REGARDS DU PILAT
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Octobre 2007

   Des épopées sacrées

    Les croisades furent de fantastiques expéditions militaires réalisées au moyen de coalitions, consolidées à grande échelle, par les chrétiens d’Europe occidentale précisément à partir de 1095. Elles étaient organisées en principe à la demande du Pape, mais certains rois entreprenants et farouchement déterminés devançaient parfois le souverain pontife . Leur but initial demeurait de délivrer les lieux saints qu’occupaient les Musulmans et notamment Jérusalem avec le tombeau du Christ, mais aussi d’autres lieux de pèlerinage. On comptabilisa rigoureusement huit croisades, dont la dernière s’est achevée à la mort du roi de France, Saint Louis en 1270, sous les portes de Tunis.

    Des motivations profondes et différentes traduisaient cette extraordinaire volonté de combattre coûte que coûte sur ces terres pendant deux siècles. Tout d’abord, bon nombre d’historiens y voient l’ambition non affirmée, mais bien réelle des papes qui voulaient alors étendre leur pouvoir politique et religieux. Mais il y avait aussi une motivation commerciale déguisée qui  permettait de formidables échanges. Et encore le fait que la population de l’Europe croissait de manière importante, il fallait donc en quelque sorte trouver une zone géographique pour accompagner ce développement. Nous pouvons encore aussi y ajouter un autre phénomène, à savoir la volonté expansionniste de seigneurs médiévaux qui désiraient développer leur patrimoine terrien. 

    La cause retenue pour la première croisade provient d’un soulèvement politique important des Turcs Seldjoukides au Proche-Orient. Les chrétiens furent particulièrement alarmés de cette agression. Le Pape Urbain II, prit l’initiative de s’adresser au peuple présent lors d’un concile de l’Eglise à Clermont-Ferrand. L’adhésion fut exceptionnelle, aussi le Pape amplifia son message en demandant aux évêques de porter sa parole dans les paroisses que ces derniers géraient. L’objectif était précis, des groupes devaient se constituer, être autonomes les uns des autres et autofinancés. Ces derniers se réunirent à Constantinople entre novembre 1096 et mai 1097. Le 1er juillet 1097, les armées de croisés déferlèrent sur les forces turques, qui ne purent amorcer la moindre riposte salutaire. La marche en avant pouvait s’opérer avec au bout du compte et en ligne de mire Jérusalem. Cet objectif sera atteint le 15 juillet 1099, avec tout de même durant ces deux années de lourdes pertes dans le camp des croisés. Ces derniers en revanche massacrèrent au final irrémédiablement tous leurs captifs ennemis. Godefroi de Bouillon fut élu chef par l’armée. Il resta sur place avec quelques troupes ; pendant ce temps la majorité des croisés retournèrent en Europe, laissant le soin à ce nouvel homme fort d’organiser les territoires vaincus. Ce qu’il fit brillamment.

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    Durant quarante cinq ans cette domination se conforta, sans difficulté ou soulèvement majeur. On compta alors quatre Etats latins. Le plus important était le royaume de Jérusalem, mais il y avait aussi le comté de Tripoli, la principauté d’Antioche et le comté d’Edesse. 

   Les forces musulmanes en présence dans la région vont s’unir et en 1144 ces dernières vont remporter une victoire importante en prenant la cité d’Egesse. Un an plus tard, le pape proclamera une seconde croisade. Les Français et les Allemands affluèrent en grand nombre, pourtant les derniers cités seront rapidement mis en déroute, quant aux français ils ne feront guère mieux rentrant aussi prématurément au pays. Cette croisade se soldera donc par un cuisant échec. 

  Les musulmans poursuivirent leur regroupement et possédèrent bientôt un véritable royaume. A partir de 1169 va émerger un chef de guerre redoutable en la personne de Saladin. En 1187, il envahira le royaume de Jérusalem et pour bien montrer sa détermination, il fera décapiter tous les Templiers et Hospitaliers qui s’étaient rendus. Il accumulera les prises de citées latines. Les croisées au 2 octobre de cette année 1187 ne possèderont plus que Tyr au Liban. Le Pape Grégoire VIII ne tardera plus à proclamer la troisième croisade le 29 octobre précisément. Cette croisade restera un exemple jamais plus égalé en terme de mobilisation militaire et d’enthousiasme pour prendre part au combat sacré. C’est lors de cette dernière que le célèbre roi d’Angleterre Richard Ier Coeur de Lion se taillera une solide réputation. Néanmoins, les croisés se montrèrent incapables de reprendre la symbolique cité de Jérusalem avec le tombeau du Christ. Par contre ils reprirent Acre. Richard quitta la terre sainte avec un bilan mitigé, ceci en 1192, après avoir sommes toutes reconstitué un semblant de royaume latin, qui tiendra près d’un siècle.

