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Décembre R-L-B 2007 |
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Christian Doumergue |
La Tombe du Christ à
Rennes-les-Bains ?
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La
question de la venue de Marie-Madeleine dans le Sud de la France au premier
siècle de notre ère est intimement liée à une
autre question, dont la portée, dépasse, pour celle-ci, le
simple cadre historique : c’est celle du devenir du corps du Christ.
Au XIXème siècle, un certain Louis Martin, militant pour une
vision humaniste et socialiste (1)
du Christ, affirmait
que Marie-Madeleine, lors de sa venue en Gaule, avait amené avec elle
le corps de son défunt maître spirituel et l’avait caché
en une profonde cavité, afin de le soustraire pour longtemps à
la folie des hommes. Si l’idée, chez Louis Martin, tient semble-t-il
plus de la conviction personnelle que d’une réelle investigation historique,
force est toutefois de constater que de nombreux éléments conduisent
à la voir comme une réelle possibilité historique.
Un texte écrit dans le Sud de la France en 720 et évoquant la construction d’un ensemble souterrain dédié au Christ dans la même zone géographique au premier siècle de notre ère, est un des éléments les plus probants allant dans ce sens. Cette possibilité ― outre les questions philosophiques qu’elle soulève ― pose, d’un point de vue archéologique, la question de la localisation de cette hypothétique sépulture. Louis Martin, évoquant le légendaire provençal de Marie-Madeleine, postulait pour une localisation en Provence. L’étude de l’élaboration de l’hagiographie provençale de la sainte, et notamment du culte de ses reliques, à replacer dans son contexte (celui de la croisade contre les Albigeois), ainsi que la confrontation du légendaire aux données historiques actuelles sur le monde romain du Ier siècle, conduisent toutefois à invalider la localisation géographique de la geste de Madeleine telle que conservée dans ce légendaire. L’étude des voies maritimes romaines, notamment, donne comme plus probable l’arrivée de Marie-Madeleine à Narbonne qu’à Marseille.
La localisation
de la tombe proposée par le texte de 720 s’accorde d’ailleurs assez
bien avec ce point d’arrivée ― puisque le site donné est plus
proche de Narbonne que de Marseille. Toutefois, plusieurs éléments
laissent penser que la localisation proposée par l’auteur de ce texte
composé à partir d’écrits plus anciens (son étude
montre qu’il compile au moins deux récits à l’origine distincts),
est peut-être consécutive à une confusion due à
l’implication d’un certain haut personnage romain dans la construction du
tombeau. (2) (1) En un temps où le terme « socialiste »
incarnait une réelle et forte idéologie, et non une gesticulation
tenant de la représentation théâtrale… (2) Voir à ce sujet, qu’il serait trop long de développer ici, mon ouvrage La Tombe Perdue, à paraître en janvier 2008 aux éditions Pardès. Le site en question, sur lequel nous restons volontairement discret ici, y est donné et son passé romain abordé. Pour plus de renseignements sur le livre, voir www.christiandoumergue.com |
L’identification
de ce « pays des Rhedons » à Rennes-les-Bains
(dont le nom dérive de Rhedae, que de nombreux historiens ont rattaché
à la présence de la tribu celtique des Redhons
sur ce territoire…) est particulièrement satisfaisante lorsqu’on la
rapproche de la description donnée par une autre
version du texte, retrouvée à Bruges, qui évoque pour
sa part un paysage de « montagnes rocheuses ».
On sait en outre que Rennes-les-Bains était, à l’époque romaine, une station thermale très fréquentée par les riches romains de Narbonne ― ce qui en fait une retraite idéale pour Claudia Procula et Marie-Madeleine, une fois celles-ci arrivées en Gaule. Si tout cela reste une série de faits qui se recoupent mais ne peuvent, en eux-mêmes, conduire à des certitudes, il est troublant de noter, lorsque l’on sait que Marie-Madeleine, si elle vint à Rennes-les-Bains, y apporta sans doute la dépouille de Jésus, qu’à la fin du XIXème siècle, le curé de la petite station thermale, l’abbé Henri Boudet, fit, dans son étonnant ouvrage La Vraie langue celtique, plusieurs allusions à la présence d’un antique tombeau sur le territoire de sa commune, et relia ce tombeau à la « résurrection »… Un autre texte, plus troublant encore, est Serpent Rouge, un petit opuscule de quelques pages déposé sous trois faux noms à la Bibliothèque Nationale de France en 1967. Ce texte, constitué de courts paragraphes organisés selon un zodiaque de treize signes, évoque le parcours d’un mystérieux pèlerin dans la région de Rennes-les-Bains, à la recherche de la sépulture d’une « belle endormie », jadis reine, que le texte identifie à Marie-Madeleine.
