DOSSIER NOVEMBRE 2014
|
Par Michel BARBOT |
Etude
de l'inscription hébraïque
des Tables de la Loi
Vitrail du mariage de la Vierge dans l'église de Valfleury Ou le Pilpoul de la Vérité entre Lumière et Ténèbres |
C’est à la fin du XVIIe
siècle que les Lazaristes
s’installent à Valfleury. Ils vont relancer l’ancien
pèlerinage de la Vierge.
Patrick Berlier pour Les Regards du Pilat (dossier Valfleury mars 2012)
nous
parle de James Lugan, supérieur des Lazaristes, qui à
partir de 1840 passa 28
ans de sa vie à Valfleury : « Authentique
aristocrate languedocien, originaire des environs de
Montauban, le comte James Lugan fit construire la nouvelle
église, s’adressant
à celui qui allait devenir le maître d’œuvre de Notre-Dame
de Fourvière à Lyon,
le « prince des architectes », Pierre Bossan.
C’est le style néogothique,
alors très à la mode, qui fut adopté pour la
nouvelle église ; Pierre
Bossan en était l’un des spécialistes, et avait
déjà réalisé dans ce style,
quelques années plus tôt, l’église Saint-Georges
à Lyon. Sur ce nouveau
chantier, il fut secondé par l’architecte lyonnais William
Léo. « La première
pierre fut bénite le 22 mai 1853… De magnifiques vitraux vont
éclairer
l’édifice. L’un de ces vitraux, le Mariage de la Vierge, portant
la signature
du célèbre verrier Mauvernay, présente les deux
Tables de la Loi, visibles
derrière la tête du Grand Prêtre. Ce vitrail est
bien semblable à celui de
Véranne, du même Mauvernay, illustrant la même
scène, et que nous avons déjà eu
l’occasion d’étudier. Sauf que, contrairement à
Véranne où elles étaient vierges
de tout texte, les Tables de la Loi à Valfleury sont
gravées d’une écriture
hébraïque, dans laquelle l’on ne reconnaît aucunement
le texte que, suivant la
Bible, Dieu remit à Moïse sur le Mont Sinaï.
Le
vitrail du mariage de la Vierge dans son ensemble La lecture de cette inscription
n’apparaît
guère aisée au vu des lettres peu ou prou
schématisées qui la composent. Les
mots eux-mêmes ne sont pas toujours des plus évidents,
mais il en ressort
assurément une certaine cohérence qui relève du
Pilpoul – le mot est adéquat au
vu du proche Pilat. Le Pilpoul caractérise dans la langue
hébraïque une enquête
dont les indices sont à se couper les cheveux en quatre. Malgré tout, au final, il en ressort
toujours
une certaine logique aussi surprenante soit-elle, qui permit à
quelques
Sherlock Holmes amateurs de résoudre d’épineuses
enquêtes. À
gauche : détail du vitrail À
droite : essai de reconstitution de l’inscription Pénétrons
à présent dans ce Pilpoul qui,
d’indices en indices souvent contradictoires, finira par nous ouvrir un
curieux
chemin assurément christique… voici le détail des Tables
de la Loi, et son
interprétation possible. Rappelons que l’écriture
hébraïque se lit de droite à
gauche, nous lirons donc les tables également de droite à
gauche. L’alphabet
hébraïque Première
ligne 1)
Table de droite 1ère
lecture 1er
mot : Aleph – Lamed – Yod –
Lamed Élil :
vanité,
néant, idolâtrie, idole. 2ème
mot : Aleph – Lamed – Lamed – Yod ou Aleph – Vav – Hé La
première lettre du mot, à droite dans le texte
hébreu est un Aleph. La seconde
lettre devient plus difficile à lire, rapport à la lettre
finale du mot.
S’agit-il, pour cette seconde lettre, d’un Lamed qui serait dans ce
cas, lui-même
suivi d’un second Lamed ? La dernière lettre du mot serait
dans ce cas
précis un Yod curieusement abaissé. Cet abaissement
déjà rencontré dans
certains vitraux, pourrait être dû dans ce cas
précis à la courbure de la
Table. Nous aurions un mot Alali apparaissant dans Job 10-15 et
généralement
traduit par « malheur ». André Chouraqui
traduit ce mot par
« allalas ». Dans une note, il indique : « allalas
onomatopée :
gémissements. » Nous pourrions évoquer
l’alala des Grecs anciens, cri
de guerre qu’Alexandre poussait par trois fois avant d’engager le
combat. L’Élil
Allali évoquerait dans ce cas l’idole des malheurs. 2ème
lecture Il
se peut aussi que le second mot – initiale Aleph – soit suivi d’un Vav
dont la
partie supérieure serait non plus orientée vers la gauche
mais vers la droite.
Nous aurions ensuite une dernière lettre très
inclinée vers la gauche et
ajourée à son sommet, variante schématique du
Hé. Voici qu’apparaîtrait le mot
Avah (racine Tavah, qui a donnée la lettre Tav) signifiant
« marquer – graver
des signes – tracer (mesurer) les limites ». L’Élil
Avah évoquerait dans ce cas l’idole gravée. Cette
lecture apparaît curieuse. Si les Tables de la Loi
présentent un texte gravé, pouvons-nous
pour autant qualifier ces Tables d’idole gravée ? La
réponse ne peut être
que négative. Mais il est certain que la présence des
mots ÉLIL AVAH, voire
même ÉLIL ALALI pourrait le laisser entendre. Dans la
Bible, ainsi que nous le verrons plus
avant, le mot ÉLIL est
étroitement associé au mot AT (Enchanteur), mais il
convient de noter pour
l’heure, que les mots ÉLIL et ALALI sont articulés sur la
racine ÉLAH qui se
décline en El. EL
signifie « force – héros - Dieu ».
Élah désigne un grand arbre
(notamment un chêne), voire un grand homme (les Élim ou
Géants). De cet Élah, grand
arbre, chêne, découle le Élah
« massue ». Cette massue
devient ici même très importante. Dans
son dernier livre « Code Versailles – le château et
les jardins
décryptés » (livre auto-édité et
distribué sur lulu.com), Didier Coilhac, au
chapitre 4 « La massue
d’Hercule » démontre au travers de jeux
de mots que la massue évoquerait l’Arche d’Alliance. Le mot
massue, en français,
est apparentée au mot masse qui outre la masse d’armes
évoque aussi dans ce cas
précis, un chariot appelé aussi Mose ou Moise,
transportant du poisson, précisément des harengs saurs.
Cette comparaison n’est
pas gratuite, le grand romancier Jules Verne l’avait déjà
formulée dans l’un de
ses romans… Arche
pour Didier Coilhac, chariot de l’Arche dans la formulation de Jules
Verne, la
Massue version Valfleury pourrait avoir une même signification.
L’Arche
d’Alliance de la
basilique de Valfleury Un
des
vitraux de l’abside consacrés aux Litanies de la Vierge, dessinés par le père Nicolle et
créés par
l’atelier Barlon à Lyon 2)
Table de gauche Lamed
– Aleph – (Hé)
– Teth La
troisième lettre possède une seconde ouverture en haut
à gauche. Cette
ouverture démontre qu’il s’agit de la lettre Hé, la
lettre aux deux portes. Sa
forme dite carrée trouve son origine dans un pictogramme
désignant une
« fenêtre ». Hé est une lettre
d’ouverture mais aussi de don. Nous
aurions ici une fenêtre au cœur du Secret… un secret vers
lequel nous
orientent ces quelques lettres. La
lettre Hé ainsi placée entre la lettre Aleph et la lettre
Teth, apparaît comme
un intrus. Il serait plus logique de la découvrir en
qualité de proclitique
(mot dépourvu d’accent, s’appuyant sur le mot suivant) voire
même d’enclitique
(mot prenant appui sur le mot précédent). Dans
l’hypothèse proclitique, la
lettre Hé serait placée au début du mot et
désignerait un article, un pronom
démonstratif ou bien encore un pronom relatif. Dans
l’hypothèse enclitique, la
lettre Hé placée à la fin du mot, exprimerait la
direction : « vers -
dans ». Troisième
hypothèse, assurément la plus intéressante pour
cette étude, la lettre Hé
désignerait le nombre 5 qui se prononce en hébreu :
Hamsah. Dans
« L’alphabet et ses symboles » (Georges Lahy
édition Virya)
note : « dans les unités, de 1 à 9, 5
occupe la place centrale et
installe une symétrie dans les unités. De nombreuses
formes vivantes sont formées
autour d’une symétrie fondée sur le nombre 5. Cinq est
donc le symbole du
centre et du moment présent. » Cette
symétrie des unités marquée par le nombre 5,
évoquée par Virya, semble bien
présente dans ce mot à découvrir. En effet, le
Hé ou 5 est situé entre un Aleph
ou nombre 1 et un Teth ou nombre 9 ! Ce
mot à découvrir, allégé du Hé
intrus, est le mot Laat (Lamed – Aleph – Teth)
dont la signification est : « couvrir -
envelopper » ou
« silence – secret – mystère -
enchantement ». Au cœur de ce grand SECRET,
de cet « Enchantement » (Lamed – Aleph –
5 –
Teth) se
trouve le Hé ou 5. Dans « BABEL La
Langue Promise » (éditions Dora),
Alain-Abraham Abehsera note au sujet du nombre 5 : « Cinq
se dit
HMSh et sous cette forme, il signifie armé. »
Pour l’auteur, la
symbolique hébraïque du nombre 5 serait allusive « aux
cinq armes
naturelles de l’homme pour obtenir et couper sa nourriture : deux
pieds,
deux mains et les dents ? » Dans sa démarche,
l’auteur démontre que les chiffres de un à dix « décrivent
notre relation à la nourriture et à la boisson, et
surtout, présentent cette
relation en la mesurant. » L’idée
de l’arme, de la protection se retrouve dans l’amulette ou talisman
nommée
Hamsah. Quelque fois bijou, le Hamash, dit aussi Main de Myriam, sœur
de Moïse,
est analogue à la Main de Fatima des Arabes. Cette
Main ou Cinq doit son nom aux cinq doigts qui la composent mais elle
évoque
aussi les cinq livres de la Torah : le Pentateuque ou Houmash. Le symbole le plus
représenté sur la Main
Hamsah est un l’œil protecteur. Un autre symbole également
figuré, est le
poisson. Le Hamsah représenté ici, associe le poisson et
l’œil. Nous verrons
plus avant l’importance du poisson dans l’inscription des Tables de la
Loi de
Valfleury. La main Hamsah http://www.yonacreations.kingeshop.com/La-signification-de-la-main-hamsa-ccnaaaaaa.asp Virya
dans son livre « L’Alphabet et ses Symboles »
écrit au sujet de cette
main : « Le
nombre 5 est associé à la
protection contre le mauvais œil, traditionnellement, pour se
protéger, on
étend la main droite ouverte en disant : ‘’ h’amsah
biéïnéik’a ‘’ (5 dans
ton œil !). Avec
le nombre 5 nous approchons la 5e
dimension, thème que développent Josy Eisenberg et Adin
Steinsaltz dans le
livre « L’Alphabet sacré » (Éditons
Fayard). Josy Eisenberg
indique : « Quant à la cinquième
dimension, la sainteté, quelque
chose qui dépasse les quatre éléments, une sorte
de pilpel,’’ le poivre
du monde ‘’, si je peux m’exprimer ainsi. » Ce à
quoi, A. Steinsaltz
ajoute : « Cela signifie qu’il existe une dimension
qui va au-delà
de la nature. » Le
cinq par l’entrée qu’il propose dans
la symbolique de la cinquième dimension devient pour J.
