MAI 2008

Notre chaleureuse amie, Mireille Cronie, présente










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Les Saintes-Maries-de-la-Mer ?


Nous sommes entre 42 et 48 après Jésus-Christ.

Jérusalem opprime les Chrétiens par des mesures tyranniques et cruelles.

Parmi eux se trouvent les témoins de la Crucifixion de Jésus et de sa résurrection, ce Jésus dit le Nazaréen qui aurait vécu une bonne partie de sa vie en Galilée.

Mais c’est à Jérusalem (ville du Temple que l’on retrouvera dans la Bible) que Jésus fut crucifié sous Ponce Pilate.

Ponce Pilate marié à Claudia qui venait, disait-on, de la Gaule Narbonnaise et tenta de plaider la cause du Seigneur auprès de son époux.

Jérusalem fut assiégée dans les années 70 par Titus. Il fallut attendre l’an 312 pour que les honneurs soient rendus aux lieux Saints par l’Empereur Constantin.

Mais revenons aux environs de 42 à 48 après Jésus-Christ. Au milieu des persécutés nous allons retrouver ceux et celles qui durent quitter ce pays certainement sous la contrainte :

- Marie Salomé mère des apôtres Jacques et Jean.

- Marie Jacobé sœur de la Vierge.

- Marie-Madeleine, Marthe sa sœur, Lazare son frère, et bien d’autres.

Capturés à Joppé (Jaffa en Hébreu ou Yafo), ils furent transportés sur une barque sans voiles ni rames, amenés au large et largués au hasard des jours et des nuits à venir.

Ce fut certainement une manière des plus efficaces de les emprisonner et de s’en débarrasser, car voués à une mort certaine.

Ils durent vivre l’horreur, l’enfer, sur cette Méditerranée pas toujours clémente. Connaître la tempête, la pluie, ou une mer d’huile sous un soleil cuisant.

D’autres diront que tout ce petit monde fut embarqué sur un bateau de marchandises, faisant régulièrement la navette entre Jérusalem et Massillia, et débarqué au hasard d’un rivage.

L’une des légendes, retenue aux Saintes-Maries-de-la-Mer, nous dit qu’ils mirent pied à terre effectivement sur une plage, non loin du détroit du Rhône.









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D’après Festus Avienus au IVe siècle, l’écrivain nous précise qu’une cité qu’il désigne sous le nom d’Oppidum (forteresse) Priscum (antique ou ancienne) Râ, a peut-être été abandonnée. Si Râ n’évoque rien, il nous fait penser au Dieu des Dieux de la mythologie Egyptienne.

Il put être Néolithique, occupé par les Ligures, qui firent ditons, obstacle à Hercule.

Les Ligures seraient venus du N.E de l’Europe vers 1800-1200 avant Jésus-Christ et dont les colonies de peuplement en Gaule seraient antérieures à la présence des Celtes. Pour d’autres les Ligures sont des anciens habitants de l’E.O descendants des Chasséens (peuples des statues menhirs) ou Ibériens.

L’historien Camille Julian situe l’Oppidum à l’endroit des Saintes-Maries-de-la-Mer. Toutefois tout laisse à penser que l’îlot a disparu avalé par la mer.

Certains Saintois vous diront que les Saintes étaient accompagnées de leur servante, Sarah la noire, dans leur périlleux voyage.

Pour d’autres et pour les tziganes, Sarah vivait en Camargue. Elle était de haute naissance et avait sa tribu au bord du Rhône. Cette tribu pratiquait le Polythéisme, c’est à dire qu’ils vivaient dans la coexistence de plusieurs Dieux. Le terme vient du grec Poly (nombreux) et theoi (Dieu). Terme qui nous viendrait de l’auteur Juif Philon d’Alexandrie.

Sarah la noire, avertie qu’une barque avait échoué sur la plage, alla à la rencontre des naufragés et leur porta secours.

Peut après leur arrivée à l’Oppidum Râ les Saintes se séparèrent. Ne restèrent que Marie Salomé et Marie Jacobé.

