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2017








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Chers Amis Internautes,

Fidèles. Vous êtes fidèles et de plus en plus nombreux à vous connecter chaque mois ici même. Grand Merci.

2016 tire sa révérence et 2017 est là, aux portes d'un Avenir qui s'impose prometteur ; qu'on se le dise ...

Les Regards du Pilat présentent leurs meilleurs voeux de santé et de bonheur à vous toutes et à vous tous qui nous suivez avec entrain ou adhésion.

Certes tout est loin d'être rose en ce monde difficile, mais votre allié internautique préféré s'efforce de vous accompagner de son mieux mois après mois.

Beaucoup de contributeurs différents permettent d'agrémenter l'ensemble des lectures qui s'ajoutent sur nos colonnes ; qu'ils soient encore vivement remerciés.

Pilat, Terre de Grands Secrets, demeure une réalité toujours contemporaine, depuis la nuit des temps. Merveilleux héros qui ont écrit toutes ces pages glorieuses.

On ne les cite presque jamais, alors à l'aube de cette nouvelle page qui s'ouvre, blanche et avec manteaux, soyons généreux avec eux, rendons leur hommage ici.

Merci aux Très Révérends Pères Chartreux,

Merci aux Frères et aux Chevaliers de l'Ordre du Temple, Merci aux besogneux Cisterciens, Merci à nos Amis Franciscains et Dominicains.

Ils sont des Nôtres en Pilat et ils vont se reconnaître ... d'outre tombe ... et d'ailleurs ... nous n'en doutons pas ...

Malheureusement, une prise de conscience devient urgente.

Il nous faut maintenant dénoncer sans vergogne des sans courage, des lâches, des minables.

Si elle ne se produit pas cette prise de conscience nécessaire alors la France sera inondée d'éoliennes.

Il y en a plus de 5000 aujourd'hui, le projet concret est déjà de 25000 à échéance brève ; qui dit mieux ?

Elles sont coûteuses, non rentables, polluantes, bruyantes et horribles ... positionnées en nos belles natures aux quatre coins de l'hexagone.

Elles enrichissent avec l'argent public des millionnaires et satisfont des lobbies politico-écolos ; souvent ils mentent en déclarant créer des emplois.

Les déchets nucléaires sont un fléau pour les générations montantes, un héritage pitoyable qu'on laisse depuis des décennies à l'abandon pour le futur.

Défigurer nos paysages pour des intérêts privés avec, de moins en moins rares, des kilomètres d'éoliennes est une catastrophe équivalente ; pas moins.

Lés éoliennes sont payées par la facture de chaque Français avec une ligne discrète et hypocrite, en réalité importante en % ; ce % doit monter encore.

CSPE est le nom technique et tordu de cette taxe ; vérifiez si vous avez des doutes sur vos factures. C'est vous qui financez ces millionnaires.

L'Allemagne fer de lance en matière d'éoliennes a augmenté ses rejets en CO2 en développant sa production de centrales à charbon et à gaz.

Aucune économie ne peut s'arrêter de tourner les jours sans vent alors les moyens de substitution entrent en activité et polluent ardemment !

On entend bien peu la presse ou la télévision nous mentionner ces réalités catastrophiques. L'argent outrancier est ce nerf d'une guerre sans nom et sans honneur.

Ces monstres de 100 à 150 mètres de hauteur pèsent chacun des dizaines de tonnes de ciment qui ne seront jamais retirées du sol de nos campagnes ou de l'océan.

Comme tout scandale financier qui rapporte forcément à des tiers autant obscurs que déterminés, il est sans fin ce mécanisme bien huilé et sans borne.

Les communes rurales sont souvent pauvres et de plus en plus ; on achète leur survie à fonds perdus, là où certains craquent et trahissent leurs enfants.

Le Pilat n'est pas une prostituée et il ne se brade pas ; il n'a pas de prix et les vendus en payeront le prix eux, qu'ils le sachent.

Doizieux devrait être le premier précédent dans le Parc Régional Naturel du Pilat et vite. Le sujet est médiatisé, non ?

Ceux (élus gestionnaires du dimanche) qui disent oui à ces folies, avec une vue de primes, comptent implicitement sur un "c'est l'avenir'" ou "cela marche ailleurs".

Cela n'est ni l'avenir et cela ne marche pas ailleurs. Ils mentent sans complexe, machinalement et on passe à autre chose. Eh bien non. Ils rendront des comptes.

On met le nucléaire en contre balancement, comme si par exemple le bois n'existait pas et on fait payer le contribuable directement pour des intérêts privés.

On déboise, on rase des hectares de forêts, et quand il y aura 50 000 éoliennes, la messe sera dite. On dira c'est trop tard, si on avait été conscient ...

Les générations à venir ont déjà une dette de + de 2000 milliards d'euros. Elles auront en plus des paysages minables, ceux que nous ont laissé magnifiques les Anciens.

Où sont les écologistes-politiques dans ce gigantesque scandale que soutient l'Etat, les pouvoirs successifs, pour acheter certaines paix et contenter des amis déjà riches ?

C'est un voeu important que je formule là, celui de diffuser et faire connaître avant de constater et faire semblant de ne pas avoir vu. Eux ils savent déjà ...

Honte à ceux qui touchent au Pilat. Honte à ceux qui vont s'y risquer, ils seront attendus au croisement de l'Histoire. Coquins-Malins, la roue va tourner ... sachez-le ...

L'esprit d'Amitié qui anime Les Regards du Pilat reste dynamisé par une Flamme de l'éternel, pour laquelle on est tenu de se montrer digne en présence de ce Flambeau.

Il y a eu beaucoup de mouvements sur ce sol pilatois en 2016 ; des entreprises variées visant toutes à découvrir plus avant ce territoire, ce patrimoine et cette histoire.

Que 2017 vous apporte le Bon et le Bien, ceci reste valable pour les proches de chacune et de chacun de vous. Le Pilat ne peut bien s'apprécier que dans le partage.

Justement à présent nous vous proposons de rejoindre nos deux Amis avec leurs traditionnels et originaux Contes de Noël, Patrick Berlier et Michel Barbot.

2017 s'ouvre à Vous et Vos Familles : Bonne Année !

Thierry Rollat


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Considérations sur le chiffre 17

 
Amis internautes,

Voici que se présente une nouvelle année. Elle a pour nom : deux mille dix sept. On peut décomposer ce millésime en deux mille et dix-sept. Deux mille, c'est un nombre de rondeur, point encore trop enflé cependant, un embonpoint raisonnable. Dix sept, c'est un nombre aussi impair et aigu que les chiffres qui le composent, un 1 et un 7, des chiffres qui se ressemblent tout en étant différents. La juxtaposition des deux nombres semble vouloir entraîner une catastrophe : ce 1 et ce 7 trop pointus ne vont-il pas crever les ballons formés par les trois zéros du millésime 2000 ? Mais non... Le 17 a pénétré tout en douceur dans les deux derniers zéros, c'est une fécondation sensuelle qui a donné naissance à

2017

Nous entrons donc en « dix-sept ». Dix-sept ! Ah, que de mystères qui se cachent derrière ce chiffre ! À commencer par ceux que l'on attribue à l'affaire de Rennes-le-Château, que vous connaissez bien, chers amis qui fréquentez assidûment notre site La Grande Affaire. Oui, les fameuses « pommes bleues » du 17 janvier, qui chaque année déplacent les foules vers ce petit village de l'Aude. Un phénomène bien naturel pourtant, la projection du disque solaire à travers les vitraux de l'église, formant des taches lumineuses rondes et bleues... enfin... de toutes les couleurs.


Faisons un peu d'arithmétique. Si l'on ajoute tous les chiffres de 1 à 17 on obtient le nombre 153. Les mathématiciens disent que 153 est le nombre triangulaire de 17, une valeur secrète en quelque sorte, qui s'obtient plus rapidement par la formule

n (n + 1)

2

soit en l'occurrence : 17 x 18 / 2 = 153.

Or 153 est un nombre biblique. C'est le nombre de jours de la navigation de l'arche de Noé, si l'on suit bien le texte de la Genèse et à condition de prendre la peine de compter les jours entre les dates du début et de la fin du déluge. C'est un nombre qui est exprimé, comme le dix-sept, par le prophète Ézéchiel, mais de manière très alambiquée, à la façon d'un prophète, quoi ! C'est enfin le nombre de poissons péchés par les disciples de Jésus lors de l'épisode de la pêche miraculeuse tel que le raconte l'Évangile selon saint Jean. Sauf que saint Jean a au moins le mérite d'écrire ce nombre en toutes lettres et noir sur blanc, ce que n'ont pas fait ses prédécesseurs. Il résulte de l'analyse de tous ces textes – et ce serait trop compliqué de vous l'expliquer ici – que dix-sept, comme son nombre triangulaire cent cinquante trois, symbolise le Salut de l'homme.

2017 sera donc l'année du Salut ? Nous en jugerons dans un an. Et comme je ne suis pas un prophète je ne ferai pas d'autres paris sur l'avenir, et donc j'arrêterai là mes vaticinations. Quoiqu'il en soit, je vous souhaite une merveilleuse année, avec la santé si précieuse, et la réalisation de tous vos souhaits. Joyeuses fêtes à tous.

Patrick Berlier



SABIN ET SES FRÈRES

 
CONTE DE NOËL ENTRE PILAT ET LYONNAIS,

 

C'était il y a longtemps, bien longtemps... Dans la Gaule occupée par les Romains, des hommes venus d'Orient avaient débarqué au port de Massilia, puis remonté la vallée du Rhône jusqu'à Vienna et Lugdunum. Et tandis que des légionnaires romains tentaient d'implanter en Gaule le culte du dieu Mithra, ces prêcheurs-là parlaient d'un homme nommé Jésus, qui avait donné sa vie pour racheter les péchés du monde. Mithra et Jésus étaient-ils si différents ? Pas vraiment en réalité. L'un comme l'autre était le fils d'un dieu unique et tout puissant, l'un comme l'autre était né dans une grotte un 25 décembre. Sauf que six cents ans les séparaient. Si l'histoire est un éternel recommencement, les religions aussi. Finalement, c'est la religion de Jésus qui a prévalu, comme en témoignent les multiples croix plantées au bord des chemins.

 

Une croix dans le Pilat

 
Lorsque le christianisme est arrivé dans nos contrées, les Romains ne l'ont pas vu d'un très bon œil. Ses missionnaires ont été persécutés. Mais les Celtes au contraire les accueillirent avec bienveillance. Nos ancêtres les Gaulois voyaient dans la religion chrétienne le reflet de leurs propres croyances. Alors, convertis au christianisme, quelques Celtes, de saints hommes, peut-être d'anciens druides, décidèrent d'imiter l'exemple de saint Antoine dans sa Thébaïde d'Égypte. Les Monts du Pilat et les Monts du Lyonnais les accueillirent, pour qu'ils pussent vivre dans la solitude de ces régions montagneuses, où les Romains ne s'aventuraient guère.

Le plus saint et le plus sage de ces ermites se nommait Sabin. Il avait choisi de vivre sur une montagne du Pilat, où les Celtes vénéraient les grandes pierres qui avaient été dressées là par l'une des civilisations qui les avait précédés sur le sol de la Gaule, par les hommes des mégalithes, ceux que l'on nomme encore savamment les Philolithes. Sabin avait choisi ce lieu car l'une de ces roches, une pierre levée de la taille d'un homme, était marquée de trois croix que la nature avait gravées. Les trois croix du calvaire... Sans le savoir, les Gaulois, et les Philolithes avant eux, honoraient déjà des pierres prédestinées pour la religion chrétienne. Sabin acheva de christianiser cette roche en gravant à son sommet une petite croix, discrète mais très nettement marquée.

 

Le site choisi par Sabin

Sabin avait plusieurs frères, ermites comme lui, disséminés dans la campagne. Le plus jeune, Claude, bien que fervent chrétien, n'avait cependant guère de goût pour l'érémitisme. Il préférait la vie en société que lui offrait ce village accueillant construit sur un éperon dominant le confluent de deux rivières, l'Éparvier et le Batalon. La première se jetait dans la seconde par une belle cascade. Ces deux rivières entaillaient profondément le piémont entre les montagnes du Pilat et le Rhône, que le Batalon grossi des eaux de l'Éparvier rejoignait rapidement. Le site était vraiment pittoresque, avec ses gorges étroites et ses coteaux plantés de vignes ou de vergers. Le climat y était des plus agréables, presque méridional : cactus, micocouliers et oliviers y poussaient librement, et l'été venu les cigales égayaient le village de leur chant strident.

Sabin et Claude possédaient un don de Dieu : une voix tellement forte, et une ouïe tellement développée, qu'ils pouvaient se parler et prier ensemble, malgré la distance. Or chacun des deux frères trouvait que l'autre était le plus mal loti. Sabin pensait que Claude était bien à l'étroit dans ses gorges encaissées, que le soleil avait du mal à éclairer, sans autre horizon que les deux coteaux des vallées étroites, alors que son ermitage était éclairé toute la journée par le soleil, et qu'il y jouissait d'une vue étendue portant à des lieues et des lieues à la ronde. Et Claude de son côté pensait que Sabin devait bien avoir du mal à subsister, seul dans la nature hostile des montagnes, avec seulement quelques fruits sauvages ou des racines pour se nourrir, l'eau des sources pour se désaltérer, alors que lui avait une femme, des enfants, des domestiques, des moutons, une basse-cour, du pain et du vin à profusion.

Alors, tous les dimanches matin, après avoir célébré l'office du Seigneur, Sabin depuis son nid d'aigle s'adressait à son frère Claude dans sa vallée, et il lui criait : « tu es bien mal, là-bas ». Mais comme il s'exprimait en patois, cela donnait : « tzesse biou ma la vais ». L'écho répétait « mal la vais... mal la vais... », et les habitants de la vallée crurent que Sabin par ces mots désignait leur village, à qui ils donnèrent donc le nom Malleval. Claude répondait aussitôt en criant à son frère Sabin sur sa montagne : « tu es bien pis là-haut », soit en patois « tzesse biou pi la mou ». Et les mots pi et la, les seuls que le vent avait portés jusqu'aux sommets, formèrent le nom Pilat donné à la montagne.