Eisenberg une sorte de
pilpel, mot dont la signification est « poivre »
et ici, précisément,
le « poivre du monde ». Ma
quête de « l’Éléphant du
Pilat » m’avait amenée à évoquer l’un
des
aspects du pilpel dans mon article « MADELEINE EN SON
MIROIR : ECHECS
ET MAT » http://regardsdupilat.free.fr/Miroir.html.
Le
Pilpel donne naissance à l’expression
talmudique Pilpoul, évoquée plus haut dans cet article. Marc-Alain Ouaknin (Concerto
pour quatre
consonnes sans voyelles – éditions Payot) cite l’écrivain
hébraïque S.J. Agnon qui « disait
à propos de ce raffinement
excessif de
raisonnement : le pilpoul transforme un éléphant
(pil) en fève (poul) et
une fève en éléphant… » L’inscription
de la première ligne des Tables de la Loi de Valfleury
apparaît véritablement
comme un Pilpoul ! Les mots composant cette première ligne
bien que gravées
sur les Tables de la Loi, nous apparaissent curieusement dirigés
vers une
contre-initiation. L’évocation d’une idole gravée ne sied
pas aux Tables de la
Loi. L’ombre d’Énoch, fils de Sem et ancêtre de cet autre
Énoch qui marchait
avec Dieu, semble planer dans ce Pilpoul. Il convient de bien dissocier
ces
deux patriarches bibliques dont le nom s’orthographie d’ailleurs
différemment
en hébreu. Le fils de Seth possédait un stylet avec
lequel il tailla des images
pour des cultes idolâtres. Ce stylet, dit POINTE d’ÉNOCH,
fut suivant la tradition,
utilisé à différentes reprises
et notamment par Aaron frère de Moïse pour tailler le veau
d’or, paradigme de
toute idolâtrie et image du dieu taureau Apis de l’ancienne
Égypte. Lorsque
Moïse descendit du Mont Sinaï et qu’il découvrit les
Hébreux adorant le veau
d’or, il fut prit de colère et brisa contre le roc les
premières Tables de la
Loi. L’adoration
du
veau d’or –
Nicolas Poussin Nicolas
Poussin représente le veau d’or dressé sur un
étrange coffre. Il est vrai que
ce coffre n’est pas sans évoquer l’Arche de l’Alliance mais il
convient plus
justement d’y reconnaître le cercueil de Joseph qui avait,
suivant la tradition
hébraïque, des capacités proches de celles
prêtées à l’Arche d’Alliance. Aussi
n’est-il pas surprenant de découvrir dans la Bible
hébraïque, le même mot pour
désigner le cercueil de Joseph et l’Arche d’Alliance :
ARON, le coffre.
La tradition juive enseigne que le cercueil de Joseph avait
été placé par
Pharaon dans un lieu secret, assurément une Gadah (poisson
femelle – tombeau
immergé), dans les profondeurs du Nil. Lorsque les
Hébreux quittèrent l’Égypte
ils récupérèrent le cercueil du vice-roi. Mikha
depuis la rive du fleuve, tenait
en ses mains le « plateau d’or » sur lequel
Moïse avait écrit :
« Monte, ô bœuf ». Le bœuf en question
désignait Joseph. Ce serait toujours
Mikha qui aurait jeté dans la fournaise ce même
« plateau d’or » pour
en former le veau d’or. Il apparaît ainsi que la phrase
écrite par Moïse sur le
« plateau d’or » serait responsable de la fonte
du veau d’or. Ce
« plateau d’or » aux multiples pouvoirs,
permettait à Moïse, bien que
le Midrash ne soit pas très clair sur le sujet, de s’entretenir
avec Joseph le
taureau. Nous
lisons sur le site http://www.hevratpinto.org/pahad_n/chemot/i_ki_tissa_06.html
: « La
sainteté de Joseph finit par triompher du Nil et de l’ange
protecteur des
Egyptiens. Car la sainteté du Tsadik dépasse la nature,
et, comme l’enseigne le
Talmud (’Houline 7b): «les Tsadikim sont plus grands après
leur mort que de
leur vivant. » Cet
extrait est très important, c’est la sainteté de
Joseph qui permit la
remontée du cercueil. Cette sainteté dite sainteté
du Tsadik, dépasse
la nature. Le cercueil de Joseph contenait l’Etsem de Joseph :
ses os
mais aussi son essence. Nous retrouvons, suivant les
études, au travers
de cette essence, la quinte-essence… Le nombre 5, est un nombre
important dans la vie égyptienne de Joseph ainsi que le
l’évoquais dans mon
article « Le Poisson Nourriture de
Vérité ». « …
la sainteté du Tsadik dépasse la nature… » Cette sainteté est
considérée comme la
cinquième essence, l’ossature suprême. L’hébreu ne
dit pas « sang de mon
sang » mais « os de mon os »…
D’où cette réflexion de
Virya : « La filiation des Rois d’Israël n’est
pas par le sang
mais par l’os. » (La voix du corps – éditions
Lahy). Cette sainteté est
celle du Tsadik : le
Juste, dont la présence
peut se retrouver dans cette première ligne de la seconde Table
de la Loi. Si
nous laissons le Hé à la place qu’il occupe non pas en
tant que chiffre mais en
tant que lettre, puis incérons un espace entre le Hé et
le Teth, nous obtenons
ainsi le nom Léa (Lamed – Aleph – Hé) suivi de la lettre
Teth ou nombre 9. Léa
est la sœur de Rachel, fille de Laban et épouse de Jacob. Son
nom de par sa
guématrie ou valeur numérique apparait dans certains cas
comme un code.
Marc-Alain Ouaknin et Dory Rotnemer dans « Le Livre des
prénoms bibliques
et hébraïques » (éditions Albin Michel)
indiquent que ce prénom signifie
« fatiguée » mais ajoutent dans le
chapitre II « Prénoms choisis » : « Léa
s’écrit en hébreu : Lamed – Aleph – Hé, et
possède une valeur numérique de
36 (30+1+5). « 36
en hébreu c’est Lamed – Vav, qui signifie ‘’ Pour Lui ‘’,
Léa est celle qui
donne. « 36
c’est aussi le nombre des justes cachés sans lesquels le
monde ne peut
subsister. « Selon
Rabbi Nah’man de Bratslav, Léa est le principe originaire de la
musique. Elle
est la mère de Lévi, ancêtre de la tribu dont l’une
des fonctions sera la
musique. Le
Code Léa révèle la présence des 36 Justes
cachés ou Tsadikim… que nous
retrouverons plus avant. Le Laat dans lequel sont cachés les 36
Justes, se voit
associé au mot LOUA’H, table ou tablette sur laquelle le scribe
écrit ou grave
un texte. Ainsi sont nommées les Tables de la Loi. Deuxième
ligne 1)
Table de droite Aleph
– Aleph – Aleph Nous
avons ici, semble-t-il, par trois fois, une schématisation
à l’extrême, de la
lettre Aleph. On devine à gauche une moucheture, début
d’une 4e
lettre non identifiable. Les trois Aleph visibles… les trois A ?
La
signature d’une Société secrète liée
effectivement par le SECRET… ? Il
serait tentant de penser ici à l’AA dont on retrouverait dans
les archives, une
forme AAA. Patrick Berlier dans le Tome I de LA SOCIÉTÉ
ANGÉLIQUE (Arqa
éditions) nous a brillement informé sur LA DÉVOTE
AA au sein de laquelle
l’on cultivait… le SECRET. 2)
Table de gauche Shin
– Lamed – Lamed – Lamed Comment
interpréter ces quatre lettres ? -
Un Shin et trois Lamed : Le Shin c’est le nombre 300 et Lamed, est
le
nombre 30. -
L’hébreu Shalal (Shin – Lamed – Lamed) signifie
« butin »,
« dépouilles »
de guerre. Il reste un Lamed ou nombre
30. Les 36 Justes cachés
révélés par le Talmud, sont pareillement
codifiés dans ce même Traité, par le
nombre Trente. Ce nombre 30, dans ce cas
précis sous-entend les 36. Josy Eisenberg et Adin
Steinsaltz (L’Alphabet sacré –
éditions Fayard) dans le chapitre du livre consacré
à la lettre Lamed (30),
évoquent précisément les 36 Justes cachés.
Pour A.S., le nombre 36 : « la
meilleure explication qu’on puisse en donner est reliée au
nombre 70. »
J.E. poursuit : « – Il faut rappeler que 70 est le
nombre de membres
qui constituent le Sanhédrin, le tribunal suprême (…) mais
c’est aussi le
nombre des nations ou ethnies qu’il y a dans le monde. » Le
nombre 70
symbolise dans la Bible l’ensemble des nations. A.S. développe
ainsi son
propos : « – L’idée est la
nécessité d’une ‘’ majorité ‘’ pour que le
monde mérite d’exister. Or, 36 sur 70, c’est exactement la
majorité du
Sanhédrin ! » Les 30 + 6 Justes
cachés ne peuvent en aucun cas être impliqués
dans le Shalal, le « butin » ou
« dépouilles de guerre »
réalisé en 70 de notre ère par Titus et ses
légionnaires. Mais ce butin composé
de la Menora, le chandelier à sept branches et de la Table des
pains d’oblation,
peut avoir fait l’objet d’une surveillance plus que secrète par
les 30 ou 36. Élément
d’importance pour la suite de cet article, le
nombre 30 donne son nom à la Chapelle ou Crypte des
Trente-Cierges du Mont-Saint-Michel
édifiée au XIe siècle. La
crypte des
Trente
Cierges du Mont Saint-Michel Dans cette chapelle jadis
éclairée par trente cierges,
les moines dont le nombre aurait été de 30 à
l’origine, se réunissaient pour
chanter le Salve Regina. Troisième
ligne 1)
Table de droite ″″Noun La
lettre Noun (nombre 50), nom d’origine araméenne,
signifie : « Poisson ».
Il se peut que nous ayons ici l’initiale d’un mot, peut-être le
Noun en tant
que nom. Le poisson désigne ce qui est caché. Josy
Eisenberg dans le livre
précité, note au sujet de la lettre Noun : « Les poissons sont
le
symbole de ce qui est caché. Lors de la création
du monde : Dieu retire
les eaux de la mer afin que la terre se dévoile, alors que tout
ce qui reste
dans la mer est caché. » 2)
Table de gauche Lamed
- Lamed Les
deux Lamed écrivent le mot Loul en défective,
c’est-à-dire sans le Vav central.