Derrière
cet écrit, se cache, sans qu’il soit possible de dire à l’heure
actuelle s’il en est l’inventeur, ou le copiste (3), Pierre Plantard
(1920-2000), le créateur du mythe de Rennes-le-Château dans
sa définition actuelle. Auteur de plusieurs opuscules anonymes du
même acabit que Serpent Rouge, il a, aussi, inspiré à Gérard
de Sède le premier livre sur l’affaire Saunière, et on le retrouve
quelques années plus tard derrière L’Enigme Sacrée. La structure des matériaux (opuscule
et livres) à partir desquels il a élaboré le mythe
ne laisse guère de doute sur le fait qu’à travers l’histoire
mystifiée de l’abbé Saunière ― à qui Plantard
a prêté une vie qu’il n’a jamais eue ― Pierre Plantard a délivré,
sous la forme d’une fable, un incroyable secret dont lui et son ami Philippe
de Chérisey ont été les détenteurs, au moins
partiellement. (4) Et de fait, des correspondances de Philippe
de Chérisey révélées récemment (5) démontrent
que ce dernier et Pierre Plantard ont cherché la tombe de Marie-Madeleine
dans la région de Rennes-le-Château. (3)
Plusieurs éléments laissent plutôt
penser à cette seconde idée. |
Serpent Rouge donne une
description assez vague de la sépulture de Marie-Madeleine. Elle est
cependant suffisamment précise pour signaler qu’il existe à
côté de la sépulture de la sainte d’autres tombeaux.
Si Serpent Rouge ne donne à ce sujet aucun autre indice, un
autre écrit de Pierre Plantard sous-entend que parmi ces sépultures
se trouve celle du Christ. Dans Au pays de la Reine blanche, Plantard
affirme en effet que la pensée médiévale associait
les trois rochers gardant l’entrée nord de Rennes-les-Bains
(Rocko-Negro, Roc Pointu, et Blanchefort) aux
trois rois Mages. Or, cette affirmation, ne reposant sur aucune source historique,
doit être considérée comme un indice de plus laissé
par Plantard pour permettre au lecteur qui saura le lire de comprendre le
fin mot du singulier message peu à peu délivré par lui.
Or, les trois rois mages entourant selon la tradition l’enfant Jésus
à sa naissance, ce que le texte semble signifier c’est que les trois
rochers évoqués entourent également Jésus ― dont
le corps, dès lors, reposerait dans un ensemble souterrain situé
à l’entrée nord de Rennes-les-Bains…
Parce
qu’il est évoqué par l’auteur de Serpent Rouge qui affirme
l’avoir visité, il est assez certain que cet ensemble existe toujours
et que la persévérance de certains, leur foi, et autre chose
qui dépasse le monde sensible, conduiront dans un avenir proche
à sa redécouverte. Alors sera posée une nouvelle fois
à l’humanité une question ― celle de son devenir, et donc de
son présent. Et des choix qu’elle doit faire ― dont LE choix essentiel,
celui, d’enfin, s’Humaniser au sens où l’entendait Déodat
Roché (1877-1978) par exemple… FIN
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IL A
ÉTÉ NOTRE SECOND INVITÉ DE NOVEMBRE 2007
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Nous l'avons aussi accueilli
dans le Pilat. Nous l'avons aussi rencontré à Rennes-le-Château.
Ce fin chercheur et auteur de renom, a même rejoint l'équipe
rédactionnelle, de notre site "La Grande Affaire" et ce dès
son lancement. Nous ne pouvons qu'en être très flattés.
Christian Doumergue demeure un chercheur studieux, précis et pertinent.
Il est un constat qui consiste à retenir que nous partageons de nombreux
points de vue avec cet homme sérieux et particulièrement crédible,
qui mentionne régulièrement toutes ses sources. Nous y reviendrons
dans le futur, avec détails et arguments. Nous sommes en phase avec
lui, sur un esprit général, dont un positionnement respectueux,
qui implique écoute, débat et dialogue avec autrui, par conséquent
avec les autres approches, sur les mêmes sujets. Voici son <Site personnel>. Vous
pouvez aussi à présent mieux le découvrir...
