RUBRIQUE
R-L-C
Avril
2008




Par le fin passionné
  Jean-François Deremaux
 En complément "géographique" aux deux pertinents Dossiers
de Patrick Berlier consacrés à "Viens, suis-moi, de Cucugnan à Lille"




Lille, Capitale ésotérique des Flandres




        Saluons tout d'abord l'arrivée parmi nous, d'un nouveau compagnon-rédacteur : Jean-François Deremaux. Nous le remercions vivement de nous livrer à la fois de son enthousiasme et de sa confiance, au travers d'une partie de ses connaissances, qui notamment sur cette région s'avèrent pointues. Dès le mois prochain, deux autres amis nous rejoindront ; j'entends avec la plume, sur ce site apparemment apprécié, que vous suivez en tous les cas toujours plus nombreux chaque mois qui passe.

    Il n'est pas question de déplacer Rennes-le-Château à LILLE, soyez rassurés, mais effectivement nous développerons encore dans ce dossier un sujet, cette fois avec pour intimité, la ville de LILLE ! Il est vrai qu'elle s'impose éloignée, en premier lieu géographiquement parlant, de la célèbre cité audoise, qui elle donne bien son nom à la rubrique là en question. La Grande Affaire, le site Internet de ce nom, regroupe 10 rubriques formalisées en tant que telles, mais implicitement c'est un tout détaillé beaucoup plus vaste.

        "L'Histoire est un mensonge que personne ne conteste" déclarait Napoléon Bonaparte. En nuançant toutefois cette remarque, parfaitement historique, je pense qu'il y a alors beaucoup de vrai dans celle-ci. La Grande Affaire, telle que je l'ai définie < en introduction > sur ce même site, n'englobe bien entendu pas la somme des milliers ou des dizaines de milliers d'événements notoires ou non, qui composent au final toute l'Histoire Secrète. La notion de territoire n'obéit pas ici à des frontières claires ou très rigoureuses.

     Nous sommes en présence d'un Héritage lourd, intrigant, mystérieux, celui d'une civilisation plus que deux fois millénaires, accompagné de brassages multiples, de non dits, mais encore de dessous discrets de l'Histoire officielle, parfois très flous, sombres, aussi transformés par le temps ou les hommes. Loin, de Rennes-le-Château, de son Grand Secret, il est question d'élargir bien plus qu'un contexte complètement juxtaposé sur les articles inédits de Patrick Berlier avec < Viens, suis-moi > < de Cucugnan à Lille >.

  Le point commun, s'il en est un, en reste LILLE, un passé et des répercutions potentielles ou éventuelles. Je ne vais pas me substituer à l'auteur que vous allez découvrir maintenant, grâce à des développements livrés avec brio dans ce Dossier complémentaire. Vous percevrez, à mon sens distinctement, que l'on flirtera avec un fort énigmatique ambiant, non éloigné de quêtes passionnantes, plurielles si on se devait alors de trop les résumer ... au seul Saint Graal ... Non, LA Grande Affaire n'est pas que Rennes-le-Château ...

Thierry Rollat



Introduction :

Pour faire un parallèle avec les deux articles de Patrick Berlier relatant la découverte de cette image dans l’ouvrage d’Alphonse Daudet, je voudrais vous faire découvrir Lille qui n’est pas seulement la capitale du triste Nord que les sudistes aiment à décrire quoi qu’avec l’arrivée du film de Dany Boon, le Nord a pris une image un peu moins négative. Le problème du Nord de la France est le massacre qu’a fait subir l’armée alliée par ces bombardements aveugles qui détruisirent nombre de monuments. La cathédrale d’Amiens dans la Somme semble avoir été protégée miraculeusement  par un « cône »  de 60° qui dériva les bombes de 500 kg lâchées par les Lancaster Anglais et les B17 US.

La révolution fit aussi des dégâts dans ch’nord.


Fondée jadis sur une île en forme de motte qui  fut le support et le berceau de sa naissance et où se dressait le légendaire château du Buc, demeure de Lyderic, grand forestier des Flandres ; Lille est devenu LA métropole culturelle en 2004. Mais elle est aussi depuis « l’aube de l’humanité », la capitale des Flandres (1). L’île a donné naissance à Lille.

Devenus pour certains, de jolis petits jardinets, on distingue encore la forme des « canaux» , qui entouraient cette motte.. Une tradition tenace veut que cette butte fût percée de nombreuses galeries où se cacherait le trésor de Jean Sans Terre, lors de son affrontement contre le comte de Flandre ? Allez savoir !