Loul est le nom donné dans le Premier Livre des Rois 6-8
à l’escalier tournant
du Temple de Salomon. Cet escalier hélicoïdal permettait
d’accéder à l’étage du
milieu et précisément dans la Chambre du Milieu lieu
initiatique d’importance,
s’il en est, pour la Franc-Maçonnerie. Le
mot Loul vient d’une racine ayant le sens de replier. Il
désigne :
un escalier, puits ou espace clos avec des marches ou une
échelle, escalier
tournant. http://www.enseignemoi.com/bible/strong-biblique-hebreu-luwl-3883.html L’écriture
du mot Loul prolongée par trois tirets ou points de suspension,
sous-entend un
prolongement possible de ce mot. Deux options se présentent. La
première apparaît
dans l’unique occurrence biblique du mot Loul. Bien que
généralement traduit au
singulier, le mot y apparaît en fait au pluriel : Loulim, ce
qui donnerait
l’idée d’un escalier double. La seconde option, pleine
d’intérêt apparaît avec
le mot Loulav donné à la branche de palmier qui figure
dans la solennité de la
fête des Tabernacles ou Cabane : Soukkoth. Le
mot Loulav est un mot fort, il apparaît tel le nom Léa
comme un code ouvrant
sur les 36 Justes cachés : les Lamed Vav. L’écriture
pleine de Loul disposée en triangle déploie
à nouveau le nombre 36 des Lamed
Vav, les Justes cachés. L’option Loulav confirme
secrètement ces mystérieux 36
et nous plonge dans la fête juive de Soukkot. Écriture
pleine de Loul
disposée en triangle et son équivalence numérique sur
fond du
clocher de
Valfleury La joyeuse fête de
Soukkot commémore les 40 années de
l’Exode et la fin de l’année agricole. Il est prescrit dans le
Livre du
Lévitique 23-40 : « Vous
prendrez, le
premier jour, du fruit de l'arbre hadar, des branches de palmier, des
rameaux
de l'arbre aboth et des saules de rivière ; et vous vous
réjouirez, en présence
de l'Éternel votre Dieu, pendant sept jours. » Le fruit de l’arbre hadar
(arbre d’honneur ou arbre qui demeure) est l’étrog
(cédrat). Le second arbre
est le palmier dattier dont les palmes sont dites en hébreu
Loulav. Le
troisième arbre, aboth ou avoth (touffu, tressé, corde)
est le myrte. Le
quatrième est le saule des rivières et torrents. Les quatre
espèces vont
former un bouquet que l’on porte durant les processions. Ce bouquet
prend le
nom de Loulav (écrit Loulab) car la palme de dattier est la plus
volumineuse
des quatre espèces. Le
Loulav ou
bouquet
traditionnel de la fête de Soukkot La lecture
codée du Loulav
nous est révélée par le Sepher haBahir ou Livre de
la Clarté. Cet ouvrage se
déploie, de tradition, tel
un arbre – l’Arbre divin – dont les racines montent du Créateur. La greffe des branches de
cet arbre apparaît comme l’œuvre de plusieurs
générations de rabbins.
Longtemps récit oral, ce ne fut que vers les années 1150
et 1200 en Provence,
que le récit se fixa dans l’écriture. Reconnu
comme l’un des livres
fondateurs de la Kabbale provençale, le Sepher haBahir n’en fut
pas moins
considéré hérétique par certains rabbins au
vu de son contenu gnostique. Les
Maîtres du Moyen-Âge reconnaissaient dans cet enseignement
kabbalistique, le
savoir de Nehounya
Ben Ha-Kanah (Ier et IIème siècle)
d’où le second nom du
livre : Midrash de Rabbi Nehounya Ben Ha-Kanah.
Considéré à son
époque comme l’autorité du cercle mystique, le nom du
fils de Kanah apparait
dans la première greffe ou paragraphe du livre. Ses
élèves poursuivirent
et pérennisèrent l’œuvre du Rabbi Kabbaliste. La
transmission orale s’opéra
dans un premier temps par les Tannaïm ou
« répétiteurs ». Les Tannaïm
(pluriel de Tanna) étaient des maîtres de la Loi orale
transmise de maître à
élève. Selon la tradition, les Tannaïm qui
comptaient dans leur rang Nehounya
fils de Kanah, étaient la
dernière
génération d’une longue séquence d’enseignants par
voie orale initiée avec
Moïse. Les nouvelles branches de l’arbre-Livre furent
ensuite greffées par diverses
talmudistes dont l’un
d’eux fut de tradition, la figure fictive de Rabbi Amora dont le nom
révèle en
fait le cercle des Amoraïm (orateurs – interprètes),
successeurs des Tannaïm.
La transition des Tannaïm aux Amoraïm se fit avec Abba Arika
(mort en 247, et
plus connu sous le nom de Rav, Maître). Dernier Tanna, il fut
aussi le premier
Amora. Originaire de Babylone, il alla à la rencontre des
Tannaïm d’Israël puis
retourna en Babylonie et fonda en 219 l’académie de Soura dont
il fut le
premier directeur. Les
Amoraïm commentaient les Talmuds de Jérusalem et de
Babylone et discutaient
aussi sur les enseignements des Tannaïm qui les
précédèrent. Le dernier Amora
connu fut Ravian 2 mort vers 499. Il fut le doyen de la yechiva,
école
rabbinique et talmudique de Soura où il acheva
précisément le Talmud de
Babylone. En
cette année 500 qui clôt véritablement l’ère
des Amoraïm, la totalité des
branches qui composent le Sepher haBahir, était-elle
greffée ? Au vu de la
liste des rabbins cités dans le Bahir, notamment Abba Arika ou
Rabbi Bérékia,
la réponse semble affirmative. Le Midrash inspiré par
l’enseignement de
Nehounya, à n’en pas douter, enseigné dans
l’académie de Soura, pourrait
remonter aux IIIème et IVème
siècles. Les
premières versions du Livre de la Clarté n’étaient
aucunement fractionnées en
paragraphes. Les greffes successives de cet arbre
plutôt touffu,
quant à son contenu, avaient bien prises. Nous
utiliserons pour cette étude la traduction de Gabaon mise en
ligne sur le Net. http://data0.eklablog.com/fibresdepassions/mod_article46324212_4facbfbd12433.pdf?5529
Les
mystères liés au nombre 36 et au Loulav apparaissent en
premier lieu au verset
95. L’Univers contient 12 limites diagonales reliant les points
cardinaux, le
haut et le bas entre eux. Dans les 12 bras du monde, « Et
en leur
intérieur, en eux, est l’Arbre ». Ce verset 95
évoque les 36 préfets
ou gardiens liés aux 12 diagonales. Les
36 préfets « Vont à la rencontre du vent
d'Orient : neuf, à la
rencontre du vent d'Occident : neuf, à la rencontre du vent du
Nord : neuf, à
la rencontre du vent du Midi neuf. Voilà douze, douze et douze
et ils sont
préfets dans le Téli, le Galgal et le Cœur. Et ils sont
36. Et tous ces 36
viennent des 36 parce que la force de chacun est dans ses compagnons.
Et bien
que douze soient dans chacune de ces trois, ils sont tous liés
les uns aux
autres. Et toutes ces trente-six forces se trouvent dans le premier qui
est le
Téli. Si tu les cherches dans le Galgal, tu les retrouveras
elles-mêmes. Et si
tu les cherches dans le Cœur, tu les retrouveras elles-mêmes.
C'est la raison
pour laquelle chacune a 36 et aucune n'a plus de 36 formes. Et toutes
trouvent
leur achèvement et leur paix dans le Cœur. Ajoute à ces
32, 32 et il reste
quatre et ce sont 64 formes. Mais d'où tenons-nous que
s'ajoutent 32 aux 32 ?
Ainsi qu'il est écrit: ‘’ car un supérieur au-dessus d'un
supérieur garde ‘’
(Ecclésiaste 5, 7). Ainsi, en voilà 64. Il manque huit
pour arriver aux 72 Noms
du Saint, béni soit-Il. » Le
Téli signifie « Dragon » et désigne
la Constellation du Dragon. Le
Galgal désigne la Sphère. Bien que de significations
multiples, le Galgal
retenu pour cette présente étude est notre Terre. Vient
ensuite le Cœur qui
désigne, pareillement pour cette étude, le Cœur du
monde, lié aux Lamed
Vav ou 36 Justes cachés sans qui le monde, suivant le Talmud, ne
peut
subsister. Dans le beau conte hassidique de Rabbi Nakhman de Bratzlav,
« Le
cœur du monde » il est dit : « Car
les Lamed Vav sont le cœur multiplié du monde, et en eux
se déversent
toutes nos douleurs, comme en un réceptacle… « (…)
À l’un des deux bouts du monde, il y a une montagne. Sur cette
montagne se
dresse un rocher. De ce rocher coule une source. À l’autre bout
du monde, vit
le grand cœur du monde. Car le monde aussi a un cœur, et c’est son
battement,
au grand cœur du monde, qui maintient le monde en vie. Le
conte évoque le chant du cœur du monde et le chant de la source.
« Les
deux chants se rencontrent dans l’espace. Ils se fondent en un
seul. Ce
chant unique se répand sur toute la terre. » Un
Lamed Vav, « le
Tisserand », « rassemble les chants de toutes
les créatures de la
terre. Avec ces chants il tisse du temps. Cela donne un jour de plus,
le
tisserand l’offre au cœur du monde, qui, lui, l’offre à son tour
à la source,
sa bien-aimée, à travers son chant. (Contes des sages
du Ghetto – Ben Zimet
– éditions du Seuil.) Revenons
à présent au Sepher haBahir et précisément
au verset 98 où le nombre 36
réapparait sous la forme Lo – Lamed Vav – et cette forme se voit
associée à Lb
(32) – Lamed Beth – parce que réunis ils forment le mot loulab : « De
même que le palmier a ses branches qui l'entourent et que son
loulab est au
milieu, de même Israël a pris le tronc de cet Arbre qui est
son C o e u r. Au
tronc correspond la colonne vertébrale dans l'homme, qui est la
quintessence du
corps. Et de même que « loulab » s'écrit lo
leb , à lui le cœur, de même
le cœur fut remis à lui (lo leb). » Voici
ce que Rabbi Rekhoumaï dit au verset 97 : « Ce
sont les Justes, et les Pieux qui sont parmi Israël, qui Me
relèvent au-dessus
du Monde entier par leurs mérites. C'est par eux que se nourrit
le coeur et le
coeur les nourrit. Rabbi
Berekhiah poursuit au verset 101 : « Qu'est-ce
que le loulab dont nous parlions ? En fait, ajoute lo à lb. Et
comment cela ? Il leur dit: Ils sont trois princes : le Teli, le Galgal
et le
Leb. Ainsi, chacun d'eux a 12, lesquels, multipliés par trois
font 36, car
c'est par eux que subsiste le Monde, ainsi qu'il est écrit : ‘’
...et le juste
est le fondement du monde ‘’ (Proverbes 10, 25) » La
formulation du mot Loulav dans les Tables de la Loi de Valfleury nous
oriente-t-elle vers la présence cachée des Lamed Vav et
le rôle qu’ils auraient
pu tenir face aux mystères liés aux dépouilles
de guerre des Romains
dont nous retrouvons peut-être la trace dans le Razès ou
dans le Pilat ?