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![]() Christian, entrain de prendre une photographie |
L’affaire de Rennes-le-Château, quant à elle, rassemble tous ces thèmes… Marie-Madeleine est au centre de l’œuvre de l’abbé Saunière. Surtout, dans la reconstruction « plantardienne » de l’affaire Saunière, le fin mot de l’Affaire de Rennes est un secret d’ordre religieux, une remise en question du christianisme établi, dans laquelle Marie-Madeleine joue un rôle central… Après l’ère des « chercheurs de trésors », cette dimension de l’Affaire de Rennes est aujourd’hui devenue la plus importante… et quelque soit son origine, elle nous semble essentielle. Et de salut public.
Si l’intérêt que l’on a prêté à l’étude de l’abbé Saunière depuis les livres de Gérard de Sède nous a permis de nous débarrasser des faux semblants, on ne peut cependant dire pour autant que la personnalité de l’abbé Saunière est aujourd’hui bien cernée. Pour l’homme public, certainement : Bérenger Saunière est un monarchiste convaincu et un caractère fort. Pour le Saunière intime, c’est plus complexe. De nombreux documents ont disparu. D’autres restent dans l’ombre. Ainsi, il est quasiment impossible d’appréhender certains aspects de sa vie. Pour ne prendre qu’un exemple : alors que ses carnets de correspondances gardent trace d’un abondant échange de missives avec son meilleur ami Edouard Auriol, on ne possède quasiment plus aucune de ces lettres qui auraient été d’un riche enseignement sur la vie intime du prêtre…
Ainsi, l’idée de « zones d’ombre » est-elle l’image qui résume le mieux la vie du prêtre. Ceci étant dit, on peut dessiner quelques contours. Même si cette image « angélique » est remise en question par beaucoup, je persiste à croire (notamment à la lecture de certaines lettres à Marie), que l’abbé Saunière était animé d’une véritable foi, et qu’il demeura dans le giron de l’Eglise. Y compris lorsqu’il fut en conflit avec son évêque : pensant à quitter Rennes-le-Château, il imagine s’installer à Lourdes. C’est assez significatif…
Toutefois, si on regarde bien les relations de l’abbé, on se rend compte qu’il n’est pas aussi « sectaire » que son « intégrisme » affiché pourrait le laisser penser… Les Roché, pourtant franc-maçons et anti-cléricaux affichés, évoluent dans son entourage… Entre autres. Cela ouvre bien des possibilités pour comprendre ce qui a pu se passer à Rennes-le-Château…
On sait aujourd’hui que le dénouement, le début et la fin de l’histoire, se trouve non pas à Rennes-le-Château, mais à Rennes-les-Bains. Lorsqu’il a monté le mythe du « curé aux milliards » par le moyen d’opuscules déposés sous de faux noms à la Bibliothèque Nationale de France (ce sont ces opuscules qui donnent pour la première fois la trame « mythologique » complète de l’affaire Saunière : découverte de parchemins, montée à Paris, à St Sulpice, rencontre avec Emma Calvé, etc. ; de Sède en reprendra certains passages presque mot pour mot), Pierre Plantard n’a cessé, alors qu’il mettait Saunière au premier plan, d’attirer discrètement, et de plus en plus, l’attention sur Rennes-les-Bains. Ainsi, la plupart des pseudonymes choisis par Pierre Plantard et Philippe de Chérisey pour signer les opuscules de la BNF, renvoient-ils à la petite station thermale. Prenons un exemple : Walter Celse-Nazaire. Celse et Nazaire sont les deux saints auxquels est dédiée la petite église de Rennes-les-Bains. Autre exemple : Madeleine Blancasall évoque clairement la Blanque et la Salz, deux rivières se rejoignant à l’entrée Sud de Rennes-les-Bains, précisément à proximité de la source de la Madeleine… Bref, tout cela pour dire que Pierre Plantard n’a donné de l’abbé Saunière la vie romancée que l’on sait que pour attirer artificiellement l’attention sur Rennes-le-Château et, de là, conduire « ceux qui savent lire entre les lignes » jusqu’à Rennes-les-Bains. Si dans ce développement récent, Rennes-le-Château fait donc partie intégrante de l’Enigme à déchiffrer, la question se pose quant à son rôle du vivant de l’abbé Saunière. Faut-il penser que l’on a voulu faire jouer aux constructions du prêtre le même rôle de « phare » dont Plantard allait les investir dans son « Œuvre », ou bien s’agit-il d’un phénomène distinct que le pur hasard aurait placé à proximité de Rennes-les-Bains… et qui aurait par la suite été habilement utilisé par Pierre Plantard, pour « parler en étant sûr qu’on ne puisse le comprendre…» (je reprends ici l’intention que lui prête Gérard de Sède dans L’Or de Rennes…)
