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Quand Thierry me proposa de
réaliser l’introduction de cette nouvelle rubrique de
Selon l’évangile apocryphe de
Nicodème au IVème siècle, il s’agirait de la coupe
utilisée par le Christ, tout
d’abord aux noces de Cana pour changer l’eau en vin, puis lors de L’origine de ce nom est également sujet à discussion : pour les uns, il proviendrait du latin médiéval cratella, le vase. A partir d’une même signification, toute une déclinaison de termes en langue d’oïl est possible : greal, greau, griau, grial, grélot, graduc, guerlaud. Dans le Languedoc on parle du grasal ou grésal, qui devient gradal ou gardale dans le Sud-Ouest. Pour les autres, il proviendrait du grec krater, qui désigne tout verre dont on se sert à table. Symboliquement, il se situe dans la continuation de talismans plus anciens : le chaudron de Gubdestrup ou du Dagda de la mythologie celte, ce chaudron plein de sang bouillant servant à conserver la lance vengeresse. Christianisée, cette lance est devenue celle de Longin, le centurion qui a percé le flanc du Christ. Mais on peut voir également dans le Graal une corne d’abondance et la coupe de souveraineté. Dans ses pouvoirs symboliques, il possède celui de nourrir à travers le don de vie, celui d’éclairer sous forme d’illumination spirituelle et celui de l’invincibilité. Il renfermerait, en quelque sorte l’élixir de vie, le soma évoqué dans les textes védiques.
De nombreux auteurs médiévaux ont
fait beaucoup pour nimber de mystère cet énigmatique
Graal, en particulier au
XIIème siècle, Chrétien de Troyes, à la
demande de Philippe d’Alsace, Comte de
Flandres, écrivit un ouvrage sur Perceval ou le conte du Graal,
qu’il ne put
achever. D’après lui, Perceval, dans le château du Roi
Pêcheur vit un valet
tenant une lance noire avec une goutte de sang qui perlait de sa pointe
de fer
et une belle demoiselle tenant un graal d’or fin très pur
enchâssé par des
rubis rouge sang, qui répandit une telle clarté que les
chandelles en perdirent
leur éclat. Aucune signification de cette énigme
symbolique n’est
malheureusement apportée par Chrétien de Troyes. Dans ses successeurs, un des plus remarquable est sans doute Robert de Boron. Celui-ci écrivit en vers une légende du Graal mettant en scène Joseph d’Arimathie, en reprenant à son compte l’Evangile selon Nicodème. Selon lui, Joseph d’Arimathie aurait emporté en terres lointaines le Saint-Calice, d’abord caché, puis perdu. Ce Saint-Calice est au centre d’un mystère auquel certains élus participent autour d’une table ronde. S’en suivit toute une saga des chevaliers de la table ronde, d’Arthur à Perceval en passant par Lancelot du lac et Galaad déclinant largement la gamme des pouvoirs symboliques de cette coupe. Certaines variantes de cette légende font état d’une transmission de cette coupe à Alain, le petits-fils de Joseph d’Arimathie, qui se serait empressé de la transporter sur l’île d’Avalon, toujours introuvable de nos jours. D’après une autre légende, étayée par les travaux de Wolfram von Eschenbach, il faudrait voir dans ce graal, une pierre qui serait tombée de la couronne de Lucifer lors de sa chute, qui, creusée en vase, recueillit le sang du Christ s’écoulant des cinq plaies. Ce serait donc un joyau céleste, comme la fragile et tangible survivance d’un paradis perdu. En effet, dans Parzival, Wolfram von Eschenbach évoque le Graal comme une pierre dont le nom ne se traduit pas : « Lapsit Exillis », que certains auteurs ont déformés en « Lapis exilis » ou « Lapis ex coelis », l’émeraude. Certaines autres légendes ajoutent même que Ponce Pilate se serait aidé de cette coupe pour puiser l’eau avec laquelle il s’est lavé les mains. Les auteurs anglais Lincoln, Baigent et Leigh ont donné dans les années 1980, dans leur ouvrage l’Enigme Sacrée, une interprétation largement reprise par ce malin de Dan Brown dans son inénarrable Da Vinci Code. Pour ce trio britannique, le Graal serait une métaphore pour désigner une descendance cachée qu’aurait eu Jésus, du fait d’une supposée union avec Marie-Madeleine. Saint Graal serait dans cette hypothèse une déformation de Sangreal, qui signifie, on s’en doutait : Sang royal , introduisant par-là une notion de « lignée royale ».
D’après le penseur Albert Béguin,
« le Graal représente à la fois, et
substantiellement, le Christ mort pour
les hommes, le vase de
Mais la quête du Saint-Graal,
c’est avant tout, selon Jung, le symbole de la plénitude
intérieure que les
hommes ont toujours cherchée.
Les activités extérieures du monde profane
empêchent bien souvent la contemplation
qui serait nécessaire pour arriver à ce but. En effet, ce
Graal est d’autant
plus inaccessible qu’il correspond à une aventure spirituelle
d’une grande
exigence d’intériorité, qui seule peut ouvrir les portes
de Dans son œuvre majeure, le Mystère des Cathédrales, l’alchimiste Fulcanelli qui m’inspire beaucoup de respect, semble avancer une thèse complémentaire, donnant au Graal une interprétation initiatique. D’après lui, il semblerait que la compréhension des significations symboliques profondes attachées au Graal ne serait possible qu’à la seule condition d’avoir reçu une initiation de type maçonnique dans les règles de l’art.