 

Malleval, vue générale

 Ainsi vivaient Sabin et Claude son plus jeune frère. Chacun d'eux avait eu l'occasion de côtoyer une jeune fille nommée Laurette. Fille unique du vieil Euverthe qui vivait sur le piémont au-dessus de la vallée, Laurette s'occupait des moutons et de la basse-cour de Claude, et parfois rencontrait Sabin lorsqu'elle montait les moutons en estive dans la montagne. Comme elle connaissait les vertus des plantes sauvages, elle en profitait pour en cueillir, et Sabin lui en avait montré d'autres, comme la délicate alchémille qui poussait en abondance sur les sommets. Claude avait commencé à lui parler de sa religion. Il lui avait confectionné une petite médaille en bois d'olivier, sur laquelle il avait gravé, non sans talent, l'image d'un poisson. Le signe de reconnaissance des Chrétiens. Sabin avait achevé de la convaincre. Il l'avait baptisée avec l'eau puisée dans la source de son ermitage. En même temps, il avait béni la médaille de Claude. Depuis ce jour, Laurette la portait suspendue à une cordelette autour du cou, mais en prenant soin de la glisser sous sa robe lorsqu'elle devait aller vers la vallée du Rhône, où elle risquait de croiser des non chrétiens.

Elle était belle et douce, la jeune Laurette, et possédait de grandes qualités de cœur. Elle avait une grande soif d'apprendre et s'intéressait à tout. Elle pensait bien qu'un jour elle se marierait et fonderait une famille, mais elle se jura que ce ne serait qu'avec un chrétien comme elle. C'est en allant faire paître les moutons de Claude sur le piémont au-dessus de Malleval, pas très loin de la maison de son père, que Laurette rencontra un jour un petit groupe de Romains. Ceux-ci avaient débroussaillé et aplani un grand terrain rectangulaire, en pente douce et régulière, qu'ils avaient délimité par des chemins rectilignes se coupant en angle droit. Un cavalier, auquel les ouvriers donnaient le nom de Valérius, surveillait les travaux et paraissait en être le chef, donnant des ordres ou des indications. Voyant que Laurette s'était arrêtée pour observer les Romains et tenter de comprendre leur travail, Valérius descendit de cheval et s'approcha d'elle.

– Nous sommes des géomètres, expliqua-t-il. Nous sommes en train de créer un terre-plein, ce que nous nommons un saltus. Ce terrain est en forme de rectangle, large de douze acti et long de vingt. Sans être véritablement élevé, le lieu est remarquablement dégagé, il offre une vision sur tous les horizons. En nous plaçant alternativement à chacun de ses coins, et en visant des repères du paysage, nous pouvons par des mesures d'angle déterminer leur distance et ainsi dresser une carte de la région.

L'intelligente Laurette comprenait. Elle savait qu'un actus (acti au pluriel) était une unité de mesure romaine, l'équivalent de cent-vingts pieds, soit à peu près trente-six de nos mètres d'aujourd'hui. Le saltus créé par les Romains sur ce plateau formait donc un quadrilatère de 720 m par 430 m, orienté du sud-ouest au nord-est. On en voit toujours les traces aujourd'hui, de même que l'on voit encore aussi l'image d'une houlette, ce bâton de berger terminé par un crochet recourbé, sur la pierre gravée par les géomètres romains près de l'un des angles. Valérius expliqua à ce sujet :

– Nous donnons un nom à chaque saltus pour le différencier, et ce nom est matérialisé sur le terrain par un symbole gravé. Celui-ci sera le saltus agni, le terre-plein de l'agneau, c'est pourquoi nous avons gravé sur la pierre l'image d'une houlette de berger, plantée verticalement dans le saltus plat symbolisé par un trait horizontal.

 

La pierre gravée romaine

Détail de la gravure

 Laurette n'aimait pas le regard que Valérius lui lançait, tout en faisant mine de vouloir l'instruire. Un regard malsain et lubrique. Elle prit congé poliment et résolut de ne plus repasser par le saltus agni, pour éviter de rencontrer le Romain à nouveau. Mais pour le géomètre, observer de loin la jeune fille, depuis le terrain dégagé, avait été un jeu d'enfant, et il connaissait désormais sa demeure. Quelques jours plus tard, Laurette eut la désagréable surprise de le trouver devant chez elle, campé sur son cheval. Devinant ses intentions, elle préféra s'enfuir, courant sur ces chemins de chèvres qui n'avaient plus de secrets pour elle. Valérius dut abandonner sa monture pour la suivre à pied, mais en homme habitué à battre la campagne il n'eut aucune peine pour la rejoindre alors qu'elle atteignait le bord du précipice dominant cette cascade que forme l'Éparvier se jetant dans le Batalon. Laurette était acculée. Elle prit le temps de sortir de sa robe la médaille bénite, et l'embrassa. Puis, résignée et décidée, elle se jeta dans le vide à l'instant où Valérius allait lui mettre la main dessus. Déséquilibré, le Romain chuta lui aussi. Leurs deux corps disparurent l'un après l'autre dans les flots bouillonnants.

Claude, le jeune frère de Sabin, taillait ses vignes à proximité. Lorsqu'il aperçut Laurette se jetant dans le gouffre, il eut le temps de tracer un geste de bénédiction avant qu'elle n'atteigne le torrent. C'est lui qui tira de l'eau la dépouille mortelle de la pauvre Laurette. Il appela son aîné qui vint aussitôt. Sabin résolut d'emporter le corps de la jeune fille sur les sommets du Pilat, pour lui donner une sépulture à l'écart des agitations du monde. La petite Laurette lui parut légère comme une plume. Arrivé sur le Crêt de Bote, Sabin l'enterra au milieu des bruyères qui couvraient le sommet, en priant Dieu de lui signaler, par un signe merveilleux, qu'il avait bien accueilli Laurette en son Paradis. Il faut croire que Dieu l'entendit, car peu de temps après, lorsque les bruyères se mirent à fleurir, elles étaient mauves sur toute la montagne, mais blanches – la couleur de la pureté – à l'endroit de la sépulture de Laurette. Quant à Valérius, son corps fut retrouvé dans le Rhône quelques jours plus tard. Il eut droit, lui, à un mausolée clinquant au bord de la grande route suivant la rive droite du fleuve.

Sabin et Claude s'unirent dans la prière. Mais, comme il a été dit au début de ce récit, Sabin avait plusieurs frères, qui eux aussi possédaient le don de communiquer à distance grâce à la puissance de leurs voix. Ces deux autres frères vivaient dans les Monts du Lyonnais. Chacun sur une montagne où l'on vénérait aussi ces grandes pierres chères aux Philolithes et aux Celtes. Il y avait Apollinaire, le solitaire du Grand Châtelard, et Pierre, le solitaire du Pizay, la colline d'en face, de l'autre côté de la petite combe formée par la belle rivière de Coise près de sa source, sur la paroisse de Larajasse. D'une seule voix, malgré la distance formidable qui les séparait les uns des autres, les quatre frères prièrent pour l'âme de Laurette. Puis Claude décida que la cascade de l'Éparvier porterait désormais le nom de Saut de Laurette.

 

Le Saut de Laurette

 Peu de temps après, les trois ermites des montagnes furent invités par leur frère de la vallée à venir passer les fêtes de Noël en famille à Malleval. Ils acceptèrent d'autant plus volontiers que l'hiver, cette année-là, était particulièrement rude. Ils se dirent qu'après avoir enduré le rude climat des sommets durant des décennies, ils avaient bien mérité, pour une fois, de passer quelques jours au chaud dans l'accueillante maison de leur frère. Noël fut vécu dans la joie, et la naissance du Sauveur fut célébrée dignement. Le lendemain, Claude prit ses frères en aparté pour leur faire une confidence.

– J'ai fait un drôle de rêve, cette nuit, leur dit-il. J'ai rêvé que j'allais voir Sabin sur sa montagne, mais en réalité le paysage que j'ai vu ne ressemblait pas du tout à celui de son ermitage. Je vais vous le décrire, je peux même le dessiner je crois, et vous me direz si cela vous dit quelque chose. Parce que j'ai la conviction que ce lieu existe réellement, et il doit avoir un lien subtil avec vous.

À l'aide d'un charbon de bois, Claude entreprit de réaliser un dessin sur une pierre blanche. Comme il avait un talent certain pour cet art, les trois frères purent bientôt admirer le tracé d'un paysage de colline, où une humble cabane voisinait des grosses roches, qu'un géant semblait avoir fait tomber là sans ordre apparent. Pierre prit la parole.

Le site choisi par Pierre

 – Mon cher frère, si tu étais venu me visiter dans mon ermitage, tu l'aurais reconnu dans ton rêve, car c'est bien là mon cadre de vie que tu viens de dessiner. Mais comme tu n'as jamais daigné répondre à mes invitations, continua-t-il d'un ton faussement bourru, tu ne pouvais pas le connaître.

– C'est promis, j'irai te voir bientôt, ainsi qu'Apollinaire. Dans mon rêve il y avait aussi un cerisier, précisa Claude, qui aussitôt l'ajouta à son dessin.

– Il n'y a pas de cerisier, répondit Pierre, mais je te promets que je vais en planter un sans tarder. C'est une vision de l'avenir, que tu as eue dans ton rêve, lequel établit en effet un lien bien curieux entre l'ermitage de Sabin et le mien.

– Nous avons tous les quatre, plus ou moins, la faculté de voir l'avenir, ajouta Sabin. Après notre mort, les populations à qui nous apportons le soutien de notre religion nous considéreront comme des saints. Ils nous élèveront des chapelles, à l'endroit où nous avons vécu. Chapelle Saint-Pierre et chapelle Saint-Apollinaire, chapelle Saint-Claude et chapelle Saint-Sabin. Des petits édifices rustiques, tout simples, mais chacun avec ses caractéristiques et surtout des orientations différentes.

 

Chapelle Saint-Pierre

 – Oui, je crois savoir ce que tu veux dire, fit Apollinaire qui n'avait pas encore parlé. La chapelle Saint-Claude sera tournée au nord-est, Saint-Pierre au sud-est, Saint-Apollinaire au nord-ouest et Saint-Sabin à l'ouest, dans un premier temps.

– Et le plus étonnant peut-être, reprit Sabin, c'est que ces chapelles formeront un maillage précis sur le terrain. Mais en réalité, ce sont les pierres sacrées, qui les voisinent, que les Philolithes ont ainsi disposées, par une science qui nous échappe aujourd'hui.

 

Chapelle Saint-Sabin

 Si quelqu'un de notre époque avait pu entendre ces paroles de Sabin, il aurait sûrement été très étonné. Pourtant, force est de constater qu'il avait raison. Ouvrons une de ces cartes IGN modernes si précises. Ou bien, tout aussi facile, connectons-nous sur l'un des sites de cartographie que nous offre Internet. Un clic sur la chapelle Saint-Pierre, un autre sur la chapelle Saint-Sabin : nous avons tracé une ligne de l'une à l'autre, sur une distance d'environ 27 km. Une ligne orientée très précisément sur l'azimut 161° 8'. Maintenant, suivons cette ligne à une échelle très détaillée.

Un peu au sud de la chapelle Saint-Pierre, voici le hameau de Saint-Apollinaire et sa chapelle du même nom, laquelle est un peu à l'écart de la ligne il est vrai, mais n'oublions pas que ce sont le pierres sacrées qui étaient alignées. La ligne parcourt les collines du Jarez, avant de franchir la vallée du Gier près de la Grand-Croix. Plus au sud, la petite chapelle du Moulin Payre se trouve sur la ligne, puis la Vierge du Crêt Marcoux qui regarde et protège la Terrasse-sur-Dorlay.

 

Chapelle du Moulin Payre – Chapelle de Nuzières

 Voici enfin le Crêt de l'Œillon, le Rocher de Chauchibat, et la chapelle Saint-Sabin. Les chapelles des trois ermites des montagnes se trouvent ainsi alignées – à un quart de poil de grenouille près. Maintenant, repartons vers l'est-nord-est, quasiment à angle droit, pour rejoindre à 9 km de là la chapelle Saint-Claude de Malleval. Construite sur un affleurement de rocher, son seuil est marqué par une pierre plate, gravée d'une petite croix pattée de 8 cm.

 

Chapelle Saint-Claude

 Nous venons ainsi de tracer les deux côtés d'un quadrilatère de 9 x 27 km, à quelques poussières près. Un tricarré, trois carrés superposés de 9 km de côté. Quel est le quatrième angle de ce quadrilatère ? L'église Saint-Jean-Baptiste du village de Chaussan, dans les Monts du Lyonnais. Cette ligne de la chapelle Saint-Claude jusqu'à Chaussan passe par le sommet du Mont Ministre et frôle la petite chapelle de Nuzières.

 

Le tricarré des chapelles

 Il y aurait encore sûrement bien des choses à découvrir dans ce diagramme, notamment ses rapports avec le Nombre d'Or. La même remarque est d'ailleurs valable pour le saltus agni des Romains, dont les chemins limitrophes, rectilignes et se coupant en angle droit, ont été en grande partie conservés. Car ce travail de Titan a tellement marqué le paysage que l'on en voit encore les traces aujourd'hui, aussi bien sur le terrain que sur les cartes. Le territoire de la commune de Bessey a englobé dans sa totalité l'ancien saltus, par une espèce d'excroissance régulière en angle droit qui en forme la pointe orientale.

 

Implantation du saltus agni sur le territoire communal de Bessey

 Le saltus agni est devenu le Saut de l'Agneau par l'ignorance d'un cartographe qui a confondu les deux sens du mot saltus, lequel signifie à la fois « territoire » et « saut ». Quelques décennies plus tard, un autre cartographe tout aussi ignorant a transformé ce toponyme en Sourdio de l'Agneau, ce qui en patois veut dire la source de l'agneau. Le nom est toujours en usage aujourd'hui, sauf qu'il n'y a jamais eu aucune source en ce lieu.