On aurait tendance de pencher en faveur de cette seconde idée à la lecture des papiers de l’abbé Saunière, puisque l’on y trouve absolument aucun élément laissant envisager que le prêtre ait pu appartenir à un quelconque groupe occulte… Mais l’étude de ses constructions, notamment de l’église, nous incite à penser que certains ont alors bien conçu Rennes-le-Château comme ce « Phare » nécessaire pour attirer l’attention sur le secret de Rennes-les-Bains…
Même si l’on a beaucoup exagéré cette idée, au point de la discréditer, il y a de fait des « anomalies » dans l’église de Rennes-le-Château, dont la plus signifiante est sans doute celle qu’on ne voit pas : l’absence de la représentation de l’apparition du Christ ressuscité à Marie-Madeleine. Alors que toutes les scènes de la vie de la sainte sont présentes, la plus importante n’a pas été figurée… Et l’on peut vite comprendre pourquoi lorsque l’on s’intéresse à la question de la Résurrection…
Ces éléments (pensons encore au grand relief dominant le confessionnal, et à ses détails incontestablement singuliers…) laissent envisager l’existence d’une intention cachée dans ces réalisations. Mais, au vue de ce que je disais précédemment sur le catholicisme toujours constant du prêtre, je ne pense pas que l’abbé Saunière ait été le chef d’orchestre du projet. Ce qui laisserait entendre qu’il ait été manipulé. Cela cadre avec le portrait psychologique qu’on sait de lui. Il avait, psychologiquement et caractériellement parlant, les traits requis pour être l’ « entrepreneur » idéal des œuvres de Rennes-le-Château, notamment une volonté de laisser sa trace ici-bas. Cela le rendait facilement influençable et aveugle au véritable sens du projet que certains lui soufflèrent…
Mais si l’on peut conjecturer que Saunière
a été manipulé… difficile de dire par qui. Mon idée
à ce sujet est qu’il faille sans doute chercher au sein même
de ses relations ecclésiales… Mais là encore, la carence de
documents est telle, qu’il est à ce jour impossible d’apporter une
réponse certaine. Tout au plus peut-on constater l’emprise de cette
influence sur certains papiers du prêtre relatifs aux travaux. Ainsi
les changements de nom de la Tour Magdala, d’abord appelée Tour du
Midi, puis Tour de l’Horloge ― deux noms probablement jugés trop explicites
par les véritables chefs d’orchestre du projet…
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(couverture) La Tombe perdue,
le nouvel ouvrage de Christian
Doumergue, dont la sortie est annoncée pour le 3 décembre aux
éditions Pardès. Il est dès à présent
en pré-commande sur
<Amazon.fr>
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Christian Doumergue : L’idée de la présence du tombeau du Christ à Rennes-le-Château, ou plus exactement à Rennes-les-Bains, repose sur divers éléments… Les plus anciens remontent à l’Antiquité, aux premiers temps du christianisme et à la question que pose la disparition du corps de Jésus de la tombe où on l’avait disposé après la descente de la croix… Le christianisme romain a expliqué cette disparition en s’appuyant sur la croyance en la résurrection charnelle de Jésus. Et depuis c’est cette vision qui a prévalu. Mais les choses ne sont pas aussi simples… De nombreux christianismes dissidents, notamment gnostiques, ont, dans l’Antiquité, rejeté cette idée. Ils croyaient en la résurrection, mais donnaient à celle-ci une définition strictement spirituelle, une définition en tout point comparable à celle que les bouddhistes donnent au processus de l’Eveil. Les deux termes sont d’ailleurs employés comme synonymes l’un de l’autre dans certains écrits gnostiques. Et donc, pour ces chrétiens, Jésus était ressuscité, puis était mort. Et non l’inverse. Les milieux Juifs, de leurs côtés, ont colporté très tôt l’idée que le corps de Jésus avait été secrètement enlevé de la tombe où il avait été ostensiblement déposé, pour être mis à l’abri ailleurs. Ce qui est intéressant, c’est que ces traditions mettent en scène, pour certaines d’entre elles, un jardinier. Or, c’est à un jardinier que Marie-Madeleine s’adresse dans l’Evangile de Jean pour lui demander de la conduire jusqu’au corps de son Maître, corps dont elle attribue précisément le rapt