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    La quatrième croisade rencontra des problèmes financiers à répétition et obligea les croisés à cibler leur offensive sur l’unique prise de Constantinople. Elle s’étala de 1202 à 1204. Sans comparaison aucune avec la précédente d’un point de vue militaire donc, elle atteignit malgré tout le maigre objectif qu’elle avait été contrainte de se fixer. Ce petit empire latin de Constantinople survécut  jusqu’en 1261.

    La cinquième croisade, entreprise de 1217 à 1221, fut un échec car cette fois-ci les renforts promis n’arrivèrent jamais. Une attaque était  prévu en Egypte avec normalement la prise du Caire et ensuite une campagne pour prendre le contrôle du Sinaï. Finalement Damiette, la seule prise croisée fut rendue aux égyptiens en août 1221 ; en septembre les armées latines rentraient à la maison. 

    La sixième croisade prit une tournure très particulière. Puisqu’elle se déroula sans combat avec les forces musulmanes. Elle fut conduite par l’empereur germanique Frédéric II. Il avait fait la promesse de diriger une croisade dès 1215. En 1220, il la différa une première fois pour des raisons de politique intérieure. Il la reporta une seconde fois en 1227 pour raison de santé cette fois. Le Pape qui s’impatientait l’excommunia. Pourtant en 1228, sans le soutien de l’Eglise, il s’embarqua comme simple croisé et par la négociation, il obtint du sultan égyptien Al-Kamil une trêve de 10 ans et surtout la restitution de Jérusalem. Jaloux, le Pape qui n’avait pas oublié l’excommunication du fin diplomate lança une ‘croisade’ contre le nouvel héros qui dû rentrer précipitamment chez lui pour préserver ses arrières. 

    En 1244, Jérusalem fut de nouveau repris par les musulmans. Le roi de France Saint Louis passa quatre année à préparer la septième croisade qui fut effective en 1248. Cette croisade s’appuyait sur la même stratégie que la cinquième, à savoir prendre Damiette, puis le Caire. Mais là en 1250, l’attaque au Caire fut un véritable fiasco. Les croisés, n’ayant pas protégé leurs arrières, les égyptiens réussirent à reprendre les réservoirs d’eau le long du Nil et à ouvrir les écluses. L’armée croisée fut dans son ensemble prise au piège et Saint Louis dû se rendre en avril 1250. Il fut libéré après que les Templiers eurent payé une énorme rançon. Pour la petite histoire son petit fils, l'ignoble et prétentieux Philippe le Bel aura la mémoire courte sur cet épisode, ceci quelques soixante ans plus tard lorsqu’il démantela sous de fallacieux prétextes ce même Ordre du temple. Quoiqu’il en soit, après avoir renforcé quelques positions du royaume latin, Saint Louis rentra sans triomphe en France en 1254.

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    La huitième et dernière croisade sera néanmoins de nouveau conduite par Saint Louis et ceci sur son initiative en 1270. Il avait mis au point auparavant des préparatifs ambitieux durant trois années. Pourtant la noblesse française ne fut pas enthousiaste et le combat tourna court. Ce sera un désastre. Le roi avait choisi Tunis, pour en prévision ensuite attaquer de nouveau l’Egypte. Son plan se déroulait comme prévue en Tunisie, quand la peste se déclara dans les rangs de l’armée. Saint Louis touché personnellement par l’épidémie mourut le 25 août ; ironie du sort, juste au moment où son frère, Charles d’Anjou arrivait pour lui porter main forte.