Quelle frustration donc pour qui
n’est pas adepte de société secrète ou
discrète ! Mais de nos jours, où rechercher ce Saint-Graal et dans quel lieu se situe-il ? D’après une légende ancienne, il aurait été conservé dans un château construit au sommet d’une montagne et des anges y auraient déposés une hostie aux pouvoirs miraculeux. -
Il a été successivement incarné
dans un Saint Calice, qui se trouve encore dans - Un Calice d’Argent originaire d’Antioche est aujourd’hui conservé au Metropolitan Museum of Art à New York aux Etats-Unis. - La basilique Sainte Sophie de Constantinople a longtemps abrité un Saint Vase, qui se trouve maintenant dans un édifice religieux de Troyes. - Le château Cathare de Montségur a fait l’objet de fouilles actives par les troupes SS d’Heinrich Himmler pendant la 2ème guerre mondiale, cela sans succès. - D’après les aventures cinématographiques d’Indiana Jones, il pourrait encore se situer dans le site jordanien nabatéen de Pétra, si cher à notre président français. -
Plus récemment, il a été repéré
dans l’église de Chavanelle à Saint-Etienne et à
cette occasion une nouvelle
hypothèse a été émise :
sur un plan
ésotérique, le Saint-Graal serait la couronne
d’épines que le Christ porta lors
de la crucifixion. D’après ce que l’on sait du Nouveau
Testament, la couronne d’épines du
Christ est en acacia. Durant toute la passion elle va symboliser
parfaitement le mariage du
ciel et de la terre vierge, elle est comme l’anneau de mariage entre le
Verbe,
fils de l’homme, et La couronne royale ou sacerdotale, le Christ
apparaît en souverain,
couronné comme Dieu lui-même dans l’Apocalypse 14-14,
signe de son pouvoir
divin. La couronne exprime l’idée d’élévation, de puissance, d’illumination. Les épines de la couronne du Christ
sont parfois représentées comme des rayons
de lumière, c’est donc une couronne solaire. La couronne d’épines est le symbole
des souffrances qu’endura Jésus
Christ pour nous et d’ailleurs dans beaucoup de tableaux
décorant les autels de
l’époque de Léonard de Vinci, on voit souvent Marie
tenant dans ses bras
l’enfant Jésus au milieu d’un buisson ardent, manière
d’affirmer que le feu
spirituel ne détruit pas et
Marie put mettre au monde un enfant tout en restant vierge. On peut y voir là une
référence vétérotestamentaire à
Moïse qui fut
appelé au milieu d’un buisson ardent par Dieu, qui en fit le
guide de son
peuple. La couronne symbolise la puissance
légitime du Christ, en faisant de
lui le représentant du monde supérieur. Placée sur la tête, la couronne
domine le corps humain, donc la matière
et participe du ciel vers lequel elle s’élève,
établissant un pont entre
l’homme et l’azur. La forme d’anneau de la couronne est comme un cercle
sans fin,
l’ouroboros, symbole de la vie éternelle ou
de l’éternel retour et de la résurrection. Rappelons-nous d’ailleurs les différents
tableaux d’Albrecht Dürer, le
contemporain de Léonard de Vinci, représentant un
Jésus Christ mélancolique, sa
couronne d’épines sur la tête.
Dürer a été très influencé par les
différentes mouvances philosophiques
de son époque, baignées d’hermétisme, de
néo-platonisme et d’alchimie. Les
banquiers vénitiens Borgia ont introduit les premières
traductions de l’Hermès
Trismégiste, dans le même temps que le
franciscain kabbaliste vénitien Francesco Georgi, à
travers son chef d’œuvre De
Harmonia Mundi ou encore l’alchimiste Heinrich Cornélius
Agrippa, exercèrent
une fascination sur les esprits de la
société d'alors. Pour eux,
l’ouroboros désigne à
la fois le principe et la finalité de l’œuvre. Pour Dürer lui, la couronne
d’épines c’est encore la figuration du
séjour des bienheureux, ou l’état spirituel des
initiés. Tout comme l’arche d’alliance, avant qu’elle ne
soit recouverte d’or,
la couronne d’épines du Christ serait donc tressée en
bois d’acacia, cet
arbuste au bois dur, presque
imputrescible, aux épines
redoutables et aux fleurs de sang. C’est un symbole solaire de
renaissance à la
lumière de l’esprit et d’immortalité, elle annonce la
résurrection et la
royauté spirituelle du Christ. En outre, ces épines d’acacias de
la couronne du Christ sont fécondées
du sang du sauveur, l’un des deux éléments de
l’eucharistie, qui remplit une
fonction de purification et de rédemption du péché
des hommes. De la même façon que les trois
clous ayant fixés Jésus en croix et que
la lance du centurion Longinus qui lui a percé le flanc, ces
épines sont le
symbole de la nouvelle alliance. Ce sang royal, le sang real, il est bien
là, sur cette couronne, qui
doit toutefois être dotée d’un complément
indispensable, une coupe en or. En effet, comme l’œuf primordial doit être ouvert en deux pour donner la vie, la coupe en or doit recevoir le sang pur du Christ qui suinte des épines de la couronne, les deux font la paire si l’on peut dire.
Mais ceci n’est qu’une nouvelle
hypothèse servant d’introduction à d’autres
découvertes, sans doutes plus
incroyables encore, l’avenir nous le dira !! ADONIS LEJUMEAU
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