au dit jardinier. Bien sûr, elle reconnaît ensuite sous les traits du soi-disant jardinier ceux de son Maître. Mais le texte de Jean est de ce point de vue si confus qu’on ne peut que penser qu’il a été maintes fois remanié, réécrit, pour cadrer avec l’évolution progressive du dogme. Ainsi, Marie-Madeleine est-elle placée au centre du mystère de la disparition du corps du Crucifié et tout laisse penser que c’est elle qui, à cause de la proximité qui l’unit à Jésus du vivant de celui-ci, récupéra le corps et en prit soin… Qu’en fit-elle ? La réponse à cette question découle de la résolution d’une autre : que devint-elle ? De nombreuses traditions affirment qu’elle se rendit dans le Sud de Gaule où elle termina sa vie… L’Histoire officielle remet en question l’origine historique de ce légendaire. Mais l’Histoire officielle est partisane, et j’ai par ailleurs démontré que la présence dans ce légendaire couché par écrit au moyen-âge d’éléments appartenant à des christianismes antiques (la place accordée à la femme dans la prédication par exemple), suffit à démontrer l’origine ancienne de ces traditions. Et donc le fait qu’elles reposent bien sur une base historique. Peut-on pour autant dire que le corps de Jésus a été ramené en Gaule à ce moment là ? On en est encore, de ce point de vue là, au stade des conjectures, des recoupements de faits. Il en sera ainsi tant qu’aucune découverte archéologique ne sera là pour vérifier l’hypothèse. Mais en matière d’éléments tangibles, on peut déjà en citer quelques-uns… Il y a déjà plusieurs années, j’ai mis en avant un reliquaire conservé à la Sainte Baume et représentant l’embarcation amenant Marie-Madeleine et les siens d’Orient en Occident… A l’avant de cette barque repose un corps momifié qui, incontestablement, garde le souvenir du rapatriement d’un corps embaumé en Gaule… Plus récemment, j’ai trouvé une confirmation à l’hypothèse de la présence du tombeau du Christ dans le Sud de la France dans un écrit rédigé vers 720 dans le Midi. Ce texte consacré à la conversion au christianisme de l’empereur romain Tibère affirme que celui-ci se rendit en Septimanie (l’actuel Languedoc Roussillon…) pour y construire une grotte au nom du Christ, autrement dit y ériger un ensemble souterrain auquel on a du mal à trouver une fonction autre que funéraire… Affirmation troublante quand on sait que plusieurs traditions conservées dans différents apocryphes affirment que Marie-Madeleine se rendit à Rome pour y rencontrer l’empereur Tibère et lui demander réparation de la mort de Jésus. L’appui d’un empereur pourra sembler surprenante, mais, comme je le démontre dans mon dernier livre à paraître début décembre (La Tombe Perdue, éditions Pardès), tout cela n’est qu’une « affaire de famille »...
Ceci étant dit, si je doute que l’abbé
Saunière lui-même ait eu contact avec les diverses sociétés
lyonnaises du XIXe siècle et du début du XXe qui ont évolué
dans le monde de l’ésotérisme, celles-ci sont intéressantes
et, pour certaines, présentent des liens directs avec l’Affaire qui
nous intéresse. Lyon est ainsi un lieu important pour l’Eglise Gnostique.
On y trouve Bricaud qui est un proche du docteur Fugairon. Ce dernier, s’éloignant
de Léonce Fabre des Essarts, qui succéda à Jules Doinel
à la tête de l’Eglise Gnostique, va fonder avec Bricaud une
nouvelle église gnostique… Or, comme je crois l’avoir montré
dans mon livre L’Affaire de Rennes-le-Château, Fugairon est une pièce maîtresse
du puzzle qu’il nous intéresse de reconstituer. Lié à
ces figures, en ayant vu passer d’autres, le Lyon des dernières années
du XIXe et des premières du XXe garde donc des éléments
importants pour comprendre l’Enigme. Que Saunière ait directement
à voir avec cela, par contre, reste pour moi à démontrer…
![]() (Ostie) Christian Doumergue devant le comptoir de Narbonne à Ostie (Italie), ancien port de Rome. C’est vraisemblablement de là que Marie-Madeleine embarqua pour la Gaule… |
![]() (Rennes-les-Bains) Christian Doumergue à Rennes-les-Bains, le véritable point de départ de l’ « Affaire de Rennes-le-Château » et le cadre de son dénouement, à venir… |
![]() Les Trois Dents |
![]() Christian dans le Pilat |
![]() La Pierre qui Chante |
(Reliquaire)
Détail d’un reliquaire conservé à la Sainte Baume (Var) :
à l’avant de
la barque conduisant Marie-Madeleine
en Gaule figure un corps momifié…