L’église de Valfleury, bien que proche du Pilat n’en est pas
moins liée aux
églises de Rennes-les-Bains et de Notre-Dame de Marceille… La révélation
Lamed
Vav ou Code 36 pourrait dans une vision chrétienne, nous
orienter vers l’Ordre des
Chevaliers de Saint-Michel qui était initialement composé
de 36 membres.
J’envisageais déjà cette présence des 36 Chevalier
chrétiens dans mon article
« Le Pentagramme de Champailler » (Regards du
Pilat – Octobre 2007http://regardsdupilat.free.fr/Pentacle.html).
La révélation
dans les Tables de la Loi de Valfleury des
noms Noun et Loul, (Poisson et Escalier) ne nous orienterait-t-elle pas
vers un
énigmatique escalier ou échelle à poissons ?
Les traits verticaux
prolongeant le Noun et les traits horizontaux prolongeant le Loul sur
cette
troisième ligne des Tables de la Loi de Valfleury nous
apparaissent comme
autant de pierres formant un gué. Bien que non localisés,
nous trouvons sur le Net, ces escaliers aux yeux de
poissons : Escaliers
aux yeux de poissons http://www.toolito.com/29-photos-hypnotisantes-escaliers-en-colimacon/: Très
explicite apparaît ce panneau signalant une échelle
à poisson. Ces échelles
ou passes à poissons, permettent aux poissons de
remonter (montaison) ou
de descendre (dévalaison) un cours d’eau. Échelle
à poissons La
symbolique liée à la montaison et à la
dévalaison, apparaît pleinement dans
cette autre œuvre d’art, bien que non localisée :
Des poissons
peints sur les
marches d'un escalier. http://www.koreus.com/image/83-insolite-29.html Dans
son étude consacrée à l’AA, Patrick Berlier nous
entretient sur le mot de
guet, « mot de passe indispensable qui était
généralement un verset
de la Bible ou un extrait d’un texte saint. » Si nous
devions
découvrir dans les Tables de la Loi de Valfleury un mot de guet,
il s’agirait,
peut-être du Psaume 72-17 : « Face
au soleil qui se perpétue (Ynin), Ynoun est son
nom… » Le
nom Ynoun, apparenté à Ynin (se perpétuer)
signifie « poisson ». La
tradition reconnaît dans Ynoun l’un des quatre noms du Messie.
Quatrième
ligne 1)
Table de droite Lamed
– Lamed – Lamed – Lamed 2)
Table de gauche Yod
- Teth Quatre Lamed, soit la lettre
la plus représentée sur les Tables de
la Loi de Valfleury. L’idée du mot Loul, escalier en
colimaçon, se
retrouve une fois encore avec deux des quatre Lamed. Les deux Lamed
restants
pourraient évoquer le mot Loulah (pluriel Loulaoth) signifiant
« nœud ». Ce nœud permet peut-être de lier
ou relier les 4 Lamed à la
lettre Yod qui initie le mot de deux lettres de la 4e
ligne
de la Table de la Loi de gauche. Ce lien devient
intéressant, en ce sens qu’il nous permet de
retenir le nombre 130. Soit, les 4 Lamed (Lamed = 30) rattachés
au Yod ou 10.
Le nombre 130 est connu et reconnu dans la Kabbale
hébraïque comme étant la guématrie
ou valeur numérique de deux mots principaux : SOULAM et
SINAÏ. SOULAM désigne
l’Échelle ou Escalier de Jacob. Sur cet escalier que
le traducteur et commentateur de la Bible, André Chouraqui,
présente comme une
ziggurat, sont positionnés suivant la tradition, quatre anges
représentant les Quatre
Empires historiques : Babylone, Perse (associée à la
Médie), Grèce et Édom
(Rome). Ces anges se reformulent peut-être dans les Quatre
Frères Ailés ou
Zélés de la Rose+Croix… les Quatre Lamed ou Quatre Ailes,
forme reconnue de la
lettre Lamed. Sur le Mont Sinaï, lieu
saint de la Théophanie, Moïse reçoit les
Tables de la Loi. Au pied de la montagne se déroule un
évènement diamétralement
opposé : la construction et de l’adoration du Veau d’or.
Stéphane Mosès
dans « L’Éros et la Loi» (Éditions du
Seuil) interprète ainsi ces
deux épisodes : « Le début de cette
période – le don de la Loi –
est, dans une certaine mesure, symétrique à sa fin – la
construction et
l’adoration du Veau d’or. Mais il s’agit d’une symétrie
inversée (…). » En 1655, Menasseh Ben
Israël, lumière du Rabbinisme au XVIIe
siècle, rédige un ouvrage clef au titre plein de promesse
dans la perspective
d’une Ère Messianique : « La Piedra
Gloriosa… ». Véritable
laissez-passer, La Piedra lui permettra au sein d’une Europe
plongée
dans un « siècle de fer »,
d’établir « un jalon essentiel
dans l’histoire des enjeux théologico-politiques à
l’âge baroque, un âge où foi
et raison vivent en même raison. » Ces propos
explicites apparaissent en
quatrième de couverture de l’édition française de
ce livre paru chez VRIN en
2007. Le titre complet :
« La Pierre glorieuse de
Nabuchodonosor ou La Fin de l’Histoire au XVIIe
siècle », ouvre
sur une réponse, voire une arme dès plus pacifiques.
C’est à Amsterdam que le
Rabbin/Kabbaliste fait éditer « La Piedra
Gloriosa ». Dans son livre
il s’évertue à recentrer, à clarifier tout en le
décryptant, le thème
ésotérique et cyclique des Quatre Empires
symbolisés par la statue de
Nabuchodonosor. Le message écrit va se doubler d’un message
visuel. Menasseh Ben Israël sollicite
une pointure en
la personne de son ami le peintre Rembrandt qui lui signe quatre
illustrations. Portrait
supposé de
Menasseh Ben Israel par Rembrandt Eau-forte
de 1636 La guerre civile ravage
l’Angleterre. Des extrémistes, à la
lumière du Livre de Daniel, se sont appropriés le message
de la statue de
Nabuchodonosor. Elle apparaît pour eux garante de leurs
ambitions. Le Lord
Protecteur Olivier Cromwell est menacé. Menasseh Ben Israël
fin diplomate se
rend à Londres munit de son ouvrage qu’il présente au
Lord Protecteur. « Il
y trouva non seulement de quoi faire taire ses adversaires, mais encore
la
possibilité de donner à l’Angleterre un rôle
messianique. » –
(quatrième de couverture de l’édition française de
« La Pierre
Glorieuse ») Menasseh Ben Israël qui
préconise un rapprochement entre la foi
juive et la foi chrétienne, se fait auprès d’Olivier
Cromwell, l’ambassadeur du
Rabbinat qui aspire au retour des Juifs en Angleterre, d’où ils
avaient été
expulsés depuis le XIIIe siècle. Le Pair du
Royaume se dit favorable
à ce retour et va jusqu’à accepter un retour des Juifs
sur la Terre d’Israël.
Le retour des Juifs en Angleterre parachèverait pour Menasseh
l’extension
mondiale des Juifs. Cette extension permettra ensuite le Retour du
Messie
symbolisé par « La Pierre Glorieuse » qui
détruira la statue de
Nabuchodonosor. La mort proche Menasseh ne permettra hélas pas
à cette grande
Lumière de la Kabbale de vivre le retour des Juifs en
Angleterre. Revenons à
présent au SOULAM (Échelle de Jacob) et à sa
guématrie
égale à 130. Menasseh Ben Israël se fait
l’écho des auteurs qui affirment « qu’on
trouve préfiguré ici l’admirable épisode du mont
Sinaï et le don des Tables de
la Loi ; ils se fondent sur la valeur numérique des
lettres : car en
hébreu, le mot (…) échelle à la même
valeur que le mot (…) Sinaï ;
appuyée sur la terre et son sommet touchait au ciel :
expression à
rapprocher de : et le mont était en feu (Exode 19,
18) jusqu’au
cœur du ciel. » Menasseh ajoute ensuite que le
mot SOULAM, échelle, possède
les mêmes lettres et ainsi, la même guématrie que le
mot SEMEL, statue,
en l’occurrence, la statue de Nabuchodonosor. Le nombre 130 des mots SOULAM,
SEMEL et SINAÏ se voit affirmé dans
les Tables de la Loi de Valfleury par les quatre Lamed suivis du Yod de
la
quatrième ligne. La lettre restante de cette ligne est un Teth
ou nombre 9, la
lettre de la Protection. Cette lettre suivant la tradition est
placée au dessus
de la cité souterraine de Louz (ancien nom de Bethel
où se dresse
l’Échelle de Jacob), accessible depuis un escalier placé
sous un amandier. Le Teth placé sur la
Table de gauche, est associé à la lettre Yod
(10). Nous obtenons ici la racine bilitère Yod-Theth au sujet de
laquelle
Georges Lahy (OTIYOTH Les lettres hébraïques –
éditions LAHY) écrit : « Un
élément protecteur, préservateur qui place en
toutes sécurités, en lieu sûr.
Exprimer sa vocation. » Cinquième
ligne 1)
Table de droite Teth La
Lettre Teth est suivie de deux points. Ces deux points en
première vision
apparaissent tels ceux de la troisième ligne, comme des points
de suspension.
Mais la présence seule de deux points visibles fait songer
également à un
point-voyelle utilisé en grammaire hébraïque. Nous
aurions un point-voyelle
nommé Tséré. Mais ce Tséré serait
étonnamment situé au sommet gauche de la
lettre, alors qu’il se positionne uniquement au-dessous de la lettre.