Voilà brièvement résumé ce que l’ont peut écrire sur les huit croisades officielles et historiques ; elles sont authentiques et indiscutables. Il subsistait encore après 1270, quelques rares positions chrétiennes dans le maigre royaume latin restant, dont la chute d’Acre en 1291 reste le symbole final. De toutes façons à ce moment-là, il n’y avait plus aucune chance pour un renversement des forces en présence, c’est notamment pour cela que plus aucune croisade ne fut proclamée en tant que telle, malgré les motivations sincères et profondes du Pape Grégoire X, nommé en 1271. Maintenant, il demeure aussi parfaitement exact que des combats eurent encore lieu en Terre Sainte, principalement menés par les Templiers et leurs alliés, rivaux respectifs d'orgueil, parfois alliés, en un mot, leurs faux amis, les Hospitaliers, et également les Teutoniques ; mais les Papes qui connaissaient les situations désastreuses ne mobilisèrent plus l'enthousiasme de troupes, même rémunérées, en rapport aux besoins exceptionnels et massifs qu’il aurait fallu. Les croisades étaient bel et bien terminées : il fallait sauver ce qui pouvait l’être ! Ajoutons que lorsque l’on voit écrit, ici où là, que Guillaume de Roussillon, mort durant l’année 1277, dans les environs de Saint-Jean d’Acre, le fut au cours de la huitième croisade et bien ceci est absolument faux ; cette dernière qui prenait place en Tunisie était clairement terminée en 1270 : l’Histoire ne se récrit pas, même par des auteurs régionaux, certes parfois incontestablement érudits, mais aussi en mal de vérifications basiques. Pourtant, il y a bien ici une énigme majeure de l'Histoire de France, de l'Histoire de la Chrétienté et de stratégies templières historiques, bien mal connues et en tous les cas insuffisamment développées ...

    En 1275, notre noble seigneur, Guillaume de Roussillon, intervint à une période cruciale ; il avait bien une mission officielle, mais en réalité impérieuse, officieuse et partiellement secrète en ce qui concerne le but premier de sa présence sur ce Territoire. Ce mandat décisif et délicat, de tout premier ordre, fut décidé au plus haut niveau, par les deux plus importantes autorités régnantes, par conséquent politique et religieuse, à savoir le roi de France et le Pape. Avant de clore cet exposé annexe au texte central, qui lui demeure avant tout
"Guillaume de Roussillon" je me dois d'ajouter un bien triste épisode des croisades, d'une autre croisade, non comptabilisé dans celes-ci et pour cause. Je ne veux surement pas en disant cela légitimer la juste raison d'être des autres, disons qu'il existait au moins, aux corps défendants des différents protagonistes respectifs, une cause marquée de convictions, avec un adversaire désigné, légitime aux yeux de ces populations médievales manipulées et déterminées à combattre l'infidèle musulman. Notez en pasant, que même Guillaume de Beaujeu, puissant Grand Maître du Temple, avait prit parti et volonté sincère pour qu'enfin les chrétiens et les musulmans puissent vivre ensemble et en paix sur ce même territoire en tourments et conflits armés perpétuels. Sa position contestée, en dérangeait dans les instances décisionnaires, comme chacun le sait, l'Histoire s'écrira bien autrement ...
   
    Revenons, à notre aparté qui indique malheureusement que pourtant, il existe une autre croisade, bien particulière, que je n'ai pas volontairement abordé jusque là. Nous y reviendrons nécessairement dans le futur, dans une rubrique spécifique, sur nos colonnes
de La Grande Affaire, et des pistes se rapprochent également de notre massif montagneux, de secrets ancestraux liés à des évènements directement et indirectement liés à ce contexte encore très flou à bien des titres. Brièvement, sachez en tous les cas qu'en 1208, le Pape Innocent III, proclama une croisade contre les albigeois, un tristement célèbre mouvement qualifié par Rome d'hérétique et oeuvrant plus particulièrement dans le sud de la France. Elle fut la seule à se dérouler sur le sol européen, avec un ennemi officielement chrétien (je précise "chrétien, dissident"), mais aux croyances dogmatiques justement divergentes. De 1209 à 1229, dans d'ignobles conditions le sang versé va couler sans pour autant réussir à anéantir ces malheureux Cathares qui faisaient des émules et obtenaient des soutiens au sein même de la noblesse locale. Cette "victoire", cette éradication déterminée, qui finira quand même par se concrétisée, sera obtenue, seulement au siècle suivant, après que les flammes et les tortures eurent été employées pour faire disparaître ces pacifistes, ces dualistes, ces manichéens, ces idéalistes et certes des extrémistes avec la détermination vouée à leurs croyances. La royauté, aux côtés de l'Eglise, joua un rôle déterminant, grâce à un efficace et froid bras armé, qu'était la redoutable Inquisition, administration judiciaire et religieuse composée par des membres provenant d'Ordres essentielement Dominicains et Franciscains. On doit donc chronologiquement, situer la croisade contre les albigeois, entre la quatrième et la cinquième croisade, des huit que l'on répertorie en destination de Terre Sainte... 

Thierry Rollat




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