Les Saintes apportèrent la bonne parole et édifièrent un autel que mentionne Gervais de Tilbury, Maréchal de la cour Impériale du Royaume d’Arles aux environ de 1495 (voir Otia Imperii, livre 2) et Guillaume Durand Evêque de Mende (Rationale Divinorum fin du XIII siècle).

La tradition concernant l’arrivée des Saintes nous viendrait d’un manuscrit attribué à Raban Maur, évêque de Mayence au VIIIè siècle, conservé à l’Université d’Oxford et découvert en 1842 par l’abbé Faillon.

Cet autel aurait été de terre pétrie avec, au milieu, un petit pilier en marbre et par-dessus une table également de marbre. Se trouvaient à proximité un puits et sa source.

Nous retrouvons à la Médiathèque d’ Arles un texte de Philipon Vincent datant de 1521 qui nous parle de la légende des Saintes, où Sarah parcourait avec les siens la Camargue, sollicitant et recueillant des offrandes. Elle participait ainsi aux nécessités de vie de ce peuple devenu Chrétien.

Il faut penser qu’Arles fut assiégée à plusieurs reprises par les barbares et ensuite les Wisigoths. Vinrent les fils de Clovis qui l’assiégèrent pendant deux ans, repoussés eux-mêmes par Théodoric III roi des Ostrogoths.

En 537 Arles passe aux Francs mais sera assiégée de nouveau vers 585 par les Wisigoths qui en deviennent les maîtres.

En 734 Youssouf gouverneur de Narbonne s’en empare et ne laisse derrière lui que ruines et désolation après avoir été chassé par Charlemagne.

Arles en 400 ans fut assiégée près de dix fois, prise et pillée à plusieurs reprises, les villes et villages d’alentours subirent le même sort. Les Saintes-Maries-de-la-Mer, à disons 40 km d’Arles, n’échappa pas aux destructions des envahisseurs.

Que reste t-il du passé de la Camargue après ces invasions, quasiment rien, sinon quelques rares morceaux d’archives, terres et villes dépeuplées que le Rhône va recouvrir de près d’un mètre d’alluvions.

Nous tenons du Chanoine A. Mazel, auteur de notes sur la Camargue, que la chapelle fut nommée Notre-Dame de Ratis ou du bateau pendant plusieurs siècles. Puis en 1838 elle devint Notre-Dame de la Mer et enfin les Saintes-Maries.

Il écrit que, devant la chapelle, s’élevait une croix de fer engloutie par la mer. Elle était encore visible en 1935 par les plongeurs. La mer à cette époque aurait rejeté des fragments de poterie Grecques, Romaines, ainsi que de la monnaie. Ces fragments de poterie appartenaient à la même catégorie que nous retrouvons dans le calèu Provençal : le trèfle, le cœur à 3 lobes, l’étoile aux 3 pointes égales qui symbolise la Trinité.

Ces fragments ressortirent en quantité au Vaccarès et en terre de Camargue.









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Si l’on en croit l’historien Josephe, dans tous les ports de la Méditerranée on pouvait supposer un important trafic entre l’Oppidum Râ et l’Orient parmi une population Juive.

Tout laisse à penser pourtant, grâce aux rejets des fragments du Vaccarès et de la terre Camarguaise lors de sa remise en fertilisation, à une vie Chrétienne du IIe au VIe siècle.

Comment prouver par des documents officiels ce qu’était la Camargue à cette époque ? On la reconstitue de 600 ans avant Jésus Christ à 400 après Jésus Christ par des monnaies de l’époque Constantinienne issues des Offices d’ Arles, des restes de céramique et des dolias pouvant contenir jusqu’à cinq hectolitres de vin et bien plus.

Il est certain que les terres de Camargue étaient très fertiles, j'ose même dire très actives à en croire les ruines de certains mas et vestiges du passé. Mais elles subirent ainsi que les habitats des destructions aux passages des invasions Barbares.

Le Roi René d’Anjou connu comme grand bâtisseur, artiste et amateur de culture, obtint du Pape Nicolas V l’autorisation de fouilles. Les écrits de l’époque révèlent la présence d’une église datant du premier siècle du Christianisme, d’un puits et de sa source, d’une petite grotte supposée être le lieu où vécurent les Saintes, de quelques fragments d’objets et, au chœur, de chaque côté de l’Autel, reposait le corps des Saintes sous des lauses.