Virya
(Georges Lahy) dans son livre « Kabbale
Extatique » (éditions LAHY)
présente ainsi ce point-voyelle : « TSERE
– (…) Correspond à la voyelle ‘’ é ‘’, et vient de ‘’
tsori ‘’ (…), le ‘’
baume ‘’, qui est un produit lénifiant, c’est-à-dire qui
adoucit. Le nom peut
se rapprocher de la racine ‘’ tsarah ‘’ (…), qui
veut dire ‘’ peine ‘’, ou ‘’ misère ‘’, mais
que l’araméen comprend
‘’ fendre ‘’. On serait tenté de voir dans ce mot une fermeture
étroite ;
mais, à la lumière de l’araméen, ‘’ fendre ‘’ et
‘’ adoucir ‘’, ce serait
plutôt une ‘’ réouverture ‘’. Pour le Qenéh Binah,
les trois lettres de tséré
sont l’abréviation des trois anges Tsouriel (…), ‘’ Rocher divin
‘’ (…) ;
Raziel (…), ‘’ Secret divin ‘’, compagnon du Métatron qui
préside aux mystères,
maître d’Adam ; Yofiel (…), ‘’ Beauté divine ‘’,
prince de la loi, invoqué
contre l’incitation au péché, et maître de
Sem. » Points-voyelles
de la
grammaire hébraïque http://www.vitrifolk.be/divers/divers-israel-la-danse-israelienne-hebreu.html L’idée
de « réouverture » véhiculée
par le mot Tséré, suivant Virya s’avère
enseignante à la lumière des Tables de la Loi de
Valfleury. Cette
« réouverture » s’effectuerait depuis la
lettre Teth – la Protection,
le lieu protégé. Dans
la Table de Valfleury, le Tséré prendrait la place du
H’olam qui vocalise le
son « o » et signifie
« rêveur » ou
« rêve ». En
se substituant à H’olam (le rêve), Tséré (la
réouverture) va permettre au rêve
de devenir réalité. 2)
Table de gauche Aleph La
Table de la Loi se termine par un Aleph ou nombre 1, unique lettre de
la
cinquième ligne de la Table de gauche. Cet ultime Aleph (Table
de Gauche)
répond symétriquement au premier Aleph (Table de droite),
première lettre de
l’inscription. Le texte des Tables de la Loi remises par Dieu à
Moïse était
initié par un Aleph mais ici s’arrête bien entendu la
comparaison car l’énoncé
des 10 Commandements est absent des Tables de Valfleury. Un Saut entre Aleph et Teth –
Un Saut
entre Lumière ou Ténèbres Dans les Tables de la Loi de
Valfleury une
symétrie articulée autour de la lettre Aleph
apparaît entre la première lettre
de la Table de droite et la dernière et ultime lettre de la
dernière ligne de
la Table de gauche. Une nouvelle symétrie articulée
autour de la lettre Teth, apparaît
également entre la dernière lettre de la première
ligne de la Table de gauche
et la première et ultime lettre de la dernière ligne de
la Table de droite. Ces
deux diagonales génèrent une croix en X ou croix de
Saint-André. De cette croix
naît le Sautoir héraldique. Jean-Claude Marol (Blason,
langue vivante –
Éditions Dangles) représente ainsi le Sautoir : « (…)
si l’on veut
indiquer un point précis, on le situe à l’intersection de
ces deux traits.
Cette croix nous situe précisément, nous
détermine. Soyons donc
déterminés ! Soyons au rendez-vous de ce point
crucial » Ce point crucial se
matérialise
dans le vitrail, sur la couronne du Grand-Prêtre et plus
précisément sur une
étoile dont la partie supérieure visible permet de penser
qu’il s’agit d’une
Étoile de David ou Sceau de Salomon. Cette intersection est
matérialisée par
les racines bilitères Aleph – Teth et Teth – Aleph. Intersection
des axes Aleph
- Teth Aleph-Teth «
désigne toutes sortes de
sons ou de bruits murmuré. Influence d’une parole cachée.
Conspiration et
rumeurs. (Enchantement. Maléfice). » (OTIYOTH
Les lettres hébraïques –
Georges Lahy (Virya) Édtions LAHY.) Cette racine
génère le mot AT :
« Magicien »,
« Enchanteur ». « Sorcier ». Teth – Aleph désigne
à un certain
niveau : « la réflexion d’une source
lumineuse » (OTIYOTH…).
En tant que mot, TA signifie « Cellule »,
« Chambre des Coureurs ».
Dans cette chambre ou cellule se trouvait suivant le Premier Livre des
Rois,
les boucliers d’or du roi Salomon utilisés durant les parades.
L’hébreu TA
s’écrit Tav – Aleph. La permutation valide du Tav en Teth permet
d’évoquer pour
les Tables de la Loi de Valfleury, cette cellule ou chambre dont le nom
apparaissait dans l’énigmatique Carré SARTATRAS de
la Chartreuse de
Montreuil-sur-Mer. Bien qu’au pluriel, le mot AT,
sorcier, enchanteur, associé au mot
ÉLIL, idole,
également au
pluriel, apparait dans le Livre
d’Isaïe
au chapitre 19-3. L’inscription de la Table de la Loi de droite
commence
précisément par ce mot ÉLIL... l’ÉLIL
AVAH : l’idole gravée. Isaïe 19-3 : « L'âme
de
l'Egypte s'évanouira en elle, et j'anéantirai son conseil
; ils iront consulter
les idoles (ÉLILim) et les enchanteurs(ATim),
ceux qui évoquent
les morts et les devins. » La Bible annotée de
Neuchâtel présente
pour ce verset le commentaire suivant : « 19.3 L'âme
de l'Egypte..., nous dirions : ce qui
faisait sa
supériorité sur les peuples; l'énergie
intellectuelle et morale de l'Egypte se
perdra dans ces agitations, et elle sera hors d'état de parer
aux dangers qui
la menacent du dehors (voir verset 4). Le recours aux idoles ne servira
de
rien ; que pourraient-elles contre Jéhova (verset
1) ? » « Enchanteurs. Le mot hébreu vient
d'un verbe qui
signifie cacher,
faire sans
bruit. Il s'agit des formules mystérieuses
employées par les
évocateurs. Ce
verbe n’est autre que le verbe LAAT évoqué dans la
lecture de la première ligne
de la Table de gauche. ÉLIL
et AT, tout au moins dans le verset d’Isaïe, se rapportent
à l’Égypte. Aux
versets 18 et 19 de ce même chapitre, nous lisons : « En
ce jour-là, il y aura au pays d'Egypte cinq villes parlant la
langue de Canaan
et prêtant serment à serment à l'Éternel des
armées ; l'une d'elles sera
appelée Ir-ha-Hérès. En ce jour-là,
l'Éternel aura un autel au milieu de la
terre d'Egypte, et près de la frontière un
obélisque sera consacré à
l'Éternel. » Voici
le commentaire de la Bible annotée : « Ir-ha-Hérès. Cette leçon, qui est
celle du texte
hébreu le plus répandu, signifie ville
de destruction. Ce nom se rapporterait à la
destruction des
temples des idoles. Mais il existe une variante très-ancienne et
appuyée par
des autorités respectables, d'après laquelle on devrait
lire Ir-ha-Chérès,
c'est-à-dire ville du
soleil. Nous inclinons à la tenir pour la
leçon originale et à
y voir une allusion à la ville sacrée de On
ou Héliopolis
(ville du soleil), qui, dès les temps les plus anciens, fut le
siège du culte
du soleil dans la Basse-Egypte (Genèse
41.45). Esaïe veut dire que les centres
mêmes de l'idolâtrie
égyptienne seront un jour sanctifiés par le culte de
l'Éternel. « Les
Juifs d'Egypte se sont servis plus tard de ce passage pour justifier
l'existence du temple que leur grand-prêtre Onias construisit un
siècle et demi
avant J-C à Léontopolis, non loin de On. Les Juifs de
Palestine abhorraient ce
temple ; et peut-être la leçon Ir-ha-Hérès
(ville de destruction) provient-elle de là ; quelques manuscrits
lisent même Ir-ha-Chérem
: ville de
malédiction. Retrouver
ici le nom de la cité de On apparait très
intéressant. En juillet 2012, Thierry
Rollat met en ligne sur le site Les Regards du Pilat, le Dossier de
Patrick
Berlier « TALUYERS, VIE ET MORT D’UN
CHEF-D’ŒUVRE ». Patrick dans ce
dossier révèle l’existence d’anciennes fresques
hélas cachées, voire même
recachées... Sur ces anciennes fresques se remarquait le mot ON.
Sollicité par
Patrick, je m’arrêtais principalement sur le mot ON qui pouvait
évoquer pour
moi, notamment, le nom d’une ancienne capitale de l’Égypte. Le
Livre de la
Genèse présente Joseph fils de Jacob et vice-roi
d’Égypte, officiant dans la
cité d’ON. Le texte hébreu, ainsi que je l’indiquais,
écrit le mot ON de deux façons,
soit avec deux lettres, soit avec trois. Le mot de deux lettres permet
d’effectuer ce que les Kabbalistes nomment le Voyage
dans le Mot. Ce Voyage dans le Mot ON
nous permet de
découvrir les mots MAT vaciller → EL vers ou Dieu → TK Siège → I île (se
reporter au Dossier de Patrick
Berlier pour plus d’informations). Les initiales de ces cinq mots
hébreux
révèlent les mots AM, la mère, la
cité-mère, la capitale, et AT, le sorcier,
l’enchanteur, le magicien. L’initiale du mot I, un Aleph (muet dans la
prononciation)
peut désigner le nombre 1. Bien
que d’origine égyptienne, le mot ON signifie en langue
hébraïque :
« idolâtrie », se qui en fait un synonyme
de ÉLIL. La
présence du mot AT au bout du Voyage dans le Mot,
inspira Patrick
Berlier qui écrivit : « Et
que penser de l’étonnante affirmation de Dom Polycarpe qui
voyait le nom Pilate
venir de Pila, le nom de sa mère, et de Ate, le nom de son
père ? « Pila
= pilier, et si Ate = At = enchanteur = Merlin, Pilate devient
« le pilier
de Merlin », allusion à l’axe du monde des
Roussillon ? Et si Pila =
mère = Am, Pilate devient Amat, nom d’une famille
implantée à la fois dans le
Forez et en Haute-Provence, dans le village du Poët, tout proche
de la cité
perdue de Théopolis, l’une des énigmes historiques
exposées dans le tome I de
La Société Angélique. Le Saut entre Lumière
et Ténèbres ou le
Saut du Christos J.-C.