En 2001, dans l’un de ces canaux asséchés, j’ai découvert une entrée de souterrain mise à jour par de récents travaux … Découverte très vite rebouchée… Chut, on ne sait jamais.

Une autre version de la naissance de Lille me fut donnée:

En Flamand, Lille se dit : RIJSEL… Rijsel se traduisant par Île… Ce serait la ville au bord des îles. On reconnaît  effectivement sur la carte que cette traduction n’est pas si bête.

On retrouve dans Lille un dédale de canaux semblables à d’immenses labyrinthes pouvant renfermer autant de taureaux et de Thésée. Durant l’antiquité, le culte du taureau Mithra fut tenace dans le nord de la France.

Ijsel en Néerlandais signifie : verglas. Lille fut-elle aussi la « ville au bord des glaces » ? L’improbable Thulé, mémoire d’une antique Hyperborée ?

Hérodote assimila d’ailleurs les Moëres (2) au labyrinthe. On retrouve les Moëres plus au nord près de Dunkerque. Le « Temple des dunes ».

Le château du Buc depuis longtemps disparu laisse place à la seule cathédrale commencée en 1858, lorsque Lille devint diocèse et qui ne fut terminée (ah bon ?) qu’en 2000. Dédiée à Notre-Dame de la Treille, l’endroit se nomme : « Butte Madame ».

Notre-Dame de la Treille est la sainte patronne des lillois ; la statue fut retrouvée lors de fouilles dans les ruines de la collégiale St Pierre détruite à la révolution, (près de l’actuel et horrible palais de justice), la madone flamande fut mise à l’abri dans ce «temple » construit spécialement à son attention et en l’honneur de sa sainte gloire.

La treille (3) est la meilleure représentation de la vigne. Vigne du Seigneur et vigne du monde matériel. Nous savons que le vin fut introduit en Gaule par les romains en 50 Av JC et que le dieu Bacchus (Dionysos chez les grecs) en est le grand patron. Le vin est la boisson initiatique qui donne l’ivresse de l’initiation et de la connaissance cachée.   

La vierge est représentée tenant l’enfant Jésus dans ses bras à l’abri derrière une grille qui semblerait représenter également la « Crypta Ferrata » chère à Nostradamus :

« Quand l’escriture DM trouvée

Et cave antique à lampe découverte

Loy, Roy et Prince Ulpian esprouvées

Pavillon Royne sous la couverte »

Souvenons-nous que cette VIIIème centurie n’a pas été publié du vivant de Nostradamus. Ce dernier étant  mort en 1566, c’est seulement deux ans plus tard que furent publiées les Centuries enrichies de trois nouvelles, dont celle qui nous intéresse…

Ce quatrain n° 66 de la VIIIème centurie avait été évoqué dans le n° 366 de notre revue préférée. Et vous vous êtes sûrement demandé de quel vers supplémentaire je voulais parler à la page 21 de mon article ?  hé bien le voici :

… »Nil a source en Crypta Ferrata »…

Cette phrase fut retrouvée dans un parchemin appartenant à un descendant direct des Bourbons et commenterait le quatrain ci-dessus. Elle ne fait pas référence à l’Egypte, mais à une agglomération située près de Rome où se situe l’abbaye de San Nilo. Cette ville se nommait Grotta Ferrata. Dans cette ville se trouverait une crypte où un mystérieux Cardinal blanc apporterait l’initiation aux plus hauts éléments des autorités Franc-Maçonnes ou Rose-Croix… (4)

L’écriture « DM »  (Déi Mater) évoquerait également la piste du trésor des Rois de France. Cette grotte à la lampe éternelle se situerait en Normandie, à Etretat exactement. C’est l’hypothèse de Maurice Leblanc dans son roman : « l’Aiguille Creuse » où Arsène Lupin retrouve ce trésor en résolvant une énigme en rapport avec le quatrain ci-dessus. La grotte se nommerait alors (et elle existe) : La grotte des Demoiselles. Alors demandons-nous, si le descendant des Bourbons qui détenait le 5ème vers ne fut pas Louis XVI ? Ou pire, Louis XVII… Mais il est mort durant la fuite à Varennes… C’est du moins ce qu’on dit !






Le Nord, comme chacun le sait, est la patrie des géants. Dans les différents carnavals régionaux, que ce soit à Lille, à Douai ou ailleurs dans le plat pays, chacun est fier d’exhiber ses géants. Mais d’où vient cette tradition tenace de géants dans le nord de la France ?