 

Détail de la carte IGN 1:10000 - Saltus et pierre gravée

Aux amis qui nous ont suivi jusque là nous devons la vérité. Bien sûr, tout ce qui précède n'est que rêverie... Les légendes ne sont que ce qu'elles sont : des contes, des fables pour enfants. Le saltus des Romains est une idée qui nous a été soufflée par notre ami Jacques Laversanne. La pierre gravée, à l'un de ses angles, est bien là, au bord du GR 65. Elle étonne les randonneurs en route pour Saint-Jacques-de-Compostelle. Mais est-elle romaine, ou médiévale, ou plus récente encore ? Que représente vraiment sa gravure ? Mystère... Le tricarré des chapelles est lui aussi un beau rêve. Sa réalité géométrique est loin d'être aussi rigoureuse que le schéma présenté un peu plus haut.

Joyeux Noël à tous. Faites de beaux rêves...






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Chers Amis Internautes,

L’année 2016 se termine et voici que soudain se profile à l’horizon un nouveau port. Le voyage a été, c’est certain, perturbé par les éléments. La mer bien souvent, menaçait de submerger le frêle esquif sur laquelle nous faisons route.  Mais voici que soudain une terre se dessine dans le lointain. Nous voulons penser que ce port qui ouvrira l’année 2017 sera un havre de paix.

Cette escale se veut pleine de promesse car placée sous le sceau du nombre 17. Dans le langage chiffré des Compagnons le nombre 17 évoquait la Porte. Dans la chapelle Sainte-Catherine de Lizio, à l’orée de la forêt de Brocéliande, les Compagnons sous la conduite des Hospitaliers de Saint-Jean ont immortalisé dans la pierre les arcanes templières du nombre 17. Dans la chapelle ainsi que le révèle l’abbé Auguste Coudray, grand ami de l’abbé Gillard de Tréhorenteuc : « le pèlerin est invité à faire le tour du narthex avant de remonter vers l’autel par l’allée centrale. Or, le sentier qu’il doit suivre est constitué de 63 dalles de schiste  disposées autour du narthex ; et, à partir du seuil, il doit compter 17 pierres de granit pour arriver à une clef et une marelle : 17 et 63 le conduisent donc à la clef de la porte qui sera pour lui porte du ciel, porte de la lumière. »

Le nombre 17  dans cette lecture toute templière annonce le Ciel symbolisé par le nombre 63 ou 36 en tenant compte d’une lecture de droite à gauche jadis utilisée par les Compagnons. 17, ne l’oublions pas, a pour valeur secrète le nombre 153, soit : 1+2+3…+17 ! Soit la seconde pêche miraculeuse de saint Pierre…

Oui, Pétrus, le Nautonier de la Barque nous l’affirme, le Port placé sous le sceau du nombre 17 a pour nom ESPÉRANCE. Ici est la Porte du Ciel et aujourd’hui… nous le comprenons !

Je souhaite ardemment, Chers Amis, que cette année 2017 soit placée sous le sceau de l’Espérance. Que cette année vous apporte votre part de Paradis. Suivons ces pierres qui jalonnent le chemin. La lumière est au rendez-vous.

Bonne et heureuse année 2017.

Michel Barbot



TROIS POMMES D’OR POUR ANSELME ROLLAT

OU LE NOËL NANTIFIQUE

 Vingt longues années se sont écoulées depuis que l’imprimeur Stéphanois Anselme Rollat et ses amis ont vécu l’inoubliable Noël Ourifique (http://regardsdupilat.free.fr/seize.html). Ce voyage impossible dans la ziggurat d’Our a été dûment raconté par l’imprimeur dans un long chapitre de sa CHRONIQUE À L’OURE RELIÉ.

Anselme Rollat avait tenu à faire ses adieux à la maison du hameau de Soyère qu’il avait tant aimée depuis sa prime enfance. Les enfants et  petits-enfants sont venus. Il est heureux mais il se sait parvenu au bout du chemin, un chemin long de soixante-deux années. Ce Noël de l’An de grâce 1608 fut un beau Noël, bien que Soyère sans la présence de sa tendre Alix, son épouse, lui semble presque vide.

 

Situation du hameau de Soyère dans le panorama
(vue prise du hameau de la Guintranie)

 Ses enfants lui font fête, leur présence est une fête toujours renouvelée mais Anselme s’interroge. Il se souvient de cette nuit de Noël 1588, de sa rencontre avec Raziel, le Grand Eldil du Temps. L’Ange du Mystère, tel est la signification de son nom, avait fait une promesse à la Guilde des Sept nouvellement constituée par Hiéronymus Berlier l’ami de toujours.

Le Grand Eldil n’avait-il pas affirmé à Anselme Rollat : « Quant à cet autre coffre sur lequel son gravées d’énigmatiques écritures, il contient, oui vous avez raison Anselme Rollat – je lis dans vos pensées – il contient le fameux Livre Jaune si important pour votre famille. Au commencement de l’humanité adamique – l’homme physiquement réalisé – sur cette Terre ou plus justement dans le Jardin d’Éden, assisté de mes fidèles Compagnons, j’ai remis au premier homme, le Livre de la Génération d’Adam. Il ne s’agit pas d’un livre ordinaire. Je vous enseignerai la façon de le lire… »

Il lui semble encore entendre ces dernières paroles : « Je vous enseignerai la façon de le lire… ».  Anselme se souvient des paroles d’une autre nature prononcées par son médecin le docte Zéphyrin Solis : «  Anselme, je vais te dire la vérité : Tu ne verras pas le prochain printemps… » Les paroles de Zéphyrin étaient des paroles de vérité, Anselme n’en doutait pas. Mais le Grand Raziel lui avait promis ! Vingt années se sont passées et pourtant au fond de lui-même il ne pouvait se résoudre à l’idée que les paroles de Raziel ne fussent des paroles également de vérité ! Son corps lui disait que la fin était proche mais son esprit ne pouvait écouter son corps !

 

Sainct-Eftienne, perfonnage plein de foi & du Saint Efprit – Acte 1

Anselme et sa maisonnée s’en retournèrent à Saint-Étienne. Lorsque la malle-poste s’arrêta face à l’imprimerie de l’Hostel AU ROLLAT D’OR, Anselme crut défaillir… L’enseigne AU ROLLAT D’OR avait été remplacée ! En lieu et place du Rollat ou Rouleau d’Or marqué des initiales A R, soit Anselme Rollat et du Chiffre de Quatre très apprécié dans les métiers du livre, figurait un Livre Noir d’où émanaient les flammes de l’Enfer ! Ce fut tout au moins l’impression première de Maître Anselme. Anselme n’en croyait pas ses yeux ! Quelle était cette diablerie ?

 

L’enseigne AU ROLLAT D’OR

 Honte et déshonneur sur lui et sa maison. Anselme Rollat envisageait le pire ! Une mise à l’index par le Métier, la clientèle honorable irait voir ailleurs. Ses rivaux, nombreux, jaloux de sa réussite, seraient aux anges ! Mais qu’avait-il fait au Bon Dieu pour mériter une telle humiliation ? Qui avait eu l’impudence de descendre pendant son absence  la célèbre enseigne connue de toute la profession ? Qui plus est, de la remplacer par une enseigne noire de signification quant aux activités de l’imprimerie !

Rapidement, Gontran, le typographe en chef sortit de l’imprimerie, la mine défaite, les traits tirés : « Maître Rollat, cette forfaiture a été commise dans la nuit qui a suivi votre départ pour le Mont Pilat. Au petit matin, nous avons découvert cet acte inqualifiable. Un ennemi invisible avait non seulement remplacé votre enseigne par cette… »

Les mots ne parvenaient à sortir de la bouche de Gontran. Marc, le fils aîné et successeur du Maître Rollat, ordonne à l’un de ses employés de descendre l’enseigne impie. Ce dernier horrifié resta figé dans une posture qui dénotait une indicible peur.

Gontran parvint à retrouver la parole : « Oui, cet ennemi invisible, avait non seulement remplacé votre enseigne mais il avait, en plus, placardé une feuille lourde de menace. Rentrez, Maître, je vais vous montrer la feuille. » Anselme Rollat prit en mains cette feuille qu’il découvrait sans bien comprendre  le contenu trop épuisé par les événements. 

La feuille placardée sur l'enseigne

 Anselme Rollat, affaibli plus encore par le chemin du retour à Saint-Étienne, se sentait défaillir. Il se blâmait au fond de lui-même d’avoir quitté pour Noël le ROLLAT D’OR. Gontran retrouva un nouveau souffle qui lui permit de poursuivre ce qu’il avait à dire : « Il nous était impossible de vous joindre. La prochaine malle-poste appelée à partir en direction de Pélussin serait celle qui vous ramènerait à Saint-Étienne. Aussi n’avions-nous d’autres ressources que d’attendre votre retour. J’ai néanmoins envoyé l’expérimenté Rossal à Marlhes afin qu’il avertisse André Verne, avec l’espoir que ce dernier puisse joindre de quelque manière que ce soit votre ami de toujours Hiéronymus Berlier que nous savions vous et moi se trouver dans la cité de Lyon. »

À l’énoncé du nom de ces deux amis, Anselme Rollat reprit courage. Bientôt, il n’en doutait pas une aide providentielle arriverait. Mais pour l’heure il lui fallait prendre du repos. Son fils Marc fit venir Zéphyrin Solis le médecin qui ne put que confirmer l’état de santé déclinant de son patient. Seul le repos était de mise.

Ce fut le lendemain que Hiéronymus Berlier accompagné d’André Verne et de Rabbi Shlomoh Olam, plus communément appelé Rabbi Shlomoh, firent leur entrée AU ROLLAT D’OR.

La chambre d’Anselme Rollat devint le siège improvisé d’une réunion de crise, car oui l’heure était bien à la crise. Le maître des lieux craignait non pour sa vie, qu’il savait proche de la fin mais pour ses enfants et aussi pour son imprimerie. Ce fut par sa détermination, sa volonté, face aux rivaux peu scrupuleux, qu’il avait réussi, alors qu’il n’était qu’un jeune scribouillard, à créer son imprimerie. Ce long labeur ne pouvait s’arrêter ainsi !

Il fallait à tout prix, mais dans la droiture, combattre cet adversaire pour l’heure invisible. Qui était cet ennemi de l’ombre ? Hiéronymus Berlier tenait dans sa main l’affiche assassine qu’il relisait pour la troisième fois. L’ennemi semblait s’attaquer à la Corporation des Imprimeurs, à l’escryveynrie mais s’agissait-il d’une attaque lancée au mestier d’escryveynrie dans son ensemble ? Hiéronymus ne le pensait pas. Anselme Rollat était impatient de voir l’enseigne usurpatrice descendue mais Hiéronymus relisant la mise en garde inscrite sur la feuille, conseilla d’attendre encore un peu car il pensait que quelque substance mortelle avait été apposée sur l’enseigne. Pour l’heure l’important était ailleurs…

« La formule Gutemberg appelle à la vengeance n’est qu’un effet de manche, de la poudre aux yeux ! L’expression Greffier de l’Enfer me parait beaucoup plus sérieuse. Le mot Greffier joue assurément sur le nom de Sébastien Greyff dit Gryphe, le célèbre imprimeur Lyonnais aujourd’hui décédé, dont la marque d’imprimerie était un griffon. Vers 1624 il épousa, ainsi que vous le savez, Françoise Maraillet,

« Il aura rapidement un enfant illégitime de sa belle-sœur Marion Miraillet. Cette faute qui l’empêchera toute sa vie d'accéder à des charges municipales, pourrait expliquer le Greffier adultérin... de l’Enfer. L’auteur ou les auteurs inconnus – ce qui est plus probable – de cette page, jouent les Dante Alighieri ».

Anselme Rollat prenant à son tour la parole développa les propos de son ami Hiéronymus : « Et c’est ainsi, que suivant ces auteurs inconnus, mon honorable imprimerie où se retrouvent les membres des sociétés discrètes lyonnaises auxquelles appartenait le vénérable Sébastien Gryphe, ne serait qu’une Noire Taverne, antichambre de l’Enfer… Mon Dieu, j’en frémis ! Quel avenir est promis à mon honorable imprimerie ? »

 

Portrait et signature de Sébastien Gryphe

 Hiéronymus Berlier reprit la parole : « Garde confiance, Mon Cher Anselme, Dieu, j’en suis certain ne nous abandonnera pas. Tu as parfaitement raison d’évoquer les sociétés discrètes lyonnaises que nous connaissons bien pour y être nous-mêmes affiliés, et ces ennemis de l’ombre, semblent le savoir… Et ces Anges déchus placés par ces auteurs inconnus de l’affiche, dans l’Enfer, ne sont autres, nous pouvons en être certain, que les membres de la Société Angélique fondée par Nicolas de Langes. Mais j’ai idée que ces inconnus seraient plus proches de l’Enfer que nous le sommes.

« Cette page placardé sur le mur de l’Hostel AU ROLLAT D’OR est signée N. D. Que signifient ces deux lettres ? Faudrait-il envisager une congrégation monastique placée sous le vocable Notre-Dame ? Personnellement je ne le pense pas mais il me semble que le nom propre Krampus soit un indice, une clef devrais-je même dire ! Rabbi Shlomoh pourra, je pense nous éclairer sur ces deux lettres et sur ce Krampus ?

– Bien que n’étant pas de confession chrétienne, il est tout à fait exact que ce Krampus me parle, répondit le Rabbi, comme il vous parle assurément à tous, mais je voudrais tout d’abord revenir sur ces deux lettres N. D. Nous pourrions envisager, dans un premier temps, la transcription des lettres hébraïques Noun – Daleth, soit le mot DaN qui signifie : Jugement.  Et c’est vrai que cette page apparaît comme un véritable Jugement. Effectivement, ce jugement nous accable. Il apparaît sans appel. Ce Livre aux Noires aisselles d’où sortent les flammes de l’Enfer, vous semble tout particulièrement destiné, Maître Hiéronymus. Vos recherches dans le domaine de l’occulte vous placent d’emblée, pour le ou la  N.D., dans les feux de l’Enfer. »

« Quant au nom Krampus présent chez les peuples de langue allemande ou de proche dialecte, il apparaît notamment dans le folklore alsacien. Je connais bien la cité de Strasbourg célèbre pour sa cathédrale et son joyau, l’horloge astronomique. J’ai participé, dans l’ombre, à sa construction apportant mes connaissances aux mathématiciens Christian Herlin et Conrad Dasypodius, aux frères horlogers Habrecht et au peintre Tobias Stimmer ami de Rembrandt. Je pourrais des heures durant vous parler de cette horloge astronomique planétaire mais ce sera peut-être pour une autre fois.

