et 5, traduction André Chouraqui. Les anciens Juifs répondent : « Nous sommes les serviteurs de l’Elohîm des ciels et de la terre, et nous rebâtissons la maison qui avait étébâtie voici de nombreuses années. Un grand roi d’Israël l’avait bâtie et achevée.» Ils doivent lui rappeler que Cyrus, roi des Perses, dans un mémoire avait permis aux anciens Juifs de rebâtir le Temple et d’y remettre le Trésor : cet édit sera retrouvé dans les archives et la construction sera achevée.

          Le mot araméen Sabeï a pour racine l’hébreu Souv ou Siv : « avoir les cheveux blancs… lumineux », symbole de Sagesse. Cette luminosité se retrouve dans l’hébreu Shabiv (araméen shabiba) : « flamme, étincelle », et dans l’hébreu Shebissim désignant une coiffe à réseaux, un serre-tête, bijou en forme de soleil que les femmes portaient autour du cou (voir Isaïe, 3, 18). Comment ne pas penser ici au mot Anaq : « collier », qui donna le nom Anaqîm… les fils d’Anaq d’origine céleste qui portaient un collier solaire et faisaient des trous dans le ciel ! L’idée de soleil rejoint le thème de l’ŒIL, présent sur les sabeï, et ne serait pas étranger au nom même du Crêt de l’Œillon qui, selon l’une des étymologies possibles, signifierait « lumière, soleil ». Les anciens de la région de Pélussin évoquent l’apparition, à certaines dates clés, du phénomène dit des « trois soleils », visible depuis l’Œillon ou Saint-Sabin.

            Il convient de rappeler à présent que dans la colonne centrale du pectoral mise en relief à Véranne, la seconde pierre est consacrée à Issakar. Ces pierres sont traditionnellement associées aux bénédictions prophétiques de Jacob et de Moïse adressées aux 12 fils ou tribus. Voici celle que Jacob adressa à son fils Issakar :

Issachar est un âne osseux

Qui se couche entre les frontières.

Il a vu que le repos est bon

Et le pays délicieux ;

Il a incliné son épaule pour porter

Et est devenu tributaire.

(Traduction apparaissant dans le commentaire du kabbaliste médiéval Rashi)



            Le rôle d’Issakar — âne robuste — était de porter la Torah. Couché entre les frontières, il vit entre deux mondes, raison pour laquelle il a incliné son épaule. Rashi donne une interprétation étonnante de cette inclinaison : « il a incliné les cieux (2e livre de Samuel, 22, 10) ». Ce verset auquel serait lié, suivant Rashi, l’inclinaison de l’épaule de l’âne Issakar, dit ceci : « Il incline les ciels et descend, la brume sous ses pieds. » Il est suivi par : « Il chevauche un keroub et vole, se fait voir sur les ailes du souffle. » Ici se trouve peut-être l’une des lectures possibles de l’énigmatique danse relatée par Jean du Choul sur le crêt de Saint-Sabin…

            Les frontières où se couche l’âne Issakar, considérées par l’exégèse comme des stations mystiques entre le créé et l’incréé, évoquent aussi suivant André Chouraqui, des parcs à bestiaux en murs de pierres sèches, carrés ou ronds. Comment ne pas y voir, une fois encore, un lien avec le crêt de Saint-Sabin et son pèlerinage consacré aux troupeaux ? Et ici l’analyse kabbalistique rejoint le trait d’humour, que me signala Patrick, expliquant par un calembour l’origine du nom Véranne : on dit qu’un paysan, las de voir son âne dérobé régulièrement par des voleurs, finit par le peindre en vert pour qu’il devienne invisible au milieu de son pré ; ce « vert âne » aurait donné le nom Véranne… L’humoriste qui rapportait cette légende était bien loin de se douter à quel point elle collait à l’exégèse biblique voyant l’âne Issakar vivant entre deux mondes, entre visible et invisible, à l’instar du vert âne pouvant enfin goûter au repos du pays délicieux de Véranne.

            Mais revenons à notre décryptage. Après le mot sabeï, se présentent les lettres Tsadé Noun écrivant le mot Tsin ou çin (suivant les transcriptions), le désert évoqué dans l’Exode et dont le fleuron était la cité de Qadesh dont le nom signifie « sainteté, saint ou sanctuaire. » La racine bilitère Tsadé/Noun évoque un « havre de sécurité » ; elle désigne également le « buisson ardent », mais aussi un bouclier désignant dans certains cas un char céleste…

            Sabeï Tsin et son prolongement direct Sabeï Qadesh, peut s’entendre par association d’idées : SAINT-SABIN… Le « havre de sécurité de Saint-Sabin », et c’est bien ce qu’était le site de Saint-Sabin, dont la vaste enceinte pourvue d’une source offrait sécurité aux populations locales en cas de danger. Une autre corrélation est fournie par l’étymologie de Sabin, à rapprocher du mot occitan savi, « sage » (se retrouvant plus clairement par sa variante Savin), tirant lui-même ses origines sans doute du souv hébreu, les cheveux blancs symbole de sagesse. Le tout étant associé au mot shabiv, flamme.