Les héros, on le sait,  sont souvent comparés à des géants. Un fait d’armes extraordinaire ou une légende et le conquérant, sauveur ou personnage légendaire de la cité se retrouve en « bon géant » de 3 à 5 mètres de haut.


A Tournehem, dans le Pas de Calais, à une vingtaine de kilomètres au nord  de St Omer, Lors de fouilles près d’un gué d’origine romaine et à l’occasion de terrassements pour la construction d’un lotissement, on découvrit trois tombeaux de style Gallo-romains. A l’ouverture, on constata qu’ils contenaient 3 squelettes de près de trois mètres de haut. La réaction fut immédiate : les archéologues passèrent en vitesse et on oublia très vite cette découverte.
(5)

Alors soyons fous et émettons une autre hypothèse.

Hérodote, dans ses écrits historiques nous explique que c’est vers 40000 avant Jésus–Christ que naquit l’Egypte. Bien avant le roi Ménès qui vécut en 36620 av JC. C’est aussi à cette époque que naquirent les premiers dieux qui mesuraient plus de cinq mètres de haut. Ils se nommaient : Isis, Osiris, (qui fut assassiné vers les 40000 av JC), Seth, Ptah, Rê, Horus, Thot et Maât. Au cours de ces 36620 ans, selon les prêtres, le soleil changea de sens quatre fois suite à de gigantesques cataclysmes. Ces Dieux géants, furent-ils ceux dont nous parle la Bible ?

… » Or, les géants étaient sur la terre en ces jours là, et cela après que les fils de Dieu furent venus vers les filles des hommes, et qu’elles leur eurent donné des enfants ; ce sont là les héros renommés dès les temps anciens. »…

(Genèse VI-4)

C’est vers 4241 av JC que le Nil entra en crue et également la même année, à peu de chose près, que l’histoire du monde se superposa à celle de l’Egypte. Ce fut la naissance de l’écriture hiératique et démotique ; Ce fut aussi la naissance des hiéroglyphes et de la religion égyptienne (Culte d’Osiris et d’Isis.) qui perdura durant 4000 ans. On en retrouva des traces dans les pays méditerranéens et même chez les grecs. Mais aussi jusqu’en Bourgogne et en Europe du Nord.

Nos géants Ch’timi descendraient-ils d’une survivance d’un culte égyptien ?

A une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Lille se dresse la  petite ville de Meteren, qui en gallo-celtique, se traduit par : la Mater locale. Faut-il voir là , la réminiscence d’un culte antique dédié à une déesse-mère ou une allusion à Isis ?

« Quand l’escriture DM trouvée » … DM… Déi Mater (la Treille). La mère de Dieu.

Demeter, dans la mythologie grecque, est l’épouse de Poséidon (Neptune chez les romains). Poséidon, c’est le maître des océans, mais aussi le patron de l’Atlantide, ce fabuleux continent cité par Platon et disparu dans des temps anciens.

Dans Demeter ou Meteren, on retrouve la racine : »meter » qui désigne soit la Mater, soit Isis ou la vierge dans son sens originel.

La racine « ren » ou « ran » s’avère s’apparenter à une déesse nordique de la légende des Niebelungen. La liaison Hermès—Demeter est liée au symbolisme du poisson, qui permet de retrouver la parole perdue et la tradition égarée. (6)

René Guénon situe d’ailleurs, et avec justesse, le symbolisme du poisson et du riche pêcheur dans le nord ! Et justement, reposons-nous la question de savoir si l’antique Hyperborée ne se serait pas jadis située dans la Mer du Nord ! ? !

« Riche pêcheur » et « prêtre d’Hermès » sont synonymes (7); dans le roman du Graal de Chrétien de Troyes, c’est un roi-pêcheur, atteint d’une grave maladie, qui, justement va présenter, au cours d’un repas, le St Graal à Perceval. Mais ce dernier ne reconnaissant pas la coupe sacrée, ne pourra donc pas guérir son hôte.

Le Graal lui est symboliquement présenté sur trois tables fondamentales : une ronde, une carrée et une rectangulaire.

La Vierge-Mère est souvent honorée en des lieux où se trouve de l’eau sous n’importe quelle forme. L’eau peut se présenter sous l’apparence d’une source, d’une rivière souterraine ou d’un puits. Nous l’avons vu, la butte Madame était jadis entourée d’eau.

Ceci nous ramène d’une certaine façon à la liaison Demeter à Poséidon dans le symbolisme aquatique.