 

Horloge astronomique de Strasbourg (Carte postale ancienne)

 Je vais plutôt m’attarder sur le parvis de la cathédrale au soir du 5 décembre. Sur ce parvis était dressé le Marché de Saint-Nicolas fêté ainsi que vous le savez, le 6 décembre. Le marché, suite à la Réforme, fut déplacé l’année 1570 au 24 décembre et prit le nom de Marché de l’Enfant Christ. Le bon Saint Nicolas était traditionnellement  accompagné du moins bon Krampus, créature démoniaque. Le nom de cette créature provient du haut-allemand Krampe signifiant « griffe ». Notons au passage au travers de la traduction, le jeu de mot possible et probable avec Sébastien Gryphe. La phrase ‘’ Greffier adultérin de l’Enfer Krampus t’emportera ‘’ pourrait nous le confirmer mais elle peut aussi s’appliquer à une tradition hermétique liée à saint Nicolas, tradition que notre ami André Verne serait peut-être plus à même, de vous entretenir, si ceci se confirmait… Maître Hiéronymus je vous redonne la parole.

– La journée déjà bien avancée, nous pouvons je pense remettre cette conversation à demain qui nous aura, j’en suis certain, révélé l’identité de cet énigmatique N. D. »

Maitre Hiéronymus Berlier ne pouvait si bien dire. Au milieu de la nuit, Gontran assisté de Rossal se vit remettre par un jeune garçon, assurément un enfant des bas-fonds de Saint-Étienne, une boîte cartonnée dont le contenu si l’on s’en tient au poids, pouvait surprendre. L’enfant au naturel bien éveillé indiqua à Gontran qu’un homme et une femme, un moyne et une moynesse étrangement vêtus de rouge, contre quelques menues pièces de monnaie, demandèrent à l’enfant d’apporter de suite en cette nuit, la boîte cartonnée à l’Hostel AU ROLLAT D’OR. Il est certain que les deux religieux devaient suivre de près, tapis dans l’ombre, la remise du colis. Le jeune garçon ne put ajouter grand-chose au sujet des deux religieux, si ce n’est qu’ils étaient plutôt jeunes et portaient à l’annulaire droit une bague dont le chaton représentait une pomme de grenade d’or…

Gontran se saisit de la boîte cartonnée et se dirigea à l’étage vers la chambre de Maître Anselme Rollat. Rapidement, les trois hôtes furent réunis au côté du maître des lieux. Ce dernier ouvrit la boîte cartonnée et découvrit un petit coffre gravé de pommes de grenade feuillées et tigées. Aux extrémités du coffre étaient gravées les lettres N. D. Le coffre fut ouvert avec la plus grande précaution bien que Maître Hiéronymus Berlier ne pensait pas que l’ouverture du coffre dissimulait quelque piège pouvant nuire à leur intégrité physique. Il était évident pour lui, que si Anselme Rollat et ses amis devaient être assassinés par le ou la N. D., ceci se ferait plus tard dans le temps...

Pour l’heure, Anselme Rollat sortit du coffre, non sans surprise et inquiétude, un bas de laine rouge dans lequel il découvrit une œuvre d’art, si tant est qu’il convienne dans le cas présent d’employer cette expression.

« Me prendrait-on pour un enfant, s’écria Anselme ? Le bon saint Nicolas a rempli mon bas de laine ! »

Dans les mains d’Anselme  se trouve un livre… noir, fermé synonyme d’une connaissance secrète et ce livre était le support de trois pommes de grenade d’or reconnaissables à la fente perpendiculaire, l’ouverture. Du fond du coffre Anselme retira un parchemin sur lequel figurait le texte que voici :

 

Le parchemin et son texte

 Maître Hiéronymus Berlier se voulut rassurant : « Ce parchemin apparaît plus parlant que la feuille placardée sur le mur de l’Hostel AU ROLLAT D’OR. Nous avons été condamnés à mort par un Tribunal Secret, celui de l’Ordo Nicolaus Diaconus : l’Ordre du Diacre Nicolas… par Arrêts de Dieu – rien que cela ! – du 6 décembre dernier, jour connu pour être placé sous la protection de Saint Nicolas de Myre. Il est certain que ce saint fait polémique. Certains auteurs vont jusqu’à le confondre avec le fondateur du mouvement des Nicolaïtes mentionnés dans le Livre de l’Apocalypse de Jean.

« Selon Irénée de Lyon (IIe siècle), le Père des Nicolaïtes serait Nicolas le prosélyte d'Antioche, cité dans les Actes des Apôtres, l'un des sept premiers diacres de l'Église de Jérusalem. Pour Irénée, les Nicolaïtes sont des gnostiques qu'il considère comme les prédécesseurs de Cérinthe et existent toujours de son temps. Quelques Pères de l’Église, ont affirmé qu’ils pratiquaient la luxure. Au XIe et XIIe siècle, le Nicolaïsme s’applique aux prêtres mariés. Mais il ne semble pas qu’il faille confondre cette dernière acceptation du Nicolaïsme avec l’affaire qui nous préoccupe.

« En s’appuyant sur l’Apocalypse de Jean, certains auteurs affirment que les Nicolaïtes ont connu ‘’ les profondeurs de Satan ‘’. Il y a assurément dans tout ceci du faux mais il y a n’en doutez pas pareillement du vrai. Le Nicolaïsme pourrait avoir évolué au cours des siècles en  adoptant les mœurs incertaines dont on a voulu les accabler dès l’origine. Les auteurs contemporains ne semblent pas évoquer une quelconque survivance du mouvement Nicolaïte mais ce parchemin tenterait à nous prouver le contraire. Il semble certain que cet Ordo Nicolaus Diaconus reprend à son compte une symbolique appliquée non pas au diacre Nicolas mais à l’évêque Saint Nicolas de Myre. Il faut reconnaître que ce saint évêque ne semble pas avoir dans le légendaire, des compagnons de bon augure. Jugeons-en par ce Krampus peu chrétien, il est vrai ! Ceci est l’une des raisons qui fit que saint Nicolas soit reconnu par certains comme le fondateur du mouvement Nicolaïte mais ce serait une erreur d’affirmer ceci comme vérité. Car il est certain que l’évêque de Myre au fil des siècles acquiert toute une symbolique qu’il n’avait pas à l’origine, une symbolique dont l’origine remonte aux Vikings et autres Germains.

« Saint Nicolas est très souvent représenté portant un livre fermé ou ouvert (l’Évangile) sur lequel figurent trois pommes d’or. Les trois Pommes d’Or de saint Nicolas se retrouvent dans les trois pommes de grenades de cet Ordo Nicolaus Diaconus également posées sur un livre. Il s’agirait de l’Évangile de Nicolas, un évangile gnostique évoqué qu’a voix basse. Aucune trace écrite n’en subsiste.

« L’heure est venue pour nous de combattre l’O.N.D. Il nous faut commencer par le commencement en nous intéressant à l’Évangéliste Luc qui est l’auteur d’un évangile mais aussi des Actes des Apôtres. Il connaissait bien le Diacre Nicolas. Au chapitre 6 verset 5 des Actes, Luc donne la liste des 7 justes élus au Diaconat ».

Dans la chambre de Maître Anselme Rollat figuraient quelques ouvrages – un éditeur tel Anselme plaçait des livres dans toutes les pièces. Hiéronymus se saisit d’une édition protestante de la Bible : la Bible de Genève publiée pour la première fois par Jean Calvin en 1560. Il ouvrit le Saint Livre dans les Actes des Apôtres et lut :

 

Verset des Actes des Apôtres

 « Que remarquons-nous ? Seuls deux personnages justifient un petit commentaire explicatif. Il s’agit d’Étienne et de Nicolas ! Étienne ouvre la liste des sept Diacres alors que Nicolas clôt cette liste. Il est reconnu que Luc aurait inséré la liste des sept noms à partir d’une tradition, supposée écrite, recueillie dans la chrétienté d’Antioche. L’auteur des Actes des Apôtres en aurait modifié l’ordre, pour mettre, pense-t-on, le nom des deux diacres qu’il retiendra dans la suite du récit : Étienne et Philippe. Mais il se peut, aussi, que  Luc ait modifié l’ordre de cette liste afin d’annoncer, de prophétiser, une dualité au sein de l’Église primitive, une dualité entre Étienne et Nicolas. Ce verset prophétique, pourrait même annoncer ce combat dans lequel nous sommes impliqués. Étienne, est le saint patron de la cité d’où s’est organisée depuis plus de vingt ans la lutte que nous menons contre un ennemi que nous connaissons depuis Our et même avant, mais dont nous ne pouvions localiser la présence. Ce verset légitimisme notre combat. Toi Anselme Rollat, mon vieil ami, tu incarnes par tes vertus et tes défauts – nous en avons tous – la cité de Saint-Étienne en guerre aujourd’hui contre Nicolas…

« Mais j’avoue ne pouvoir localiser le lieu, la Noire Moynerie de cet ordre de Moynes et Moynesses revêtus de rouge ; une couleur dont est très souvent revêtu Saint Nicolas lui-même. Il semble y avoir dans l’Ordre du Diacre Nicolas une usurpation où peut-être – qui sait –  le culte de saint Nicolas aurait-il lui-même adopté quelques usages appartenant aux Nicolaïtes ? Il n’en reste pas moins que les Nicolaïtes dont nous ne soupçonnions pas l’existence en notre époque, veulent notre mort. Il apparaît important à présent de découvrir où se cachent ces Nicolaïtes !

André Verne qui écoutait religieusement les propos de Maître Hiéronymus Berlier prit la parole : « En ce qui concerne le lieu où se cachent ces oiseaux de malheurs, je pense en avoir découvert la cité. Il y a un peu plus de vingt années, j’ai eu le plaisir de vous accompagner à Nantes en qualité de Fermier de la Commanderie de Marlhes. Il m’arrive régulièrement depuis cette époque, de me rendre à Nantes pour des affaires spéciales ayant trait à l’Ordre de Malte. Dans l’ancienne Commanderie Sainte-Catherine des Templiers je possède un appartement gracieusement offert par le Grand Maître de Nantes. De ma chambre nantaise je puis observer l’Église Saint-Nicolas… une bien étrange église ou de bien curieuses processions aux flambeaux pénètrent au plus secret de la nuit. J’ai pu observer certaines nuits des moynes et des moynesses vêtus de rouge, disparaître dans la petite église. 

« Plutôt que d’attendre cette mort promise dans Saint-Étienne, je pense que nous devons nous rendre dans la cité des anciens Ducs de Bretagne et y affronter la mort de face. Étienne se doit d’aller combattre Nicolas !

Maître Hiéronymus Berlier et Rabbi Shlomoh partageaient sans réserve, l’avis d’André Verne. Bien qu’Anselme Rollat adhérât pleinement à cet avis, il fut obligé de déclarer forfait : « Ma santé déclinante ne me permettrait pas de me rendre à Nantes. Il faudrait un miracle et l’heure, me semble-t-il, n’est plus aux miracles ».

Maître Hiéronymus Berlier avait semble-t-il un avis différent sur la question : « Vois-tu Mon Cher Anselme, l’heure est plus que jamais aux miracles. Il nous faudra le provoquer… ce miracle. Nous aurions pu nous rendre à Doizieux… si le voyage dans le temps est possible, un voyage de même nature, dans le présent, l’est aussi, à la seule condition, qu’il y ait une Porte dans le lieu même où nous devons nous rendre.  Et il se trouve qu’à Nantes une telle Porte existe ! Nous avons-eu, Rabbi Shlomoh et moi l’occasion de la franchir… 

« Notre problème, aujourd’hui, est double, le premier est que nous ne pouvons retourner à Doizieux. La route encore praticable il y deux jours, ne l’est plus aujourd’hui, il neige abondamment sur les sommets du Mont Pilat et, second problème très important, Anselme ne supporterait pas le voyage, bien que le repos forcé, prescrit par le docte Zéphyrin Solis, t’a quelque peu requinqué.

 

Doizieux, une porte du Temps ?

 « Une autre alternative s’offre à nous. L’heure est venue pour nous de pénétrer – ensemble – dans la crypte hermétique du vieux Saint-Étienne. Cette crypte mystérieuse est baignée du plein de foi & du Saint Efprit qui auréolait Saint Étienne. Ami Anselme tu pensais que seuls Rabbi Shlomoh et moi, aurions l’opportunité de pénétrer à nouveau dans cette crypte. Les événements importants que nous vivons présentement, nous obligent à œuvrer différemment.

Appuyant son regard sur Anselme Rollat, Hiéronymus Berlier en appuyant pareillement sa voix clama : « Anselme ! crois-tu que tu pourrais quitter ta chambre pour te rendre dans la crypte ?