            Les quatre lettres restantes Beth Yod Vav Noun écrivent le mot Iaven : « dans le limon, dans la boue ». Prononcé béiavan, ce mot évoque la Grèce qui semble-t-il intéressait Jean du Choul au travers des Grecs de la montagne de la Chaux. De cette montagne il écrivait : « La nature s’y joue de plusieurs façons ». Ce refuge sûr pour les petits animaux, lieu de cachette, possède des rochers gonflés en bosses comme bijoux de pierres précieuses, empêchant les passants d’aller plus avant. Rien ne fut créé par la Nature sans quelque raison plus cachée. Dans le tome I de La Société Angélique, Patrick Berlier évoque au sujet des propos de Jean du Choul : « la raison plus cachée », et c’est bien en ce sens qu’il convient d’interpréter ses propos. Ces rochers gonflés en bosses comme bijoux de pierres précieuses, n’évoqueraient-ils pas dans la logique de Jean du Choul le Pectoral du Grand Prêtre précisément serti de pierres précieuses ?


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Cette suite de lettres hébraïques, ainsi analysées, évoquerait :

     Saint-Sabin, un havre de sécurité où les anciens sages gardent la flamme cachée dans le limon

Négligeons pour l’instant l’aspect sibyllin de cette phrase pour passer à la suite.


Photo ancienne du site de Saint-Sabin


DE LA FLAMME À LA MÉNORAH

            La seconde partie du décryptage consiste, apparemment, à utiliser les lettres hébraïques restantes, soit les lettres composant les noms des fils de Jacob dans la colonne centrale, apparaissant après l’initiale. Ces quatre noms sont : Shiméon – Issakar – Neftali – Joseph, dont il convient d’ôter l’initiale déjà utilisée, à savoir le Shin pour Shiméon, le Yod pour Issakar, le Noun pour Neftali, le Yod pour Joseph. Il nous reste donc les lettres : Mem Aïn Vav Noun (méon) – Shin Shin Caph Resh (ssakar) – Phé Tav Lamed Yod (phtali) - Vav Samech Phé (oseph). Ces lettres restantes peuvent former d’autres mots en hébreu en les découpant de cette manière : Mem Aïn Vav Noun - Shin Shin - Caph Resh - Phé Tav Lamed - Yod Vav Samech Phé. Ce qui donne :


maon – shish – kor – patil – ioseph


Soit en français :

Demeure – Six – Mesure (d’huile, etc.) – Fil, filet, mèche (d’une lampe, d’une bougie) – Il ajoutera

Ce qui pourrait donc se lire :

La Demeure des Six est mesure (d’huile) - La mèche d’une lampe à huile sera ajoutée.

            Maon, demeure, s’applique également dans la Bible au Temple de Jérusalem. Maon désigne aussi pour les kabbalistes juifs une rangée horizontale dans un carré magique. On retrouve également ici la lecture hermétique de l’inscription DAG de la Grotte des Fées que présente Patrick Berlier dans le tome II de La Société Angélique (et également sur Regards du Pilat) : DEMEURE UNIVERSELLE…

            Six aurait pu s’appliquer au nombre de mesures (d’huile) mais il me semble plus judicieux d’y voir une référence aux SIX CRÊTS… LE SECRET DES SIX CRÊTS !

            On trouve dans le Cantique des Cantiques ce verset (5, 15) : « Ses jambes sont des colonnes de six [marbre] posées sur des socles d’or pur, son aspect est comme le Liban, superbe comme les cèdres. » Les traducteurs préfèrent dire « colonnes de marbre » mais, pour les kabbalistes juifs, les deux lectures doivent être retenues.

            Suivant le Zohar (grand livre de la tradition hébraïque), ces mystères concernent les six lampes allumées par la septième… soit précisément les mystères de la Ménorah ou Chandelier à sept branches. Nous touchons ici, apparemment, à l’un des mystères inhérents aux monts du Pilat, le secret des six crêts.

         Nos six crêts ressemblent donc, dans cette optique, à six lampes ou bougies éteintes, mais rallumées par la flamme cachée dans le limon (à comprendre : dans la terre, en sous-sol) sur le septième crêt sacré, Saint-Sabin.



Photo ancienne de la chapelle Saint-Sabin, dans son environnement de rochers


Nous touchons là à la Tradition, notamment observée par certains rites maçonniques, des bougies symbolisant les vertus, toutes éteintes à l’exception de la dernière qui est l’Espérance, laquelle rallumera toutes les autres.

        La fin du message évoque un futur où la Ménorah pourrait être redécouverte et utilisée à nouveau…

            Je reviendrai pour terminer sur la couronne ou lame d’or pur du Grand Prêtre située sur le devant de la tiare. Elle était gravée de l’inscription Kodesh le Yahvé, ce qui signifie « consacré à Yahvé ». Nous n’avons évidemment pas la même inscription sur la couronne du vitrail de Véranne, mais une suite de lettres censées ressembler à de l’hébreu. En lecture, de droite à gauche comme il se doit, nous déchiffrons : un S latin, deux Z qui pourraient être deux Zaïn phéniciens ou araméens, un suivi d’un Resh, tous deux hébraïques, le dernier S ressemblant pour sa part à un Zaïn en écriture carrée hébraïque. Les lettres et Resh écrivent le mot HAR signifiant « montagne ». Le S pourrait évoquer l’initiale du mot « saint ». Nous retrouverions ainsi, en plus de la lecture donnée par Patrick se référant à une « signature » de l’école Mauvernay, une notion de « montagne sainte » à laquelle se mêle le chiffre sept (la septième montagne sacrée du Pilat), et les deux Z qui pour leur part peuvent évoquer les légendes du Pilat, le Zicle, serpent monstrueux gardien d’un trésor qu’un oiseau saura utiliser pour le bien de tous, ou le Secret des six crêts… Mais nous y reviendrons peut-être une autre fois !


 

Carte postale ancienne : jour de pèlerinage à Saint-Sabin