Marol ajoute au sujet du Sautoir héraldique : « le
signe est le
même pour indiquer un point précis et pour
multiplier. » Ce signe de la
multiplication à présent matérialisé sur
les Tables de la Loi de Valfleury, par
les lettres Teth et Aleph, apparaît comme une clef permettant de
retrouver et peut-être
de confirmer, l’hypothèse des 36… En
hébreu les lettres Aleph et Heth écrivent respectivement
les nombres 1 et 9. Si
l’on additionne Aleph+Aleph, nous obtenons 2. Si l’on
additionne ensuite
Heth+Heth, nous obtenons 18. Effectuons
à présent la multiplication attendue et nous
obtenons : 2 x 18=36. Le
« sautoir »
des Aleph et des Heth, 5e
station du chemin de croix de l’Allée des Pères de
Valfleury Bas-relief
réalisé par les fonderies du Val d’Osne Nous
retrouvons les 36 Lamed Vav ou Justes cachés de la tradition
juive mais aussi
les 36 Chevaliers de l’Ordre de Saint-Michel… Le nombre 36 est aussi le
nombre
des rois Capétiens qui régnèrent depuis Hugues
Capet jusqu’à Charles X. Le roi Louis
XI, fondateur de l’Ordre de Saint-Michel, confirme ainsi le rôle
protecteur de
l’Archange, Saint Patron de la France reconnue Fille aînée
de l’Église. Ces
notions aujourd’hui oubliées ou plutôt mises sous le
boisseau, rapport aux
thèmes associés, étaient très
considérées au XIXème siècle par
les
Royalistes. N’oublions pas que le verrier Mauvernay œuvrait pour
l’Église. La
Royauté Française du Dieudonné, avait un
rôle de nautonier qui
consistait à diriger, par delà les siècles, le
Royaume de France dans l’Ère
Messianique. La France annonçait et préparait la venue du
Christ-Roi, attente
qui très souvent se confond chez certains exégètes
avec l’avènement du Grand
Monarque, le 70ème Roi depuis Clovis… Revenons
au Sautoir héraldique et à sa symbolique. Pascal
Gambirasio d’Asseux dans
« La voie du blason – lecture spirituelle des
armoiries » (Éditions
Télètes, Paris) indique : « N’oublions
pas, enfin, que ce signe
présente une identité de forme avec le X (chi) grec,
lettre initiale de
Christos et qu’il est très souvent gravé sur les tombes
des premiers chrétiens
pour signifier la Résurrection. Et l’on peut dire, certes, que
l’élan, le saut
que le sautoir ou l’écartelé en sautoir incarnent, en
leur vérité ultime, n’est
autre que la Résurrection dans la Lumière de Gloire et la
vision béatifique. La
Royauté par le bois Le
passage de la mort à la lumière, la Mort et la
Résurrection du Christ, nous apparaît
pleinement dans ce bas-relief de l’église de Valfleury :
À
gauche : bas-relief
de Valfleury À
droite : tableau de
Rennes-les-Bains Patrick Berlier
m’indique à ce sujet : «
C'est un bas-relief en bois placé devant le premier autel (pas
le maître-autel,
mais un autel situé plus en avant dans la nef). Il
représente une crucifixion,
classique, sauf que c'est la copie conforme de la crucifixion que l’on
peut
voir dans l’église Rennes-les-Bains. C'est une info qui me vient
de Franck
Daffos, lequel la tient lui-même de Patrick Merle. Ce bas-relief
provient du
père Courtade, qui fut supérieur de Valfleury de 1871
à 1873, avant d'être muté
à N.-D. de Marceille. » Christian
Attard (http://reinedumidi.com/rlb/crux.htm)
nous apporte
d’intéressants renseignements sur le tableau de la crucifixion
de
Rennes-les-Bains : « L'abbé
Bruno de Monts dans une plaquette pauvrement distribuée dont le
sujet était les
églises des deux Rennes, nous apprend que le tableau que l'on
peut toujours
voir dans l'église de Rennes-les-bains, une crucifixion, fut
peint par Henri
Gasq, aumônier de Notre Dame de Marceille entre 1838 et
1872. Il l'offrit
à Jean Vié, alors prêtre en exercice de la paroisse
de Rennes-les-Bains en
1842. Une inscription à l'arrière du tableau confirme
d'ailleurs le présent. « Dans
l'église de Pieusse, tout près de Notre Dame de
Marceille, un autre tableau fut
aussi donné par Gasc à ‘’ son cher Catuffe ‘’,
curé de Pieusse en 1866 et cette
fois c'est Franck Daffos (1) qui nous l'apprend après avoir
retrouvé sur le
tableau un cartouche en faisant mention. On
pense, que cette crucifixion fut longtemps conservée dans Notre
Dame de
Marceille. (1)
Franck Daffos – Le puzzle reconstitué – Éditions
Pégase. Patrick
précise d’ailleurs à ce sujet : « Il
semble que le père Courtade,
lorsqu’il arriva à N.-D. de Marceille, fut séduit par ces
crucifixions
identiques, œuvres de son prédécesseur, au point d’en
réaliser une copie sous
forme de bas-relief en bois, qu’il envoya à Valfleury. » Pouvons-nous
à présent trouver quelque dénominateur commun
entre le vitrail de l’église de
Valfleury sur lequel figurent les Tables de la Loi et le bas-relief de
cette
même église ? Si
réponse positive il y a, ce dénominateur commun peut
apparaître avec le mot
ÉLIL, tout premier mot de la Table de la Loi de Droite (l’idole
gravée…). Le
mot ÉLIL idole, est apparenté à EL –
pluriel ELOHIM – dont la
signification est Dieu. Je découvre sur le Net une mise au point
intéressante axée
autour de la racine ALH
(http://www.agoravox.fr/spip.php?page=forum&id_article=20245&id_forum=511632
) : « De
ALH on peut obtenir ELaH et Allah. En langue hébraïque,
vous y retrouverez que
ces mots signifient : Chêne (l’arbre) et Massue. Ils sont
incohérents ces
anciens hébreux, car figurez vous, que juste après Elah
et Allah, qui dans
l’arabe et l’araméen signifient Dieu, on retrouve le terme
ALLaHuwte
signifiant : la divinité ou caractère divin « Considérez
comment le chêne et la massue peuvent se transformer par le
rajout d’un
suffixe, et devenir : la divinité ou caractère divin. Nous
retrouvons non sans intérêt dans ces quelques
réflexions, la massue évoquée
dans l’analyse des Tables de la Loi de Valfleury. L’auteur de cette
mise au
point poursuit : « De
ELaH naquit aussi ELOah
(dieu) : Alef+Lamed+Vav+Heh. « Revenons
à l’araméen : quand Jésus s’écriait
ELOÏ, ELOÏ, lamma sabachtani ? (..)
Dieu, Dieu, pourquoi m’as tu abandonné ? par ELOÏ il
entendait : mon
ALLaHa, formule qui en araméen est prononcée :
ELaHi. En arabe, pour dire
mon ALLaH (mon Dieu), on dit : ELaHi (aussi). « Les
chrétiens latins et hellénistes ne peuvent exprimer
(phonétiquement parlant) le
H non muet, aussi l’on-t-il soustrait dans le fameux cri de
détresse :
ELaHi, qu’ils ont rendu : ELOÏ (ou ELAÏ selon les
versions bibliques). À
la lumière de ce présent Dossier, nous pouvons à
présent dresser une passerelle
entre les Tables de la Loi de Valfleury et le bas-relief
représentant la crucifixion
de Valfleury. Ce pont, ce dénominateur commun apparaît
autour des mots apparentés
ÉLAH et ÉLOÏ. Ces mots vont générer
tant la massue, le chêne (grand
arbre, grand homme) que Dieu lui-même. Il
est à présent temps, d’évoquer cette autre
occurrence biblique du mot ÉLIL
(vanité, rien, idole), primordiale pour cette étude. Nous
retrouvons ce mot
dans le Psaume 96-15 dont voici la traduction du Rabbinat
Français : « Car
tous les dieux des nations sont de vaines idoles ; mais
l’Éternel est
l’auteur des cieux. » Cette
traduction est intéressante car elle se permet de traduire le
mot ÉLILim par
ses deux significations, soit : « vaines
idoles », là où
l’ensemble des traductions se contente de traduire uniquement par l’une
ou
l’autre signification du mot. Le
commentaire de la Bible annotée de Neuchâtel permet de
bien comprendre cette
particularité hébraïque : « 96.5 Des
idoles,
proprement
: des
riens, des
êtres
sans réalité. L'hébreu présente ici un
rapprochement de mots semblables quant à
la forme et absolument différents quant au sens : Elohim (dieux), Elilim (des riens). Loin
d'être néant, l'Eternel
a fait les cieux et toute leur
gloire. » D’anciennes
versions latines de ce verset, traduisent l’hébreu ÉLILIM
par le latin INANIA,
pluriel de INANE, lui-même neutre substantivé de
l’adjectif INANIS :
« creux », « vide »,
« sans substance ». Nous
pourrions nous interroger sur l’ÉLIL AVAH, l’idole gravée
proposée par les
Tables de la Loi de Valfleury, nous interroger sur la partie creuse de
cette
idole… thème que l’on retrouve dans les Vierges creuses de nos
vieux sanctuaires
chrétiens. Poursuivons
à présent cette étude du Psaume 96, ô
combien importante dans l’optique de ce
Dossier. Passons du verset 5 au verset 6 dans lequel il est fait
mention de
l’énergie ou force (OZ) et de la splendeur de son sanctuaire, le
Temple de
Jérusalem. Cette énergie, OZ, évoque ici l’Arche
d’Alliance. Il convient de
noter que cette évocation du Palladium de la nation juive
apparait sitôt après
l’évocation des ÉLILIM. Poursuivons
à présent notre voyage dans le Psaume 96 et
arrêtons-nous au verset 10. Ce
verset commence par la phrase : « Dites parmi
les nations que
le Seigneur a établi Son règne. »
(Traduction Abbé Fillion 1895) Cette
traduction est intéressante, elle apparait bien dans l’esprit du
XIXème
siècle qui a vu l’édification de l’église de
Valfleury et la création de son
vitrail représentant les Tables de la Loi. Ce verset est
considéré comme une
prophétie eschatologique. Bien que le mot Seigneur (Adonaï
en hébreu)
apparaisse en français, en lieu et place de
l’imprononçable Yod-Hé-Vav-Hé, il
est considéré par les Juifs que ce RÈGNE
évoque la Royauté du Roi Messie et par
les Chrétien, la Royauté du Chris-Roi. Cette
première partie du verset 10 devient importante dans ce Dossier,
non pour ce
qui est écrit, mais pour ce qui ne l’est pas… ou plus
précisément, pour ce
qui ne l’était pas, ce qui le fut et ce qui ne l’est plus… Ainsi
qu’une note l’indique dans l’édition française de la
Bible de Jérusalem : « 96
10 Plusieurs manuscrits chrétiens ajoutent ici : par le
bois,
allusion à la croix de Jésus. » PAR
LE BOIS ! Par
le bois !
Ou bien
encore du haut du bois ! Que sous-entend
véritablement cette énigmatique
expression ? Dans
sa thèse « Le texte du Psautier copte de
al-Mudil », Gregor Emmegger
Docteur en théologie étudie ce recueil des Psaumes
daté du IVe
siècle. Cet ajout
chrétien du Psaume 96 (95),
bien qu’absent mais assurément sous-jacent du Psautier de
al-Mudil, apparait suivant
le Maître en théologie, comme « l’addition
chrétienne la plus célèbre :
elle se trouve dans le Psaume 95,10 comme ajout à le
Seigneur a régné,
le texte dit du haut du bois. Cette addition est assez
répandue dans les
textes anciens. On trouve cette formulation dans presque tous les
manuscrits de
type Haute Égypte et Occident. Elle était si importante
que les Coptes d’une
époque plus tardive ne voulurent pas y renoncer et
l’ajoutèrent à la version
bohaïrique. » Le
bohaïrique est un dialecte de la langue
copte actuellement utilisé dans la liturgie de l’Église copte orthodoxe. Le
Docteur Emmegger citant Justin
Martyr poursuit : « la formule du haut bois
fait si naturellement
partie du Psautier qu’il reproche aux juifs d’avoir
éliminé ces mots de leur
texte à cause de son allusion au Christ. Justin ajoute que
l’élimination de ces
mots est un blasphème pire que la fabrication du veau d’or,
l’immolation des
enfants aux démons et l’assassinat des prophètes.
» Nous
avons évoqué dans cette étude la fabrication et
l’adoration du Veau d’or mais
nous découvrons à présent quelque chose qui irait
encore au-delà dans le
blasphème, l’élimination de ces mots dans le
Psautier ! Il convient
de ne surtout pas oublier que l’ajout de ces mots n’est pas justifiable
au vu
du texte hébreu originel, mais ils comportent néanmoins
un véritable message. D’autres
renseignements relatif à cet ajout du Psaume 96 (95) nous sont
apportés par
Jean-Marc Prieur, Professeur d’Histoire de l’Antiquité
chrétienne, dans le
livre « La croix dans la littérature
chrétienne des premiers
siècles », ouvrage partiellement mis en ligne, tout
comme la thèse du
Docteur Emmegger, sur books.google. fr. Le
Pr. J. M. Prieur incère dans son livre les propos du Pseudo-Cyprien,
Les montagnes du Sinaï et de Sion 9 : « D'où
il est manifeste que la montagne
de Sion est le règne du
bois sacré justifié en sainteté,
comme le dit David :
Annoncez le règne de Dieu parmi les nations, car le Seigneur a
régné depuis
le bois et est passé parmi les nations. C’est au sujet de ce
règne du
bois royal que dit aussi le prophète : Mais moi je vous
dis : ‘’
J’ai été établi comme roi sur Sion sa montagne
sainte, annonçant son pouvoir ‘’.