– Bien sûr que je le pourrais, répondit Anselme. Le chemin est on ne peut plus court, puisque – le hasard est curieux – la crypte se trouve… sous l’Hostel AU ROLLAT D’OR ! Mais après… ? »

Hiéronymus Berlier connaissant les inquiétudes d’Anselme Rollat lui répondit : « Après ? Et bien après, Rabbi Shlomoh et moi nous provoquerons le miracle… Et maintenant, lève-toi Anselme nous allons partir ! »

 & Nicolas profelyte Antiochien – Acte II

Nombres de questions se bousculaient dans la tête de Maître Anselme Rollat lorsque Hiéronymus Berlier ouvrit la porte de la crypte hermétiquement fermée. Déjà, Rabbi Shlomoh sortait le Teraph des Teraphim, la Tête ramenée par la Guilde des Sept de la cité d’Our. Hiéronymus expliqua à ses amis ce qu’était véritablement les Teraphim :

« Le Teraph des anciens Babyloniens était si important de par sa structure qu’il était principalement dit au pluriel : Teraphim. Notre Teraph des Teraphim est le PREMIER des Teraphim, quelque chose d’inégalé à ce jour. *On remarque que ces statues animées, qui étaient emportées à la guerre par les rois et les prêtres, étaient façonnées et réparées dans des ateliers spéciaux et subissaient un rituel de consécration compliqué et très secret qui les dotait de ‘’ vie ‘’ et leur permettaient de parler

* Cette phrase traduite de l’anglais fut écrite par l’archéologue Joan Oates, dans son livre Babylon. Les teraphim étaient des talismans, c’est-à-dire, des figures de métal, fondues et gravées sous certains aspects des planètes, auxquels on attribuait des effets extraordinaires, mais proportionnés à la nature du métal, aux qualités des planètes et aux figures représentées dans les talismans. *(http://456-bible.123-bible.com/calmet/T/theraphim.htm)

« J’ajouterai aussi que les teraphim pouvaient guérir les malades. Oui Mon Cher Anselme ! Et ils permettaient aussi aux rois et aux prêtres qui les possédaient, de se parler entre eux, peu importe la distance qui les séparaient. Si Rabbi Shlomoh peut activer la seconde fonction, il ne peut, hélas, activer la première. Mais de la réussite de l’activation de la seconde fonction, dépendra la réussite de la première ».

Rabbi Shlomoh, s’activait sur le Teraph des Teraphim. Ce Maître Kabbaliste est spécialisé dans la thématique du temps, non pas le temps qu’il fait ou qu’il fera mais le temps de l’éternel présent. (http://regardsdupilat.free.fr/seize.html - Noel Ourifique pour Maître Hiéronymus Berlier et Anselme Rollat).

« Rabbi Shlomoh tente d’établir une connexĭo, un lien avec Raziel le Grand Eldil qui, souvenez-vous, nous avait promis qu’il nous retrouverait le moment venu dans la cité de Saint-Étienne. Cet être de lumière viendra n’en doutez pas, dès que Rabbi Shlomoh aura établi le lien invisible qui sépare le Grand Eldil de cette crypte de Saint-Étienne où souffle le Saint Efprit. »

Soudain l’un des murs de la crypte sembla se dissoudre et voici qu’un étrange passage lumineux apparut. Anselme Rollat et André Verne furent un instant saisis d’inquiétude mais bien vite ils retrouvèrent la joie qu’ils avaient pu éprouver dans la crypte secrète de la ziggourat d’Our. Raziel le Grand Eldil, assisté de trois êtres lumineux, était présent.

« Bonjour mes Frères. Je suis heureux de vous retrouver après tant et tant de siècles… Bien qu’il me semble que c’était hier. Je vois qu’il manque trois Frères à l’appel. Mais j’imagine que nous aurons le plaisir de les retrouver rapidement. N’est-ce pas Maître Hiéronymus ?

« Effectivement Grand Eldil, je les ai contacté ce jour à l’aide de mon speculum, bien utile par ailleurs… Nos cousins d’Outre-Manche, Christopher FitzRolling l’Écossais des Highlands et Rob McBerling l’Irlandais, se trouvaient, j’en étais surpris, dans la cité de Nantes… Qui plus est, dans la maison nantaise de Noel de Barbïa ! C’est incroyable !

– Incroyable ? » répondit le Grand Eldid. En vérité, leur présence à Nantes en ce jour, tout comme votre présence dans cette crypte présentement, était prévu depuis la nuit des temps. Ceci est écris dans le Livre Jaune placé dans le coffre sur lequel notre Frère Anselme Rollat c’est assis pour se reposer. Je vous sais très affaibli Mon Ami, levez-vous et approchez-vous de moi. »

Anselme se leva tremblant quelque peu. Le Grand Eldid posa ses mains de lumière sur la tête de l’imprimeur. Une chaleur intense traversa son corps. Anselme était guéri. Il voulu s’agenouiller pour remercier Raziel le Grand Eldil. Mais Raziel le releva en lui disant : « Remerciez plutôt le Dieu Suprême car cette force qui vous a guéri vient de lui. Votre vie terrestre que vous pensiez terminée, se prolongera, je vous l’affirme quelques années encore » Anselme Rollat remercia le Dieu Suprême, le Dieu de Melchisédek, ainsi que le Grand Eldid le lui avait demandé. 

Puis l’être angélique invita les quatre amis à le suivre dans le passage de lumière. Au bout du chemin, ce curieux équipage retrouva les trois compagnons du Grand Eldid qui les avaient précédés dans la Porte du Temps sise dans les entrailles de la cité de Nantes. Raziel leur appris que cette chambre-haute se trouvait sous la cathédrale Saint-Pierre, au-dessous même de la crypte des anciens Druides de Condivicnon la cité des Namnètes.

« Ce sanctuaire souterrain est le domaine du Clauiger cœli, le Porteur des Clefs du Ciel. Nos chemins vont se séparer ici pour aujourd’hui. Il me faut m’entretenir avec le Clauiger cœli. Le combat dans lequel vous êtes impliqué, est un combat qui prendra fin dans le futur. Seul le Porteur des Clefs du Ciel peut ouvrir la Porte qui nous mènera dans ce futur. Je pourrai ouvrir cette Porte mais il ne m’appartient pas de le faire. Montez cet escalier il vous mènera dans l’ancien Temple des Druides. Vos cousins et amis ainsi que le Sieur Pierre Biré de la Doucinière vous y attendent. À bientôt, mes Chers Frères. »

Après une montée qui leur sembla interminable, ils arrivèrent enfin dans le Temple où les attendaient effectivement Pierre Biré entouré de leurs amis ou parents. Les retrouvailles chaleureuses renforcées par le plaisir de retrouver un Anselme Rollat au mieux de sa forme, furent suivies d’une visite commentée de l’ancien Temple des Druides : la Basylique Voliane ainsi que le nommait Pierre Biré.

Quelques marches furent encore gravies et la petite troupe se retrouva au cœur même de la cathédrale. Ils sortirent respectueusement et se dirigèrent en direction de l’Erdre dans la Commanderie Saint-Jean des Hospitaliers de Malte où ils furent reçus par le Commandeur. Les voyageurs – le mot n’est peut-être guère approprié – venus de Saint-Étienne relatèrent dans le détail, au Commandeur, aux deux cousins d’Outre-Manche et à Noel Barbïa les évènements récents dont l’Hostel AU ROLLAT D’OR avait fait l’objet.

Lorsque Pierre Biré de la Doucinière entendit Anselme Rollat évoquer le Livre Noir et principalement les trois Pommes de grenade d’Or il ne put réprimer un profond embarras. Anselme ne releva pas et poursuivit son récit en évoquant le contenu du coffret gravé des lettres  N. D. avant de s’attarder sur le texte du parchemin. Alors qu’il énonçait  la présence de l’Ordo Nicolaus Diaconus dans la Cité des Pommes de grenade, il fut surpris, comme le furent ses amis de découvrir Pierre Biré comme pris d’un malaise. Son visage affichait une pâleur qui dénotait un mal-être certain. Pierre Biré avala un gobelet d’eau, s’excusa puis ajouta : « Continuez Maître Anselme je m’expliquerai lorsque vous aurez achevé votre narration. » La dite narration achevée, Pierre Biré prit la parole non sans vider un second gobelet d’eau :

« Ce Livre Noir et plus encore les trois Pommes de grenade d’Or, vous l’aurez compris, me parlent tout particulièrement. Ces trois Pommes de grenade d’Or font partie de ma lignée. Le blason de notre Famille présente un Rameau de trois Pommes de grenades d’Or, ouvertes de Gueules, posé en fasce. Ces Pommes de grenades d’Or sont grénetées et couronnées de gueules (l’on dit aussi ouvertes de Gueules), deux en chef et une en, pointe.

« Ma famille remonte à Antoine Biré, mari d'Anceline Bastard, vivant en 1240. Un Thomas Biré, fils de Jean, épousa vers 1495 Catherine Eder. Ce Thomas Biré est l’auteur des deux branches des Biré. La branche aînée, à laquelle j’appartiens, possède, entre autres biens, les seigneuries de la Doucinière et de la Grenotière. Mes ancêtres furent des proches de la Maison de Bretagne. Pour exemple, Jean Biré fut maître d'hostel du duc de Bretagne en 1424. Il me faut citer à présent Jean Biré qui obtint le 25 février 1485 des lettres d'abolition pour sa participation au meurtre de Landais, favori du Duc François II père d’Anne de Bretagne.

« *Pierre Landais était fils d’un tailleur de Vitré. Tailleur lui-même il fut placé au service du tailleur du Duc. Sa vivacité et son esprit firent qu’il fut remarqué et retenu par le Duc. Devenu valet, puis maître de sa garde-robe, il fut enfin promus trésorier, charge qui, comme en Angleterre, était la première du Duché. Très vite son accession à la tête du Duché créa de vives convoitises.

* Les informations présentées dans ce conte concernant Pierre Landais sont dues aux historiens Bretons H. Etiennez et Arthur de La Borderie. http://www.infobretagne.com/landais.htm

« Le chancelier Guillaume Chauvin, surtout, ne pouvait plier sa dignité devant cette arrogance roturière. Landais l'accusa de complot, et, après avoir confisqué tous ses biens, le fit jeter successivement dans les prisons de Nantes, d'Auray et de Vannes, où il périt de misère et de chagrin (1482).

« Indignés, les nobles Bretons résolurent de s’emparer de Landais. Les conjurés se divisèrent en deux bandes. L’une se rendit dans sa maison de la Papotière, sur l’Erdre et l’autre (au soir du 7 avril 1484) se rendit au château du Duc dont ils s’étaient procurés les clefs. Landais soupait à la Popotière, il réussit à fuir jusqu’au château de Pouancé. De là il écrivit au Duc qui l’envoya chercher sous escorte. Landais de retour à Nantes reprit son autorité. Tous les conjurés furent déclarés rebelles et criminels d'État ; leurs biens furent confisqués. Mais, dans la prévision des vengeances de Landais, ils s'étaient retirés à Ancenis. C'est alors que le favori, qui ne se sentait pas de force contre la noblesse bretonne insurgée, avait fait offrir au duc d'Orléans un asile en Bretagne. Louis d'Orléans vint en effet ; mais il fut obligé de retourner à Paris pour le sacre du Roi Charles VIII.

« Landais résolut donc d'attaquer seul ses ennemis. L'armée ducale s'avança vers Ancenis ; mais, une fois en présence des conjurés, au lieu de les combattre, elle se joignit à eux, tant la haine contre Landais était grande et générale. Les deux armées réunies marchèrent alors sur Nantes. À leur approche, les Nantais se soulevèrent avec fureur et se portèrent sur le château.

« Le Duc François II cacha Landais au fond d’un bahut qu’il ferma à clé. Enfin le chancelier François Chrétien, suivi du peuple, se présenta au Duc avec un décret de prise de corps qu'il avait dressé lui-même. François II, saisi de terreur, fut obligé de lui remettre son favori. Sans un mot, le chancelier amena Landais au milieu des insultes de la populace, à la tour de la Porte Saint-Nicolas. Une commission extraordinaire fut composée pour instruire son procès. Landais fut condamné à mort et pendu au gibet le 19 juillet 1485. Bien que tombé dans une affliction profonde, le Duc François II, le 13 août suivant, faible prince, justifiait par un édit tous les actes des meurtriers.

« François II consacra son règne à défendre l’indépendance de la Bretagne et à barrer la route aux tentatives sans cesse renaissantes du pouvoir royal. Landais fut pendant 25 ans l’âme et presque le seul inspirateur de cette politique            . Il gouverna en essayant résolument de sauver une dynastie chancelante.

« Ce qui a valu à Landais l'aversion de ses contemporains et la haine des grands féodaux bretons, c'est l'autorité absolue dont il a joui si longtemps. Elle leur paraissait d'autant plus intolérable que beaucoup d'entre eux penchaient secrètement vers l'alliance française, mais ils ne pouvaient, ni n'osaient le dire, alors les ennemis de Landais ont imaginé d'autres griefs (humble extraction, procédés douteux pour capter la confiance du prince, malversation, gaspillages, népotisme, grande fortune,  sorcellerie même), mais la plupart de ces accusations n'ont aucun fondement sérieux ou ont été très exagérées.

« Oui mon ancêtre Jean Biré participa au jugement sommaire de Landais à la tour de la Porte Saint-Nicolas, puis à son exécution sommaire. Les Biré, comme beaucoup de féodaux bretons, pensaient que le Duché de Bretagne en tant que nation n’avait plus sa place. Il nous fallait, tout en gardant une certaine autonomie, intégrer le giron de la France. Je dis bien la France et non de la Grande-Bretagne alliée de notre Petite-Bretagne ducale. Le Duc François II était faible. Les féodaux bretons voulaient un souverain digne de ce nom capable de diriger  lui-même sa nation. Avec Landais, l’heure était aux trésoriers d’état. Le souverain peut-il se retrancher sa vie durant, derrière son trésorier ? Sans Landais à la tête du Duché qui fut dans le passé un Royaume, la Bretagne aurait déjà intégrée le giron du Royaume de France. Le Roi Louis XI en rêvait.

« Le jugement sommaire de Landais eut lieu à la tour de la Porte Saint-Nicolas. Tout un symbole ! Par cette porte entrait les souverains de passage à Nantes et on ne passait pas par hasard à Nantes ! Le tribunal improvisé qui siégea à la Porte Saint-Nicolas était composé de membres de l’Ordo Nicolaus Diaconus. La sentence fut sans appelle : la pendaison pour Landais ! Avait-il mérité ses crimes ? Assurément, cet homme gouvernait sans partage. Sa police personnelle remplissait ses basses besognes. Aussi sommaire, fut-il, le jugement fut appliqué.

« Si la peine capitale a été requise pour vous par le Tribunal Secret de l’O.N.D., il y a tout lieu de s’inquiéter, d’autant plus que cette condamnation est datée du 6 décembre dernier ! Et je ne vous cacherai pas que cette nouvelle me bouleverse. En relisant le parchemin que vous avez amené, je note avec une certaine satisfaction, malgré tout, que le Tribunal Secret à condamné à mort non pas les Sept membres de la Guilde mais bien la Guilde des Sept, ce qui je veux le penser est différent.