Combien vécurent les Saintes, nul ne peut le dire, sinon que Saint Trophime leur rendait visite et leur donna les derniers sacrements.

Saint Trophime serait arrivé à Arles vers 46 après Jésus Christ.

Comment prouver la véracité de la légende des Saintes ? Quels évènements eurent lieu pour qu’il reste une telle intensité de nos jours à revivre régulièrement aux Saintes-Maries-de-la-Mer le pèlerinage où Gitans, Tziganes, Roms, Manouches viennent de toute l’Europe chaque année porter Sarah après la descente des chasses ?

Elle est emmenée vers la mer symbolisant Sarah accueillant les Saintes venant de Palestine. Par leurs prières, leurs actions de saintetés, elles convertirent les Païens. Leur foi si profonde vivra à jamais aux travers des siècles.

Légende………..Réalité……..

Merveilleuse histoire que revivent les Saintes-Maries-de-la-Mer par ses traditions.

Mais comme beaucoup de légendes et de traditions elles gardent leurs secrets et leurs mystères.

Mireille Cronie









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     Je remercie les Médiathèques de Arles, Orange, Port-Saint-Louis-du-Rhône et Ouest Provence, qui m’ont permis de prendre connaissance de livres rares et parchemins, ainsi que les Saintois de souche, particulièrement Marlène et Roger qui ne furent pas avares de précieux éléments qu’ils m’ont rapportés, ainsi que la ville des Saintes-Maries-de-la-Mer, notamment l’Office de Tourisme.
 













   Les Saintes-Maries-de-la-Mer ! Le périple gaulois de la Sainte Marie-Madeleine pourrait ainsi commencer là-bas ? Certes, on peut parler d'une tradition, et même solide ou populaire, popularisée au travers d'un magique récit, extrêmement bien résumé ici par Mireille. Merci à toi, toi qui connais si bien cette région du Sud et qui t'es penchée plus avant sur ce sujet, une certaine base ou devrais-je dire une base certaine de supports religieux, chrétiens en l'occurrence, et qui traverse les siècles avec persévérance.

    Maintenant, s'efforcer de retranscrire le plus rigoureusement possible des éléments parvenus jusqu'à nous, signifie-t-il que ceux-ci sont effectivement à prendre au pied de la lettre ou encore dirais-je avec un peu d'humour, à la descente de la barque ? Non, naturellement, mais il s'avère nécessaire de mentionner, puis d'étudier par la suite, certains détails plus discrets, comme par exemple pourquoi ou comment, les Saintes-Maries-de-la-Mer entrèrent durablement dans la légende. On y viendra, n'en doutez pas.

     Oui, ce récit demeure intrigant, même encore après avoir fait abstraction de tout son côté romanesque. Beaucoup de personnages appartiennent à la célèbre traversée "sans voile ni rame".  Doivent-ils tous être traités dans une approche similaire et ce d'un point de vue autant religieux qu'historique ? Pas simple de répondre et sûrement pas dans ce bref aparté, loin d'être une conclusion à cet article, mais bien une transition, ou l'introduction d'un futur complément, qui sera du reste pluriel et déjà par sa forme.

       Si on ne souhait arbitrairement et ici surtout symboliquement ne retenir que deux saints personnages de cette épopée plus que fabuleuse, notifions alors Marie-Madeleine et Lazare. Vraiment passionnants et aussi passionnés de creuser "historiquement", en ces deux directions, oui à la fois probablement complémentaires, mais pourquoi pas finalement assez différentes, autrement dit plutôt loin de confondre ou de valider des similitudes trop couramment retenues ?

     Les Saintes-Maries-de-la-Mer "une" pièce intime d'un puzzle complexe ?  Certainement.  Alors prenons donc la peine de mettre au devant de cette scène historique particulièrement lointaine, des éléments et des arguments forcément indissociables dans ce déroulement antique qui deviendra ainsi plus affiné dans son authenticité, favorisant peut-être à partir de là un meilleur positionnement d'indices qui eux éclaireront davantage ce même puzzle, des images de vérités, au moins partiellement, reconstituées ?

 Thierry Rollat