Cette parole du prophète, il l’a accomplie quand, en sa passion,
il fut pendu
au bois par Ponce Pilate. » Les
théories liées à L’ÉNIGME SACRÉE
sont
aujourd’hui bien connues, tout à la fois recevables sur certains
points et
discutables sur d’autres points. Il est tentant d’écouter en ce
sens les
expressions « Roi par le bois », « Roi
par le haut du
bois », « Règne du bois
sacré » ou « Règne du
bois royal ». Pour le Pseudo-Cyprien,
évêque de Carthage au IIIème
siècle, « il est manifeste que la montagne
de Sion est le règne du
bois sacré » mais aussi
que Ponce Pilate qui a pendu
au bois Jésus devient en quelque sorte l’instrument qui met
en place le
règne du bois sacré. Il
apparaît intéressant de penser
que ce même Ponce Pilate de retour en Gaule, ait pu parachever
cette mise en
place du règne du bois sacré.
La Gaule chevelue fut
de tradition, l’Empire des anciens Rois du Chêne dont le premier
Roi aurait été
Hu Kadarn. La Royauté
du Chêne de la
Gaule druidique mise en sommeil à l’époque romaine,
aurait pu dans cette
hypothèse, se pérenniser dans cette possible Royauté
depuis le bois manifeste depuis. Nous touchons peut-ici
aux Mystères
de la Royauté secrète
de la France dont Serge Hutin nous entretint dans ses livres ou
articles. Dans
son livre « hommes et civilisations
fantastiques », cet auteur
évoquait le Mont Saint-Michel bâti sur l’emplacement
même d’un temple druidique
souterrain particulièrement vénéré :
le sanctuaire du Dragon. Dans
l’îlot voisin de Tombelaine existerait « un
vaste souterrain où
serait dissimulé l’un des deux trônes du souverain secret
de la France ;
le second serait abrité – prétend la même tradition
orale – dans une crypte du
massif forestier de Fontainebleau… » Serge Hutin
poursuit : « En
effet, une tradition affirme l’existence d’un gouvernement secret de
notre
pays, contrôlé, depuis la christianisation de la Gaule,
par une société secrète
extrêmement fermée placée sous le patronage de
l’archange Saint-Michel, le
vainqueur du dragon. » Cette crypte
du massif forestier de Fontainebleau
donnerait suivant l’auteur, accès à une cité
souterraine !? Toujours
est-il, la forêt de Fontainebleau fut l’un des lieux majeurs de
rassemblement
des Compagnons Fendeurs et Charbonniers dont les rites faisaient
allusion,
suivant certains auteurs, à une Royauté secrète de
la France. La Royauté depuis
le bois
prend racine dans la montagne de Sion. Un
véritable mystère, n’en
doutons pas, s’enracine dans cette montagne de Sion.
Toute une
mythologie s’est greffée autour de cette Sion éternelle.
Des dérives sont
apparues face à cette montagne royale. Il n’en demeure pas moins
que cette
« montagne » d’Orient mais peut-être aussi
d’Occident… semble soudain
nous apparaître comme une véritable Échelle de
Jacob sur laquelle gravitent
quelques personnages angéliques. |
(1) |
1/ Bonjour Marcel et merci de nous accorder
cet entretien en ce lieu magnifique chargé d’Histoire. Voici
notre première
question. Aussi loin que remontent vos souvenirs, quel est celui qui
jalonne
votre première rencontre avec l’ancienne Chartreuse ; vous
souvenez-vous
alors de votre ressenti en cette occasion ?
Mon tout
premier souvenir
concernant Sainte-Croix-en-Jarez est
celui de ce nom lu sur le bandeau latéral du vieux car qui
desservait, il y a
plus de cinquante ans..., Sainte-Croix-en-Jarez (peut-être aussi
Pavezin) à
Rive-de-Gier. Le car, arrêté au passage à niveau de
Couzon fermé, la galerie
surchargée de marchandises, de colis, de paniers et de cages
à poules, était
bondé de passagers qui s’en revenaient du marché,
certains saluaient ma mère qui
s’apprêtait à ouvrir les barrières après le
passage du train. J’avais moins de
six ans, je venais d’apprendre à lire et ce nom que je
déchiffrais difficilement
pour la première fois allait me devenir familier. Mais il
m’impressionna
longtemps encore, car il m’évoquait des choses, un
village ? me disait-on,
à la fois merveilleuses et aussi un peu mystérieuses.
Qu’est-ce que pouvait
bien être cette Sainte- Croix… dans le Jarez ?
Et le mystère ne fut pas levé
lorsque quelques
années plus tard, avec quelques copains au terme d’une
randonnée laborieuse sur
des vélos rafistolés tant bien que mal, je le
découvris enfin ce fameux
Saint-Croix-en-Jarez. Pour nous qui arrivions de l’aval l’impression
fut forte
de la vue de ce village (savions-nous alors que c’était un
ancien
monastère ?) qui nous apparut comme une forteresse
formidable. Sans doute
notre imagination fut-elle enflammée et il nous fallut bien
d’autres balades
pour vaincre une sorte de crainte respectueuse et oser franchir la
porte
monumentale si impressionnante à nos yeux d’enfants et
pénétrer enfin au cœur
du mystère, d’un inconnu que
nous devinions déjà hors norme.
Il s’écoulera encore bien des
années avant que
mon intérêt pour l’histoire et la vie conduisent à
nouveau mes pas vers la
belle vallée du Couzon et sa Chartreuse.
2/ Antoine Vachez, érudit et
illustre auteur
régional de la seconde moitié du 19ème
siècle a incontestablement
marqué de sa plume avisée, la redécouverte ou tout
au moins une bien meilleure
connaissance de l’Histoire rigoureuse de Sainte-Croix. Son œuvre
publiée en
1904 impose toujours respect et fait encore office de
référence très sérieuse. Avec
le recul que vous avez, quels commentaires pourriez-vous faire en
rapport à ce
véritable repère bibliographique ?
Ce n’est qu’après avoir lu les notices
d’Ogier, les livres de Chambeyron, Mulsant, Jean Combe et de nombreux
articles,
et grâce à la réédition de l’Association
Visages de notre Pilat que j’ai
découvert le livre d’Antoine Vachez sur l’histoire de
Sainte-Croix-en-Jarez, du
moins dans son intégralité. Il en demeure l’historien par
excellence.
Son étude considérable sur
l’histoire souvent
paisible et sereine, parfois bien mouvementée voire dramatique
de la Chartreuse
de Sainte-Croix a permis de lever un voile sur une histoire
peut-être un peu
trop discrète au goût du chercheur, voire secrète,
et parfois un peu trop
merveilleuse, voire mystérieuse.
Cette étude à ouvert la
voie pour bien
d’autres historiens souvent talentueux. Son travail reste une
invitation
toujours actuelle à aller plus loin dans la connaissance de
l’histoire de
Sainte-Croix. Bien sûr dans cette masse d’informations qu’Antoine
Vachez a mise
à la disposition de ses lecteurs et des chercheurs certains
relèvent
aujourd’hui, nouveaux documents à l’appui, des manques ou des
inexactitudes.
C’est bien normal que la connaissance progresse et que les nouvelles
recherches
complètent, rectifient, amendent ou actualisent
ce remarquable travail d’historien.
3/ Pour le curieux comme pour le
spécialiste,
les peintures murales du 14ème siècle, demeurent bien le
joyau qui émerveille
le visiteur autant que les commentaires lors du circuit guidé du
monument. Ces
œuvres artistiques mais plus encore religieuses d’un autre temps vous
inspirent-elles des remarques plus personnelles ou des synthèses
plus inédites,
en provenance de vos nombreuses années d’observation et de
réflexion ?
Comme tous ceux qui ont le plaisir de les
contempler je reste émerveillé à chacune de mes
visites par ces peintures
murales remarquablement conservées pendant des siècles
(ce qui rend d’autant
plus regrettables les dégradations
contemporaines).
Ces fresques qui racontent les
obsèques de
Thibaud de Vassalieu disent beaucoup sur l’esprit d’une époque
et nous parlent
plus que de longs écrits. Elles font et feront encore longtemps
l’objet
d’analyses et de commentaires.
Thibaud de Vassalieu fut assurément un
grand
personnage et un très généreux donateur pour
Il faut saluer les membres de la Diana
qui à
la fin du 19è siècle ont sauvé de l’oubli
(peut-être même de la destruction)
ces peintures, et aussi la pugnacité de l'Association de
Sauvegarde et d'Animation de la Chartreuse de Sainte-Croix-en-Jarez et
de ses adhérents qui
aujourd’hui travaillent avec détermination à leur
conservation et à leur
protection.
4/ On vient d’évoquer le
trésor que sont les
quatre scènes représentant un patrimoine
médiéval rare ; des chefs d’œuvre
qui ne vous laissent pas indifférent. Marcel, vous qui
connaissez bien la
Chartreuse, auriez-vous envie de vous attarder sur une autre
particularité ou
un point fort architectural ?
Tout ici me semble remarquable et je reste
véritablement impressionné, comme je le fus lorsque
enfant j’ai vu pour la
première fois la Chartreuse, par l’aspect à la fois
monumental, élégant et …
aérien de cet ensemble architectural. Ce devait être
encore plus vrai au 18è
siècle au temps de toute sa splendeur. Ces bâtiments
racontent la Chartreuse à
chaque pas, à chaque regard. Cette symbiose entre la pierre et
la mémoire des
lieux est ici remarquable.
Une fondation des plus curieuses et sur
laquelle on n'a sans doute pas fini de s’interroger, qui donne
naissance
à cinq
siècles de vie monastique et de silence contemplatif interrompu
par la
Révolution et suivi d’une renaissance patrimoniale sous
l’impulsion des
habitants font que l’on ne peut aborder cette ancienne chartreuse,
aujourd’hui
ce beau village, sans une grande émotion.
5/ Couvent ayant appartenu à l’Ordre
des
Chartreux durant cinq siècles et ce jusqu’à la
Révolution française, Sainte-Croix
a suscité les légendes, les rumeurs ou les
mystères, tous plus intéressants les
uns que les autres ; néanmoins la plupart ne sont pas assez
convaincants
puisque manquant de preuves ?
Un tel monument avec une si riche
histoire
suscite des passions, des engouements, quoi de plus normal ! On ne
pourrait être que déçu du contraire. Que
légendes, mystères, rumeurs alimentent
ces passions ne me choquent pas, après tout cela fait partie
sinon de l’histoire
(encore que …) du moins de la légende
de Sainte-Croix. Que des chercheurs enthousiastes interrogent parfois
l’histoire par ce biais non plus, il peut en résulter parfois
des angles de vue
tout à fait intéressants ! A chacun de se faire son
opinion !