« Je n’appartiens pas à cet ordre monastique, mais ma famille et quelques amis sont encore bien impliqués en son sein. Je vais donc enquêter auprès de mes proches afin de savoir ce qu’il en est. Je demanderai s’il le faut, et j’imagine qu’il le faudra, à être reçu par l’O.N.D. et je serai votre avocat, telle est d’ailleurs, vous le savez ma profession.

« Les trois Pommes de grenade d’Or du blason de ma famille ne sont bien sûr pas étrangères à celles de l’O.N.D. À la différence, du Livre Noir aux trois pommes de grenade, nos armes présentent un rameau (ou branche) d’Or de trois pommes de grenade. Ce rameau ou branche désigne un arbre généalogique. Il ne s’agit aucunement de notre arbre. Ce rameau d’or révèle tout en le cachant, le latin LIBER qui désigne dans un premier temps cette pellicule de l’écorce de l’arbre utilisée pour l’écriture, puis le LIVRE lui-même. Oui Mon Cher Anselme, notre Rameau d’Or évoque le LIVRE D’OR ! Le Livre Noir que vous avez reçu dans ce bas rouge, l’étrenne de Nicolas, existe bel et bien, il est le miroir déformé de notre Livre d’Or.  Je pense à présent qu’il serait bien que le Commandeur de Saint-Jean qui nous fait le plaisir de nous recevoir en ce jour, prolonge les informations que je viens de vous révéler. Je vais pour l’heure vous quitter et commencer mon enquête, car le temps nous est compté. Nous nous reverrons plus tard dans la journée, dans l’appartement d’André Verne en l’ancienne Commanderie des Templiers.

Le Commandeur remercia vivement Pierre Biré et lui souhaita bonne chance dans sa mission. Puis il s’adressa à la Guilde des Sept : « Nous mettrons, je vous le promets tout les moyens dont nous disposons pour annuler l’injuste condamnation qui pèse sur vous. Il me faut revenir sur les trois pommes de grenade et sur cet ordre du Diacre Nicolas. Une tradition secrète dont le Sieur Pierre Biré, se fait l’écho dans son livre L’Epimasie ou la Relation d’Aletin le Martyr, affirme que Nantes porte aussi le nom de Cariat Sepher. Pierre Biré traduit se nom librement par Ville des Sciences, mais ainsi que nous l’affirme le Rabbinat de Nantes, ce nom qui fut celui d’une antique cité d’Israël aux temps des Géants, signifie plus justement Cité du Livre ! Ce nom désignerait plus justement la ‘’ cité souterraine ‘’ de Nantes où demeure le Clauiger Cœli dont la tradition nantaise affirme qu’il ne serait autre que Noé. Cette tradition bien implantée, se trouverait sa confirmation, ainsi que l’affirme le docte  Pierre le Lohier dans la première partie de son livre EDON, dans le nom même de Nantes qui signifie Temple, et plus précisément dans la forme bas-breton Nauneff : le Temple (ou le Ciel) ou le Navire de Noé. C’est ce navire que l’on retrouve sur le blason de Nantes.

 

Page de titre du livre de Pierre Biré

 « Et les trois pommes de grenades d’or, me direz-vous ? Le nom secret de Nantes est ARMON. Il s’agit de l’hébreu RIMON dont la signification est… ‘’ Pomme de grenade ‘’. Permettez que j’ouvre le livre de Pierre Biré qui notons-le, n’est pas le premier à évoquer le nom premier ou secret de la cité de Nantes. Voici ce qu’il écrit : ‘’ parce que le mot Hebraïc Armon signifie, une pomme de grenade, laquelle hieroglifiquement signifie une pepinière, semence & fecondité ‘’. Pierre Biré insiste ensuite sur le mot grec Armozo : ‘’ i’establis ‘’, ‘’ i’ordonne ‘’ et le mot latin Armus, ‘’ pelleron ‘’ ou ‘’ espaule ‘’ qu’il reconnait à juste titre comme ‘’ pareillement hierogliphique de la Souueraineté ‘’. Il rappelle ensuite qu’au travers de ces trois mots (telles les trois pommes de grenade), l’hébraïc Armon (Rimon), le grec Amozo et le latin Armus, s’affirme l’onction royale évoquée dans la Bible au Livre des Roys. Le Prophete Samuel fit connaitre à Saül avant qu’il ne devienne Roy, lors de son diner, en lui présentant un palleron, qu’il serait Roy. ‘’ Dont est venu qu’on oingt les Roys de la Saincte Huille fur l’espaule droite, lors qu’ils font facrez & folennellement proclamez Roys. ‘’

« Nantes est la cité d’un Roy mais non des Roys ! Mais de quel Roy s’agit-il ? Avant que la Bretagne devienne un Duché, elle fut un Royaume mais le Roy en question ne peut-être l’un de ces Roys. Il s’agit d’un Roy François, le dernier des successeurs de Clovis, connu sous le terme prophétique de Grand Monarque. Dans ses quatrains Michel de Nostre-Dame le nomme Victor. Dans la cité de Nantes il apparaît sous les traits du demi-dieu grec Hercule. L’heure est proche où le voile pourra être levé sur la nature de ce nouvel Hercule. Ceci n’est plus qu’une question d’année. Si ce n’est moi, mon successeur verra ce grand jour. Mais plus grand encore sera le jour où le nouvel Hercule entrera dans Nantes. Nous ne serons plus là, hélas pour le voir. Je puis seulement vous dire que ce nouvel Hercule, digne successeur d’Henri IV se verra remettre un rameau d’or des Hespérides chargé de trois pommes. Oui les trois pommes d’or de Saint Nicolas sont aussi les trois pommes d’or d’Hercule*.

*Ce thème sera développé plus avant.

La journée s’avançait, la Guilde des Sept pris congé du Commandeur de Saint-Jean de Nantes et se rendit dans l’appartement occupé par André Verne durant ses séjours à Nantes. Ils s’y restaurèrent en attendant le retour de Pierre Biré. La nuit était tombée lorsque Pierre Biré se présenta dans l’aile Nord de l’ancienne Commanderie Sainte-Catherine des Templiers.  L’inquiétude qui se lisait sur son visage dans la Maison des Hospitaliers de Maltes quelques heures plus tôt, faisait place un à sourire qui se voulait rassurant.

« Voilà ! J’ai mené mon enquête. Les membres de ma famille présents dans la cité et appartenant toujours à l’O.N.D. ont été très surpris lorsque j’ai évoqué la condamnation à mort pesant sur votre tête. Il m’a donc fallut aller plus loin, m’enfoncer dans le nid même. Le lieu se situe dans une petite et sombre rue proche de l’Église Saint-Nicolas. J’ai toqué à la porte d’un vieil Hostel.  Un vieux moine vêtu de rouge et portant à l’annulaire droit une bague dont le chaton représentait une pomme de grenade d’or,   m’a ouvert la vieille porte de chêne. J’ai demandé à rencontrer le Père Liber, la ‘’ tête ‘’ dirigeante de l’Ordre. Le membre de la Société Angélique que je suis, n’était assurément pas le bien venu mais mon appartenance à la famille Biré arborant sur ses armes, le rameau de trois pommes de grenade d’or, fut mon laissez-passer. Mes yeux furent recouverts d’un bandeau de couleur rouge. Deux moines me saisirent par les bras. « Nous allons, me dirent-il, descendre un escalier. » Rapidement je me trouvais dans un couloir souterrain et plus rapidement encore dan une salle souterraine où me fut retiré le bandeau rouge.

« Au fond de la salle décorée de tentures évoquant notamment l’histoire du Diacre Nicolas, je découvrais le Père Liber. Cet homme doit avoir dépassé les quatre-vingts ans. Il se dégage de sa personne une certaine froideur. Assis sur un fauteuil de velours rouge, il était assisté de deux hommes, les Hauts-Moines, assis de chaque côté du Père Liber sur deux autres fauteuils de velours. Je me trouvais assurément dans la salle où fut décidée votre condamnation.

« La « tête » supérieure de l’Ordre porte le titre de Père Liber. Ainsi que vous le savez une ancienne divinité assimilée à Bacchus le dieu romain et à Dionysos, le dieu grec, portait ce nom. Dans la paroisse Saint-Nicolas l’évêque de Myre apparaît comme le saint patron des vignerons. Les Templiers produisaient un excellent vin : le Clos du Bois Tortu, un nom qui dans la cité nantaise est lourd de symbolisme. D’aucuns affirment que cette divinité ne serait autre que le Roy Nemrod dont certaines des qualités se retrouveraient dans la figure du Diacre Nicolas mais aussi dans celle de Saint Nicolas dont le folklore a récupéré, vous le savez, une symbolique remontant au paganisme normand ou germain mais aussi, babylonien.

« Le Père Liber ou Liber Pater était là, devant moi. Je n’en menais pas large, mais pour vous, je devais le faire. Une voix de stentor résonna dans la salle souterraine :

« Que me veux-tu Pierre Biré de la Doucinière ? Je connais bien ta famille… et je te connais bien ! C’est, égard à ta famille et à son rôle qu’elle a joué tout au long des siècles que j’ai accepté de te recevoir. Parle !

« Monseigneur, Père Liber, je viens plaider la cause de mes amis…

« Tes amis ne sont que des imposteurs ! La mort pour ces Fils de Goulia ! Depuis vingt années ils n’ont cessé de nous mettre des bâtons dans les roues de nos chariots ! Leurs Champion n’est pas le nôtre ! Viendra un jour où notre Champion, le nouveau Nemrod se lèvera ! Regarde cette tenture. Tu vois cette pyramide ? À l’intérieur, dans la crypte que tu peux observer, se trouvent tes amis. Ces chiens ont quitté ce Temple de Nemrod en emportant des trésors incomparables. Mort à ces chiens ! Regarde cette autre tenture, Nemrod reprend son bien. Le temps joue pour nous.

«  Je sais Père Liber, je connais vos secrètes traditions. Mais ne serait-il pas judicieux de lever votre sentence ? Ces hommes pensent combattre le bon combat mais je sais, nous savons que l’ultime combat ne sera pas un combat d’homme. Nous ne faisons que passer et des forces qui nous dépassent mènent le jeu. Est-il sûr, d’ailleurs que vous souhaitez leur mort ? Le parchemin semble indiquer que la peine capitale votée par le Tribunal Secret, serait plutôt celle de la Guilde des Sept et non de ses membres ?

« Tes amis sont arrivés ce matin à Nantes. Depuis leur arrivée tout est allé très vite. Ce qui était encore d’actualité cette nuit ne l’est plus aujourd’hui. Dans la matinée un émissaire de Cariath Sepher m’a demandé audience. Ceci est exceptionnel dans l’histoire de notre Ordre ! L’émissaire était porteur d’une lettre signée du Clauiger Cœli, en personne, me demandant de suspendre la condamnation à mort de la Guilde des Sept. Je ne crains pas ce haut dignitaire de l’Église Nantoise mais je vais surseoir le jugement du procès. Je ne tiens pas à avoir le Gardien des Clefs du Ciel  dans mes pas... Une frontière existe entre lui et moi, il faut qu’elle subsiste… À présent va !

Je pris congé du Père Liber tout en le remerciant. Les deux moines me reconduisirent dans la sombre ruelle de la paroisse Saint-Nicolas.

 De Saint-Étienne à Saint-Nicolas ou la Rencontre du grand Jules Verne – Acte 3 

Les membres de la Guilde des Sept retrouvèrent cette joie de vivre qui les avaient quittés. Les cousins d’Outre-Manche retrouvèrent comme par enchantement leur célèbre flegme. Pierre Biré fut remercié pour le courage dont il avait fait preuve. Puis l’heure fut venue pour lui de quitter ses amis.

Une bonne nuit de repos fut nécessaire pour les membres de la Guilde des Sept. L’heure était à présent au départ. Mais un départ dont il ne connaissait pas la destination. Anselme Rollat répétait les dernières paroles de Raziel le Grand Eldil :

« Nos chemins vont se séparer ici pour aujourd’hui. Il me faut m’entretenir avec le Clauiger cœli. Le combat dans lequel vous êtes impliqué, est un combat qui prendra fin dans le futur. Seul le Porteur des Clefs du Ciel peut ouvrir la Porte qui nous mènera dans ce futur. Je pourrais ouvrir cette Porte mais il ne m’appartient pas de le faire de mon propre chef.

Soudain une voix se fit entendre :

« Ce que j’ai dit hier, est vrai plus que jamais… »

Les sept amis restèrent sans voix. Mais aucune crainte de les envahit. Devant eux dans la salle se trouvait Raziel le Grand Eldil.

« J’ai rencontré le Clauiger Cœli. Les mesures qu’il convenait de prendre concernant l’intégrité de votre vie ont été prises. Le Père Liber n’a surement pas dû révéler l’intégralité de la lettre du Clauiger Cœli  à Pierre Biré mais je puis vous affirmer que vous n’avez plus aucune crainte à avoir  dans le présent ni dans ce futur où il importe que nous nous rendions.

« Le combat que vous menez depuis déjà vingt années a été mené brillement. Dans un futur encore lointain ce combat deviendra un combat surhumain. Les Eldils lutteront contre l’Eldil Noir et ses ténébreux mercenaires. Il en va de l’avenir de la Terre !

« Pour l’heure le Clauiger Cœli tient à vous remercier pour le courage dont vous avez fait preuve durant ces vingt années. Il ouvre pour vous une Porte qui vous mènera non pas dans le passé comme il y a vingt ans mais dans le futur. Vous y rencontrerez le grand Jules Verne. Votre descendant, Cher André Verne qui lui-même… mais non, vous le découvrirez par vous-même.

Hiéronymus Berlier sollicita la parole : « Nous aimerions remercier le Clauiger Cœli.

– Je comprends votre désir, répondit Raziel, mais croyez que vous l’avez déjà remercié au travers du combat que vous menez. 

– L’heure est venue pour vous de franchir la Porte. Rabbi Shlomoh ne franchira pas la Porte avec nous car une mission l’attend… »

Bientôt les amis franchirent la Porte mais qu’elle ne fut pas leur surprise ! Rabbi Shlomoh les y attendait ! Mais il y avait quelque chose de changé… la coiffure peut-être !?