Lille faillit damer le pion à Paris comme capitale de la France ;  en effet, au XVème siècle, Philippe le Bon proposa la ville flamande comme capitale. Il y réunit par deux fois les chapitres de l’ordre de la Toison d’Or et l’on peut admirer aujourd’hui, ce qui reste du magnifique palais Rihour qu’il fit construire à l’époque. Au sommet du palais, une sculpture représente le collier de cet ordre prestigieux qui domine la capitale flamande.(8)

Malheureusement, la ferveur patriotique fit apposer un monument aux morts du conflit de 1939-1945 sur les ruines du palais qui se trouve être à jamais défiguré par cette sculpture de béton…

L’ordre de la Toison d’Or fut fondé à Brugge en Belgique en l’an 1429 et nous rappelle bien évidemment le voyage de Jason et des argonautes en Colchide à la recherche de la toison d’un bélier qui, non seulement est faite d’or pur, mais qui a aussi la merveilleuse propriété de guérir et de redonner la vie. La toison est gardée par un dragon que Jason parvint à endormir grâce à un philtre que lui prépara la magicienne Médée. La conquête de la Toison d’Or, nous rapproche de celle du St Graal.

Une petite parenthèse :

Le navire Argos piloté par Jason et ses compagnons, à la recherche cette Toison d’Or, est représentatif de la nef qui orne le blason de la capitale officielle de la France: Paris. La langue secrète des parisiens, c’est l’argot ; et d’après l’adepte Fulcanelli, (9) les livres de pierre que sont ces édifices renferment tout le savoir de la science traditionnelle et alchimique. Les cathédrales sont d’une certaine façon : argotiques (art gothique).

Elles transmettent, pour la plupart, l’alchimie de la pensée, du corps et de la foi.

Ne négligeons aucun enseignement de ces vaisseaux de pierre : Enseignement Exotérique et Esotérique.



En conclusion : Pas de conclusion… Mais alors que de questions !
a/ Lille, capitale des Flandres aurait-elle sa Crypta Ferrata ? Crypte où se déroule l’initiation du néophyte à la connaissance suprême… Dans l’un de ces fameux souterrains de la Butte Madame ?
b/ Lille aurait-elle été aux portes de l’Hyperborée ?
c/ La Butte Madame et ses proches alentours (jusqu’au palais de justice où elle fut découverte), furent-ils dédiés au culte de Bacchus Dionysos et à leurs Bacchanales ?
d/ Lille, par ses dédales de canaux assimilés au labyrinthe de Cnossos aurait-elle eu son Minotaure ?
e/ Lille serait-elle au centre d’une immense géographie sacrée ? là, je peux répondre : Oui  (10). Mais ça, c’est une autre histoire…

Il est certain que plusieurs lieux initiatiques se trouvent en France et dans le monde ; et il n’est parfois pas nécessaire d’aller les chercher dans des endroits exotiques. Le Nord de la France (11) a ses secrets et ses mythes qui pourraient bien avoir pris naissance dans les plus vieilles traditions. Il faudrait plus de pages ou plus d’un volume pour aller au plus profond des choses.


Jean-François Deremaux








NOTES :

(1)C’est aussi le berceau de la fondation de l’A.A.R (l’Association des Amis de la Radiesthésie) fondée en 1929.
(2)
Les Moëres sont des marais asséchés et fertilisés.
(3)
La treille est représentée, soit comme une sorte de grillage, soit comme une grille ; c’est cette dernière représentation qui est utilisée à Lille.
(4)
Consultez : Des mondes souterrains au roi du monde de Serge Hutin. Albin Michel 1976.
(5)Propos recueillis par nous même (le G.R.E.P.P.S.) auprès du patron d’un café-restaurant du village dont l’archéologie est le passe-temps. Le sous-sol de l’établissement donne sur les souterrains de cette petite ville fortifiée.
(6)
L’île des Veilleurs de Alfred Weyssen. Editions Arcadia 1972.
(
7)Alfred Weyssen, opus citi.
(8)
Histoire secrète de la Flandre et l’Artois de G. Landry et G. de Verrewaere, aux éditions Albin Michel 1982.
(9)
Le mystère des cathédrales de Fulcanelli. Editions JJ Pauvert 1964.
(10)
Ainsi que Cassel au nord-ouest de Lille où le St Graal aurait séjourné ! Nous y reviendrons dans un prochain article.
(11)
Quand je parle du Nord de la France, je parle du « grand nord » : Nord, Pas de Calais, Picardie etc…