6/ Fondée à la suite d’un
songe merveilleux
et cinq siècles plus tard tristement vidée de ses
derniers occupants à la suite
de la Révolution française, cette Chartreuse
recèle ce paradoxe, un début magique
et joyeux, puis cette fin, forcément quelque part injuste.
Pourtant ce ne fut
jamais un lieu anodin. Y a-t-il un récit énigmatique se
rapportant à ce
monastère qui retiendrait sérieusement votre attention et
si oui, lequel et
pourquoi ?
Le récit merveilleux de la fondation de Sainte-Croix par Béatrix, maintes fois rapporté sans aucun appareil critique par des générations d’historiens reste pour moi un mystère.
Légende
(certains
réfutent le terme), fable ou mythe, est-ce que la
vérité historique (à supposer
qu’on la connaisse un jour) sur la création de la Chartreuse de
Sainte-Croix-en-Jarez ne mériterait pas que l’on s’arrête
un instant sur cet
épisode ? Est-ce que plus de 700 ans après la
fondation et la lettre de
Béatrix à Louvoyes nous devons continuer à
accepter sans discuter ce qui nous
est présenté : le rêve initial de
Béatrix où lui apparaît une
croix d’argent entourée d’étoiles qui guide ces pas vers
un lieu qu’elle ne
connaît pas mais où
elle entend fonder un monastère, et où l’attendait le
propriétaire du site
qui a rêvé que Béatrix voulait lui acheter sa
propriété et un maçon qui a
deviné qu’elle voulait y édifier une maison de l’ordre
des Chartreux !!! Est-ce seulement une question
de foi ?
D’autres lieux sont
devenus
de dévotion pour moins que cela ! Alors, forcément,
on aimerait savoir ce
qui se cache derrière la fable, la signification de ce conte
religieux.
Pourquoi inventer une telle histoire ? Pour seulement justifier
une
très généreuse
donation ?
La
vérité me serait plus
belle que
Les questions sont
nombreuses
à rester sans réponse. Ainsi : qui avait-il avant la
fondation ?
pourquoi la fondation d’un monastère ? pourquoi en ce
lieu ? Il y a encore aujourd’hui, et
c’était sans
doute plus vrai à l’époque, à
proximité
ou dans le massif du Pilat bien d’autres lieux plus déserts
et sans
doute plus appropriés aux besoins de solitude et de silence de
l’ordre des
Chartreux. Alors pourquoi précisément ici, en ce
lieu ? Saurons-nous un
jour regarder par delà la légende ?
Bien sûr le symbolisme de la
croix est
évident, comme l’est le parallèle entre la quête
ainsi évoquée par Béatrix et
celle des croisés auxquels Guillaume, son époux, est
allé porter secours (il
trouve la mort devant Saint-Jean d’Acre, mais d’autres auteurs qui
contestent
cette version indiquent qu’il serait mort et enterré à
Annonay …). Quelle est
donc la véritable signification du geste de Béatrix ?
7/ Ce site emblématique n’a
certainement pas
livré tous ses secrets, des explications qui permettraient de
mieux comprendre
tel ou tel manque de précisions préjudiciables dans
l’immédiat pour une
suffisante et juste lisibilité de pans historiques qui nous font
défaut.
Avez-vous des attentes précises, envisagez-vous des
découvertes spécifiques ?
Que la recherche historique se poursuive
sans
tabou et sans préjugé ! Nous sommes sans doute encore
très loin d’avoir
exploité tous les fonds d’archives concernés et toutes
les ressources
documentaires, de quelque nature que ce soit. Il en résultera
forcément un
enrichissement de nos connaissances et une meilleure
compréhension de
l’histoire du site.
Sur le terrain, et bien que de
nombreuses
fouilles aient permis de progresser dans cette connaissance il me
semble qu’une
étude exhaustive portant sur les bâtiments, leurs
fondations et les
substructions faisant ressortir les ajouts, les retraits, les
démolitions, les
transformations, les restaurations, les matériaux et les
techniques utilisés,
la datation de ces éléments, leur cartographie en plans
et coupes, pourrait
être très riche d’enseignement.
8/ Puisque nous abordons le
Remarquable, en
notifiant des aspects architecturaux, qu’auriez-vous à nous
mettre en avant
dans le même esprit mais cette fois en insistant sur un
côté plus historique au
sens rigoureux du terme ? Autrement dit, quelles anecdotes ou
données
notoires méritent d’être soulevées lorsque l’on
« regarde » tous ces
longs siècles écoulés ici ?
Au lieu d’évoquer telle anecdote ou
tel fait
historique particulier mes pensées vont plutôt vers les
moines lambda
tous ceux dont les noms sont aujourd’hui tombés dans l’anonymat
et qui ont
écrit l’histoire religieuse de cette Chartreuse pendant 5
siècles, et qui ont
contribué – dans une mesure qui reste à déterminer
- à façonner l’histoire
économique autour de Sainte-Croix-en-Jarez. Ainsi : quelle
a pu être
l’influence des Chartreux dans des domaines tels que l’agriculture, la
sylviculture ou bien l’industrie métallurgique locale par
exemple.
Nous avons quelques données
éparses, aussi il
pourrait être intéressant de pousser nos investigations et
tenter de dresser un
bilan de la présence cartusienne dans notre région.
9/ Depuis toutes ces années vous
vous êtes
posé des questions en rapport à la Chartreuse du Pilat.
Si vous ne deviez
retenir qu’un seul personnage lié à cette Histoire
longue, riche et magnifique,
lequel retiendriez-vous et pourquoi ?
Si je ne devais retenir qu’un seul nom dans
cette longue saga cartusienne en pays de Jarez ce serait celui de l’absent
…
10/ Sainte-Croix peut-elle selon vous,
avoir
été une Chartreuse aux caractéristiques vraiment
significatives et méritant
d’entrer comme telles dans l’Histoire en se distinguant surtout de
n’importe
quelle autre Chartreuse ?
Ma réponse à cette question
est contenue en
filigrane dans ce que je viens d’évoquer : chaque
Chartreuse à son
histoire et sans doute sa légende, mais ici les
modalités tout à fait
singulières de la création de Sainte-Croix, les zones
d’ombre qui
l’accompagnent, les cinq siècles de prospérité, et
les conditions tout aussi
étonnantes qui feront un jour de ce monastère un village
lui confèrent
assurément un caractère particulier.
1/ Bonjour Philippe. Depuis
quelques
années, vous vous êtes installé dans le Parc
Naturel Régional du Pilat. Quelles
raisons vous ont porté sur ce choix qui vous a permis de
rejoindre nature et
tranquillité ?
Mon épouse m'a fait
découvrir le Pilat dont
elle est originaire. Ici c'est vrai, c'est la nature et
tranquillité en plus
pas loin de métropoles si le besoin s'en fait ressentir.
2/ Vous êtes à
la base d’une petite «
révolution » en matière de communication, en ayant
apporté à tous les citoyens
du Pilat la possibilité de lire un bimestriel, La Pie du Pilat.
Expliquez-nous
en quoi consiste ce journal où vous donnez la parole à
tout un chacun ; un
journal d’une richesse évidente ?
Le territoire sur lequel nous vivons
n'est
pas anodin. Nous tous, habitants de cet espace naturel entouré
de villes et de
vallées industrialisées, nous sommes
privilégiés. Nous sommes aussi les
gardiens de cet écrin. Cette responsabilité n'est pas
toujours simple à gérer.
L'objet de l'association les 4versants qui édite le magazine la
Pie du Pilat
est de donner des éléments sur les enjeux du territoire,
de favoriser
l'expression citoyenne de ses habitants et d'être pour les
associations un
support de diffusion de leurs actions.
Le magazine a toujours un
dossier qui
occupe environ la moitié du journal. Le reste est occupé
des articles traitant de différents
thèmes.
3/ En parcourant chacun des
numéros de la
Pie du Pilat déjà sortis, on a l’impression que la photo,
notamment au service
de petits films reportages y tient une place de choix. Est-ce
là, une de vos
passions ?
Oui, travailler avec
l'image est mon
premier métier.
4/ Depuis quelques
numéros de la Pie du
Pilat, vous avez lancé un grand jeu concours, là
où le gagnant reçoit en
récompense un panier garni. Pouvez-vous nous expliquer
succinctement le
principe de fonctionnement de ce panier de La Pie ?
Un journal doit aussi
divertir. Ce jeu
concours y contribue même s'il a pour objet principal de mettre
en lumière des
éléments du patrimoine, de l'histoire du Pilat mais aussi
d'autres
particularités de notre territoire trouvées ici et
là.
5/ A combien d’exemplaires
tirez-vous la
Pie du Pilat ?
Nous tirons à 7 000
exemplaires qui sont à
80% diffusés sur le territoire. Le reste va dans les villes
Portes.
6/ On comprend que votre
revue qui est
éditée 6 fois par an, représente une somme
colossale de travail. Comment
êtes-vous organisé et quelle est la place des
bénévoles au service de la Pie du
Pilat ?
Le comité de
rédaction sélectionne le thème
du prochain dossier. Puis récolte des informations. Le
comité de rédaction
cherche des contributeurs. Ce sont en moyenne 25 personnes qui
contribuent à
chaque numéro.
7/ On s’aperçoit que
la Pie est en
constante évolution, on pourrait dire innovation. Sans
indiscrétion, est-il
prévu de nouvelles rubriques dans le journal déjà
copieux pour le lecteur ?
Mis à part "à
dire larigot" et
"dites- le en images", il n'y a pas à priori de rubriques fixes.
Tous
les articles se font au grès des évènements et des
contributions que nous
recueillons.
8/ Le plus étonnant,
peut-être, dans cette
revue est qu’elle reste gratuite, même si parallèlement
vous proposez des
abonnements. Comment faites-vous pour vous en sortir
financièrement dans cette
entreprise ambitieuse ?
La bonne question. La gratuité
est une
nécessité. Si le journal est payant, il ne sera lu que
par les convaincus. Ils
ne sont pas les seuls concernés. Nous essayons de faire en sorte
que le
magazine vive à un tiers grâce à nos
adhérents et abonnés, un tiers grâce aux
annonceurs et un tiers grâce aux aides publiques.
Pour les adhérents et
abonnés nous sommes
dans la bonne voie. Pour les annonceurs, nous n'avons pas de commercial
et donc
cela est fait de façon totalement désorganisée.
C'est dommage car un annonceur
est certain d'avoir une bonne visibilité sur le territoire. On
recherche donc
un commercial. Pour les collectivités locales, la Région
et le Parc nous
aident. Ce n'est pas suffisant et cette aide est remise en cause toutes
les
années.
Alors pour l'instant on
survit en essayant
de chercher un modèle économique adapté à
notre démarche. On n'a pas encore
trouvé...
Philippe ;
nous vous remercions pour
l’ensemble de vos réponses et nous souhaitons longue vie
à La Pie du Pilat.