Les explications seraient pour plus tard. Rabbi Shlomoh demanda à ses amis de le suivre. Raziel le Grand Eldil les quitta, affirmant qu’il allait retrouver le Clauiger Cœli...

… Ailleurs dans la cité de Saint-Étienne, bien des années plus tard, deux hommes arpentaient le vieux Sainté. L’aîné, natif de Saint-Étienne venait de retrouver de vieux papiers familiaux dont il ne soupçonnait jusqu’à ce jour l’existence. Le Fonds Berlier, tel était le nom qu’il avait décidé de donner à ces consistantes  archives remontant pour certaines au XIXe siècle. Nous sommes en 2017, l’homme, âgé de 68 ans se porte comme un charme. Ce matin encore, devant la glace de son armoire, il se regardait. Non ce n’était pas dans le but de découvrir son physique de Druide du Pilat. Il se connaissait déjà depuis bien des lustres ! Dans la main droite il tenait une photo. Étrange photo ! Deux personnages avaient posé pour le portrait et l’un d’eux n’était autre que lui-même ! Il en avait momentanément perdu le sommeil, non pas parce qu’il apparaissait sur une photo. Des photos le représentant, ce n’est pas ce qui manquait ! Mais cette photo était bien particulière. Elle semblait émaner d’outre-tombe. Pensez-donc, se retrouver sur une photo en noir et blanc aux côtés de Jules Verne en personne ! C’était à en perdre la tête ! N’était-ce pas plutôt son arrière-grand-père, à qui il ressemblait tant ? C’eut été plausible s’il n’y avait eu les lunettes ! Au siècle de Jules Verne les lunettes garnissaient déjà les tables des oculistes mais des lunettes comme en portait le personnage de la photo… seul un homme du XXIe siècle pouvait en chausser de telles. Et cet homme du XXIe siècle présent sur la photo au côté de Jules Verne, il devait en accepter l’évidence, ne pouvait être que lui ! Pas de doute il reconnaissait bien sa chemise à carreaux qu’il portait encore il y a deux jours.

 

Jules Verne et Patrick Berlier

Photo du Fonds Berlier

 Il émanait de cette photo une indéniable complicité entre les deux personnages. La pose travaillée détonnait un humour certain partagé par les deux hommes. Étrange !

« Comment, moi le Stéphanois né au XXe siècle, quelques 44 ans après le décès de Jules Verne, ai pu rencontrer le Maître et poser à ses côtés pour une photo ?! Tient, oui, 44, je n’y avais pas songé, ce nombre est celui de la Loire-Atlantique, la Loire-Inférieure du grand Jules. Mais le nombre 44 était aussi le nombre de cette étrange société secrète nantaise dont Jules Verne aurait été membre !!!

« Il est étrange que mon père ne parla jamais de cette photo qu’il devait pourtant connaître. En même temps il n’a pas eu le temps de connaître l’homme que je suis aujourd’hui… J’ai fait analyser la photo. La sanction est nette et sans bavure. Il ne s’agit pas d’un montage ».

Au verso de la photo apparaît une dédicace on ne peut plus hermétique :

 

La dédicace

 « Si le texte intrigue il n’en est pas moins parlant pour qui Sait. Les signatures, le lieu et surtout la date inscrite au dos de la photo interrogent de bien des façons ! Cette photo aurait été prise à Nantes, Noël 1894 dans le Passage Pommeraye. Était-ce le 24 décembre au soir ou le 25 ? Et les signatures ! On croit rêver ! Jules Verne ! Nadar ! Le célèbre photographe est connu pour avoir fait le portrait de Jules Verne. S’il est bien l’auteur de cette photo, il était donc présent dans la ville de Nantes ce Noël 1894. Quant à ce ‘’ Mot Dérobé ‘’, faut-il y reconnaître le Parole Perdue des Francs-Maçons ? S’il y a une référence fort possible, il semble que ce ‘’ Mot Dérobé ‘’ soit une signature, la signature d’un contemporain Nantais de Jules Verne. Il pourrait s’agir, ainsi que me l’a indiqué un ami Nantais, de l’anagramme du nom de ce contemporain de Jules Verne : Tom Dobrée* ! Thomas Dobrée, Franc-Maçon Nantais fut un célèbre collectionneur qui fit édifier le Palais Dobrée, aujourd’hui musée riche de nombreux trésors dont le cœur-reliquaire d’Anne de Bretagne. J’allais oublier Alcyon. Ce nom me parle mais je ne situe plus. Cet oiseau de légende finira bien par se rappeler à mon bon souvenir.

*Cette anagramme est mentionnée sur le site Internet du Club Nantais du Suspense. http://www.bonnesnouvelles.net/clubnantaisdususpense.htm

 

Portrait posthume de Thomas Dobrée de Paul-Emile Chabas

- Nantes 1898 - huile sur toile

 « DaD dont la signature apparaît au dos de la photo serait le fondateur de l’Ordre du Grand Nord situé précisément dans le Passage Pommeraye. Cet ordre annonce un ordre beaucoup plus connu l’Ordre des Polaires. Certains auteurs vont jusqu’à donner le nom du second, au premier, mais il s’agit de deux ordres différents ».

Le Fonds Berlier était conservé dans une élégante boîte en bois ouvragé, qui dormait depuis des décennies dans le tiroir secret d'une armoire familiale. Patrick Berlier, car il s’agit bien de lui, y découvrit des documents qui lui ont permis de localiser l’ancien Hostel du ROLLAT D’OR où œuvrait Maître Anselme Rollat l’imprimeur, l’ancêtre de Thierry Rollat qui vécut – non pas Thiery – mais… Anselme aux XVIème et XVIIème siècles. Une maison située à l'angle de la rue Mercière et de la Place Grenette, dans le vieux Saint-Étienne, non loin de la Place du Peuple et de sa vieille tour, vestige des remparts qui au XVe siècle ceinturaient la ville. Patrick découvrit aussi des documents localisant les souterrains partant du vieil édifice. Dans l’un de ces souterrains, il remarqua l’inscription CRYPTA FERRATA. Il en conclut, à juste titre, que cette crypte était celle d’où Anselme Rollat et Hiéronymus avaient accédé à la cité de Nantes. Il n’avait que peu d’informations sur le sujet. Thierry Rollat n’en possédait guère plus mais ils voulaient penser qu’il leur serait pareillement possible d’utiliser cette Porte.

 

La boîte contenant les documents du « Fonds Berlier »

 Quels étaient les intérêts de ces deux amis d’utiliser cette Porte temporelle ? Pour Patrick Berlier, l’intérêt était de découvrir l’origine de cette photo, de savoir vraiment si cette photo avait été prise et si oui, de connaître tout ce que cela impliquait. Pour Thierry, ce n’était pas tant la photo sur laquelle il n’apparaissait pas. Patrick avait toujours le coup pour apparaître sur la photo… Thierry était intrigué par le verso de la photo mais secrètement il souhaitait résoudre une énigme familiale sur laquelle il n’avait que peu de renseignements.

Patrick Berlier se regardait encore dans la glace mais la raison n’était plus celle qu’il affichait précédemment dans sa main droite. Il se demandait qu’elle chemise il devait prendre ? Il ne put soudain s’empêcher de rire. «  Mais ma chemine à carreaux bien sûr ! »

 

L'hostel AU ROLLAT D'OR dans le vieux Saint-Étienne

(gravure ancienne)

 Les deux amis à la nuit tombée s’engagèrent dans la rue où se dressait l’ancien Hostel du ROLAT D’OR, une demeure restaurée au XXe siècle, mais que l'on disait avoir été habitée par un alchimiste, comme semblaient en témoigner les mystérieux symboles gravés dans la cour intérieure. Devant un bar-restaurant sur la Place Grenette voisine – l'ancien marché aux grains – était garée une voiture de police. Deux policiers discutaient avec le patron. Les uns regardèrent les autres, mais les deux passants du trottoir poursuivirent leur marche jusqu’à l’ancienne résidence d’Anselme Rollat. Ils pénétrèrent dans l’ancestrale Hostel aujourd’hui occupé par différents propriétaires. Thierry se dit que cette belle maison, plus toute jeune, pourrait toujours appartenir à sa famille !? Il aurait suffit que… Mais l’heure n’est pas à la rêverie. Les voici rapidement dans le souterrain. Le plan ne peut mentir… l’entrée de la CRYPTA FERRATA ne peut que se trouver là et pourtant ils ne la découvrent pas ! Les deux amis n’avaient pas encore évoqué l’idée du repli et pourtant ce fut sans doute ce qui se serait passé, s’il n’y eut subitement une transformation dans le mur. Une ouverture jusque-là invisible se matérialisa. Un homme avançait vers eux :

« Paix sur vous, Enfants des Maîtres Anselme Rollat et Hiéronymus Berlier mes amis. Je suis Rabbi Shlomoh et j’ai pour mission de vous conduire à Nantes le 24 décembre au soir de l’année 1894. Suivez-moi ! Nous entrons dans la CRYPTA FERRATA et empruntons de suite ce tunnel lumineux qui nous mènera sous la cathédrale Saint-Pierre de Nantes. »

 

Cathédrale Saint-Pierre de Nantes (lithographie ancienne)

 Au bout du tunnel Thierry Rollat et Patrick Berlier précédé de Rabbi Shlomoh pénétrèrent dans une CYPTA FERRATA sise sous l’ancien Temple Druidique des Namnètes. Ils gravirent un escalier et accédèrent à la cathédrale où l’on préparait la Messe de Noël.

« J’ai ordre, indiqua Rabbi Shlomoh, de vous conduire directement au Passage Pommeraye. Les deux amis étaient impressionnés. Ils avaient fait un bon de près de 123 ans dans le passé ! Ils descendirent la Grand-Rue jusqu’à l’Erdre. Rabbi Shlomoh ne leur laissait guère le temps d’observer l’animation de la cité. Ils traversèrent le pont  sur l’Erdre puis descendirent vers la Loire jusqu’au Passage Pommeraye où de belles dames richement vêtues, accompagnés de leurs maris pareillement vêtus, montaient et descendaient le grand escalier permettant d’accéder de la rue de la Fosse à la rue Crébillon. De magnifiques boutiques donnaient à ce passage une idée de Paradis mais peut-être aussi… d’Enfer !

 

Le Passage Pommeraye en 1843– le grand escalier

© Archives et Bilbliothèque municipales de Nantes

 Rabbi Shlomoh entraîna les deux amis dans un appartement du Passage ressemblant tout à la fois à l’officine d’un alchimiste et à une bibliothèque où s’alignaient les livres les plus rares.

Un homme mystérieux, d’allure raffinée et vêtu à la dernière mode, vint à leur rencontre :

« Bienvenue parmi nous. Je suis DaD le Maître de l’Ordre du Grand Nord. Je vais vous présenter tout d’abord trois de nos membres les plus anciens. Voici Jules Verne qui est des nôtres depuis ses dix-huit ans, son nom je veux le penser, ne vous est pas inconnu ?! Voici l’hermétiste Pierre-Aristide Monnier : le Maître Anonyme de Nantes et dont le nom d’Adepte est Alcyon ! Et voici Thomas Dobrée, peut-être le plus étrange d’entre-nous ! Enfin voici le grand Nadar, écrivain mais aussi célèbre photographe de Paris qui nous fait, tout comme vous nous le faites, en ce soir de Noël, l’amitié de sa présence. La particularité de Nadar photographe est d’introduire dans la photographie la fantaisie, n’hésitant pas lorsque nécessaire à utiliser quelque trucage dont il a le secret.

« Je vous prie de bien vouloir m’excuser j’ai un travail à terminer avant d’accueillir de nouveaux invités.

Les deux amis se retrouvèrent, seuls – bien que le mot ne convienne guère – avec les illustres Nadar, Thomas Dobrée, Pierre-Aristide Monnier et Jules Verne. Quelle fut la teneur de leurs discussions ? Un jour peut-être, Patrick Berlier ou Thierry Rollat, révèleront la teneur de leurs entretiens. Mais nous ne pouvons pour des raisons qu’il ne nous appartient de révéler, d’en informer nous-mêmes le lecteur.

L’appartement du Passage Pommeraye sembla soudain s’animer, voici que pénétrait au grand complet la Guilde des Sept. Dad qui semblait connaître tout le monde, fit les présentations. La soirée fut longue, bien que pourtant bien courte. Jamais Noël n’avait été si mystérieux. Mystérieux non pas dans le fantastique mais dans les secrets qui furent révélés cette nuit.

Nadar voulu immortaliser cette soirée inoubliable. Et c’est ainsi que Patrick Berlier dans une mise en scène de Nadar posa pour la photo au côté du grand Jules Verne. L’émotion fut au comble lorsque le grand Jules découvrit son lointain ancêtre André Verne. Si Jules était né à Nantes, c’est en grande partie grâce  à André…

Patrick Berlier et Hiéronymus Berlier écoutaient avec admiration ce que l’un pouvait apprendre à l’autre tandis que Thierry Rollat interrogeait son ancêtre Anselme Rollat enfiévré qu’il était par l’idée qu’il allait enfin savoir ce que représentait précisément ce trophée auquel il tenait, bien qu’il n’en était pas encore le dépositaire, comme à la prunelle de ses yeux.

Anselme Rollat se trouva quelque peu embarrassé lorsque Thierry évoqua le trophée. En effet, le seul trophée qu’il eut reçu et qui ressemblait – bien qu’il en différait considérablement – était le cadeau empoisonné de l’Ordo Nicolaus Diaconus…

 

Sculptures du Passage Pommeraye

 Minuit sonna aux clochers de la ville de Nantes. L’Enfant Jésus était né. Tout ce monde présent dans l’appartement du Grand Nord aurait pu en cette heure de sainteté, occuper quelques sièges de la cathédrale Saint-Pierre où l’évêque Auguste-Léopold Laroche officiait. Mais pour cette bien étrange assemblée, le rendez-vous de minuit ou d’après-minuit était ailleurs…  plus bas dans la cité. Dad entraîna ses invités dans un escalier secret qui descendait, et descendait encore jusqu’au domaine du Clauiger Cœli. D’anciens auteurs, tel Pierre Biré, avaient évoqué son existence mais leurs propos étaient si énormes qu’il est difficile d’affirmer s’ils avaient un temps soit peu raison.

Dad s’arrêta devant ce qui n’était qu’un mur. Il prononça ces simples paroles : « Je suis Dad, me voici ! » Soudain le mur s’effaça faisant place à une porte dorée. Dad frappa et un prêtre de type oriental vint lui ouvrir et lui dit : « Suivez-moi Maître Dad, ils vous attendent. »

Les hôtes du Clauiger Cœli pénétrèrent dans la grande salle de réception. Le Clauiger Cœli, que d’aucuns affirment avoir été Noé, ceux-là même qui affirment que le Grand Sem son fils, serait Melchisédek. Nous n’affirmerons, personnellement, rien dans le domaine… Le Porteur des Clefs du Ciel, Maître de l’Église Secrète, siège sur la haute cathèdre marquée de la nef  héraldique nantaise. À ses côtés, la Guilde des Sept reconnait Raziel le Grand Eldil et ses trois Compagnons. Le Clauiger Cœli se lève et s’avance devant eux :

« Soyez les biens venus dans ce Temple Secret de cette Église dont je ne suis que le Serviteur. Je suis fier de recevoir la Guilde des Sept. Le Grand Eldil, Raziel, ici présent m’a raconté le combat qui a été le vôtre contre les forces du Mal. Les forces noires de Nemrod, sont toujours présentes au sein de l’Ordre du Diacre Nicolas. Mais ce pouvoir est à présent mis en échec. L’heure n’est aucunement à la victoire mais une trêve est instaurée. »

Se tournant vers Anselme Rollat, le Grand Pontife lui dit :

« Avancez Maître Anselme Rollat. L’Ordre du Diacre Nicolas vous a offert un cadeau empoisonné : Un Livre Noir chargé de trois pommes de grenade d’or. Ce cadeau était indigne de vous. Ce Livre aux noires aisselles enflammées n’est pas celui qui vous est destiné ! »

D’un signe de main, il fait entrer l’un de ses sujets portant un Livre d’Or chargé non pas de trois pommes de grenade d’or mais de trois pommes d’or.

« Les pommes de grenade sont un symbole de nature positive. La grenade est le fruit des Rois. Le nom secret de Nantes, vous le savez est Armon, de l’hébreu Rimon : ‘’ pomme de grenade ‘’.

 

Le Passage Pommeraye

 « Le Passage Pommeraye où vous avez passé cette Nuit de Noël, doit son nom à Louis Pommeraye. Ce Passage qui est son œuvre, possède une statuaire et une sculpture riche en symbolisme. La Pommeraye imaginée par Louis Pommeraye se veut une transposition de la Pommeraye du Jardin des Hespérides. Les Dragons sculptés de l’imposant escalier en gardent l’entrée.

« Louis Pommeraye mort en 1850 était tout comme ses cinq sœurs et son frère, ‘’ de père inconnu ‘’. On évoque  à ce sujet : ‘’ un épais mystère ‘’ que je ne souhaite pas révéler. La mère de Louis Pommeraye qui signait toujours  ‘’ Sophie Pommeraye ‘’ descendait d’une noble famille bretonne : les Pommeraye de Kerambart dont les armes étaient :

 

De Gueules à 3 grenades d'or (alias pommes de grenade)

 « Ces pommes de grenade d’or possèdent, je le répète une symbolique honorable mais il n’en va pas de même du Livre Noir qui aurait pu déshonorer votre noble travail.

« Il était de mon devoir de réparer cette injustice. Aussi recevez, Maître Anselme Rollat ce trophée digne de votre fonction : Un Livre d’Or (le ROLLAT D’OR) dont vous connaissez l’importance symbolique et même réelle, sur lequel sont posées trois pommes d’Or.

« Les pommes d’or nantaises que vous recevez en cette Nuit de Noël, sont les pommes d’Or de Saint Nicolas, le saint évêque de Myre. Bien que ce symbole arboré par Saint Nicolas ait été associé au Chemin de Saint-Jacques, il possède essentiellement une symbolique hermétique. Nous apprenons en lisant L’HISTOIRE DE NANTES du docteur Ange Guépin dont le nom – soit dit en passant – rime avec celui du docteur Turpin n’est-ce pas Monsieur Jules Verne ? Donc nous apprenons… Mais dites-nous, s’il-vous-plait un mot sur ce docteur Turpin et je reprendrai ensuite la parole.

« Bien volontiers, répondit Jules Verne, le docteur Ange Guépin, médecin philanthrope, homme politique et écrivain, décédé en 1873, fut un grand ami de ma famille. Pierre Verne, mon père, le docteur Ange Guépin et moi avons eu de longues discutions sur des sujets méconnus de la cité de Nantes. En 1847, à l’âge de 19 ans, tout en étudiant le droit, mais sans conviction, je pense déjà à faire carrière dans les lettres, j’avais entrepris un premier roman de mystère et de suspens : Un Prêtre en 1839. Malgré mon jeune âge je venais à l’époque d’intégrer, à la demande de DaD, l’Ordre du Grand Nord. J’étais décidé à révéler dans ce premier livre quelques mystères cachés de Nantes, mystères sur lesquels nous avions pu échanger lors de belles soirées, Ange Guépin, mon père et moi. Ce roman aurait pu s’intituler De Saint-Nicolas à la Vraye-Croix Ou le Voyage entre les drapeaux. Mais je pris la décision, après concertation notamment avec Ange Guépin, de fondre ce titre dans le roman. Ce roman s’est avéré difficile à écrire. Lorsque je quittais Nantes pour Paris, je le glissais dans ma valise espérant un jour le remanier. Je dirai qu’au final j’ai fait plus que le remanier en le fondant dans l’ensemble de mon œuvre littéraire. Dans ce premier roman, je pris la décision de reconsidérer la ville de Nantes dans sa géographie. J’y ajoutais une paroisse d’importance, la paroisse Saint-Michel… J’y supprimais la rivière Erdre qui sépare la paroisse Saint-Nicolas de la paroisse Sainte-Croix. On passe dans le roman, allègrement d’un lieu à l’autre sans avoir vraiment quitté l’un et sans avoir vraiment pénétré l’autre. Comprenne qui pourra ! André Verne ici présent, mon lointain aïeul est à même de comprendre…. Dans le roman apparaît la belle Anne Deltour, dont les initiales AD, d’importance dans le roman, sont aussi mais pas uniquement, allusives à D AD…  Une tentative d’enlèvement de la belle AD, a lieu entre l’Église Saint-Nicolas et l’Église Sainte-Croix. Un prêtre défroqué et sa bande, identifiée dans le roman comme un groupe satanique, a organisé mais raté cet enlèvement. AD est sauvée et soignée par le docteur Turpin. Ce nom rend hommage au docteur Guépin mais il faut aussi en considérer son origine. Turpin est un nom d’origine normande. Les Vikings occupaient la paroisse Saint-Nicolas. Turpin vient de Tor (Thor) dieu scandinave et de Finnr (nom de peuple  ou Fils). Il convient de se rappeler du Bois Tortu (l’essart du dieu Thor) dans la paroisse Saint-Nicolas où fut édifiée la chapelle Sainte-Catherine des Templiers, devenus ici les successeurs ou les Fils de Thor… divinité qui précéda à Nantes, Saint Nicolas…

Le Clauiger Cœli remercia Jules Verne puis poursuivit son discours : « Le docteur Ange Guépin dans son Histoire de Nantes, prend le temps de s’arrêter sur l’année 1614, et principalement sur la nouvelle de la venue prochaine du roi Louis XIII pour présider à Nantes les États de Bretagne. Le bureau de la ville s’occupa de lui faire une magnifique réception. Deux tableaux furent commandés au peintre Diard ; l’un de 8 pieds de haut et l’autre de 9 pieds. Le premier représentait le roi à cheval et l’autre Henri IV en Hercule, habillé à la française, ayant sous ses pieds un dragon, gardien du jardin des Hespérides, qui lui présente un rameau d’or chargé de trois pommes. Un théâtre fut construit à la porte Saint-Nicolas, et l’on y plaça les tableaux du peintre Diard et d’autres ornements. Ange Guépin rapporte les autres folies qui furent dépensées ce jour-là. La Chambre des Comptes demanda au bureau de la ville d’être à l’avenir plus économe des deniers publics.

Tournant son regard vers P.A. Monnier, le Clauiger Cœli lui demanda : « Aristide Monnier, vous le M.A. de Nantes, soit le Maître Artiste ou la Maître Anonyme, pouvez-vous nous apporter quelques précisions sur cet Henri IV vêtu en Hercule ?

– Bien entendu Monseigneur, répondit l’Alcyon. Ainsi que j’ai pu l’écrire dans mon livre  Clefs des Œuvres de Saint Jean et de Michel de Nostredame, … les Nantais ne peuvent manquer de recevoir bientôt celui en qui doivent revire le caractère et les vertus d’Henri IV et de saint Louis… car oui, ainsi que l’a écrit le Mage de Salon : de nuict par Nantes l’iris apparaîtra… (II, 44).  Ce nouvel Henri IV ou nouvel Hercule apparaît comme le Grand Monarque des prophéties. Le dernier des Rois de France. Pour les uns, il s’agira d’un Valois pour les autres – ainsi que l’évoque entre les lignes dans ses romans – notre ami Jules, véritable Maître de Nantes, un ‘’ Mérovingien ‘’ le nouveau Pharamond. Car oui, il sera, au-là de la lignée, un Phare, une Lumière pour la France et même pour le Monde ! La France disent les hermétistes est le Graal du Monde. Nantes doit accueillir ce Grand Monarque.

« Je pense avoir, dit-il en s’adressant au Clauiger Cœli, répondu, rapidement c’est certain, mais répondu tout de même à votre question.

– Effectivement, Maître Alcyon, vous avez répondu à notre question et nous vous en remercions vivement. La Sainte Nuit de Noël est déjà bien avancée. Je voudrais vous remercier tous d’avoir accepté notre invitation. Je remercie également Raziel le Grand Eldil qui par son lumineux travail a pu organiser une telle rencontre qui relève de l’impossible.  Cette rencontre de l’impossible, ce Noël de l’Impossible restera pour chacun de vous, gravé au plus profond de votre mémoire. Certains d’entre vous, au soir de votre vie, pourraient douter de cette nuit : ‘’ N’ai-je pas rêvé cette Nuit de Noël ? ‘’ Notre photographe Nadar, n’aurait qu’un désir, celui de prendre quelques photos pour immortaliser l’instant présent et je le comprends ! Mais nous ne pouvons hélas, accorder ce privilège. L’heure n’est pas venue pour nous de sortir de notre souterraineté.

« En ce qui vous concerne Anselme et Thierry Rollat, le Livre d’Or aux trois pommes d’or vous rappellera à jamais votre voyage de l’Impossible. Raziel le Grand Eldil vous a promis, Mon Cher Anselme de vous initier au Livre d’Or. Je sais qu’il le fera. Quant à vous Patrick Berlier, une photo signée Nadar vous a permis d’arriver jusqu’à nous. Étudiez bien ce que vous avez nommé dans ce futur qui vous appartient, le Fonds Berlier. Vous pourrez ainsi découvrir de belles surprises…

« En ce qui vous concerne, Maître Hiéronymus Berlier, vous le savez, votre mission est loin d’être terminée. Cette mission est placée sous le sceau de Notre Prêtrise et nous sommes appelé à nous revoir, toujours accompagné de Rabbi Shlomoh Olam.

« J’ai fait préparer pour nos Amis d’Outre-Manche Christopher FitzRolling et Rob McBerling, de précieux documents relatifs à la mission de Saint Martin de Vertou en Écosse. Je pense qu’ils répondront à certaines de vos questions. Je n’oublie pas, Noel Barbïa, l’Enfant des Marais. Le cadeau de Noël que vous recevez cette nuit, permettra à l’un de vos enfants de l’avenir, de rencontrer Patrick Berlier et Thierry Rollat. Ceci relève du futur mais un futur que, me semble-t-il, le Stéphanois et le Pélussinois connaissent déjà. N’est-ce pas Messieurs 

« Nos Amis Alcyon, Jules Verne, Nadar et DaD connaissent déjà depuis bien des années notre existence. Pour eux, le doute de cette existence a fait place depuis déjà bien longtemps à une certitude.

« Je ne voudrais pas oublier André Verne. Votre proximité avec l’Ordre des Chevaliers Hospitaliers de Malte vous permet à votre époque d’effectuer de précieux séjours dans la cité de Nantes. Ces précieux séjours vont se poursuivre pour vous et vos descendants.  Votre famille appréciera tant et tant la cité de Nantes qu’elle finira par s’y installer…

« Il me reste à présent à vous souhaiter le meilleur pour votre vie. Certains d’entre vous pourront se vanter d’avoir vécu un Noël de plus dans leur vie. Mais quel Noël !

« Que le Dieu Suprême vous bénisse.

L’heure des adieux arriva. Chacun regagna son époque, d’autres se contentèrent d’aller se coucher ; l’époque présente était la leur.

Thierry Rollat et Patrick Berlier retrouvaient en sortant du vieil Hostel du ROLLAT D’OR leur XXIe siècle. Le premier encore assommé par ce Noël Impossible, se contenta de dire au second : « Faut que je retire mon blouson. Durant cette nuit de Noël à Nantes, il faisait plutôt frisquet, ce mois de mai à Sainté nous invite à suivre le vieil adage ‘’ en mai fait ce qu’il te plait ‘’ et bien pour l’heure, il me plait d’aller dormir. » Le second ne put que confirmer : « Nous avons du sommeil à rattraper. Je ne serai pas surpris si mon sommeil devait se perdre dans des rêves de Noël où les lumières visibles seraient ces êtres d’exceptions que nous avons rencontrés… Regarde Thierry, la voiture de police est toujours garée devant le bar-restaurant…

– Effectivement, reprit Thierry, et les deux mêmes policiers continuent à discuter avec le patron… Allez, rentrons chez nous ».




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